"Dystopia"
Note : 18/20
Deviloof fait peau neuve pour son troisième album. Créé en 2015 au Japon, le groupe
composé de Daiki (basse), Keisuke (chant), Ray (guitare / chant), Aisaku (guitare) et Kanta
(batterie) a demandé à Toshihiro Egawa (Visceral Disgorge, Ingested, Krisiun, The
GazettE, Matenrou Opera…) de leur créer un logo plus violent pour la sortie de "Dystopia"
en 2021.
L’album commence avec "Dystopia", une intro inquiétante et assez moderne qui sera
appréciée par les amateurs d’industrial, puis "Orwellian Society" vient immédiatement nous
écraser au sol avec un deathcore surpuissant. Si le son est massif, renforcé par des
infrabasses efficaces, l’ambiance dissonante alimente ce climat oppressant peuplé de
hurlements sauvages, mais également d’harmoniques chaotiques, alors que "Libido"
recherche la puissance pure. Un groove agressif nous saisit à la gorge, mais la rage sera
interrompue par des samples lubriques et une partie trap sombre, apportant un peu de
diversité avant "Rebellion" et ses riffs lourds. Pig squeal et growl caverneux se relaient pour
offrir une violence ininterrompue aux influences hardcore belliqueuses, puis "Immolation" va
nous souffler avec cette lourdeur et cette rapidité surpuissantes.
Le titre enchaîne
littéralement les mosh parts et les breaks, créant un son malsain sur lequel on ne peut
qu’avoir envie de se briser la nuque, puis la folie reprend ses droits sur une nouvelle version
de "Newspeak". Effets cybernétiques, harmoniques déchirantes et hurlements possédés
s’allient avant un break inquiétant aux sonorités typiquement japonaises, puis la mosh part
finale nous frappe avant "Underdog" et sa rage brute. Le titre est également régi par la folie au
niveau du chant, qui alterne entre hurlements massifs et cris perçants, mais c’est la lourdeur
qui domine l’instrumentale avant ce massacre final complété par des samples. La technicité
refait surface sur "Peer Pressure" et ses parties de tapping folles, créant un énorme contraste
avec le lourdeur brute des breaks, mais qui apporte également une dimension plus large à la
rage avant que "Disclosed Pandora’s Box" ne vienne refermer l’album. Près de dix minutes
pendant lesquelles le groupe va créer une atmosphère mélancolique, qui sera écrasée par
une violence majestueuse, une rage contrôlée et un déchaînement de puissance, mais
également par des parties plus mélancoliques, comme ce piano qui apparaît en arrière-plan.
Bien que le titre soit long, il nous tient en permanence en haleine jusqu’à ce cri final, qui
signe la fin.
Deviloof a su garder son agressivité brute tout en incluant des parties légèrement
différentes. Avec "Dystopia", leur deathcore fou et massif pioche dans un slam groovy, des
éléments industrial mécaniques ou des samples modernes, mais le groupe sait exactement
comment frapper.
"Devil's Proof"
Note : 19/20
Alors que l'on imagine le metal japonais empli d'influences traditionnelles, ils nous pondent un groupe qui va casser, démonter, démembrer, manger puis vomir l'image que vous pouvez avoir. Formé seulement en 2015, Deviloof mélange du deathcore massif avec une imagerie visual kei à la fois gore et sublime. La voix de Keisuke se superpose aux guitares de Ray et Seiya sous les vrombissements infernaux de la basse de Daiki et les blasts furieux d'Hiroto (batterie). Leur premier concert fin 2015 confirmera que le groupe n'a pas envie de faire des napperons, alors que leur premier mini-album qui sort l'année suivante nous laissera un peu sur notre faim à cause de sa durée, mais nous ravit de par sa qualité. Cette année, ils reviennent avec "Devil's Proof", un album entier. Préparez-vous à l'expérience ultime.
On démarre en douceur (tout est relatif voyons) avec "Devil's Proof", le titre éponyme qui est une rythmique plutôt simple sur un sample electro et des gémissements féminins, mais qui déboucheront sur la rythmique torturée du génial "Escape". Alternant entre growl caverneux, scream perçant et chant clair presque plaintif, Keisuke maîtrise sa voix comme peu en sont capables, et les riffs de ses camarades lui rendent hommage. Un petit passage où les guitares jouent sur les harmoniques permettent à l'homme de nous offrir un chant lyrique, mais la violence refera très vite surface. Empruntant quelque peu sa rythmique au black metal, "Natural Born Killer" accentuera encore une fois l'impression de vitesse que le groupe est capable de produire. On se sent balloté de toutes parts par la rythmique pachydermique. L'introduction de "Return The Curse" nous laissera quelques moments de répit avant de voir à nouveau les riffs saccadés pleuvoir devant nos yeux. Ponctué de chant clair sur le refrain, ce titre extrêmement contrasté nous jette son univers en pleine face, et nous laissera finalement avec un goût de sang dans la bouche après un sample symphonique merveilleusement bien placé. Retour d'une rythmique très efficace sur "Destination" qui serait capable de faire headbanguer un mort, même lors des passages en chant clair avec des choeurs intrigants, voire presque hypnotiques pour accompagner les hurlements bestiaux de Keisuke. Un break fourré au pig squeal réveillera ceux qui auraient osé somnoler avant un solo épique, mais c'est "Lover" qui va tous nous retourner le cerveau. Ses riffs presque psychédéliques ponctués en quasi-permanence de pauses ou d'harmoniques. Place à "InCipit-Instrumental-", un titre... eh bien instrumental en effet. Difficile de faire du deathcore instrumental, me direz-vous ? Eh bien détrompez vous, parce qu'ils arrivent à merveille à combler l'absence de chant par des parties lead inspirées au possible, et inutile de dire que la violence est au rendez-vous, tout comme sur "Egoist". Plus lente que les autres, cette composition n'en est pas moins puissante, avec une impression de lourdeur infinie. Le groupe flirtera même avec le brutal death tout en accélérant alors que "M.F.Jap" débute de manière étrange. Très différent des autres titres, surtout au niveau du chant, ce titre saura rapidement vous convaincre avec des breaks qui n'ont absolument rien à envier au deathcore américain, bien au contraire. Les deux voix se superposent parfaitement lors du refrain pour un effet surprenant. Vous en avez eu assez ? C'est dommage, parce que "Taida No Tsumi (Sloth)" jouera sur un duo vocal hypnotisant avant de sévir à nouveau avec des hurlements enragés comme j'en ai rarement entendus. Que ce soit avec un phrasé ultra rapide ou gras façon slam death, les Japonais séduisent et ravagent tout sur leur passage. Le dernier titre "Hero=Murderer" n'a d'autre but que d'enfoncer une dernier fois le clou dans le crâne de ceux qui doutaient de l'efficacité du groupe. Des rythmiques aussi
violentes que lourdes, des hurlements à volonté, c'est tout ce qui compose ce morceau qui s'achève
brutalement.
En finissant cet album, une seule envie s'impose à nous : le remettre immédiatement. Variant les
influences autour du seul et unique concept qu'est la violence pure et maîtrisée, Deviloof s'impose
instantanément comme un poids lourd du metal japonais. Si pour le moment ils n'ont effectué que
quelques concerts en tête d'affiche, je suis certain que la sortie de "Devil's Proof" va changer la donne.
Quant à un passage en France... Soyez sûrs que vous me verrez headbanguer frénétiquement devant
la scène !
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