La couleur Détroit est une jauge ou se mêlent les apports de Bertrand Cantat et Pascal Humbert, les deux musiciens qui avaient déjà croisé leurs regards en composant la musique pour "Chœurs", pièce du metteur en scène Wajdi Mouawad en 2011, la guitare et la voix ayant d’ailleurs été enregistrées par celui-ci, co auteur des paroles de la chanson qui a été enregistrée lors d’une session au Liban, c’est la seule chanson à avoir été enregistrée indépendamment des autres. Ils nous livrent album au goût de terre, d’air chaud et de cendres, ou se mêlent effluves du vif, écumes d’eaux agitées et fragrance d’épices. Il est un croisement, celui du passé, de la perte et de l’horizon, de la chair et des rencontres.

L’album se compose de 12 titres et de deux interludes instrumentaux, "Detroit 1" et "Detroit 2", il s’ouvre sur une ballade "Ma Muse", on y découvre une teinte mélancolique qui surfe sur l’album qui joue sur les langueurs, humeur  en partie conférée par les orchestrations d’arrangements sophistiqués de cordes (violon, alto et violoncelle), la subtilité de la contrebasse de Pascal Humbert et les percées de notes d’harmonica, néanmoins l’influence Noir Desir n’est jamais bien loin, "Le Creux De Ta Main"  ou "Null And Void"  réhabilitent l’humeur et l’énergie pop-rock que l’on connaissait au groupe.

Il se referme sur la reprise de  "Avec Le Temps", interprétée pour la première fois au Zenith avec Shaka Ponk, on découvre une basse saturée qui met en exergue un univers sombre et grave, sur des rythmes à la teinte presque electro, c’est un titre miroir qui semblent se fondre parfaitement avec Bertrand Cantat, et on se rappelle de la puissance de celui-ci lorsqu’avec Noir Desir il reprenait "Des Armes" de Léo Ferre.

La musique nous happe tantôt par des ambiances atmosphériques d’auras presque chamaniques telles que l’on pouvait trouver chez Noir Desir avec la chanson "C’est La Terre Qui Tonne" ou les parties liminaires des titres lives de l’album "Noir Desir En Live", des levées de souffle hypnotiques comme il est question sur "Terre Brûlante".

On reconnaît l’approche de l’écriture de Bertrand Cantat, des mots justes, pesés, pudiques, des phrases imagées.

La pochette de l’album est une production de Jérôme Witz, d’après des photos de Bertrand Cantat et les deux photos en noir et blanc sont de Richard Dumas.