Trosième album pour ce combo de stars composé de Rogga Johansson (Paganizer, Bone Gnawer, The Grotesquery, Revolting...) bien évidemment, mais aussi d'un des dieux de la musique alias Dan Swanö (ex-Edge Of Sanity, ex-Bloodbath, Nightingale...) et encore aussi Ed Warby (Hail Of Bullets, ex-Gorefest), ainsi que Johan Berglund (The Grotesquery, This Haven). Autant dire , chers compatriotes que, comme pour Bloodbath, c'est la crème de la crème en matière de son, de rythmiques qui défouraillent, que vous allez vous apprêter à écouter sur cet album.

Alors ce nouveau volet est plein de feeling. Comme on pourrait le croire, et se dire, vu les origines des membres de ce groupe, et qu'à la base Demiurg était plutôt destiné à composer du death primitif comme la plupart des projets du père Johansson ; il était normal de penser que celui-ci serait de la même teneur. En fait ce n'est pas ça du tout, parce qu'au final, l'ambiance de l'album est plutôt tournée vers le style de Edge Of Sanity, tant au niveau de la production qu'au niveau de l'inspiration. Mais nous savons tous que les albums d'Edge Of Sanity n'ont jamais eu les mêmes explorations musicales et ont, à l'arrivée des personnalités bien différentes. Et donc le style de ce "Slakthus Gamleby" se situe plus dans une tranche de death compris entre les albums "Crimson" et "Purgatory Afterglow" de Edge of Sanity, avec les rythmiques entraînantes et détonantes de Rogga Johansson. Bizarrement sur les vocaux clairs masculins qu'on y entend, on aurait aussi pensé que la douce voix de Dan Swanö si sublime sur Nightingale serait là mais non, c'est Ed Warby qui s'y colle. Dans tout ce cataclysme de bonnes chansons, il y a la petite et non moins jolie Marjan Welman du groupe Néerlandais goth, Autumn, qui vient aussi pousser la chansonnette. Elle arrive même dès le premier morceau "Life Is A Come". Maintenant même si pour moi, la chanteuse de Autumn aura toujours été et sera toujours la merveilleuse Nieke de Jong, force est de reconnaître que Marjan possède une voix malgré tout très appréciable. Sa participation n'est pas non plus omniprésente, ne confondons pas avec Autumn justement, au contraire ses apparitions anecdotiques sur "Life Is A Coma", "From Laughter To Retching" ou "World Burial" amènent justement l'épice idéale qu'il fallait aux morceaux.

Et donc si le fait d'avoir fait participer une chanteuse de groupe sympho / goth,peut sembler étrange, c'est justement parce que la musique de Demiurg n'est pas celle de Paganizer ou Revolting. On y reconnaitra aisément la patte death de Johannson, avec celle de Swanö, mais le tout entre dans des considérations plus atmosphériques, plus posées en matière de death. Toujours dans un registre forcément death old school à la suédoise, voire dans ce jeu, des rythmiques typiques de Grave, ou Unleashed, les amis y ont rajouté des claviers. Il s'agit de nappes posant l'ambiance, les atmosphères, pour rendre le tout plus mélodique et profond. Je crois également que le monde du metal a enfin compris que la basse servait à quelque chose, parce que celle de Johan Berglund est bien là, et se montre en avant sans paraître choquante ou abusive. Les morceaux restent toujours dans une optique de tempo lourde et bulldozer. Il n'y a qu'à écouter "Travellers Of The Vortex" pour se persuader de l'écrasante et étouffante ambiance qui ressort de ce disque. C'est un morceau très down-tempo qui laisse la place à la poésie sombre et lugubre, dans une rythmique et des vocaux presque doom. C'est sur des titres tels que celui-ci que Demiurg diffère de tous les autres projets de Rogga Johansson. Même si la base est grasse, le contenu est mélodique, qu'il soit dans les passages plus rapides ou sur les temps de repos comme celui-ci. Les guitares de Dan Swanö apportent énormément à l'ensemble également pour le côté mélodique. Le grand jeu des claviers est sorti, ils donnent à Demiurg une autre dimension qu'un simple groupe de death. C'est tout simplement du grand art, dirigé par des maîtres éternels à mes yeux. "Cold Skin" arrive ainsi à prendre des airs presque symphoniques et notamment sur celle-ci on reconnaît la marque typique des claviers de Dan Swanö très progressifs dans leur développement.

Cet album est une grosse tuerie qui du fait de la forte identité de ses membres donnent au groupe une approche légèrement différente du death old school avec un soupçon de sombre mélancolie. Superbe...