Le groupe
Biographie :

Dementia est un groupe de death metal mélodique et progressif allemand formé en 1989, et actuellement composé de : Stephan Nowotny (chant), Martin Mueller (guitare), Jörg Rupp (guitare, chant), Tobias Christ (basse), Gerry Mayerhofer (batterie) et Andrea Orendi (clavierà. Dementia sort son premier album, "Blackstone", en 1996, suivi de "The Elfstones' Chronicles" en 1999, de "Nina" en Décembre 2004, de "Beyond The Pale" en Février 2011 chez MDD Records, et de "Dreaming In Monochrome" en Juin 2016 chez MDD Records.

Discographie :

1996 : "Blackstone"
1999 : "The Elfstones' Chronicles"
2004 : "Nina"
2011 : "Beyond The Pale"
2016 : "Dreaming In Monochrome"


Les chroniques


"Dreaming In Monochrome"
Note : 15/20

Groupe allemand formé en 1989 et auteur de seulement quatre albums, Dementia nous livre son cinquième rejeton nommé "Dreaming In Monochrome". Si le groupe est catalogué death metal, il ne s'agit pas d'un death brut et violent, ici ce sont les ambiances qui vont primer.

Par conséquent si vous cherchez du bourrinage intensif, vous êtes à la mauvaise adresse, il suffit d'ailleurs de voir la longueur des morceaux pour le deviner. Parce que oui, "Dreaming In Monochrome" est un album qui prend son temps, cinq morceaux pour cinquante quatre minutes ! Le début de "Darkness Rising" pourrait faire penser à du doom avec ses riffs lents et lourds, son violon en soutien mélodique (enfin un clavier émulant un son proche du violon), puis sans prévenir on part sur une partie très progressive dans l'esprit mais toujours un chant death écorché et on y entend même régulièrement de l'orgue Hammond ! Pour faire simple, cet album est un enchaînement de morceaux à tiroirs, de véritables montagnes russes qui risquent de vous surprendre plus d'une fois. Comme je le disais plus haut, ce sont les ambiances qui sont mises en avant chez Dementia, l'agressivité est présente mais de façon homéopathique et on ne sombre jamais dans la violence frontale. Le propos est encore une fois bien plus progressif chez ce groupe, on sent clairement que le prog est la principale influence de ces Allemands. Entre les structures parfois complexes, la basse bien en avant, des arpèges nous rappelant les plus grands fleurons du prog rock et certaines parties de chant clair, on nage clairement plus dans le progressif au sens large que dans le metal extrême brutal. Niveau production, on sent que le groupe a fait ça à la maison en gros (je soupçonne même un enregistrement live, ce qui est très rare de nos jours), mais malgré ce côté légèrement brut, le son est parfaitement clair et ne manque pas de puissance pour le genre pratiqué. A noter évidemment que l'album est bien un concept et qu'il est préférable de l'écouter d'une traite pour bien ne profiter.

Ce cinquième album est en tout cas assez évocateur, les ambiances sont diablement bien retranscrites et certains passages sont de toute beauté, notamment certains arpèges acoustiques. Même si Dementia ne révolutionne pas grand-chose et que "Dreaming In Monochrome" ne détrônera pas les grands noms du genre, il faut avouer que c'est quand même très bien fait et que l'album vous emmène en voyage avec une facilité déconcertante. Même si on sent comme je l'ai dit beaucoup d'empreints aux grands noms du prog en général, il n'empêche que les influences sont digérées et que Dementia propose sa propre sauce et son propre univers, à ce titre la pochette résume très bien ce que le groupe a essayé de faire. La violence trouve tout de même une place pour s'exprimer, notamment sur "Abyssal Fall" qui nous balance quelques passages death bien speed histoire de contrebalancer toutes les mélodies et les ambiances que le groupe nous a proposé sur les deux premiers morceaux de l'album. Alors évidemment ces dernières sont tout de même présentes au sein de ce morceau-là mais la petite accélération et la pointe de rage qu'il apporte permettent à Dementia de ne pas s'enliser et de redonner du rythme et du dynamisme à l'album. Un choix de tracklisting judicieux que de l'avoir placé en plein milieu de l'album, il forme une coupure bienvenue en face du reste bien plus soft. Et histoire de terminer l'album en beauté Dementia nous a pondu un pavé de dix-neuf minutes ! Pas la peine de préciser qu'il va vous faire passer d'une ambiance à l'autre et qu'il va falloir l'écouter plus d'une fois pour le saisir.

Au final, un nouvel album qui ne bénéficie pas d'une grande visibilité et qui pourtant pourrait plaire à bien des amateurs de metal progressif teinté de metal extrême. Voilà en tout cas une curiosité sur laquelle vous pouvez jeter une oreille sans risquer la déception.


Murderworks
Octobre 2016




"Beyond The Pale"
Note : 15/20

Ah tiens, un groupe qui s'appelle Dementia, juste pour le fun je me suis amusé à faire une recherche sur Metal Archives et il y en a 21 de référencés. Heureusement qu'ils ne se font pas des procès pour garde le nom parce que vlà le bordel que ça pourrait causer tout ça. Mais bon c'est la musique qui nous intéresse, donc ces Allemands reviennent avec un quatrième album nommé "Beyond The Pale". Et je vais tout de suite avouer mon ignorance puisque je ne connais pas les 3 albums qui ont précédé ce petit nouveau.

Le groupe est présenté comme faisant du "melodic progressive death metal", ça a l'air pompeux dit comme ça mais c'est bien ça en fait. On commence par une intro qui mélange guitare acoustique avec des orchestrations en fond, pour enchaîner sur le début du premier morceau qui tranche carrément par son aspect beaucoup plus agressif. On se fait surprendre par la suite du morceau qui nous présente avec visage plus mélodique et accrocheur, on a même droit à du chant clair vraiment pas dégueulasse. Apparemment Dementia aime prendre son auditeur à revers, et la suite de l'album va le prouver en passant sans cesse de la brutalité à la mélodie cristalline. D'ailleurs le côté prog est aussi caractérisé ici par la longueur des morceaux, souvent entre 7 et 11 minutes.

C'est un jeu qui peut devenir assez casse-gueule quand on n'en maîtrise pas les règles, je ne sais pas si Dementia pratique ce style depuis ses débuts mais je dois dire que c'est quand même relativement bien fait. Les mélodies ne tombent jamais comme un cheveu sur la soupe, quelques soli de guitares viennent se glisser, jamais démonstratifs mais toujours accrocheurs eux aussi. En fait tout ça provoque une ambiance assez mélancolique et contraste avec certains riffs plus méchants et frontaux. Même effet avec les vocaux, qui comme je le disais plus haut, passent allègrement du growl d'ours mal léché aux voix claires très mélodiques. On a même sur "Your Antecedence" une sorte d'orgue tout droit sorti des 70's, pas loin de l'Hammond c'est dire. Et le morceau "A Bunch Of Laments" ne laisse aucun doute sur les penchants prog voire même rock des mecs de Dementia.

Le groupe a une patte clairement prononcé, et même si d'autres combos s'engouffrent dans le créneau du death mélo c'est quand même rarement fait de cette façon. On a plus souvent affaire à des clônes de Soilwork ou In Flames voire Dark tranquillity, alors que là Dementia est globalement plus teigneux que la clique Suédoise. Les racines metal ne sont pas reléguées au second plan, bien au contraire, et le tour de force c'est que le côté progressif du groupe se marie parfaitement avec sa vélocité. Ces gars font preuve d'un talent de composition indéniable, et je dois dire que je me demande comment ils ont fait pour rester apparemment dans un relatif anonymat.

Les qualités sont là, le groupe développe son univers et nous y embarque sans trop de problèmes. Alors c'est sûr que les amateurs de grasseries old school du genre Asphyx vont faire la gueule, pourtant ce fameux côté old school est bien présent chez Dementia dans les parties franchement death metal. En gros on pourrait presque dire qu'on a le meilleur des mondes, le seul point qui pourrait rebuter certaines personnes étant le caractère un peu sec de la prod'. Mais je pense que ça pourrait plutôt laisser les amateurs de prog dehors, plus habitués à des prods plus grosses et plus claires, et de toute façon déjà repoussés pour certains par l'agressivité dont fait parfois preuve le groupe.

Parce que oui il y a la dose réglementaire de riffs mastocs qui vous rentre dedans comme au bon vieux temps, l'arrivée de voix claires juste derrière en est d'autant plus surprenante à la première écoute. Sans l'étiquette du groupe sous les yeux il y a des moments où on s'attend purement et simplement à du death à l'ancienne, comme il en refleurit un peu partout ces derniers temps. Mais je le redis, le mariage des deux faces est vraiment bien fait et donne un résultat franchement sympa. Et je tiens à souligner quand même une fois de plus la qualité des soli de guitares, techniques sans jamais verser dans la démonstration stérile et gorgés de mélodies comme je les aime.

Alors je donne un peu l'impression de m'emporter, l'album n'est pas le chef d'oeuvre du moment à acquérir absolument. Mais il est assurément un bon album, et ça fait quand même plaisir d'entendre un album un tant soit peu aventureux sans pour autant être un bordel inaudible. Et puis qui sait, le prog n'étant pas toujours en bons termes avec l'extrême (même si pas mal de groupes essaient de les marier) ce serait peut-être un bon moyen de les rassembler le temps d'un album. En tout cas ce "Beyond The Pale" est vraiment une bonne surprise pour ma part, je ne connaissais pas le groupe, même de nom, mais je pense que je vais me pencher sur leur cas plus sérieusement. Et je vous invite à faire de même, si vous êtes amateur de mélodies gonflées à la testostérone de temps en temps vous devriez apprécier.


Murderworks
Avril 2011


Conclusion
Le site officiel : www.dementia-band.com