Le groupe
Biographie :

Formé à l'été 2008, Demented est un groupe né de diverses influences et du split de différents groupes. Avec Nessim au chant, Flo et Mika aux guitares, Manu à la basse et John à la batterie, le line-up se veut résolument agressif et nous propose un death métal teinté de old shool,de moderne et de brutal avec des ambiances plus sombres et atmosphériques également. Le groupe décide de passer en studio fin 2008 afin d'enregistrer sa première démo, puis d'assurer une série de dates tout au long de l'année 2009. Après une série de concerts et suite à la création de nouvelles compos, le groupe décide d’enregistrer son premier album au mois de Mars 2010, "Fields Of Suffering", au Bud Records Studio avec Mathieu Pascal (Gorod) pour les prises de son ainsi que pour le mixage puis Scott Hull (Pig Destroyer) pour le mastering. La pochette ainsi que le visuel étant réalisé par Alex 3-Crosses xXx (Otargos). Demented enchaîne les concerts aux quatre coins de la France afin de promouvoir ce premier opus tout en continuant à composer pour leur second opus. L’album est bien accueilli et salué par la critique tout comme les prestations live. Thomas remplace Flo à la guitare au début de l’année 2012. De plus le groupe est endorsé par Mayones et Silverblade pour les guitares et la basse et Serial Drummer pour la batterie. Le groupe entre en studio au mois d’Avril pour l’enregistrement du deuxième album avec Mathieu toujours, le mixage et le mastering étant confié cette fois au Hertz Studio (Behemoth, Vader, Decapitated…). L’artwork a été réalisé par l'artiste Yenceladd / Amélie Innocente. L’album sort deux ans après son prédécesseur à la rentrée 2012. Le groupe signe chez Klonosphere et "Across The Nature's Stillness" est distribué par Season Of Mist.

Discographie :

2009 : EP
2011 : "Fields Of Suffering"
2013 : "Across The Nature's Stillness"


Les chroniques


"Across The Nature's Stillness"
Note : 16,5/20

La différence entre cet album et leur premier est flagrante, il existe un fossé si énorme entre les deux albums de Demented, que ce n'est pas étonnant qu'on les voit partout, en concert en compagnie de Livarkahil, en interview avec Mister Buriez dans "Une dose de Metal"... Demented a grandi et s'est définitivement affirmé comme pilier incontournable de la scène death bordelaise avec cet album. A force de travail et d'acharnement, certaines choses sont permises et sont accessibles, il suffit de le vouloir... Mais pas que..., mais Demented a fait montre de savoir faire, de persévérance pour arriver aujourd'hui avec un second album plein d'énergie, de singularité, de puissance et de maturité. Tout d'abord, bien que le groupe conserve son identité visuelle avec son sempiternel ton de bleus qui l'identifie facilement parmi... les autres, on constate aisément qu'ils n'ont pas hésité à faire preuve d'originalité dans la pochette et son artwork. Un artwork réalisé par Yenceladd / Amelie Innocente, artiste, car il s'agit bien de cela, qui nous livre ici une magnifique pochette pleine de détails qui s'étale sur les trois volets de ce somptueux digipack, prouvant indubitablement et définitivement que Demented est entré dans la cour des grands. Du très grand art, qu'on ne peut que saluer respectueusement... A côté de ça, toujours produit par Mathieu Pascal (Gorod) au Bud Records, avec la petite différence que cette fois-ci, ce sont les Hertz Studios (toujours eux) qui se sont occupés du mixage et du mastering ; c'est à une production féroce et claire que nous aurons à faire tout au long de ces treize titres qui durent quarante sept minutes.

Mais tout ceci peut certainement être le meilleur parti du monde, il ne serait rien sans l'évolution musicale et positive que le groupe a su prendre au fur et à mesure pour emprunter une trajectoire des plus intéressantes. En effet le death metal plutôt brutal de Demented, est devenu toujours plus brutal, mais plus technique, on ressent une métamorphose dans leur death mi old school, mi moderne, qui vient puiser de la puissance dans des riffs nettement plus lourds qu'auparavant. En effet, passé l'introduction glauque et lugubre de "The Ritual", l'album commence véritablement avec "Shaman", un morceau de pur death metal d'anthologie tellement intense et compressé qu'il rappelle facilement du Immolation des plus lourds, avec une vitesse d'exécution ultra régulée. C'est par ce chemin de traverse que le groupe arrive à se créer une identité qui lui va le mieux. Tandis que les titres comme "On the Edge" montrent plus cette facette de riffs relativement modernes, peut-être un peu moins percutants, mais tout est discutable en ce bas monde. Malgré tout on se prend dans les oreilles des riffs toujours massifs : "Spirits" où viennent s'entrechoquer des petits passages plus "asmosphériques" afin de poser des mini-ambiances sordides permettant de donner à leur death un goût plus épicé qui les sort de leur froideur des débuts, c'est un pas en avant vraiment énorme.

Demented propose des chansons qui ne donnent par moments pas l'impression d'avoir un groupe français en face de soi, c'est totalement bluffant. Je veux parler de titres comme "Psycho Pomp", où le mid-tempo se mêle à la brutalité lourde sur un morceau qui nous transporte dans un univers proche de l'album "Majesty And Decay" de Immolation mixé avec le "Lucifer" de Behemoth tiré de leur dernier album en date. Des solos typiquement sortis des ténors du barreau en la matière, façons années 80, à la Morbid Angel, oui, Demented tient là un filon qu'il n'est pas près de lâcher, parce que c'est avec un fil cousu d'or que cet album va faire son chemin. De titres en titres on ramasse sévèrement, à peine terminé "Psycho Pomp" que "Sign Of Creation" vient se placer en bulldozer, avec une intro rapide rappelant "Ov Fire And The Void" de Behemoth et des breaks qui laissent pantois, sans compter encore et encore des solos de dingue et une technique dont on n'aurait pas cru Demented capable de réaliser de telles prouesses. C'est en fait vraiment impressionnant car plus on avance dans l'album, plus on se dit "Tiens c'est celle là, la meilleure", mais en fait la suivante on la trouve toujours mieux et toujours mieux... De bonnes surprises en bonnes surprises, on navigue tant bien que mal bringuebalé par des chansons ultra brutales, techniques mais attirantes. Le moment de pause, assez court il faut le reconnaître puisqu'il ne dure qu'une minute trente huit, toujours placé intelligemment au milieu de l'album sera : "Ineffable Mysticism", titre écrit par Deha de Deviant Messiah, interprété suavement par Jenni de Noein, où l'atmosphère tiraillée et dépressive sera mise en avant permettant un répit fugace mais bon.

Ce ne sera d'ailleurs pas le seul morceau où l'on pourra s'apercevoir la présence de guests, puisque "Listen To The Silence" bénéficiera de la présence de Julien Truchan (Benighted) en vocaux additionnels... C'est un album plein de ressources, plein d'anecdotes cachées qu'il faut découvrir au fur et à mesure des écoutes, "The Ceremony" reste l'apothéose technique entre des rythmiques typiquement old school et d'autres passages vraiment brutal death technique qui emmène Demented tout droit vers la première marche du podium. Le grand atout de Demented, sans toutefois ne jamais léser les autres qui n'en restent pas moins talentueux, c'est bien évidemment le fait que les gars possèdent un batteur hors pair qui domine son sujet à la perfection ce qu'on constate vraiment sur "Reviving Fire". Toujours dans l'intensité la plus exacerbée et la plus incandescente, la batterie sur l'album jette son dévolu sur tous les morceaux pour blaster intelligemment et techniquement. On prend des baffes du début jusqu'à la fin avec et album.

Pour faire court, "Across The Nature's Stillness" est un album incontournable cette année en matière de death metal, visuellement magnifique, techniquement splendide, brutalement death, avec une production sans faille et des inspirations vraiment envoûtantes. Si vous n'aimiez pas Demented sur leurs autres productions, cette fois-ci vous n'y couperez pas, vous allez adorer, si tant est que vous mangiez du death brutal au petit déjeuner...


Arch Gros Barbare
Mars 2013




"Fields Of Suffering"
Note : 14/20

Voici enfin un album pour Demented qui succède à cette démo éponyme sortie l'année d'avant et qui promettait quelque chose de très sympathique dans un registre death metal teinté un peu old school, avec des bases solides. On retrouve un groupe au top de sa forme, avec quelques rebondissements puisque vous pourrez écouter la voix si gutturale de Nessim plus que sur l'album, celui-ci a quitté le groupe pour des raisons professionnelles et donc a été remplacé depuis. Enfin en tous les cas ce "Fields Of Suffering" mérite qu'on s'attarde un peu sur lui.

Tout d'abord Demented se forge une identité visuelle. Parce que si la démo laissait se profiler à l'horizon une thématique dans les tons de bleus, cette couleur a su évoluer vers un bleu plus urbain, plus glauque et "underground", dans sa connotation malsaine. Effectivement en se payant les services de 3-Crosses XXX, (quoi de plus naturel pour un groupe Bordelais que de bosser avec un Bordelais), les p'tits gars ont réussi à donner une carte d'identité aux contours dorés. Artwork et lay-out plutôt réussis donnent à cet album un aspect rugueux qu'il faut au death metal. A côté de ça on découvre quelques bonnes surprises puisque c'est chez Matthieu Pascal (Gorod) au Bud Records studio que le tout a été enregistré et mixé (restons dans la région Bordelaise encore une fois), pour atterrir, pour ce qui est du mastering , entre les mains de Scott Hull guitariste des Américains de Pig Destroyer. Mais ce n'est pas tout, on y constate également quelques guests, notamment Matthieu Pascal lui même sur le titre "Beyond Disorder" et Jack Oleg de Evil Country Jack sur le morceau  "Visions Of Chaos".

Alors pour le repas qu'est-ce qu'on a ? Du bon gros death metal à l'ancienne dans ses ambiances et ses grosses rythmiques. Evidemment le groupe est jeune alors les idées nouvelles sont là sur les rythmiques, typiques des groupes de death metal d'aujourd'hui. Quand on écoute "Sacrifice" l'identification de la patte actuelle se fait sentir autant sur les guitares que sur la batterie. On sent les énivrements des tueries tendances Diluvian, mais aussi sur le premier riff une référence en pleine face du morceau "The Face Of My Innocence" de Arsis. Partant de là, Demented sait où il veut aller. En quête d'identité musicale propre, ils arrivent tout de même à envoyer un death metal carré et puissant. Le point fort se trouve d'abord sur une section rythmique de basse et batterie irréprochable, mais ce serait injuste de ne pas mettre à l'honneur les guitaristes également. Effectivement ils mènent leur barque intelligemment avec un pas lourd sur "To The Death" , et sur d'autres rythmiques trop saccadées peut-être pour être old school, notamment avec "Voices". En tous les cas, si l'on ne peut parler d'influences, Demented pourrait se situer avec la jeunesse qui est la leur, entre deux mondes complémentaires. Certains passages laissent à penser à des ténors du death metal Américain comme Morbid Angel ou Immolation, sur un titre tel que "The Mirror", avec une atmosphère très sombre, très morbides et des soli sortis presque de la main de Trey Azagtoth lui-même, tandis que ce mélange dans les morceaux eux mêmes, cette envie de légèreté plus agressive plus dynamique et moins lourde se manifeste tout le temps en contrebalançant le morceau lui-même. Avec tout ça, Demented se ballade aussi un peu partout et particulièrement vers les plates bandes du thrash / death.

Moralité, on a un groupe qui se sort les doigts pour proposer une produit final bien foutu, en s'offrant les moyens de bien présenter. De plus leur musique, même si pour l'instant n'a peut être pas l'expérience de ces aînés suffit malgré tout à jouer avec notre oreille interne en faisant sortir du lot quelques bons morceaux en première partie , comme "The Mirror", "Vapors" ou encore ce petit interlude instrumental qu'est "Beyond Disorder" qui nous laisse respirer moins de deux minutes. Et justement, on a l'impression que cet instrumental qui se situe quasiment à mi-parcours, et là pour montrer le contraste entre les premiers morceaux et les suivants. Parce que ce qui arrive après est beaucoup plus personnel et plus intéressant. "My Emptiness" ré-attaque l'album d'une main de maitre avec une violence phénoménale qu'on n'avait pas eu forcément sous cet angle depuis le début. Ce titre déboite excessivement et possède des idées de rythmiques savamment placées pour contraster la brutalité et la profondeur plus mid-tempos. C'est quelque part par là que Demented devrait trouver son Graal. Les suivantes sont toutes aussi percutantes et jusqu'à la fin on en prend plein la musette. Alors bien conscient que ce méfait n'est que le premier, et espérant pour eux que ce soit le début d'une grande lignée, Demented a de la ressource pour faire sa petite place dans ce monde de brutes. Les inspirations sont honnêtes, les aspirations sont honorables et ce "Fields Of Suffering" est fait pour déboîter les nuques des plus frileux...


Arch Gros Barbare
Décembre 2010


Conclusion
L'interview : Manu & John

Le site officiel : www.myspace.com/dementedmusicband