Le groupe
Biographie :

Delain a été fondé par Martijn Westerholt, l'ex-pianiste et frère du fondateur de Within Temptation, Robert Westerholt. Il quitta le groupe en 2001 car il souffrait du syndrome de Pfeiffer et a fondé Delain en 2002. Le groupe a commencé à enregistrer son premier album, "Lucidity", en Juillet 2005, après avoir signé un contrat chez Roadrunner Records. Sur cet album le groupe a invité de nombreux musiciens, comme Marco Hietala (Nightwish et Tarot), Liv Kristine (Leaves' Eyes), Ariën Van Weesenbeek et Ad Sluijter (Epica), Sharon Den Adel (Within Temptation). Après avoir été plusieurs fois reporté, l'album sort finalement à l'automne 2006, et remporte un certain succès permettant au groupe d'entamer une série de concerts. Martijn Westerholt (claviers) et Charlotte Wessels (chant), alors seuls membres fondateurs, sont rejoints par Rob van der Loo (basse), Ronald Landa (guitare) and Sander Zoer (batterie). Le deuxième album, "April Rain" sort en 2009. Courant 2010, Rob van der Loo se retire de l'aventure Delain, en bons termes, pour des raisons personnelles. Il sera alors remplacé par Otto Schimmelpenninck Van Der Oije. Après avoir joué dans de nombreux festivals, y compris le Wacken Open Air et le Hellfest, Delain est le groupe d'ouverture du Sonisphere Festival à Knebworth, Royaume Uni en Juillet 2010. Entre Avril et Mai 2011, le groupe annonce que Timo Somers sera désormais son guitariste officiel. Le troisième album, "We Are The Others", sort en Juin 2012 via Roadrunner Records. "The Human Contradiction" suit deux ans plus tard, en Avril 2014, via Napalm Records. Le batteur Sander Zoer est ensuite remplacé par Ruben Israel. En 2015, c'est au tour du second guitariste Merel Bechtold d'intégrer le groupe. L'album "Moonbathers" sort au mois d'Août 2016. En 2017, Ruben Israël, qui avait remplacé Sander Zoer en 2014, laisse à son tour sa place à Joey de Boer en 2018. "Apocalypse & Chill" sort en Février 2020. En 2021, Sander Zoer (batterie) et Ronald Landa (guitare) font leur retour. En 2022, Charlotte Wessels laisse sa place à Diana Leah et Ludovico Cioffi arrive comme nouveau bassiste. L'album "Dark Waters" sort en Février 2023.

Discographie :

2006 : "Lucidity"
2009 : "April Rain"
2012 : "We Are The Others"
2013 : "Interlude" (Compilation)
2014 : "The Human Contradiction"
2016 : "Lunar Prelude" (EP)
2016 : "Moonbathers" 2019 : "Hunter's Moon" (EP)
2020 : "Apocalypse & Chill"
2023 : "Dark Waters"


Les chroniques


"Dark Waters"
Note : 14/20

Martjin Westerholt, cela vous dit quelque chose ? Pour ceux d’entre vous qui n’auraient vraiment aucune idée de qui il s’agit, sachez qu’il est le frère de Robert Westerholt et membre fondateur de Within Temptation. Ayant quitté le groupe pour des raisons de santé à l’époque de "Mother Earth", Martjin est revenu au metal et à la musique en fondant Delain. "Dark Waters" s’avère être le septième album du groupe, avec sa nouvelle chanteuse Diana Leah, ainsi que le retour de deux anciens membres d’origine, Ronald Landa à la guitare et Sander Zoer à la batterie. Le tout est complété par le nouveau venu à la basse, Ludovico Cioffi.

Je ne sais pas à quel point Martjin était impliqué dans le travail de composition au sein de Within Temptation, mais il est drôle d’entendre beaucoup plus d’influences des derniers albums de son ancienne formation plutôt que les arrangements grandiloquents de l’époque "Mother Earth". En effet, les sonorités sont plutôt modernes et parfois plus electro qu'orchestrales. Disons que le metal de Delain se situe dans le créneau du metal gothique, les arrangements de guitares mis en avant plan, les éléments  symphoniques venant en appui plutôt qu’en complémentarité dans le tout. Cela n’empêche pas le groupe de faire dans le pur metal symphonique par contre, comme en témoigne "The Cold" qui ravivera la fibre nostalgique des amateurs de l’époque "The Silent Force" de Within Temptation. L’on retrouvera un peu de de ceci dans "Queen Of Shadow" également. "Moth To The Flame", quant à elle, s’aventure plutôt du côté electro-metal auquel nous a habitués Amaranthe par exemple. Le complet amalgame de ce que représente le groupe s’entend sur l’épique "Invictus", accompagné de Marco Hietela (ex-Nightwish) et Paolo Ribaldini.

Il devient honnêtement ardu de distinguer les autres formations du genre telles qu’Epica, Xandria, Leave’s Eyes et autre Sirenia, tant ces groupes formés par d’anciens membres du mouvement "Beauty and the Beast" metal finissent par se ressembler. La manière de composer, les arrangements, les chanteuses mêmes, tout finit par être du pareil au même. Je crois que l’on est en droit de ce questionner sur ce qui fait réellement une différence quand vient le temps de décider de la qualité d’un album de metal melodique / symphonique.

Honnêtement, je ne saurais réellement dire, mais je crois qu’au final, il en revient à l’émotion pure que l’on ressent à l’écoute d’un album, et ce qu’autrui criera au génie pourrait paraître bien fade aux oreilles d’un autre. C’est la beauté de l’offre et la demande, et en ce qui a trait au metal symphonique, l’offre est résolument plus vaste.


Mathieu
Mars 2023




"Apocalypse & Chill"
Note : 16/20

Pour la petite histoire, Delain est le projet musical de Martijn Westerholt (ancien claviériste de Within Temptation) qu’il avait créé lorsqu’il était tombé malade et ne pouvait plus jouer avec WT. Six albums plus tard, il est clair que ce projet est maintenant un groupe à part entière. Je ne crois pas que l’on puisse maintenant qualifier Delain seulement de "clone"» de Within Temptation, d’autant plus que WT lui-même a perdu son identité du passé. Ils me font plutôt penser à une version édulcorée d’After Forever.

D’entrée de jeu, dans la biographie offerte avec cette copie de l’album, il est fait mention de nouvelles influences au sein de la musique de Delain. Quoique les influences WT puissent être encore fortement présentes, en effet le son du groupe se veut résolument plus commercial que par le passé. Non pas que ce soit une mauvaise chose, cela s’inscrit plutôt dans la tendance du moment pour les groupes dits "Beauty and the Beast", Within Temptation en tête de liste. Ainsi, au-delà des influences métal indéniables, des morceaux comme "We Had Everything" et son refrain pop accrocheurs se veulent fédérateurs de la nouvelle mouture Delain 2020. Par contre, lorsque le groupe parvient à combiner le passé avec ce nouveau présent, cela donne l’excellente "Chemical Redemption", balançant entre le metal symphonique pur et une approche moderne, amalgame résolument efficace. Cette pièce est d’ailleurs l’exemple parfait de ce que Nightwish ne parvient plus à faire depuis belle lurette.

Malgré la présence de parties vocales growlées, la scène est principalement réservée à Charlotte Wessels qui, dans le lot des chanteuses metal, pourrait se situer dans la même catégorie que les Sabine Sabine Edelsbacher (Edenbridge) et Sarah Jezebel Deva (Angtoria, ex-Cradle Of Filth). Elle démontre par contre l’étendue de son talent sur la puissante "Burning Bridges". Totalement en maîtrise, elle se permet des envolées hautes perchées, le tout accompagné de puissant growls, dans l’un des morceaux combinant le mieux l’ensemble des influences du groupe. Cette pièce s’avère l’un des points culminants d’"Apocalypse & Chill". C’est varié, puissant, agressif, orchestral, n’en jetez plus, la coupe est pleine. Mention spéciale également à "Vengeance", qui se permet l’inverse vocalement, avec des voix masculines claires accompagnées d’un chœur classique dans les vers.

"Apocalypse & Chill" se déroule donc en deux temps. D’une part, il y a ce nouveau désir de faire évoluer le son, et d’autre part, la conservation des éléments ayant fait le succès du groupe antérieurement. Le produit final en est un épar parfois, cependant un certain équilibre lie le tout, ayant pour résultat un album solide qui saura plaire aux amateurs du genre, sans dépayser les plus difficiles. Maintenant que Within Temptation est grimpé sur le train de la popularité à outrance tout en reniant son passé (ne le dites pas à Sharon, je l’aime d’amour), et qu’Amaranthe ne parvient plus à produire les mélodies accrocheuses d’antan, Delain se veut la véritable option pour les amateurs puristes (tout comme moi) du véritable metal symphonique.


Mathieu
Juin 2020




"Moonbathers"
Note : 18/20

Delain est très actif en ce moment ! Entre EP, tournées, et maintenant un nouvel album, on entend beaucoup parler d’eux dans la sphère metal mélodique dit "à chanteuse" (même si je n’aime pas ce terme, il a ses fans). "Moonbathers"a toujours ce design très particulier du groupe grâce auquel on en reconnaît la patte rien qu’en regardant la pochette. J’ai toujours aimé ces artworks et je suis ravie d’en découvrir à chaque CD sorti !

La première chose que l’on remarque dans ce nouvel opus, c’est que Delain renoue avec un côté plus symphonique que ses précédents travaux. Si dans "The Human Contradiction" ils prenaient moins de risques et se posaient sur des bases déjà connues des fans, ici on redécouvre presque leur style. Alors ça reste très soft évidemment (c’est aussi ce qui fait le charme de leurs compositions), mais le changement s’entend avec des orchestrations bien plus mises en avant. On le sent très bien dès le début de l’album avec le morceau introductif "Hands Of Gold" supporté par des samples très épiques ! Charlotte s’amuse aussi davantage vocalement et c’est un plaisir d’entendre tout ça.

On retrouve les morceaux de "Lunar Prelude" puisqu’il s’agissait d’un avant-goût de "Moonbathers" et on se rend compte alors qu’ils cachaient bien leur jeu ! "Suckerpunch" et "Turn The Lights Out" ne sont pas représentatifs de cet album. Ils auraient presque eu leur place dans le précédent je trouve. "The Glory And The Scum" a ce son que j’aime, le son "Delain", rien qu’au son des guitares on sait, mais là aussi c'est bien supporté par des orchestrations qui rendent l’ambiance plus riche et intense et qui s’entrelacent avec la guitare et la basse de façon complémentaire sans forcément qu'un élément soit moins fort qu'un autre. Oh et puis "Scandal" est le petit OVNI de l’opus, avec un son heavy moins moderne dû au clavier qui me fait penser à cette mode dans les années 90, le son électronique si particulier, un peu kitch même. Mais un bon, "kitch" dans le sens de quelque chose qui donne la pêche et qui est loin paraître ringard ! Le morceau final "The Monarch" est divin, une instrumentale de fin très bien choisie terminant l’album sur une note rêveuse.

Vous l’aurez compris, Delain est dans les starting blocks et nous offre là un travail tout neuf et joliment ficelé ! Un album riche qui s’écoute de bout en bout sans aucun problème et qui montre que le groupe n’a pas fini de nous surprendre !


Fianna
Septembre 2016




"Lunar Prelude"
Note : 16/20

Delain nous présente un EP de 8 titres en attendant son prochain album. Un peu dans la même idée que Xandria avec "Fire & Ashes", on retrouve des exclusivités et réédition, et ici aussi, quelques lives. Je suis tombée sous le charme de l'artwork d'ailleurs, dans la même veine que "We Are The Others" et "Interlude". Alors que nous propose cette petite mise en bouche ?

Déjà la nouveauté, le morceau "SuckerPunch", duquel un clip a été filmé il y a peu. Rien de très original ou d’exceptionnel, on retrouve là toute la recette efficace et classique du groupe et on apprécie ! On le retrouve d'ailleurs à la fin de l'EP sous forme orchestrale, et on lui donne ainsi un potentiel symphonique surprenant que la version originale ne laissait sans doute pas penser ! Un joli bijou que je vous invite fortement à écouter si vous aimez les musiques orchestrales ! Et puis autre nouveauté, "Turn The Lights Out", tout aussi efficace, mais dans un style plus doux et tranquille, et un break sympathique plus sombre qu'on aurait aimé plus long, ou alors plus présent sur le morceau.

On a ensuite une réédition de "Don't Let Go" ("The Human Contradiction"), que j'ai trouvé peu pertinente sur les changements. J'ai quand même écouté les deux versions plusieurs fois avant de trouver les modifications… Ca ne m'avait pas du tout marquée ! Et puis il y a des morceaux live 2015, toujours de "The Human Contradiction", qui sont vraiment chouettes ! Car Delain est résolument un groupe à voir et écouter en live. Il y a quelque chose qui se dégage que l'on ne retrouve pas forcément sur leurs albums studio… alors laissez-vous berçer par "Lullaby", "Here Come The Vultures" et "Army Of Dolls" en attendant le prochain album des Néerlandais !

En bref, c'est un EP pour collectionneurs, pour ceux qui apprécient les rééditions, les CD live ou ceux qui aiment les jolis artworks du groupe aussi ! Il n'y a rien d’exceptionnel comme je le disais mais si on aime le groupe, alors on appréciera ce qu'il y a dedans !


Fianna
Février 2016




"The Human Contradiction"
Note : 16/20

Delain est un groupe que j'ai réellement découvert l'année dernière. Leurs albums ne m'avaient pas tellement émue jusqu'ici, et c'est au MFVF 2013 (Metal Female Voices Fest en Belgique ) que j'ai pu voir l'étendue de leur talent. L’énergie et la sincérité qui se dégage de ce groupe est assez extraordinaire, et je suis donc bien contente de pouvoir vous parler de leur dernier album "The Human Contradiction".

Delain a toujours été très engagé sur les thèmes de ses morceaux (exemple avec "We Are The Others", un morceau et un clip prônant la différence, cette question du moi et des autres...). Ici encore, l'on retrouve dans le titre de cet album, quelque chose qui est et qui sera sans doute encore travaillé en musique : le genre humain. Ce titre a été inspiré de lectures de Charlotte de "Lilith'Brood" une trilogie de science-fiction datant de 1987, dont le sujet a donc laissé beaucoup de question quant à ce genre humain si prompt à la contradiction entre humanité et pouvoir ! La pochette nous offre une Charlotte au visage entaché de pourpre à peine dissimulé sous une frèle voilette, enchevêtrée entre un labyrinthe de lianes et un univers cosmique. Un Ying et un Yang, voulu par le groupe, montrant donc cette contradiction humaine, cette habilité d'être le bien et le mal, de parts d'ombre et de lumière ! Passons à l'analyse de quelques morceaux pour un bref aperçu...

"Here Come The Vultures" nous ouvre les portes de leur univers. Brève introduction avec juste la voix de Charlotte sur un fond de cloches / piano presque inquiétant et c'est parti ! Morceau très heavy et lourd, qui nous entraîne dans ce thème de suceurs de vie qui n'en ont que faire de la condition humaine. Les chœurs discrets mais bien présents, qui accompagnent le morceau feraient presque penser à des fantômes, et l'on peut entendre durant les couplets quelques cris comme des bêtes dangereuses cachés dans l'ombre. La batterie est très lourde, battant le rythme comme un tambour de guerre, et bien au contraire que de rendre le morceau plat il en révèle toute l'ampleur. "Your Body Is A Battleground" nous permet d'apprécier la voix de Marco Hietala (Nightwish / Tarot) qui est très proche de Delain et qui a déjà été présent dans le passé. Cependant le groupe apprécie son timbre et sa présence, alors pourquoi changer cela ? Il est vrai qu'il apporte quelque chose à ce morceau ; Charlotte nous offre quelque chose de doux et sensuel, tandis qu'il l'accompagne sur quelque chose de plus violent et bestial. L'appât du gain sur le corps des hommes, sur leur être tout entier, l'humanité et la douceur ne sont là que pour tromper et vendre. Un morceau court mais efficace ! Encore ici très lourd, très dense. Un peu d'espoir dans ce monde corrompu ? Voici "Stardust" avec un joli clip très pailleté en prime ! Ce morceau ne m'a plus émue que cela, trop doux je trouve par rapport aux autres morceaux, je lui mettrais l'étiquette de "cute", ce qui ne correspond pas vraiment à la profondeur du questionnement qui est en route dans cet album. Dommage.

"Tell Me, Mechanist", voit comme invité George Oosthoek (Orphanage). Ce morceau nous renvoit au questionnement que l'humanité se pose, qui sommes nous ? Y a t-il un mécanisme qui décide de notre destiné avec les autres ? De nos relations avec la société ? "Je pense donc je suis" se suffit-il ? Où les autres ont-ils aussi se rôle de pensée ? Tout comme "Here Come The Vultures", le questionnement est très intense et lourd et est bien démontré encore par l'instrumentale. Pas de virtuosité de guitares ou de voix, il y a juste ce qu'il faut. "The Tragedy Of The Commons" avec Alissa White-Gluss vient clôturer ce sujet de dissertation philosophique que nous offre Delain. Ici il est question de l’intérêt commun, qui est toujours supérieur à la singularité humaine. Cette destruction de l'âme qu'est un être pour le transformer en bien commun à la société sans autres formes de procès. Musicalement, on ressent presque une furieuse envie de s'échapper, c'est la seule fois où l'on entend la voix de Charlotte prendre un chemin plus aigu, supporté par un chœur très brutal, comme si elle essayait de s’échapper et qu'elle était rattrapée par ce monde commun. Le final se termine tout en douceur, laissant tout de même un grain d'espoir que chacun fasse le bon choix !

Un album sans prétention qui nous est présenté ici. Juste et bien agencé. Pas de démonstrations instrumentales ou vocales extraordinaires, et pourtant chaque morceau nous prend aux tripes comme s'il s'agissait de notre propre vie. Je suis très touchée par le timbre conteur de Charlotte, qui semble à a chaque fois vivre ses questionnements intensément. Le tout est efficace, engagé et surtout sensible et sincère. Un très bon album qu'il faut écouter avec attention sans s'arrêter à la musique qui n'est que l'instrument qui leur permet d'exprimer nos questionnements humains.


Fianna
Avril 2014




"We Are The Others"
Note : 16/20

Dix ans déjà que Martijn Westerholt fonda le projet Delain, avec à sa tête Charlotte Wessels, jeune artiste de formation classique et jazz. Une rencontre sous forme d’une symbiose qui donnera naissance à deux albums, "Lucidy" et "April Rain" ; efforts certes perfectibles et pas encore aboutis mais témoignant d’une volonté d’intégrer le contemporain à un genre qui avait perdu ses lettres de noblesse, faute de renouvellement. "We Are The Others" était attendu au tournant, avec pour verdict, un contrat remplit haut la main. Roadrunner, récemment racheté par Warner, a eu raison de se battre pour le sortir.

Et pourtant, la partie n’était pas gagnée d’avance ; à commencer par l’étiquette trop pop commerciale reprochée au combo Hollandais, engendrant le désintérêt d’une frange de la communauté metal. Face à un objet tel "We Are The Others", la question ne se pose plus ; des titres fédérateurs aux mélodies particulièrement travaillées malgré leurs apparences plutôt simples (la Martijn‘s touch), sur lesquelles viennent se coucher des riffs accrocheurs et la voix groovy à souhait d’une Charlotte tout en expérimentations vocales et maîtrise technique ; admirable. De ce fait la famille musicale du groupe passe au second plan tant la diversité et la modernité des compos n’est plus une hypothèse, mais un fait avéré qui en passionnera plus d’un. A commencer par "Mother Machine", titre résumant à lui seul la ligne directrice de l’album ; une intro aux samples indus cyberpunk débouchant sur une envolée duo double caisse / riffs massifs et acérés ; la voix de Charlotte est très travaillée, le refrain "Round and round and rounds, the wheels come down…" particulièrement incisif ; l’ensemble multiplie les variations sans influer sur une puissance constante. "Electricity", autre titre majeur propose une intro synthétique débouchant sur une nouvelle salve de riffs quasi martiaux qui n’est pas sans rappeler de célèbres Teutons époque Rosenrot. Une architecture évidente dans la production, du moins lors de la première écoute mais qui s’avère être judicieusement construite dans les arrangements lorsque l’on prend soin de s’y attarder. Delain débute fort et enfonce le clou à grand coups d’alternances clavier / guitare lead avec le tubesque titre éponyme "We Are The Others", aussitôt suivi dans la même veine par "Milk And Honey". Aucune compo ne semble inférieure à une autre ; se complétant par leurs différences de manière logique et inéluctable. Charlotte, tour à tour sensuelle ("I Want You" et son intro a capella / piano ; pleine de mélancolie) puis inquiétante (le sombre "Where Is The Blood" où Burton C. Bell, leader de Fear Factory, vient apporter sa contribution pour une dualité voix féminine / masculine des plus percutantes) ; la demoiselle multiplie les variations, les couleurs de voix ("Hit Me With Your Best Shot" et son timbre très Charleen Spiteri époque Texas) parfaitement secondée par un Martijn dont les distorsions sonores flirtent avec l’onirisme… au pire avec les Hollandais, c’est simple et efficace… au mieux c’est une œuvre référence dans le paysage du metal symphonique…

Ce troisième album représente, tel un cas d’école, tout ce que le genre peut proposer en variantes vocales (feutrée, aigüe, sombre, entraînante…), mélodies variées (dynamique, lyrique, dansante…) ; dix ans après leur début, un grand groupe est né.


Braindead
Juin 2012




"Lucidity"
Note : 13/20

Pour un premier album, on peut dire que Delain joue déjà dans la cour des grands, grâce entre autre à une bonne production et des invités de marque ! "Lucidity" possède en effet tous les ingrédients indispensables pour faire une bonne galette !

Une jolie chanteuse avec une voix qui manque tout de même un peu de caractère face à ses nombreuses concurrentes en vogue, des chœurs, des claviers prédominants, des solos de guitares et le must une tripotée d’invités appartenant à ce qui se fait de mieux en matière de metal symphonique (Marco Hietala de Nightwish, Liv Kristine ex-Theatre Of Tragedy, Leaves’Eyes, Sharon Den Adel de Within Temptation… pour ne citer qu’eux). Malgré tout cela, les compositions ont du mal à se différencier et les caractéristiques inhérentes des invités ne sont pas assez recherchées pour réellement enrichir le projet. L’omniprésence des featurings qui font partie intégrante du projet fait qu’on s’attend à quelque chose de plus original ou du moins c’est ce qu’on a envie d’entendre. La réponse n’est pas vraiment ici, même si les duos sont plutôt harmonieux et bien choisis, l’ensemble fait un peu pièce rapportée sans donner une identité propre à la musique de Delain, dommage de ne pas avoir su plus exploiter ce potentiel prometteur.

En somme, un album efficace avec de bons titres calibrés pour les charts, à l’image de "Frozen" le premier single (la version bonus avec les grunts de G. Oosthoek est encore meilleure). "Lucidity" saura ravir les fans de metal symphonique à chanteuse !


AnotherDay
Mars 2007


Conclusion
L'interview : Charlotte Wessels

Le site officiel : www.delain.nl