Le groupe
Biographie :

Deeds Of Flesh fut créé en 1993 par Jacoby Kingston, Erik Lindmark et Joey Heaslet. Après avoir été écrit en trois mois, le premier CD, intitulé "Gradually Melted" fut distribué par différents labels. Fin 95, après de nombreuses propositions, le groupe signa un contrat de deux disques avec le label Repulse Records. En 96, le groupe sortit son premier album "Trading Pieces". En raison du départ provisoire de Joey, les Américains n’eurent pas beaucoup l’occasion de tourner, mais le CD eut néanmoins du succès. Leur seconde sortie chez Repulse Recodes, "Inbreeding The Anthropophagi", caractérisé par le remplacement de Joey par Brad Palmer, fut disponible en 1998 dans les bacs. Dans la même année, le groupe ressortit une nouvelle version de "Gradually Melted", remasterisée et avec un nouvel artwork. 1999, qui vit d’autres changements de line-up, fut l’année de l’enregistrement de "Path Of The Weakening", écrit et enregistré entièrement en deux mois et demi. Ce disque fut la première sortie du label créé par le groupe (Unique Leader Records) via lequel tous les albums de Deeds Of Flesh furent distribués. En 2001, l’album "Mark Of The Legion" fut disponible dans les bacs. En 2003, Deeds Of Flesh sortit son cinquième album "Reduced To Ashes" aini que son premier DVD "Live In Montreal" (qui comprenait le clip de "Crown Of Souls", un titre de l’album à venir et un set complet de leur tournée en tête d’affiche au Canada). En Décembre 2004, le groupe enregistra donc son sixième album, "Crown Of Souls", qui paraîtra en 2005. Pour la première fois, ils bénéficièrent des services du célèbre Raymond Swanland pour l’artwork. Les changements de line-up entraînèrent certaines modifications dans le processus de composition. En 2008, "Of What’s To Come" fut distribué. Cet album fut porteur de nombreux elements nouveaux pour le groupe, notamment au niveau des guitares. Le chant devint également plus agressif. En 2013, Deeds Of Flesh est enregistre son neuvième album studio, "Portals To Canaan", sur lequel apparaissent deux nouveaux membres : Craig Peters (lead guitare) et Ivan Munguia (basse), qui donnent leur touche aux structures musicales et ajoutent ainsi un nouveau chapitre au concept illustré par les paroles et en constante évolution. En Novembre 2018, Erik Lindmark, fondateur de Deeds Of Flesh et du label Unique Leader Records, décède d'une sclérose. Deux and plus tard, le groupe sort l'album "Nucleus" avec le bassiste Joey Heaslet au chant et plusieurs invités.

Discographie :

1995 : "Gradually Melted" (EP)
1996 : "Trading Pieces"
1998 : "Inbreeding The Anthropophagi"
1999 : "Path Of The Weakening"
2001 : "Mark Of The Legion"
2003 : "Reduced To Ashes"
2005 : "Crown Of Souls"
2005 : "Live In Montreal" (DVD)
2008 : "Of What’s To Come"
2013 : "Portals To Canaan"
2020 : "Nucleus"


Les chroniques


"Nucleus"
Note : 19,5/20

Eh bien, quoi que l’on puisse dire, même si 2020 fut une année de chiotte, elle reste le marqueur temporel qui témoigne de la sortie de "Nucleus", troisième volet d’une trilogie qui a débuté avec "Of What’s To Come" sorti en 2008, puis "Portals To Canaan" de 2013. Personnellement, comme bon nombre de fans de la formation américaine, la surprise fut de taille car je ne m’attendais absolument pas à un potentiel retour de ce géant du brutal death technique, surtout après avoir appris le décès de son fondateur Erik Lindmark, responsable également du label Unique Leader. En 2018, cette tragique disparition a ébranlé le milieu du metal extrême, car le bonhomme avait très largement contribué à l’essor du death, non seulement en faisant de son groupe un fer de lance du mouvement brutal death technique, mais aussi en développant son label, aujourd’hui considéré comme l’un des piliers du genre à l’heure actuelle, au même titre que des grands noms tels Relapse Records ou Metal Blade. "Nucleus" s’impose donc naturellement, sans que l’on ait besoin de porter une oreille dessus, mais lorsqu’on se colle ce concentré de brutalité technique dans les feuilles, on ne peut nier que la formation californienne nous a gâtés ! Ce disque est d’une grande richesse, il est varié, le son est incroyable, l’exécution est à la fois précise et impliquée, puis le visuel continue d’explorer l’univers Lovecraftien et extraterrestre, symbiose efficace entre l’ancien et le moderne teintée de mystères, qui privilégie les tons bleus foncés, bref, nos yeux sont également comblés. Ce magnifique artwork est signé Raymond Swanland, l’illustrateur des deux albums précédents du groupe, dessinateur incroyable qui bosse aussi pour le jeu de cartes Magic : The Gathering, et qui est un peu le mec du moment dans le monde du death et du deathcore, car il sait à merveille traduire en peinture des univers fantastiques peuplés d’horreurs cosmiques.

Dans la logique des dernières productions, Deeds Of Flesh expérimente et se surpasse techniquement, et propose un metal complexe structurellement parlant, et bien technique. Avec une musique toujours bourrée de cassures étonnantes et de ruptures surprenantes, le groupe maintient l’équilibre global en préservant une intensité qui ne s’épuise jamais. Plus que jamais, ce line-up parvient dès le départ à nous mettre dans l’ambiance et, à l’instar d’un Nile, d’un Krisiun ou d’un Hate Eternal, réussit à embarquer l’auditeur dans une histoire racontée en décibels. Déjà, rien que l’intro du disque est prenante, très futuriste, avec cette voix féminine déshumanisée et ces sons profonds qui consolident admirablement l’ambiance cosmique plus que jamais présente dans le death de D.O.F, on se sent en confiance, et on sait qu’on va prendre notre pied avec ce skeud. Il y a une démarche comparable à celle de Symphony X, dans le sens où ces formations proposent respectivement des disques toujours mieux produits, toujours plus ambitieux et toujours plus cohérents. La production est parfaite, non sans dec’, quoi reprocher ? Tout est équilibré au poil de fesse, les guitares sont précises, limpides, la basse est placée dans le mix de manière à avoir son indépendance, mais participe également au renfort des guitares et le drumming est si fat qu’on s’en pisserait dessus de joie.

Darren Cesca, le batteur, est un monstre ! Le mec à un CV de débile, Eschaton, Cytolisis, Pillory, Goratory, Strappado, Arsis, Blasphemer, j’en passe et des meilleurs, il porte la musique de Deeds à un degré qualitatif supérieur. Aussi précis que créatif, sublimé par une production moderne, son drumming épouse la riffaille pour ne créer qu’un bloc compact et inébranlable et chacune de ses interventions, breaks, cassures, relances, accents, se justifie et consolide l’à-propos musical. Les autres instruments n’ont pas à pâlir face à tant de dextérité, les guitares et la basse réalisent de véritables prouesses techniques, sans jamais sombrer dans le WTF. Comme à l’accoutumée, "Nucleus" va vous demander plusieurs écoutes pour vous familiariser avec la musique, car ce disque est bien complexe, tout comme les productions précédentes, sauf que pour ce nouveau cru 2020, la maturité atteinte en termes de composition rend la galette bien plus cohérente et logique que ce que le groupe nous a déjà proposé. Un pas en avant non négligeable a été fait en ce qui concerne le storytelling, une manière d’agencer la musique qui rapproche plus que jamais Deed Of Flesh de formations comme Decrepit Birth ou Obscura. Quoi qu’il puisse se produire, la narration imposée par les structures est solide, et on se prend vraiment au délire. Un peu moins dissonant qu’avant, beaucoup plus condensé, même si la direction plus mélodique que jamais peut certainement heurter les plus charcutiers d’entre nous, Deeds Of Flesh n’en perd pas pour autant son charisme brutal, et se trouve toujours autant à l’aise dans l’exercice du matraquage de décibels. Suffisamment brut et intense, mais aussi aéré, un autre aspect intéressant que peut nous offrir cet album, c’est que nous avons droit sur ce disque à pléthore d’invités venus pousser la chansonnette : Luc Lemay de Gorguts, monsieur gros cou de Cannibal Corpse, Frank Mullen de Suffo, Jon Zig, le dessinateur qui pousse aussi la gueulante chez Images Of Violence et Sarcolytic, Matti Way, surtout reconnu pour son travail chez Disgorge (US), Monsieur Gallagher de chez Dying Fetus et bien d’autres encore.

S’il y a bien un groupe qui a toujours su faire évoluer son style, qui a constamment progressé, à la fois dans le son et dans la technique, c’est bien Deeds Of Flesh. On pourrait scinder en deux périodes la discographie de la formation ricaine. La première période, de "Gradually Melted" (1995) à "Reduced To Ashes" (2003) laisse entendre un groupe de brutal death au son dense et aux riffs mouvants, avec une démarche qui néglige volontairement l’atmosphère et le climat. La deuxième, de "Crown Of Souls" (2005) à "Nucleus", dévoile un Deeds Of Flesh plus atmo, plus prog’, avec un travail technique qui ne s’illustre plus uniquement dans l’agencement des riffs. Aujourd’hui, le groupe propose donc l’aboutissement de ses années de recherche dans la composition et allie à la perfection le meilleur des deux mondes, la complexité et le feeling. "Nucleus" est une œuvre magistrale qui engage de longues heures d’écoute, que ce soit pour vraiment s’imprégner de la musique, ou juste pour le plaisir de s’en prendre plein la gueule.


Trrha'l
Janvier 2021




"Portals To Canaan"
Note : 16/20

Flashback du jour, bonjour : retour au mois de Juin 2013. Cette année a été on ne peut plus riche sur le plan des sorties et parallèlement assez pauvre sur le plan qualitatif. En ce sens, chers amis du death métal brutal et technique, si vous n’avez pas trouvé votre bonheur dans la pléthore de disques proposés en 2013, peut-être êtes-vous passés à côté de "Portals To Canaan", dernier album des Américains de Deeds Of Flesh.

Le premier adjectif qui saute à l’esprit à la vision de la pochette tout comme à la première écoute du disque en lui-même est : modernité. Le CD comporte neuf titres pour une durée totale d’environ trois-quarts d’heure et bourre directement dans le lard avec "Amidst The Ruins". En effet, même si le groupe tire manifestement ses influences de pionniers du genre (tel qu’Immolation notamment), ils franchissent un nouveau cap de technicité et de savoir-faire par le biais d’une production absolument exemplaire et de compositions riches, très riches… voire un poil trop riches. Car s’il est bien évidemment plaisant de constater qu’un grand travail a été fourni au niveau de la recherche et des compositions, l’écoute de l’album dans son intégralité peut parfois se révéler quelque peu difficile, voire presque indigeste à assimiler (par exemple : "Amidst The Ruins"). Néanmoins, au fil des écoutes, cet aspect des morceaux s’atténue et leur relief devient de plus en plus apparent, de même que des sonorités plus subtiles ("Entranced In Decades Of Psychedelic Sleep", "Xeno-Virus" ou encore "Hollow Human Husks"), qui au début sont totalement annihilées par la brutalité de l’ensemble, mais qui au final apportent un petit plus au résultat.

Pas besoin d’en faire des cent et des mille en guise de conclusion, autant faire dans l’efficacité et la concision, à l’image de l’album. Deeds Of Flesh aura donc frappé très fort avec ce dernier opus, dont la qualité lui permettra de se hisser jusqu’au top 10 des meilleures sorties de l’année, tous genre confondus. Les amateurs du style y trouveront sans aucun doute leur compte et seront ravis à l’écoute de "Portals To Canaan". Très bien joué, vivement la suite !


Ichigo
Janvier 2014


Conclusion
Le site officiel : www.deedsoffleshmetal.com