Le groupe
Biographie :

Decrepit Birth est un groupe de death metal originaire de Santa Cruz (Californie - USA) formé en 2001. Le groupe a sorti ses deux premiers albums studio chez Unique Leader Records et une démo en autoproduction. Tous les albums ont un artwork réalisé par l'artiste Dan Seagrave, spécialisé en fantasy. En 2010, Decrepit Birth rejoint Nuclear Blast pour l'album "Polarity". Sept ans plus tard, les Américains reviennent avec "Axis Mundi" en Juillet 2017.

Discographie :

2003 : "...And Time Begins"
2008 : "Diminishing Between Worlds"
2010 : "Polarity"
2017 : "Axis Mundi"


Les chroniques


"Axis Mundi"
Note : 17,5/20

"La violence ne résout rien (mais elle apaise)". Vous avez probablement entendu ce proverbe par vos parents, oncles, grands-parents ou autre membre de votre famille qui a une bonne vingtaine d'années de plus que vous, non ? Eh bien il est possible que les Américains de Decrepit Birth aussi, mais ça ne les empêche pas de jouer un death metal aussi technique que violent. Alors que Bill Robinson (chant) et Matt Sotelo (guitare) sont présents depuis le début, ils s'entourent de Sam Paulicelli (batterie) et Sean Martinez (basse) pour composer "Axis Mundi", leur tant attendu quatrième album. Toujours aussi axé sur la maîtrise des instruments des musiciens, cet album est cependant un peu plus sombre que les autres, et leur collaboration avec Dan Seagrave les sert encore une fois. Trois covers sont à noter sur l'édition digipack : Metallica, Sepultura et enfin Suffocation. J'espère que vous avez pris vos précautions avant de venir, parce que ça va saigner.

Un sample au son futuriste introduira parfaitement "Vortex Of Infinity - Axis Mundi", le premier titre de l'album. La rythmique est déjà solide et nous confirme un son excellent même s'il reste assez sale, et lorsque Bill commencera à hurler, vous serez enfin certains de passer un bon moment. L'introduction peut souffrir d'un peu de longueur, mais la puissance que les Américains déchargent rattrape largement le tout. Sur "Spirit Guide", j'ai personnellement eu le même ressenti que lorsque j'ai écouté pour la première fois Death : un son violent mais planant et qui transpire la maîtrise à plein nez... Pourquoi s'arrêter en si bon chemin alors que la rythmique carrée de "The Sacred Geometry" est sur le point de frapper ? Non franchement, je ne sais pas pourquoi vous oseriez faire ça. Le blast surpuissant de "Hieroglyphic" fera s'envoler quiconque s'approche trop près de la batterie en concert, alors que "Transcendental Paradox" clouera au sol les plus aventureux des auditeurs. Il est possible que cela vous paraisse étrange, mais j'ai trouvé "Mirror Of Humanity" plutôt reposante... Pourquoi ? C'est probablement grâce à son flot quasi continu de riffs aux sonorités malsaines qui s'enchaînent parfaitement. A l'inverse, "Ascendant", bien que beaucoup plus axé sur des sons atmosphériques et une basse omniprésente, m'a redonné une bonne dose d'énergie. Petite démonstration du niveau des Américains avec "Epigenetic Triplicity". Si comme son prédécesseur le titre s'arrête d'un coup, c'est pour mieux repartir, et je suis certain qu'ils sauront tirer parti de cet effet de surprise en concert, avec un break brutal au possible. "Embryogenesis", le titre le plus court, contient des sons qui m'ont envoyé dans la stratosphère de par leur beauté, mais la basse s'est chargée de me faire prendre ma dose de virtuosité en même temps. Malheureusement, je le trouve un peu trop court...

On passe aux trois reprises, et c'est "Orion" de Metallica qui aura droit à la place d'honneur. Si tout le monde connaît ce titre à la basse plus que présente qui a confirmé que Cliff Burton figurait parmis les meilleurs, alors vous serez surpris de voir ce qu'en a fait Decrepit Birth. Non ce n'est pas bâclé, bien au contraire, et l'univers des Américains correspond parfaitement à l'ambiance voulue, alors que je trouve que "Desperate Cry", reprise de Sepultura, est vraiment surprenante. Non pas que les riffs soient mal exploités, mais j'ai beaucoup de mal avec le chant sur ce titre. En revanche, "Infecting The Crypts" qui est empruntée à Suffocation passe comme une lettre à la poste, terminant en beauté l'album !

Le death technique semble être sous de bons auspices en cette année 2017, et Decrepit Birth en a tout simplement tiré le meilleur parti. Le mixage est excellent, laissant aux amateurs de death old school comme à ceux qui ne jurent que par le son récent de profiter pleinement des compositions du groupe. Après avoir visionné quelques vidéos, je sais qu'aller voir un live de Decrepit Birth, c'est l'assurance de vivre une expérience intense. Avis aux amateurs de tout ce qui se fait de plus violent dans le metal !


Matthieu
Août 2017




"Polarity"
Note : 16/20

Plus ça va et plus la dextérité de Decrepit Birth s'affine, plus ça va et plus la musique de Decrepit Birth alterne sa brutalité avec la virtuosité death metallique. Ça en devient énormissime comme groupe. Les ricains sont de plus en plus pointilleux et leur brutal death quasi exclusif sur "And Time Begins" laisse désormais largement la place à la technique et à difficulté de jouer des titres très précis et complexes à interprêter.

Ce troisième album est d'une richesse complète, technique, brutalité, mélodie sont à la solde d'un death metal où les citations de groupes référence peuvent être nombreuses. En effet on nous balance que c'est pour les fans de Suffocation, de Death ou de Cynic. C'est vrai que pour la brutalité et la technique le rapprochement avec Suffocation peut-être fait et également c'est vrai qu'il y a des passages où l'on a l'impression que Schuldiner y a mis sa patte, notamment sur un titre comme "Polarity". Le côté Cynic se retrouve sur "Solar Impulse", morceau au départ dans l'esprit de ceux de "Focus", en plus brutal. Mais on pourrait partir loin dans les citations de groupes, j'ai aussi pensé à Obscura. La technique se veut claire, précise mais limpide sans tomber dans l'abondance de notes complexes, mais plutôt dans l'abondance de notes fluides et logique dans leur musicalité.

Il ne sert à rien de balancer des noms pendant des plombes, Decrepit Birth est totalement dans la mouvance death brutal et technique avec une pointe de mélodie catchy. Les morceaux sont construits de manière à présenter un death brutal mais véritablement accessible par une aération de solos ou de descentes aériennes, presque planantes comme le faisait Death à sa grande époque, des "Individual Thoughts Patterns", "Human" ou "Symbolic". Il est très difficile de dire sur ce bijou quel morceau semble au dessus du lot, parce qu'ils ont tous une identité particulière, même si elle reste violente, cette identité est unique sur chaque morceau et l'empreinte qu'elle laisse est dure à cerner mais dans les détails elle est bien là. On pénètre corps et âme dans chaque morceau, on explore toutes ces atmosphères étranges mêlées à des riffs mi brutaux, mi spatiaux comme sur la fin de "Sea Of Memories". Decrepit Birth a réussi à doser son death metal de manière à tirer parti du meilleur des genres brutal, technique et mélodique. Ce qui pourrait vraiment définir cet album c'est dualité, subtilité et brutalité.

Avec une pochette réalisée par Dan Seagrave qui a tendance maintenant à se copier lui-même je trouve, Decrepit Birth nous offre aussi dans sa version digipack une reprise de Death "See Through Dreams". Comme quoi tous les bons groupe de death technique savent d'où ils puisent leurs racines, Obscura ayant fait la même chose sur "Retribution" en reprenant "Lack Of Comprehension" et même sur la réédition en reprenant Suffocation. Les critères sont les mêmes, on change les interprètes qui apportent leur propre signature et on obtient un album indispensable. On pourrait aussi croire comme ça que c'est trop compact, mais comme je le disais plus haut, c'est hyper aéré et en plus l'album dure moins de quarante minutes.

C'est du grand art que ce troisième album, je pense que dans la maîtrise de la barbarie raffinée , il serait de mauvaise foi de dire qu'est ce n'est pas bon. Decrepith Birth c'est un petit peu comme si Jean-Paul Gaulthier venait dans une boucherie et nous réalisait toute une collection en peau de boeuf et en chair de poulet. Le souci du détail, la préoccupation de la précision, du fil metallique cousu d'or. C'est sauvage, mais raffiné, et en toutes circonstances, il faut rester brutal mais digne. Aïe aïe aïe, fait la joue qui prend sa claque...


Arch Gros Barbare
Septembre 2010


Conclusion
Le site officiel : www.decrepitbirth.net