Deathbringer aura pris son temps pour sortir un deuxième album puisque "It" sort quinze ans après son prédécesseur ! Ce dernier nommé "Homo Divisus" présentait un death metal technique et progressif aux forts accents Death période "Human" ou "Individual Thought Patterns". Et en quinze ans il s'en est passé des choses donc Deathbringer ne reprend pas les choses où il les avait laissées, il y a du changement depuis tout ce temps.

La petite intro "Delta" nous annonce déjà que l'ambiance va s'assombrir sur ce nouvel album, quelques notes de piano inquiétantes s'étirent en effet sur une petite minute et installent un climat inquiétant. C'est "Frozen Beliefs" qui démarre les hostilités et on entend un death metal certes toujours technique et empreint de progressif mais surtout bien plus brutal, agressif et noir que sur "Homo Divisus" ! Deathbringer place aussi quelques arrangements aux allures d'orchestrations discrètes et multiplie parfois les couches de son pour donner un aspect magmatique à sa musique. Ces passages sur lesquels la double grosse caisse matraque les tympans avec des mélodies glaciales aux claviers pourraient presque faire penser au premier album de The Amenta, le côté franchement industriel en moins. Les blasts ne se gênent pas non plus pour nous pilonner la nuque plus d'une fois et le groupe nous fait entendre cette fois un visage bien plus virulent et menaçant. On est loin du bourrinage intensif pour autant, "It" est bien pourvu en ambiances et les structures ont tendance à avoir la bougeotte donc attendez-vous à des morceaux à tiroirs. Sachant que l'album est un concept, tous les morceaux se suivent sans aucune pause et cette heure de musique est évidemment à écouter de préférence comme un seul bloc. C'est là que vous allez bien vous rendre compte de l'intensité et de la densité de ce deuxième album. "Per Aspera" nous fait entendre quelques passages plus modernes avec la dose syndicale de mesures impaires et d'autres bien plus lourds qui renvoient inévitablement à Morbid Angel, le tout suivi d'un solo de guitare lumineux qui tranche agréablement avec cette chape de plomb.

"Nihli Messiah", quant à lui, nous rappelle le Meshuggah de "Chaosphere" et confirme que l'orientation plus moderne prise par Deathbringer pour illustrer la froideur qui émane de cette entité qui semble avoir complètement pété les plombs sur le très inquiétant "Theta", un interlude de deux minutes totalement habité. Les arrangements électroniques que l'on entend de temps en temps au milieu des morceaux ou pendant les interludes et la production volontairement froide, illustrent très bien le côté inhumain de l'entité qui est le sujet principal de cet album concept. Deathbringer se fait cette fois plus touffu, plus chaotique et donc bien plus exigeant. Il est évident que "It" a fait l'objet d'un soin particulier pendant sa conception puisque malgré les changements fréquents de rythmique ou d'ambiance le groupe ne perd pas en cohérence et réussit à donner vie à son univers dans lequel il ne fait pas bon vivre. Les quinze ans de différence entre les deux albums se sentent puisque la musique du groupe est tout simplement méconnaissable ! Une évolution bienvenue puisque si "Homo Divisus" était un bon album, l'influence de Death était vraiment très présente, ce qui n'est évidemment plus le cas maintenant. D'autres influences peuvent bien sûr se faire sentir et certaines ont été pointées plus haut mais la musique de Deathbringer est tout de même devenue bien plus personnelle avec "It". On sent que le groupe est revenu avec un monde à lui, un concept particulier et des choses à raconter. Ce nouvel album est une réussite et s'il risque de désarçonner aux premières écoutes ceux qui ont connu le précédent album, il finira par s'infiltrer et par faire son petit effet.

Il ne reste plus qu'à espérer que l'on ne devra pas encore attendre quinze ans pour entendre un nouvel album de Deathbringer ! En attendant vous pouvez jeter une oreille attentive sur "It" qui permet au groupe de faire un retour en force avec un album riche et profond. Le concept est bien retranscrit, les ambiances sont puissantes et bien plus noires qu'auparavant et la musique de Deathbringer se fait plus dense, plus éprouvante et plus menaçante.