Le groupe
Biographie :

L’aventure Dead Season débute dans le Nord de la France, suite à la rencontre de Guillaume Singer, guitariste et principal compositeur du groupe, et Nicolas Sanson, bassiste, deux musiciens fortement imprégnés de culture heavy / thrash metal. Après une recherche acharnée, les deux compères parviennent à mettre sur pied une première mouture du groupe dont fait partie le guitariste Guy Noël Hoareau. Ce line-up accumule les concerts et débute l’enregistrement d’un album, qui, hélas, n’arrivera jamais à son terme. Durant cette période, loin d’être inactifs, les trois musiciens évoluent dans divers projets dont Ufych Sormeer et Hectic Patterns, tous deux signés chez EMP / Holy Records. Ces groupes ont entre autres l’occasion de se produire sur les planches du Hellfest, de la Locomotive, du Trabendo, du Killer Fest… Gardant toujours Dead Season dans un coin de leur esprit, ils décident un jour de raviver le projet en s’adjoignant pour la batterie les services de Grégoire Galichet, rencontré au cours de leur périple, et prennent à nouveau le chemin du studio pour enregistrer une bonne fois pour toutes leur premier album. Julien Jacquemond, chanteur de Further Dimension entre dans les rangs courant 2011 et le groupe finalise enfin l’enregistrement de son album "From Rust To Dust". Cet album sort dans les bacs le 15 Janvier 2013 chez Symbol Muzik, filiale de Brennus Music. Après un EP sorti en 2014, Dead Season sort son deuxième album, "Prophecies", en Mai 2017.

Discographie :

2013 : "From Rust To Dust"
2014 : "Dusting The Rust" (EP)
2017 : "Prophecies"


Les chroniques


"Prophecies"
Note : 17/20

Je vous avais déjà parlé de Dead Season en ces pages en précisant que le groupe était à surveiller, ouvrez donc vos oreilles puisqu'ils sont de retour avec "Prophecies". Et croyez-moi, il y en a une paire qui risque d'être sur le cul avec ce deuxième album !

Et dès l'entame de "The New Man", on sent que le groupe ne s'est pas calmé : mélodies froides quasiment black metal, gros tapis de double, son énorme, brutalité héritée du death et du thrash, sonorités en provenance directe du prog, bref le groupe est de retour et il n'est pas content. Le chant clair en profite pour venir poser une ambiance plus désabusée et mélancolique en opposition aux gros riffs de bûcheron et le chant hurlé ou growlé. En l'espace d'un seul morceau de quatre minutes trente, le groupe a trouvé le moyen de nous balancer d'une ambiance à l'autre, d'un style musical à l'autre, le tout sans jamais perdre en cohérence ! Et si on reconnaît bien la patte du groupe, il faut avouer que celui-ci a fait un bond de géant à tous les niveaux, l'évolution est impressionnante et l'album nous allonge baffe sur baffe pendant une bonne heure. On retrouve toujours cette légère influence Nevermore mais pas de façon flagrante, on l'entend plus dans la manière dont le groupe mixe la brutalité, la mélodie et la mélancolie. L'influence est présente mais totalement digérée et Dead Season s'en sert pour créer son propre univers, tout aussi sombre que celui de Nevermore d'ailleurs voire même plus. D'ailleurs, avec toutes ces sonorités qui s'entrecroisent, la musique du groupe réussit aussi à faire un pont entre le metal old school et les groupes plus modernes, les deux écoles sont réunies et ça sonne foutrement bien ! On part même en plein death brutal et technique sur quelques passages de "Homogenetic" ou "Guidestones". Certains morceaux devraient d'ailleurs être destructeurs en live, que ce soit via l'agressivité de certains riffs ou le groove omniprésent il va y avoir de l'animation dans la fosse !

Ce nouvel album est une fois de plus très dense, plus encore que "From Rust To Dust" qui pourtant explorait déjà plusieurs territoires différents. Vous vous doutez donc bien qu'il va falloir multiplier les écoutes pour saisir pleinement ce que le groupe a voulu faire, même si il n'y a là rien qui pourrait perdre l'auditeur au premier abord. C'est d'ailleurs très fort de réussir à faire une musique aussi riche, variée et profonde tout en donnant de quoi s'accrocher aux oreilles novices. Il y a toujours des mélodies ou un groove qui font que l'on ne se perd pas dans des structures tordues ou des morceaux totalement hermétiques. Et pourtant "Prophecies" est sans aucun doute la réalisation la plus ambitieuse de Dead Deason à ce jour, ce nouvel album étant en effet plus audacieux et plus varié que le précédent album ou les EPs. Les ambiances sont d'ailleurs encore plus glauques, plombées et oppressantes qu'auparavant. Ce nouvel album est présenté par le groupe comme étant son oeuvre la plus sombre et il n'a pas menti, il renferme aussi ses morceaux les plus brutaux. Mais faisons simple, "Prophecies" est impressionnant à tous les niveaux et si tout le monde avait bien senti que le groupe pouvait proposer quelque chose de fort à l'avenir, je pense que l'on était peu nombreux à se douter que le deuxième album serait aussi percutant ! Niveau production, l'album a été mixé et masterisé par Jaime Gomez Allerano et le moins que l'on puisse c'est que cela sonne puissant et clair, un son à vous arracher le papier peint.

On avait senti le potentiel de Dead Season sur "From Rust To Dust" et "Dusting The Rust" mais le voilà qui explose sur "Prophecies" ! Ce nouvel album met une bonne grosse baffe et pousse le bouchon plus loin à tous les niveaux avec une maîtrise qui laisse rêveur.


Murderworks
Septembre 2017




"Dusting The Rust"
Note : 15/20

Le groupe de thrash lillois Dead Season est de retour un an après "From Rust To Dust" avec "Dusting The Rust" qui, comme son nom le laisse deviner, est un EP constitué de 5 morceaux inédits issus des sessions de l'album. Pourquoi sortir ces titres sur un EP s'ils n'avaient pas été retenus à l'époque ? Simplement parce que certains d'entre eux explorent des territoires assez éloignés du répertoire de Dead Season et qu'ils auraient pu briser l'homogénéité dudit album.

Déjà il faut savoir que ces morceaux sont majoritairement bien plus longs que ceux de l'album, on en a quand même un de 7 minutes et un autre de 8 ! On retrouve tout de même ce mélange de thrash moderne avec des touches old school, "An Inner Battle" nous rappelle par moments Nevermore que ce soit dans les riffs ou certaines lignes de chant clair. Sur les deux premiers morceaux on retrouve la patte du groupe en peut-être un peu plus déjanté, surtout sur "An Inner Battle", mais à partir de "Dusting The Rust" le groupe commence à expérimenter. Ce morceau pourrait être vu comme un interlude majoritairement acoustique mais surmonté de quelques effets synthétiques, l'ambiance étant bien entendu plombée en conséquence. Même si un climat assez sombre planait déjà sur l'album, ce morceau enfonce un peu plus le clou et prépare le terrain pour la suite qui va nous permettre de voir que le groupe en a sous le pied et qu'il peut se permettre pas mal de choses.

Niveau expérimentations c'est surtout "Zombies Are Swinging" qui va marquer les esprits, coopération entre Dead Season et un big band de jazz qui comme le nom du morceau l'indique risque de faire swinger quelques guiboles ! Le mélange thrash / jazz avec quelques vocalises de zombies, plus le chant clair et le chant gueulé donne un sacré mélange, et si tout ça aurait pu facilement devenir indigeste ou ridicule il faut avouer que tout ce beau monde s'en sort avec les honneurs. Alors certes quand on sait que certains membres de Dead Season viennent d'Ufych Sormeer, tout ça est moins étonnant puisque ce groupe s'amusait déjà à défricher certaines terres éloignées du metal, mais il n'empêche que ce morceau est à la fois fun et original.

Voilà donc un très bon complément à l'album "From Rust To Dust", avec à la fois des morceaux dans le même style et quelques expérimentations très sympathiques. La preuve une fois de plus que ce groupe est à suivre attentivement et qu'il ne s'impose aucune limite.


Murderworks
Novembre 2014




"From Rust To Dust"
Note : 15/20

Groupe lillois formé en partie par des membres d'Ufych Sormeer, Dead Season nous amène son premier essai "From Rust To Dust". Sauf que là ça tape dans un registre un peu plus poilu, une sorte de mélange entre un côté très thrash dans les rythmiques et un autre très heavy dans les mélodies.

Dead Season ne se contente pas de bourriner pendant 41 minutes, son metal d'inspiration thrash est régulièrement contrebalancé par des mélodies ou des lignes de chant un peu plus claires qui donnent un côté plus catchy à l'ensemble. Mais quand ça bourre ça ne fait pas semblant, d'autant que l'album a bénéficié d'une prod' plus que correcte et plutôt costaud pour un premier album. Avec en plus une batterie qui sonne bien organique comme il faut, et c'est tellement rare parmi les nouveaux groupes que je tenais à le signaler. En tout cas les influences sont nombreuses et les sonorités plutôt riches, on est d'ailleurs pris à contre pied dès l'intro très posée et qui installe une ambiance assez glauque. Intro qui s'efface pour laisser la place à "Modernity" qui nous attaque tout de suite avec un riff bien technique et une voix arrachée. Et on n'est pas au bout de nos surprises puisque ce "From Rust To Dust" en a suffisament sous le pied pour qu'on ne puisse pas prévoir ce qui va se passer. Le passage de "Mighty Bob" en chant clair par exemple qui débarque d'on ne sait où et qui fait pourtant son petit effet tant il s'intègre bien au reste.

C'est d'ailleurs ce côté versatile qui devrait permettre à Dead Season de faire son trou, on passe d'un style à l'autre dans des compositions à tiroirs qui alternent la mélodie et la brutalité du metal pur jus. Je précise au passage qu'on a souvent l'occasion d'entendre des soli de gratte qui en plus de montrer un certain niveau technique sont du plus bel effet, jamais démonstratifs et bien mélodique sans pour autant dénaturer le côté couillu du groupe. C'est d'ailleurs à ce petit jeu d'équilibriste que se livre Dead Season sur toute la durée de l'album, et malgré certains signes de jeunesse inhérents à n'importe quel premier album c'est plutôt bien foutu ! Entre les riffs pur thrash, le côté mélodique et voix claires tirées du heavy, les soli de gratte et certains passages à la basse dignes de groupes de tech death voir de prog il y avait de quoi se planter ! Mais le groupe sait où il veut aller et on est en général agréablement surpris par les contrastes qu'il arrive à crée au sein d'un même morceau. Rien que l'instrumental "Sinking Into Oblivion" placé en milieu d'album donne un aperçu de ce que le groupe est capable de faire, il tranche totalement avec le reste de l'album tout en étant parfaitement à sa place grâce aux ambiances qu'il dégage et qui renvoie à celles de l'intro.

D'ailleurs tout l'album dégage une ambiance assez intéressante et plutôt sombre, à l'image de sa pochette en quelque sorte. Alors certes l'album n'est pas la révélation du siècle, mais on sent un gros potentiel à la fois dans la composition et dans la technique. Dead Season montre déjà de bien bonnes choses sur ce premier essai et nul doute que le prochain sera encore meilleur, parce que même si les membres ne sont pas des débutants, il n'est pas forcément évident d'imposer sa personnalité dès le début. Dead Season arrive à montrer une partie de la sienne au travers d'un climat assez sombre et plutôt intéressant qui ne demande qu'à s'affiner sur un prochain album. Voilà donc une nouvelle recrue qu'il va falloir surveiller de près !


Murderworks
Mars 2013


Conclusion
L'interview : Guillaume

Le site officiel : www.facebook.com/deadseasonmusic