"It Beckons Us All......."
Note : 17/20
Fidèles à eux-mêmes, les deux joyeux lurons de Darkthrone nous amènent leur nouveau glaviot sonore "It Beckons Us All......." en se foutant toujours autant de ce que les gens vont en penser. On va donc trouver du riff bien gras et quelques expérimentations comme sur les précédents albums du groupe qui nous avaient plutôt surpris. Certains étaient persuadés que le duo n'avait plus rien à offrir et qu'il allait rester dans son délire black / thrash / punk mais ses deux ou trois précédents albums ont glissé des choses plus inhabituelles qui faisaient plaisir à entendre.
Que tout ça soit encore du black metal ou pas, on s'en fout totalement pour être honnête, Darkthrone n'a jamais fait le moindre compromis avec sa musique et n'en fait toujours pas, ce qui est finalement plus black metal qu'une bonne partie de la scène. Entre les pseudo satanistes, les soit-disant misanthropes qui s'entassent à quinze dans un van pendant six mois pour partir en tournée et ceux qui prônent la haine mais qui hurlent au loup en croisant les idéologies tendancieuses de certains, il y a de quoi rigoler quand même (soyez haineux, dangereux, sulfureux mais dans le cadre des conventions de Genève hein). Mais revenons-en à la musique justement parce que pour un groupe qui s'en bat les couilles de tout, Darkthrone nous délivre de bien bons albums ces derniers temps, celui-ci ne fait pas exception à la règle et fait entendre par moments quelques sonorités psychédéliques ou barrées bien sympathiques. En fait, les deux bougres mélangent maintenant tout ce qu'ils aiment et la palette est plus large qu'on pourrait le penser. Les claviers hantés ou spatiaux qui ouvrent "Howling Primitive Colonies" nous renvoient justement aux scènes psychés electro des années soixante-dix (on se croirait chez Klaus Schulze) avant de partir sur du black metal mid-tempo dans la plus pure tradition avec des morceaux de vieux Celtic Frost ou Hellhammer dedans. Il y a quelque chose de froid dans ces leads et mélodies mais il on y trouve en même temps une ambiance particulière, quelque chose de presque spatial, cosmique, hors du temps. "Eon", dont la première itération était un instrumental sur "Soulside Journey", avait déjà connu une suite sur "Astral Fortress" et c'est donc la troisième partie "Eon 3" qui se fait une place ici.
"Black Dawn Affiliation" est surprenant aussi avec ses leads froids et dissonants d'un côté et son groove irrésistible de l'autre. Un mélange qui souffle le chaud et le froid mais qui fonctionne diablement bien et ne fait pas ressentir ses six minutes. La plupart des morceaux sont évidemment assez longs mais justement ce n'est pas un problème tant le groupe se permet une fois de mélanger les genres et de tenter quelques petites expérimentations. On sent que le duo se fait plaisir sans aucune arrière-pensée, ça saute aux oreilles et c'est même bien plus flagrant que sur les albums de la période black / thrash / punk d'il y a quelques années. Là, on les sent revenir à leurs premières amours sans se poser la moindre question, aux groupes qu'ils écoutaient dans leur jeunesse que ce soit metal ou non. Jamais on ne les aurait imaginé nous sortir "The Bird People Of Nordland" il y a quelques années, un morceau qui change de registre plusieurs fois et passe du groove énergique aux riffs froids en passant par des claviers hantés. Pareil pour le pavé de dix minutes "The Lone Pines Of The Lost Planet" qui nous fait voyager tout du long en jonglant avec différentes ambiances et sonorités différentes. Une bien belle façon de clore ce nouvel album qui, comme ses prédécesseurs, garde le socle black metal en y adjoignant tout un tas d'autres influences. Tout ça amène Darkthrone à renouveler sa musique tout en restant lui-même, simplement en y faisant entendre des influences qu'il n'avait pas forcément intégrées par le passé. Même si les albums sortent à intervalles réguliers, Fenriz et Nocturno Culto ne se retrouvent que quand ils en ont envie, ne composent que quand ils le sentent et de manière très spontanée. Cela s'entend dans cette envie de se laisser aller sans se poser de questions, dans ces sonorités qui débarquent sans qu'on s'y attende.
Darkthrone continue donc à se faire plaisir et à nous surprendre avec Klaus Schulz qui confirme que ce groupe continue par pure envie. Et le pire c'est qu'il arrive à être encore intéressant et à faire évoluer sa musique, ce qui est quand même assez dingue pour un groupe d'une telle longévité et qui à une époque tapait dans un certain minimalisme. En dehors de ceux qui sont restés bloqués sur la fameuse trilogie, il n'y a aucune raison de ne pas être curieux.
"Astral Fortress"
Note : 17/20
Un peu plus d'un an après "Eternal Hails......", Darkthrone est déjà de retour pour nous rebalancer un glaviot dans la tronche avec "Astral Fortress" et sa pochette qui en a probablement fait hurler plus d'un. Vu le délai entre les deux albums, il ne va pas falloir s'attendre à un gros changement et le duo va donc plus ou moins continuer sur les traces baveuses du précédent album.
Pour les étourdis du fond, "Eternal Hails......" remettait un peu de doom dans le black old school teinté de punk et de heavy habituellement pratiqué par le duo. Un retour aux premières amours du groupe que le tracklisting trahit ici aussi puisque le dernier morceau de l'album n'est autre que "Eon 2", suite de l'instrumental qui se trouvait en clôture de "Soulside Journey". Mais commençons par le commencement, c'est "Caravan Of Broken Ghosts" qui ouvre l'album avec déjà huit bonnes minutes et un démarrage en acoustique aux faux airs de Bathory période viking. On retrouve un tempo lourd qui évoque évidemment les senteurs doom du précédent album avec des arpèges froids plus proches du black metal classique. On ne se sent donc vite comme à la maison et même l'accélération qui débarque en plein milieu du morceau retourne à ces fameuses sonorités speed ou heavy metal des années 80 auxquelles Darkthrone nous a habitués depuis maintenant un bon paquet d'albums. Pas de grosses surprises mais une constance qui fait plaisir et un nouvel album qui marche droit dans les pas de "Eternal Hails......" donc vous savez déjà à quoi vous attendre avec "Astral Fortress". De toute façon, soit vous faites parties des puristes indécrottables et vous êtes restés bloqués sur la fameuse triplette maléfique, soit vous faites partie du reste et vous savez très bien sur quoi vous allez tomber en écoutant Darkthrone aujourd'hui. Pour faire simple, les premiers vont détester comme d'habitude et les autres vont reconnaître les racines du groupe et prendre leur pied avec du metal old school pur et dur sans aucune concession à la modernité et en se foutant de savoir si cela colle aux codes du black metal proclamés par on ne sait qui. C'est d'ailleurs assez marrant de se dire que le groupe s'est fait chier dessus par de soit disant puristes quand il est revenu à ses racines speed et heavy metal quand on sait que les groupes d'origine ont été inspirés par Venom dont la musique n'était rien d'autre que du speed et du heavy metal.
L'ambiance glaciale est bien là de toute façon à la fois dans les riffs et dans les mélodies et Darkthrone n'a plus de leçon à recevoir de personne depuis bien longtemps, ça passe ou ça casse et peu importe le résultat les deux bougres s'en foutent royalement. "Impeccable Caverns Of Satan" retourne dans le bon vieux black metal à l'ancienne avec riffs dégueulasses et un mid-tempo groovy en diable qui renvoie aux tout premiers albums du genre avant que les rafales de blasts n'arrivent et prennent toute la place. Dans le groove qui tue, "Stalagmite Necklace" est à cheval entre le rock et le doom presque Sabbathien dans l'âme avec quelques claviers fantomatiques qui viennent poser une ambiance inquiétante et froide qui tranche fortement avec ce groove justement et qui produit du coup une ambiance intéressante. Au-delà des querelles de clochers, Darkthrone prouve une fois de plus que non seulement il ne fait que ce qu'il a envie de faire mais qu'en plus il n'a rien perdu de sa capacité à poser des ambiances froides et sombres. "Astral Fortress" a beau groover comme son précécesseur, et même ses prédécesseurs, il est tout de même habité de cette fameuse froideur norvégienne que personne ne pourra enlever à ce duo d'allumés. Quelques claviers spatiaux se refont entendre sur le long et hanté "The Sea Beneath The Seas Of The Sea" et là encore l'ambiance devient particulière avec un côté irréel et planant. On aura tout lu et tout entendu sur Darkthrone, y compris que le groupe ne fait plus de Darkthrone. Non seulement il en fait encore mais il trouve en plus le moyen de sonner de manière singulière tout en revenant à ses racines, ce qui n'est pas rien ! Alors oui, le black metal à la norvégienne de "Blaze In The Northern Sky" est bien loin maintenant mais le froid est toujours présent et les ambiances ne se sont pas réchauffées du tout.
Darthrone reste donc fidèle à lui-même et "Astral Fortress" poursuit plus ou moins sur la voie tracée par "Eternal Hails......" avec quelques incursion doom et des ambiances plus spatiales et barrées. C'est toujours aussi franc du collier et mine de rien même en revenant à ses premières influences, le duo arrive à sonner de manière personnelle, rien que pour ça et pour le fait de n'en faire qu'à sa tête en envoyant chier tout le monde : respect !
"Eternal Hails......"
Note : 16/20
Déjà le dix-huitième album pour Darkthrone (-dix neuf si on considère "Goatlord" comme un album) qui ne s'arrête plus depuis qu'il a décidé de revisiter ses racines ! Après avoir pondu quelques pierres angulaires du black metal comme ça en passan,t les deux gaillards se sont dit qu'ils en avaient assez fait et ont décidé de faire honneur à leurs vieilles influences heavy et punk. Sauf que ça aussi ça dure depuis quelques albums et puisque la lassitude risquait de saisir le duo ce nouvel album, "Eternal Hails......" de son petit nom, part encore dans une autre direction.
Cette fois c'est donc le doom qui s'invite à la fête, même si le black, le heavy et le punk trouvent toujours une place quelque part pour se faire entendre. Darkthrone, malgré ce que certains peuvent en penser, est l'exemple typique du groupe qui se fout de tout et fait ce qu'il veut quand il veut, que ça plaise ou non aux autres n'est pas vraiment leur problème. "His Masters Voice" démarre les hostilités avec un feeling justement très heavy dans l'âme et un up-tempo assez classique, le tout baigné dans un son assez sourd, étouffé et évidemment plutôt raw dans l'ensemble. C'est la fin de ce premier morceau qui amène les sonorités doom en alourdissant le tempo et en amenant des mélodies que n'auraient pas renié un certain Candlemass. La durée des morceaux est d'ailleurs assez élevée une fois de plus et les quarante-deux minutes de "Eternal Hails......" tiennent sur cinq pistes. Quant aux mélodies et riffs qui ouvrent "Hate Cloak", ils sont à cheval entre le heavy metal et le stoner, le tout enrobé dans un son qui se fait du coup plus bourdonnant et qui est même à la limite de la saturation par moments. Là encore des mélodies proches du doom se font entendre et évoquent brièvement les saletés que pouvaient produire le premier Paradise Lost par exemple. Pour autant, "Eternal Hails......" n'est pas un virage complet vers le doom, comme précisé plus haut le heavy, le black, le punk sont toujours là et se partagent l'espace comme ils le peuvent avec ce nouvel invité pesant. Le mélange des genres donne d'ailleurs des passages assez épiques au milieu de ces mélodies poisseuses et de ces riffs écrasants. Voire même des mélodies mélancoliques aux allures cosmiques sur le fin de "Lost Arcane City Of Uppakra" qui clôt aussi l'album d'ailleurs.
Malgré ça, la noirceur et les mélodies glaciales n'ont pas disparu, "Voyage To A Northpole Adrift" se charge d'ailleurs de faire descendre la température avec ses dix minutes. De toute façon, cela fait longtemps que Darkthrone a décidé d'envoyer voler les étiquettes en tout genre et se contente de balancer la sauce comme il en a envie. Et comme toujours, c'est old school jusqu'au bout des ongles, que ce soit en termes de sonorités, de production ou d'approche. Ceux qui ont découvert le metal dans les années 2000 ou qui vénèrent une certaine forme de black metal ont certainement eu plus de mal à comprendre la démarche du groupe ces dernières années que les vieux croûtons comme vous et moi (ne niez pas, avouez que vous avez repéré vos premiers cheveux gris, s'il vous reste encore des cheveux). Surtout que le duo prend soin de ne pas laisser de place à la moindre trace de modernité sur ses albums et "Eternal Hails......" prend des airs de manifeste, un majeur tendu à toutes les tendances actuelles et à ceux qui pensent pouvoir imposer une ligne de conduite aux autres. Ce nouveau glaviot aurait tout aussi bien pu s'appeler "Je fais ce que je veux et je t'emmerde". Du coup, même si Darkthrone se fait plus pesant, je doute que ceux qui n'ont pas aimé ce que le groupe a fait ces dernières années puissent apprécier "Eternal Hails......". Soit vous avez les mêmes références old school que le groupe et vous pouvez saisir ce qu'il fait, soit vous êtes trop jeunes et allez trouver ça bien trop loin de vos standards. Comme ses prédécesseurs, "Eternal Hails......" s'adresse à ceux qui ont suivi Darkthrone jusqu'ici, ceux qui ont lâché l'affaire ne retrouveront pas leurs marques non plus par ici.
Une fois de plus, Darkthrone se fout de tout et fait ce qu'il a envie de faire et cette fois ça penche vers le doom et vers des morceaux plus longs. "Eternal Hails......" explore une autre partie des influences du duo norvégien et produit des ambiances parfois épiques, parfois presque spatiales tout en restant old school de la tête aux pieds. Comme toujours avec eux, ça passe ou ça casse mais si ça passe le voyage dans le temps est plutôt sympa !
"Old Star"
Note : 16/20
Darkthrone revient avec une nouvelle offrande, et comme à son habitude, on ne sait jamais à quoi s’attendre avec ce groupe. Que ce soit en matière de direction artistique ou de son, Darkthrone évolue sans cesse, revient sur ses pas, s’auto-copie, s’éloigne du black, s’en rapproche, bref, cela a pour effet de perturber les fans qui, comme moi, attendent les nouvelles sorties du duo avec un feeling qui mêle incertitude avec impatience. Pour le coup, Darkthrone a compris le truc et nous a préparé à son nouveau méfait en sortant un titre, pardon, LE titre "The Hardship Of The Scots", quelque temps avant pour habituer nos petites oreilles à cette nouvelle offrande musicale. Le précédent skeud, "Artic Thunder", était vraiment excellent, et sa pochette, une photo de feu de camp prise par Fenriz pendant une de ses nombreuses randonnées dégageait une aura assez particulière. Le binôme revient quatre ans après, avec un "Old Star" tout nouveau tout beau, sublimé par une pochette bien classe, plus occulte et démoniaque, en noir et blanc, qui tranche catégoriquement avec la réalisation de 2016.
Si je ne m’abuse, c’est le dix-septième album studio du groupe, et pour le coup, il se dégage de l’album une grande maturité et une maîtrise des aspects compositionnels plutôt infaillible. 38 minutes pour 6 titres, Darkthrone s’engage dans une voie plus progressive et doomesque, sans sombrer dans le bordel et le riffing inutile, bien au contraire, du début à la fin, c’est vraiment l’efficacité des parties qui fait tout le boulot. Chaque titre a son petit truc bien particulier, mais au final, l’album est très homogène et cohérent. "I Muffle Your Inner Choir" ouvre le bal avec son tremolo de guitare démoniaque et son drumming à la Motörhead, comme si Lemmy avait décidé de s’adonner à quelques pratiques occultes. "The Hardship Of The Scots", le morceau suivant, est simplement le tube le plus power heavy / thrash de toute la carrière de Darkthrone, on y ressent toute la passion de Fenriz pour les groupes obscurs comme les british de chez Satan ou les thrash-punkers de chez English dogs. Le titre éponyme est plus nuancé, limite doom, mais dégage une intensité vraiment prenante, le son fuzzy des guitares prend ici tout son sens, et façonne un voile de fréquences à la Black Sabbath, sur les passages en single note.
"Old Star" est l’archétype même du titre simple et efficace, propice au headbanging. Nocturno Culto adopte un chant écorché vraiment sincère, ce qui ajoute du corps à l’ensemble. Alp Man, la quatrième plage du disque, persiste dans le riffing basique heavy metal et alterne passages binaires et ternaires, toujours avec ce sens de la mélodie sombre et cryptique. On a même droit à un break de batterie très inspiré par "Attitude" de Sepultura, qui ouvre sur une mélodie de guitare basique à souhait, à la Pentagram. "Duke Of Gloat" est sans doute la plage la plus black metal de l’album car, il faut l’admettre, n’espérez pas de Darkthrone un retour aux sources, le passé, c’est le passé ! Cependant, cet avant-dernier titre possède un petit quelque chose de reminiscent. Le drumming est toujours aussi efficace, basique mais chaleureux. Pour info, le son de batterie de Darkthrone persiste ici dans ce traitement du mix assez particulier, lointain et noyé, mais étrangement présent, véritable marque de fabrique des Norvégiens. L’album ce conclut avec le génial "The Key Is In The Wall" et son mix de punk et de Black Sab’.
Ce nouvel opus du Mighty DT ne déroge pas à la règle, Darkthrone a décidé de n’en faire qu’à sa tête et se moquer éperdument du "qu’en dira-t-on" en dévoilant un "Old Star" qui persiste à entretenir la fracture avec la scène black metal (même si la voix de Nocturno Culto m’inspire de plus en plus Cronos de Venom). Efficace et prenant sont les maîtres-mots de ce nouvel opus qui possède juste un léger coup de mou en milieu de partie car le fait que "Old Star" et "Alp Man" s’enchaînent, ça casse un peu le rythme du disque. Plus marginal que jamais dans l’attitude, tout en étant plus trad’ dans la musique, Darkthrone prouve qu’il n’est pas là par hasard, et propose une formidable galette qui conclue admirablement cette décennie.
"Arctic Thunder"
Note : 16/20
Darkthrone, c’est définitivement un nom que je n’ai pas à présenter. Entité légendaire du black metal norvégien, véritable légende, et... un nom auquel je n’ai plus prêté attention depuis quelques années déjà. Et il y a une raison très simple à ça : je ne me reconnaissais plus vraiment dans Darkthrone. J’adorais leur nouveau côté "On fait ce qu’on veut, va te faire foutre" mais le côté musical ne m’emballant pas plus que ça, j’étais partie voir ailleurs. Cette chronique va donc être l’occasion de me confronter une nouvelle fois au Darkthrone "moderne", de manière frontale, et non pas juste en écoutant occasionnellement les émissions radio de Fenriz - si vous ne connaissez pas, je vous les conseille, c’est très souvent édifiant et fait sans se prendre la tête. A la Fenriz quoi.
L’album s’ouvre donc sur "Tundra Leach", dont j’ai un vague souvenir. Il me semble qu’il s’agit du premier titre qui avait été dévoilé sur les réseaux sociaux, mais je n’ai plus aucune certitude à ce sujet. Et première chose que je remarque : Darkthrone n’a absolument pas changé depuis que j’ai quitté le navire sur "The Underground Resistance". C’est toujours les mêmes riffs old school et la même ambiance. Et même si je reconnais la richesse des riffs en question, il y a cette surprise personnelle de retrouver les deux compères exactement dans la même situation que lorsque je les ai quittéd... C’est peut-être ça Darkthrone : rentrer à la maison et savoir que ta mère sera là pour te faire ton petit plat favori, préparé de la même façon depuis 15 ans. Il y a un côté très rassurant dans ce principe, et moi-même je me sens rassurée par l’idée. C’est super perturbant, non ?
Suit "Burial Bliss" qui se révèle être un peu moins convaincant. J’ai eu l’impression que ce titre n’allait pas bien loin... une déception. J’ai trouvé plus d’intensité dans "Boreal Fiends" qui m’a semblé d’ailleurs plus inspiré. Et Nocturno Culto semble avoir mis plus sa patte sur ce titre, mais je me peux me tromper. Le titre suivant est "Inbred Vermin" qui, pour le coup, a été jouissif pour moi. J’ai presque redécouvert le Darkthrone moderne. Enthousiasmant et entraînant, il se complait dans son côté old school toujours à la frontière entre les genres, et franchement pour une raison inconnue, ça m’a convaincue. Il y a des choses qu’on ne peut pas expliquer. La patte de Darkthrone est toujours clairement reconnaissable comme le souligne "Arctic Thunder", véritable manifeste de ce qu’est devenu le duo au fil des années.
J’ai également eu un petit coup de coeur personnel pour "Throw Me Through The Marshes" qui a eu une efficacité immédiate sur moi, de par son côté plus mesuré et peut-être un peu plus lancinant. Je ne peux pas en dire autant de "Deep Lake Tresspass" qui m’a fait l’effet d’un pétard mouillé, et dont je n’ai pas ressenti la véritable intensité. Darkthrone m’a un peu perdu en route sur ce titre en particulier. Et j’en étais déjà rendue à la fin de l’album avec un "The Wyoming Distance" bizarrement jouissif qui clôt donc ce nouveau Darkthrone sur une note on ne peut plus positive.
En conclusion, malgré mes appréhensions, j’ai été ravie de retrouver Darkthrone. Et comme je l’ai déjà dit, cela m’a donné l’impression de rentrer à la maison après une longue absence. Cet album m’a semblé meilleur que "The Underground Resistance", sans doute plus accessible également. C’est donc une satisfaction personnelle de me dire que, oui, je peux de nouveau écouter Darkthrone et m’y reconnaître, ne serait-ce qu’un peu.
"The Underground Resistance"
Note : 14/20
Ca fait environ vingt-six ans que Darkthrone existe et fait ce qu'il veut et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer...
Darkthrone est passé du death metal avec "Soulside Journey" au black metal culte bien évidemment, avec la trilogie "A Blaze...", "Under..." et Translivanian...", statut culte décrié par certains et élevé au rang de dieux vivants au panthéon du black metal par d'autres, cette légitimité fera de toute façon toujours couler beaucoup d'encre....
Et ensuite aura évolué vers des choses nettement plus primaires avec les merveilleux "Panzerfaust", "Total Death", "Hate Them" et "Sardonic Wrath", pour terminer sur des airs hautement punk comme sur "F.O.A.D.", "Dark Thrones And Black Flags" et "Circle The Wagons"...
On croyait que Darkthrone avait fini son tour du monde de la métamorphose, mais non, ce groupe, fait ce qu'il veut, sans penser à rien d'autre c'est ce qui est vraiment divertissant. Dans le sens où cet album va encore diviser un maximum, entre ceux qui penseront que la grande époque est définitivement terminée et que Darkthrone est mort, et les autres qui trouveront que ce "The Underground Resistance" est un petit bijou.
En 2013, c'est les amours de jeunesse du groupe qui ressortent, quand on parle de old school, on ne parle plus des années 90, mais bel et bien des 80's, car c'est exactement ça que l'on va découvrir sur ce seizième album malgré tout !!!
Oui, Fenriz et Nocturno Culto, nous emmerdent tous et ont eu envie d'écrire du bon vieux heavy / thrash de derrière les fagots, un truc roots au possible et pourtant tellement riche.
On est vraiment loin des super productions mega puissantes à la Behemoth, Vader, non fidèles à eux-mêmes, le duo a gardé cet aspect véritable, cet esprit "rock'n'roll" qui se perd de plus en plus, pour l'enregistrement de ce nouvel album. Aucun rajout superficiel, Darkthrone joue sa musique simplement, sans fioriture c'est brut de décoffrage, comme sur tous les albums d'ailleurs. Après on aime ou on n'aime pas.... A l'arrivée quels noms sont sur toutes les lèvres, en bien ou en mal ?
On parlait de heavy / thrash, voire de speed metal, oui, car l'aspect punk des derniers album a été nettement mis en retrait pour laisser plus de place à des influences plus proches des Mercyful Fate, Venom, tout premier Helloween (ce qui pourrait paraître étrange, mais "Valkyrie" ayant pas mal de similitudes heavy avec le "How Many Tears" du "Walls Of Jericho" d'Helloween chanté au départ par Kaï Hansen) et autres groupes émergents de années 80, ceux dont le heavy commençait à se transformer en thrash.
C'est ce que nous ont concocté Darkthrone sur six titres pour une durée d'une quarantaine de minutes.
Déferlente sauvage de riffs primaires à moitié raw black et thrash et heavy, Darkthrone a laissé une fois de plus sortir le résultat de leurs diverses écoutes musicales.
On passe de choses vraiment agressives et quasi punk avec "Dead Early" à d'autres plus raffinées comme "Valkyrie" et ce chant clair magnifique parfois faux mais magnifique, ou encore à d'autres choses plus alambiquées entre speed / heavy et thrash avec "The Ones You Left Behind" où les rythmiques thrash, presque rock / punk entre un Motörhead et un Gehennah, se heurtent volontairement à un double chant clair alterné d'un autre plus agressif . Mais ce que l'on retient de ce morceau c'est la montée vocale très King Diamondienne juste avant le passage le plus mélodique de l'histoire de Darkthrone, quelque chose de vraiment hallucinant, tellement finalement c'est inspiré par les harmonies, vraiment singulier et parfait.
On passe même par des passages heavy / doom très Count Raven / Candlemass avec "Come Warfare, The Entire Doom" (passages anecdotiques comparés à l'ambiance thrash / punk du titre évidemment)
et pour finir la longue "Leave No Cross Unturned" qui puise vraiment dans le speed metal avec une diversité de chants on ne peut plus hétéroclites, allant même à prendre des intonations proches du fameux Isengard et évidemment de King Diamond avec certaines faussetés malgré tout.
Darkthrone va se faire botter le cul une fois de plus par certains, avec ce "The Underground Resistance", ceux-là mêmes qui diront que c'est une grosse bouse, pas mieux que les derniers albums, mais aussi Darkthrone va se faire acclamer, encenser par les autres, ceux-là mêmes qui diront que les dieux ont pondu un nouveau et prodigieux album inspiré par la sincérité, les riffs old school... Et puis il y a les autres qui achèteront cet album par esprit de collection.
Dans l'absolu, ce n'est pas l'album du siècle , loin de là, mais Darkthrone, c'est Darkthrone, point barre.
C'est un album qui possède de bonnes qualités avec de bons passages envoûtants comme sur "Valkyrie" ou "Leave No Cross Unturned", des passages bruts aussi "Deadly Early", il ne faut plus chercher dans Darkthrone un passé sur lequel pour l'instant ils n'ont pas l'intention de revenir, il ne faut pas chercher non plus la grosse prod', ou encore le truc technique à la Archspire ou Obscura, non. "The Underground Resistance" est un album destiné aux gens qui sont ouverts vers les vieux trucs, les vieux Venom et autres sortilèges du début des années 80, ceux-là comprendront plus la démarche...