Le groupe
Biographie :

Dark Fortress, groupe de black metal, a été formé en 1994 à Landshut, en Allemagne. Deux ans plus tard, le groupe sort sa première démo, "Rebirth Of The Dark Age" qui commencera à les faire connaitre sur la scène metal underground. Ce succès leur vaudra de réaliser un split CD avec le groupe Barad Dür, qui s'intitule "Towards Immortaliy" qui sortira sous le label Fog Of The Apocalypse Records. Après un succès grandissant, Dark Fortress sort son premier album studio en 2001, "Tales From Eternal Dusk", dont le son est inspiré par des groupes comme Dissection, Unanimated, Satyricon et Dimmu Borgir. Après quelques changements dans le line-up, le groupe sort un deuxième album studio, "Profane Genocidal Creations", en Février 2003, montrant l'évolution de Dark Fortress dans le mélange d'éléments classiques et de black metal dans sa musique. Avec un line-up stabilisé, le groupe peut enfin partir en grande tournée avec des groupes de metal extrême bien plus populaires qu'eux, comme Behemoth, Impaled Nazarene, Pungent Stench, God Dethroned ansi que d'autres groupes moins connus de la scène metal. Au cours de l'année suivante, Dark Fortress sort un troisième album studio, "Stab Wounds", qui les révelera à la scène metal allemande et surtout à l'Europe entière. Leur album suivant, "Séance", obtient un succès encore plus grand. Le groupe devient alors plus qu'un simple groupe de black metal de l'underground allemand. Le 13 Mai 2007, le chanteur du groupe, Azathoth, est renvoyé du groupe pour des raisons de conflits avec d'autres membres du groupe, il sera remplacé par le vocaliste Morean. En 2008, le groupe sort "Eidolon" avec son nouveau chanteur. "Ylem" sort en Janvier 2010 suivi de "Venereal Dawn", quatre ans plus tard, en Septembre 2014. Six ans plus tard, Dark Fortress fait son retour avec "Spectres From The Old World".

Discographie :

2001 : "Tales From Eternal Dusk"
2003 : "Profane Genocidal Creations"
2004 : "Stab Wounds"
2006 : "Séance"
2008 : "Eidolon"
2010 : "Ylem"
2014 : "Venereal Dawn"
2020 : "Spectres From The Old World"


Les chroniques


"Spectres From The Old World"
Note : 16/20

Ce nouvel album de Dark Fortress se sera fait attendre puisque "Venereal Dawn" date tout de même de 2014 ! L'attente est donc terminée et les Allemands reviennent avec "Spectres From The Old World", un nouveau pavé d'une heure comme d'habitude et une petite révision de leur direction musicale.

Les premiers albums de Dark Fortress montraient une violence que l'on ne retrouve plus depuis une bonne paire d'années maintenant, "Ylem" étant le premier à avoir ouvert la porte aussi grande à plus de mélodies et aux influences progressives même si "Eidolon" et "Seance" commençaient déjà à leur faire pas mal de place. Les passages acoustiques n'étaient d'ailleurs pas sans rappeler un certain Opeth et les blasts n'étaient plus que portion congrue. Sans opérer un véritable retour aux sources, "Spectres From The Old World" renoue quand même avec l'agressivité et refait parler la poudre à plus d'une occasion (le titre de l'album serait-it un clin d'oeil à cette résurgence du passé ?). Malgré une durée dépassant à peine la minute, l'intro "Nascence" trouve tout de même l'occasion de placer quelques blasts au milieu d'une ambiance bien froide et menaçante. "Coalescence" continue sur la même lignée et attaque d'entrée de jeu avec des blasts et des riffs bien black metal et bien froids, loin de la subtilité que le groupe affichait encore sur "Venereal Dawn". La colère est de retour et l'agressivité se refait une bonne place dans la musique de Dark Fortress, de quoi ravir les amateurs des premiers albums et éventuellement décevoir tous ceux qui se délectaient des pièces progressives, denses et très mélodiques que le groupe présentait sur ses derniers opus. Si la mélodie est encore présente et que le groupe ne sombre pas dans le bourrinage intensif, il en résulte quand même une optique plus directe, plus vicieuse et bien plus froide. Dark Fortress ne se renie à aucun moment mais renoue avec une intensité qu'il n'avait plus montrée depuis bien longtemps. Les riffs qui démarrent "The Spider In The Web" sentent d'ailleurs très fort le black old school juste avant que le morceau ne parte dans quelque chose de plus lourd, de plus atmosphérique et de plus froid avec ces claviers typiques du black atmo des années 90.

"Spectres From The Old World" mélange en fait les deux visages de Dark Fortress tout en laissant beaucoup plus de place à ses influences black et old school. Les ambiances sont toujours aussi prenantes et profondes mais le climat général est bien froid et menaçant, le black metal a repris ses droits et la température descend donc de quelques dégrés. Pourtant, on retrouve encore quelques passages aux influences progressives avec de superbes arpèges en son clair qui tissent des ambiances mélancoliques et subtiles au milieu de toute cette intensité. Si certains seront déçus de ce retour à quelque chose de plus dur, je trouve pour ma part que "Spectres From The Old World" est le meilleur album de Dark Fortress depuis bien longtemps. Ce que le groupe a fait depuis "Ylem" me plaisait mais j'avais presque l'impression d'avoir perdu le Dark Fortress des débuts et que le groupe était quasiment devenu méconnaissable. Ce nouveau méfait mélange toutes les influences du groupe et ne renie rien de ce que les Allemands ont fait ces dernières années tout en trouvant le moyen de durcir méchamment le ton, un changement d'orientation mais pas de personnalité même si ceux qui aimaient le côté très progressif et bien plus doux de "Ylem" et "Venereal Dawn" risquent de déchanter. La balance a simplement été inversée et si ces deux albums laissaient un peu de place au black et beaucoup au prog et à quelque chose de plus fin et subtil, "Spectres From The Old World" fait exactement l'inverse et ne laisse le prog et la mélodie s'exprimer que quand il le faut en balançant des riffs assassins et des blasts le reste du temps. On en a d'ailleurs un bel exemple sur "Pulling At Threads" avec ce très beau refrain en chant clair perdu au milieu d'une brutalité impressionante ! Les riffs sont d'ailleurs très old school et on sent clairement l'envie de revenir à quelque chose de plus roots, de plus brut.

Ceux qui ont adoré "Ylem" et "Venereal Dawn" risquent de crier à la trahison mais pas de ça ici, un groupe ne peut pas trahir son identité quand il revient à ses origines. Alors oui, "Spectres From The Old World" est bien plus black, plus dur, violent, et froid que ses deux prédécesseurs et même si les sonorités les plus prog, les plus douces et les plus subtiles n'ont que très peu de place pour s'exprimer, Dark Fortress est toujours Dark Fortress. Le groupe est simplement revenu à quelque chose de plus old school et bien plus direct et le résultat est à la hauteur des espérances !


Murderworks
Juillet 2020




"Venereal Dawn"
Note : 08/20

Après un excellent "Eidolon" et un "Ylem" en demi-teinte, j'avoue ne plus trop savoir sur quel pied danser avec Dark Fortress... Malgré tout, un nouvel album du groupe est toujours une curiosité, d'autant que l'artwork est très réussi et que le thème abordé qu'est le survivalisme, augure quelque chose de très fort !!! Car il s'agit bien d'un concept-album développé par les Allemands pendant plus d'une heure... Alors, Dark Fortress va-t-il réussir à nous tenir en haleine jusqu'à la dernière minute grâce à un album puissant ou bien a-t-on affaire à un nouveau pétard mouillé ??? Réponse en fin de chronique...

Ce "Venereal Dawn" débute par le morceau du même nom, un titre long de quelques 11 minutes, plutôt orienté mid-tempo et mélodique... Le son semble assez puissant même si la batterie a légèrement tendance à couvrir les guitares, la production mettant un peu trop l'accent sur les basses de la grosse caisse... Ce choix est particulièrement dérangeant lors des passages de double grosse caisse, heureusement assez rares !!! Car oui, ce premier morceau ne joue pas vraiment la carte du rentre-dedans... Les riffs de guitare sont plutôt mélodiques, renforcés par quelques nappes de clavier, quelques chœurs "angéliques" pouvant rappeler Dimmu Borgir... C'est très joliment fait, mais ce titre va rapidement tourner en rond, car manquant cruellement de variété par rapport à sa durée !!! Et quand variété il y a, c'est pour nous offrir un passages atmosphérique à la frontière du doom...

Voyons alors ce que peut nous offrir le morceau suivant, "Lloigor"... Et vraisemblablement, on reste dans la même veine, même si la guitare classique et le lead d'introduction lorgne plus du côté Keep Of Kalessin... Malheureusement, cela sonne un peu convenu, et le rythme manque vraiment de patate !!! Voilà encore un titre mélodique et mid-tempo, avec quelques chœurs, pas inintéressant, mais un peu trop "guimauve" à mon goût... Quelques riffs saccadés ou bien le chant, même s'il manque de conviction à mon goût, nous rappellent que Dark Fortress est un groupe de metal extrême... Mais on peut désormais difficilement le considérer comme un groupe de black metal à part entière !!! Et même si ce morceau est plus court, il ne se passe malgré tout pas grand chose durant ces 7 minutes de musique... Et quand le morceau s'emballe un tant soit peu, c'est pour laisser retomber le soufflé aussitôt !!!

Le morceau "Betrayal And Vengeance" semble immédiatement plus catchy, et c'est tant mieux... On retrouve même un peu de double grosse caisse et des riffs un tant soit peu groovy !!! Mais ce plaisir sera de courte durée... Une fois la vitesse de croisière atteinte, c'est le calme plat, et le tout semble véritablement manquer de conviction : où sont passées la rage et la noirceur propres au black metal ??? Je ne critique pas les musiciens qui sont excellents si on les considère de manière individuelle, mais ensemble, ils semblent avoir perdu la foi... C'est bien composé, bien joué, mais cela ne correspond plus avec l'image que je me fais du black metal !!! Pas assez de prise de risque, un travail bien trop scolaire, et des mélodies bien trop jolies pour avoir le moindre pouvoir évocateur sur un être aussi sombre que votre humble serviteur... Et le titre suivant, "Chrysalis", ne fera que me conforter dans cette idée !!! C'est long, c'est lent, ça tourne en rond... Comme du beurre étiré sur une tartine trop grande !!!

Une chose est sûre, c'est que le sentiment de lassitude, voire d'ennui, a maintenant officiellement fait son apparition... Alors quand arrive enfin un morceau plus couillu, "I Am The Jigsaw Of A Mad God", mon esprit ne sait pas comment réagir !!! Il a envie d'y croire, mais redoute à tout moment d'être déçu... Je crois qu'il est passé en mode "survie" afin de se préserver !!! Et il a eu raison... Car malgré quelques riffs saccadés toujours inspirés par Dimmu Borgir, le titre apparaît tout aussi ennuyeux que les autres, malgré son tempo plus élevé !!! Pour tout vous dire, Dark Fortress s'offre même le luxe d'un interlude de 3 minutes après ce titre, comme s'il fallait permettre à l'auditeur de se remettre... Au moins, c'est sûr que par ce stratagème, on ne s'attendait pas à entendre du blast sur "Odem" !!! Mais une fois la surprise passée, le désespoir reprend vite le dessus... Ce titre arrive bien trop tard et le mal est déjà fait !!! On n'y croit plus, comme le groupe semble ne pas y croire depuis le début de ce "Venereal Dawn"... A ce stade, on attend la fin du calvaire avec une impatience non dissimulée !!!

Dark Fortress nous offre à ce moment son avant-dernière cartouche avec "Luciform", sûrement le morceau le plus réussi de l'album, sombre et efficace comme il se doit... On se dit alors que les Allemands ont voulu conclure ce nouvel album par une note positive, mais c'était sans écouter "On Fever's Wings", le titre qui vous laissera perplexe au plus haut point !!! Ici, on quitte résolument le monde du black metal pour se tourner vers une dimension plus gothique... Très mid-tempo, excessivement mélodique, ce titre ne propose aucun chant extrême !!! Certes, c'est la mode des ballades comme nous l'ont démontré Satyricon avec "Phoenix" et Watain avec "They Rode On", chacun dans son style, mais à chaque fois de manière très réussie, mais il faut un certain talent pour réussir cet exercice avec brio !!! En fait, à y réfléchir, le morceau n'est pas mauvais, mais il aurait fallu qu'il soit porté par le reste de l'album, ce qui n'est absolument pas le cas... D'ailleurs, le passage chanté en arabe par une voix féminine est vraiment magnifique !!!

Et à certains égards, ce dernier morceau pourrait apparaître comme le plus inspiré de l'album... Mais encore une fois, il est joli tout plein, à l'image de chaque minute de ce "Venereal Dawn" !!! Il plaira à n'en pas douter aux auditeurs sensibles aux belles mélodies, qui ne cherchent pas l'ultra-violence, voire qui cherchent un point d'entrée dans le metal-extrême... Mais les amateurs de black metal de ma génération devraient passer leur chemin !!! Et quitte à écouter Dark Fortress, je conseillerais de replonger dans "Eidolon", voire "Stab Wounds"... Quand je pense que "Venereal Dawn" parle de survivalisme, je me dis qu'il devait s'agir de la survie à son écoute !!! Quand à l'avenir du groupe, espérons quand même que ce ne soit pas ici la chronique d'une fin...


Carcharoth
Octobre 2014


Conclusion
Le site officiel : www.darkfortress.org