Deux ans après "Kingdom Of Decay", Darkened nous envoie son deuxième album, "The Black Winter", dans les esgourdes et le groupe porte toujours aussi bien son nom. Car si son death metal lorgne vers le old school bien gras, il n'hésite pas à assombrir ses ambiances grâce à quelques mélodies plus froides et "dark" justement. Un mélange de gras et de glace qui ne doit pas être très bon pour la santé mais qui décrasse bien les oreilles.

La petite introduction de rigueur qu'est "Premonitions" nous accueille en acoustique avec des mélodies mélancoliques et une ambiance froide mais plus emprunte de mystère que réellement oppressante. Un démarrage en douceur qui s'éclipse bien vite pour laisser place au death bien rugueux et gras de "Blood", toujours surmonté de ces mélodies qui peuvent renvoyer à celles d'un vieux Dismember par exemple. Quant aux passages lourds, c'est à Bolt Thrower qu'on pense, ce qui était déjà le cas sur "Kingdom Of Decay". En tout cas, ce premier véritable morceau se montre accrocheur et on se retrouve à headbanguer et à taper du pied avant d'avoir eu le temps de dire "death metal". "Flayed" va quant à lui clairement marcher sur les plates bandes de Bolt Thrower justement avec ce tempo lourd et ces leads guerriers sur fond de double grosse caisse, une formule décidément toujours aussi efficace. On y entend toutefois des mélodies plus sombres que les Anglais n'avaient pas pour habitude de déployer, amplifiant là encore ce côté "dark" justement. La filiation est en tout cas logique puisqu'on trouve chez Darkened Andrew Whale, ex-membre de Bolt Thrower et de Memoriam qui regroupe des anciens Bolt Thrower justement, les chiens ne font pas des chats comme on dit ! En tout cas, tout ça est très efficace et assez accrocheur en plus d'être bien sombre et bien gras, comme sur "Kingdom Of Decay" qui présentait déjà plus ou moins la même formule. On sent qu'il y a un vrai travail de composition avec un vrai travail mélodique et que le groupe ne se contente pas d'enchaîner des riffs de bûcheron.

Non seulement le groupe porte bien son nom mais ce nouvel album aussi ! On retrouve les ambiances sombres et la froideur qu'il évoque sur chaque morceau en plus de ce gras typique du death metal sur les guitares et les riffs en général. Comme sur le premier album, Darkened arrive à créer un death metal ancré dans le old school d'un côté et personnel de l'autre avec des ambiances que l'on n'entend pas chez la concurrence. Un mélange de morbide et de mélancolie qui donne quelque chose de froid et funèbre mais paradoxalement accrocheur. Probablement grâce à ce fameux groove typique du death à l'ancienne et dont on parlait plus haut, celui-là même qui va vous forcer à secouer votre crinière (ou votre crâne nu pour les plus dégarnis). "Fearful Quandary" balance d'ailleurs une ambiance presque horrifique en début de morceau avant de partir sur un bon gros death rouleau compresseur, ou plutôt division de blindés. Pas de déluge de blasts par ici évidemment, l'optique est majoritairement old school et Darkened préfère la puissance et les ambiances sombres au bourrinage intensif. Ce qui ne l'empêche pas de déployer une puissance non négligeable et un groove destructeur qui pourraient faire très mal dans une salle de concert ! Quant aux ambiances à la fois froides et morbides, elles amènent une profondeur que beaucoup de groupes de death old school n'ont pas. Le son est puissant et gras avec une production aux petits oignons une fois de plus, en même temps avec Dan Swanö au mixage et au mastering, on ne peut pas se tromper !

Darkened continue sur sa lancée avec "The Black Winter" et nous délivre encore une fois un très bon death old school sombre et mélodique, toujours doté de ce groove infernal et toujours aussi efficace. Réussir à faire quelque chose de personnel avec un style aussi balisé n'était pas gagné mais c'est pourtant ce que vient de faire Darkened pour la deuxième fois !

Si je vous dis qu'un groupe du nom de Darkened s'est formé en 2018 et qu'il comprend entre autres des membres de Memoriam (et donc ex-Bolt thrower) et de Grave, vous vous attendez à quoi ? Du metal symphonique à chanteuse ? Qui a dit ça ? Virez-le tout de suite ! La bonne réponse était : death metal bien gras. Après un EP en 2019, le groupe balance son premier album "Kingdom Of Decay" et attention, ça risque de laisser des taches !

Après une petite intro acoustique qui installe une ambiance sombre et qui permet de faire une belle feinte c'est "Dead Body Divination" qui remet les pendules à l'heure avec un air de... ben Bolt thrower tiens ! De gros riffs de bûcherons avec des guitares bien grasses sur fond de tapis de double grosse caisse, on connaît bien. En tout cas, ça fait toujours son petit effet bulldozer et en guise d'entrée en matière c'est carrément efficace. Quelques trémolos ajoutent à tout ça une ambiance plus froide qui colle bien à ce death teigneux. Le rythme peut se montrer plus rapide que chez Bolt Thrower certes mais je pense que tout le monde sait à peu près à quoi s'attendre en voyant d'où viennent les membres du groupe. On trouve quand même un death plus sombre et malsain chez Darkened, d'où le nom du groupe je suppose, donc même si ce côté division de blindés qui vous roule dessus est là et rappelle évidemment Bolt Thrower, le groupe propose des ambiances différentes. Et mine de rien, cela suffit à lui donner une patte et à rendre ce death très efficace. Vous l'aurez compris, depuis longtemps ce n'est pas ici que vous allez entendre des riffs syncopés, des blasts à outrance et de la descente de manche. Darkened tape dur mais à l'ancienne en mid-tempo et avec la double qui vous pilonne du début à la fin. Le côté mélodique est plus marqué que chez Bolt Thrower mais il n'est pas utilisé pour adoucir le propos bien au contraire, c'est plutôt pour rendre l'ambiance générale plus froide est plus glauque. A la puissance de feu et la lourdeur écrasante, Darkened amène en plus l'atmosphère putride que le death est toujours censé avoir.

Rien de nouveau sous le soleil donc mais un death metal sombre, efficace et puissant qui fait bien son boulot et qui passe comme une lettre à la poste. Les morceaux sont assez compacts et directs, jamais trop longs non plus et l'album atteint les trois quarts d'heure. Le groupe change suffisamment de rythme pour faire vivre ses morceaux et donner de la patate à son death et les mélodies apportent une sale ambiance qui ajoute de la profondeur et une patte à "Kingdom Of Decay". Quelques claviers très discrets ajoutent d'ailleurs des nappes bien glauques qui peuvent rappeler les ambiances de Hail Of Bullets façon guerre sur un champ de batailles enneigé au milieu de monceaux de cadavres. On retrouve en tout cas tout ce qui fait le sel du vrai death metal, à savoir cette ambiance bien sombre et cette puissance à décorner des buffles à cinq-cent mètres. Si certains groupes amènent une odeur de caveau humide à leur musique, Darkened va piocher une froideur presque black metal dans l'esprit avec des mélodies bien sombres qui font descendre la température de quelques degrés. Des mélodies qui décuplent l'efficacité et l'accroche de ces onze nouveaux morceaux et qui rendent le tout d'autant plus efficace. Pas d'esbrouffe technique ou de volonté d'en mettre plein la vue mais l'envie de tout écraser et de balancer un death metal direct et surpuissant. L'impact est là et si la production reste assez standard, elle fait le boulot et donne assez de puissance aux guitares pour que le death de Darkened fasse des dégâts.

Un premier album qui fait exactement ce que l'on attend de lui, nous pilonner la tronche et balancer des ambiances bien froides et sales. On entend évidemment des réminiscneces de Bolt Thrower mais puisque le groupe n'existe plus, ça flatte les tympans et ça assure à "Kingdom Of Decay" une efficacité imparable.