"La Route Du Chaos"
Note : 15/20
Pour les avoir vus à plusieurs reprises en live sur différentes scènes parisiennes, je peux vous dire qu'à chaque prestation, les "Dagos" se démènent comme des bêtes pour investir les lieux et déclencher à chaque fois un chaos jubilatoire. La Russie n'aurait pas été épargnée non plus ! Bref, de vrais performers ! Pour ce qui est de leurs précédents efforts studio en revanche, je n'avais jamais vraiment approfondi la question, jusqu'à ce premier album. Créé en Septembre 2007, Dagara donne dans le thrash / hardcore inspiré tant par Slayer, Sepultura que Walls Of Jericho ou encore Hatebreed. Et à l'écoute de leur premier EP "Dagara" j'ai été sidéré par la force et l'abondance émotionnelles. Excessif, introspectif, Dagara ne craint pas les paradoxes et ne craint pas non plus d'en faire trop (si Saez se mettait au crust, ça donnerait peut-être quelque chose comme ça...). Leur second EP "La Règle Du Je" confirmait que le groupe en avait gros sur la patate, qu'il n'allait ménager personne avec un nouveau line-up et en abordant d'autres influences comme le death mélo. "La Route Du Chaos" ne déroge pas à leur précédent brûlot, mais les compos s'affinent, prennent plus de profondeur, d'ampleur. On démarre avec une intro très tribale, martiale à l'humeur plutôt Voïvodienne mais les hostilités démarrent vraiment avec "Mauvaise Foi". La section rythmique s'emballe, un riff thrash bien senti s'impose rapidement jusqu'à l'arrivée d'un Jimmy enragé. Toujours chanté en français, soutenu par la voix death de Max, également au djembé, y a pas à dire, Dagara répand sa lave, servi toutefois par une production assez sèche qui aura peut-être manqué de saisir l'énergie brute, « live » du groupe. Conscient de l'efficacité de leur formule, les Parisiens pourraient facilement se révéler trop linéaires. Heureusement, il n'en est rien grâce aux arrangements. Inspiré de plans "latins" et "africains" pour assurer de bonnes ambiances tribales, Camille (batterie) n'hésite pas non plus à lâcher quelques bons blasts que l'on sait issus de la scène black death. Les guitares ne sont pas à la traîne non plus pour sortir Dagara des clichés du genre en apportant une touche death mélo à la Dark Tranquillity ("Le Miroir"). Hurlées, broyées, rappées ("Et Quand Tu T'Assassines"), on ne comprend malheureusement pas vraiment les paroles, au demeurant bien écrites. Il est pourtant question ici d'existentialisme, de la recherche de sa propre liberté et il serait fort intéressant que le groupe aille encore plus loin avec une aussi bonne matière, quitte à briser certains codes puisqu'il n'est point de liberté sans courage, et les "Dagos" n'en manquent pas. On y croit !
"La Règle Du Je"
Note : 15/20
La blinde est posée : voilà un EP très intéressant, premier coup d’oeil sur la pochette que j’apprécie particulièrement, très simpliste au vu que ce 5 titres s'appelle "La Règle Du Je", il n’était pas difficile de faire un jeu de mot et de s’en sortir avec une belle main au poker.
Le pré-flop se lance avec le premier morceau éponyme "La Règle Du Je", très puissants et violent, la partie va se jouer serrée, Jimmy balance bien et a un timbre de voix qui me plaît beaucoup, l’ensemble est efficace même si cela reste pour le moment un peu trop dans le cliché du metal hardcore "basique" je dirais.
Tout le monde passe autour de la table, personne ne relance, le flop est en cours sous "Anesthesie", chaque joueur est pourtant "dévoré par l’envie", mais chacun tient ses positions avec brio, la puissance est grandissante autour de la table, peut être est-ce ces guitares qui débordent d’énergie et ce jeu à la batterie divin qui nous met une telle pression, toujours est-il que Dagara a du potentiel, pour ma part, je relance.
Le turn, moment décisif de la partie déjà, la tension est au plus haut ici avec "L’envers Du Décor", une vague de rage et de haine qui déferle ici dans nos oreilles. Pour le moment, le morceau le plus puissant de cette très sympathique galette... maintenant que j’ai relancé, vont-ils suivre ?... Ils suivent sans hésiter avec "Azerty", mais je les sens moins convaincus sur ce coup là, morceau efficace certes, mais il ne me marque pas plus que ça, peut-être qu’il manque un petit quelque chose... à part ce passage fort sympathique au 1’45, le tout semble être trop répétitif dans les riffs, on a peu l’impression qu’on nous ressert une soupe déjà bien trop tiède.
Nous sommes au final, le river !! Qui se fera sous "Prosélyte", et là c’est vraiment la grosse déferlante avec un texte très rageur, qui est, je le souligne quand même, la signature de Dagara, des textes brutaux, des bons gros riffs de bourrins, le tout te bouffe et t’écrase littéralement, un bon son metal hardcore en soi. Chacun montre enfin son jeu, c’est la règle, "La Règle Du Je", qui m’aura finalement conquis, voilà un EP qui mérite le détour et qui en vaut ma mise.
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