Le groupe
Biographie :

Cytotoxin est un groupe de brutal death metal allemand formé en 2010 et actuellement composé de : V.T. (basse), Fonzo (guitare), Grimo (chant / ex-Extinctionist), Jason (guitare / ex-The Last Hangmen, Weazel Project) et Stephan Stockburger (batterie / ex-The Four Chapters, Alcatraz, Coincidence, Narcosis Of Illusion). Cytotoxin sort son premier album, "Plutonium Heaven", en autoproduction en Avril 2011, suivi de "Radiophobia" en Novembre 2012 chez Unique Leader Records, de "Gammageddon" en Juillet 2017, et de "Nuklearth" en Août 2020.

Discographie :

2011 : "Plutonium Heaven"
2012 : "Radiophobia"
2017 : "Gammageddon"
2020 : "Nuklearth"


Les chroniques


"Nuklearth"
Note : 17,5/20

Les Allemands de Cytotoxin ont le vent en poupe depuis quelques temps. Avec l’excellent "Radiophobia", puis "Gammageddon" sorti en 2017 chez Unique Leader Records, ces musiciens se sont régulièrement illustrés sur scène, prouvant à la face du monde que leur brutal death metal technique ultra millimétré n’est pas le résultat d’un quelconque tour de passe-passe de studio. Visiblement soutenu par le label, le groupe, qui façonne son univers autour du concept de la radioactivité, a la chance de pouvoir réaliser des clips assez pro et dispose également d’un merchandising bien conséquent, notamment pour cette nouvelle sortie que vous pouvez vous procurer en version bundle avec l’album, un t-shirt, un poster, une carte avec des jolis autographes, un patch, le tout dans une caisse en bois jaune, estampillé du symbole de la radioactivité, si ce n’est pas une preuve de confiance de la part du label ça… Le "Tchernobyl Death metal" de Cytotoxin semble de cette manière être bien rentable, et la claque qu’avait été leur précédent album a laissé des traces dans le milieu de l’extrême, raison de plus pour remettre le couvert avec un nouvel album.

Premier constat, "Nuklearth" adopte une évolution notable par rapport à son prédécesseur, dans le sens ou Cytotoxin a tenté ici de proposer un brutal death plus structuré d’un point de vue compositionnel. Le groupe n’a cependant pas délaissé pour autant sa brutalité et sa frénésie, et on a toujours droit à cette flopée de sweepings hyper rapides, de tappings virtuoses à la guitare, ajoutés à une batterie à la fois massive et versatile. Toujours très proche d’Origin stylistiquement, le groupe s’est cependant un poil éloigné de ce qu’il avait mis en place depuis "Radiophobia", leur première réalisation chez leur label actuel, à savoir, un sens compositionnel que l’on pourrait comparer à un ménage à trois entre Dying Fetus, Hour Of Penance et Archspire. Cytotoxin n’y va définitivement pas avec le dos de la cuillère, mais ce coup-ci, il tape moins fort pour casser ses œufs, enfin, pas moins fort, moins vite et avec plus de concentration pour viser le haut de la coquille. Et oui, il faut oser le dire, le groupe s’est assagit, a mûri, son brutal death part moins dans tous les sens, et on profite aujourd’hui d’influences issues du deathcore, à l’instar de nombreuses formations de chez Unique Leader justement… Alors est-ce que c’est bien ou pas bien, les goûts et les couleurs…

Si, de ce fait, au niveau de leur style, ce nouvel opus semble moins ambitieux techniquement, en revanche au niveau du son, c’est la grosse claque ! La production est vraiment solide et compacte, les guitares sont plus chaudes, la batterie est bien plus précise et définie, le côté "trig en plastique" a complètement disparu, c’était déjà le cas sur "Gammagedon", mais ici, le résultat est encore meilleur. Le truc fabuleux sur "Nuklearth" c’est la basse, omniprésente, elle insuffle énormément d’énergie et ajoute du corps à l’ensemble. Au niveau du chant, comme d’hab’ avec ce groupe, ça le fait vraiment ! Les lignes vocales sont idéalement placées sur la musique pour ajouter de l’impact, celles-ci s’insèrent parfaitement dans la masse sonore même si le panel de voix s’est réduit, en effet, on a moins de bree, de gurgle vocals, au profit d’un chant bien articulé, très actuel dans l’approche. "Nuklearth" semble être le disque charnière qui témoigne du passage à l’âge adulte chez Cytotoxin, dans le sens où, ce que le groupe faisait de manière tout à fait lâchée et intuitive se retrouve aujourd’hui digéré et assimilé, ainsi son brutal death est moins foutraque et plus cohérent. Le côté très technique des structures est toujours présent dans la musique des Allemands, mais sur des passages plus ponctuels, et ce mode de fonctionnement privilégie une vision compositionnelle plus axée sur le sens de chaque titre dans son ensemble. Par exemple, les nuées de sweepings souvent utilisées en intro des morceaux (merci Origin), sont moins longues et abusives, et laissent place rapidement à des parties musicales plus identifiables (le titre "Quarantine Fortress" par exemple). Un autre point notable, la présence de solos plus fréquents, et indéniablement plus chantants, comme sur le titre éponyme "Nuklearth", appartenant définitivement à cette école mélodico-dramatique qui harmonise les effets pyrotechniques et les traits mélodiques pessimistes. "Mors Temporis", dernier titre de l’album, est une plage instrumentale largement dispensable, avec du piano et des violons, le bruit des vagues en fond et celui moins friendly d’un compteur geiger, petit clin d’œil aux disques précédents, mais à quoi bon rajouter un tel titre pour conclure l’album ? Le groupe arrivait très bien à nous vendre l’angoisse nucléaire au travers de sa musique sans avoir à nous la jouer drama hollywoodien dystopique post-apocalyptique des années 2000.

Cytotoxin propose ainsi une véritable bombe atomique avec "Nuklearth", le disque fait définitivement mal, très mal, le son est énorme et les compositions excellentes, avec une dynamique qui stimule constamment nos besoins de brutalité. Cependant, le côté complètement dingue proposé sur les précédentes réalisations laisse place à une approche plus mature, plus mesurée, axée sur l’efficacité du riff, plus que sur le foisonnement d’idées. Une nouvelle approche mélodique et riffy qui rend le groupe plus accessible, ce qui n’est pas un mal en soi, juste une évolution qui semble inévitable et qui en a frappé plus d’un bien avant eux. Avec 11 minutes de plus que le disque précédent, "Nuklearth" est un voyage mouvementé de presque trois quarts d’heure que je vous conseille de faire avec la tenue adéquate et l’équipement adapté pour éviter de vous retrouver avec un troisième bras qui vous pousse dans le dos, l’air n’est pas très respirable dans le monde toxique de Cyto’.


Trrha'l
Novembre 2020




"Gammageddon"
Note : 18/20

S'il y a quelque chose que l'univers peut considérer comme violent cette année, c'est bien le nouvel album de Cytotoxin. Fondé en Allemagne en 2010 par Grimo (chant), V.T. (basse) et Fonzo (guitare), le groupe base ses compositions sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Ukraine. Depuis, Jason (guitare) et Stephan Stockburger ont rejoint la cause pour rendre le mélange encore plus explosif. Si le groupe surnomme affectueusement son style le "Chernobyl Death Metal", ce n'est pas pour rien. Après un premier jet en 2011 puis un deuxième en 2012, ils perfectionneront leur nouvelle vague radioactive pour que "Gammageddon" contente à la fois les amateurs de brutal death, mais aussi les fadas de technique. Vous pensez survivre ? Alors on y va !

L'album envoie une première rafale avec "Radiatus Genesis" qui mélangera du tapping avec du pig squeal pour ce qui semble être une introduction. Au pire, on s'en fout, non ? Le groupe s'attèlera à nous fournir des riffs aussi violents que possible tout en jouant sur les harmoniques jusqu'à ce qu'une voix samplée nous envoie sur "Chaos Cascade". Du repos ? Haha, petit joueur. Sur ce titre, c'est la rythmique torturée qui prime, et la seule chose qui importe, c'est de violenter son voisin dans le pit. On va faire un peu plus délicat avec "Gammageddon", vous êtes d'accord ? Ca tombe bien, eux non plus. Une composition qui axera toute sa superbe sur une guitare lead aussi déjantée que la rythmique peut l'être. "Chernopolis" nous enverra vers des tonalités presque planantes tellement le son est pénétrant. Evidemment, cette sensation suivra tout au long du titre, avec une batterie qui envoie un blast explosif sur une rythmique presque lente, alors que "Deadzone Outpost" nous emmènera droit dans une zone infectée avec son sample d'introduction, avant de nous envoyer en plein sur "Redefining Zenith". Et ici je fais appel aux connaisseurs ! Une deuxième voix fait son apparition, n'est-ce pas ? Mais oui, c'est bien notre Julien Truchan national (Benighted) qui hurle aux côtés de Grimo sur des riffs aussi violents que la mort elle-même ! Pendant ce temps, "Corium Era" vous fera remettre en question vos compétences à la guitare au vu de la technicité mis en oeuvre par les Allemands. Si vous aviez besoin d'une petite douche, je vous propose de retrouver Sven "Svencho" De Caluwé (Aborted) pour d'autres hurlements conjoints sur "Antigenesis". Même si le titre jouera beaucoup plus sur le pig squeal que d'habitude, il reste dans le style du groupe, de même que "Outhearted" et sa rythmique saccadée. Le blast sera tout aussi efficace sur ce titre, assez similaire à un marteau piqueur, alors que "Sector Zero" ne sera qu'une superbe instrumentale qui prouvera aux plus réticents que la violence peut également rimer avec mélodie. Enfin ça, c'est après les breaks.

Satisfaits ? Bien. Je vous avais prévenu que les compositions débordantes d'énergie des Allemands allaient littéralement vous retourner. Alors qu'ils tournent énormément, Cytotoxin semblent bouder la France. A peine une date à Rennes l'an passé, et ils sont repartis chez eux, mais la tournée qui arrive en compagnie d'Ingested saura (je l'espère) améliorer les rapports franco-allemands !


Matthieu
Juillet 2017


Conclusion
Le site officiel : www.cytotoxin.de