Le groupe
Biographie :

Cynic est un groupe de metal progressif américain formé en 1987 notamment par le guitariste Paul Masvidal et le batteur Sean Reinert. Le premier album, "Focus", sort en 1993 chez Roadrunner Records. Cynic propose un death à la fois technique, progressif et atmosphérique soutenu par des parties de synthé et mélangeant des plans jazzy. Le groupe a acquis une grande renommée dans le domaine du metal technique. Le groupe se sépare une première fois en 1994 puis se reforme en 2007 et fera une série de concerts en Europe, notamment dans les festivals. En 2008, le groupe sort son deuxième album "Traced In Air" chez Season Of Mist, 15 ans après sa première œuvre. On y retrouve tous les ingrédients caractérisant leur style si particulier, tout en renouvelant leurs sonorités. En 2010, le groupe sort un EP "Re-Traced", proposant 4 titres de "Traced In Air", ainsi qu'un inédit "Wheels Within Wheels", puis un autre EP l'année suivante, "Carbon-Based Anatomy". En Mars 2012, Cynic sort un album composé de démos qui est une suite de "Focus", intitulée "The Portal Tapes". En Septembre 2015, Cynic se sépare une seconde fois puis fait son retour en 2017. En 2020, les membres historiques Sean Reinert et Sean Malone (basse) décèdent le 24 Janvier et le 9 Décembre. Un nouvel album sort en Novembre 2021, "Ascension Codes".

Discographie :

1993 : "Focus"
2008 : "Traced In Air"
2010 : "Re-Traced" (EP)
2011 : "Carbon-Based Anatomy" (EP)
2012 : "The Portal Tapes" (Compilation)
2014 : "Kindly Bent To Free Us"
2021 : "Ascension Codes"


Les chroniques


"Ascension Codes"
Note : 16/20

On ne donnait pas cher de la peau de Cynic il y a encore quelques temps, après l'annonce de split par Sean Reinert, puis le rabibochage avec Paul Masvidal, puis le décès de Sean Reinert suivi de celui de Sean Malone, l'avenir du groupe semblait scellé. Sauf que Paul Masvidal a réussi à nous proposer un nouvel album, "Ascension Codes" de son petit nom, entouré de Matt Lynch à la batterie et de quelques guests.

Dans ces guests, on retrouve Plini aussi membre d'Intervals et du projet solo Plini donc pour certaines guitares leads et guitares synthés, et Dave Mackay aux claviers et au bass synthesizer car non il n'y a pas de véritébale basse sur ce nouvel album. Paul Masvidal a vite réalisé qu'il n'arriverait pas à remplacer Sean Malone et qu'il était trop tôt pour ne serait-ce qu'y penser, cette solution s'est donc imposée d'elle-même. Ce nouvel album s'annonçait donc dès le départ chargé de tristesse et promettait de prendre aux tripes. Le tracklisting est particulier puisqu'il laisse la place à beaucoup de petits interludes ambiants ou instrumentaux entrecoupant les véritables morceaux, ce qui confirme que ce nouvel album est à envisager comme un tout. Cynic continue évidemment sur la voie très mélodique et aérienne qu'il s'est tracé depuis "Traced In Air", et "The Winged Ones" qui est le premier morceau à nous accueillir après l'intro "Mu-54" nous fait entendre des mélodies très planantes et des effluves jazzy et feutrées qui appuient encore cette impression de voyage dans les airs. On retrouve instantanément la patte Cynic mais on y sent cette fois le poids du deuil, la charge émotionnelle y est démultipliée et les ambiances sont systématiquement poignantes. Tout sur "Ascension Codes" donne l'impression que cet album a été composé à la fois pour dépasser la double tragédie qui a frappé le groupe et en même temps dire un dernier au revoir aux deux compagnons de route de Paul Masvidal. Le chant de ce dernier ne se fait entendre qu'à partir de "Elements And Their Inhabitants" et on retrouve ce chant clair tout en douceur et en fragilité passé à travers le filtre du vocoder traditionnel.

Un chant qui se met un peu en retrait cette fois comme pour laisser la place aux émotions et peut-être faire comprendre que le message que veut faire passer ce nouvel album n'a pas forcément besoin de mots pour toucher. On retrouve globalement le Cynic de "Traced In Air" qui se faisait plus aérien que son successeur "Kindly Bent To Free Us" et si on se retrouve vite comme à la maison, il n'empêche que la musique du groupe ne s'était jamais faite aussi belle et touchante. "Mythical Serpents" est à ce titre un direct en plein cœur dont les mélodies vous emmènent loin. Malgré les circonstances on ne peut plus compliquées dans lesquelles cet album a été réalisé, il en résulte une œuvre qui frappe juste et qui arrive à atteindre son but sans jamais en faire des tonnes. Si la technique des musiciens s'entend sur certains passages, ce sont bien les ambiances et les mélodies qui sont au premier plan et Cynic nous délivre avec "Ascension Codes" un album aérien qui montre une profondeur surprenante. Surprenante parce qu'au premier abord ces morceaux semblent presque minimalistes dans leur volonté de proposer des ambiances très éthérées et de ne pas trop en faire. C'est après cette première approche que "Ascension Codes" révèle le travail qui a été fait sur ces nouveaux morceaux, sur tous les détails que l'on peut entendre derrière les guitares et les nappes de clavier. D'ailleurs, ce nouvel album est ce que le groupe nous a proposé de plus long puisqu'il atteint les quarante-neuf minutes, soit encore un peu plus touffu que "Kindly Bent To Free Us" qui amenait déjà le groupe au-delà de la demi-heure des deux premiers albums.

Cynic revient donc avec un album inespéré qui fait entendre de bien belles mélodies et qui se fait plus poignant que jamais. "Ascension Codes" continue sur la voie aérienne que le groupe s'est tracé depuis son deuxième album et se pose comme une belle façon de prouver qu'il est possible de surmonter l'adversité.


Murderworks
Mars 2022




"Kindly Bent To Free Us"
Note : 13/20

Cynic aura surpris pas mal d'entre nous en sortant, il y a déjà six ans, "Traced In Air", soit quinze ans après le cultisme "Focus". Le duo Masdival-Reinert s'était, entre temps, laissé aller à un projet plus confidentiel mais qui pour autant aller avoir une grosse influence sur ce qu'aller devenir Cynic, à savoir Aeon Spoke en 2007. Projet annoncé comme une sorte de pop alternative éthérée (mielleuse diront certains), on sortait carrément des sentiers battu du death metal... malaise dans la communauté. Pas de grande polémique toutefois, tant les musiciens inspirent le respect, et la sortie de "Traced In Air" ne manqua pas d'attiser la curiosité. Certains assurant que Cynic n'avait plus rien à faire dans le metal, d'autres criant au génie, comme moi. J'avais donc vraiment hate d'entendre "Kindly Bent To Free Us", même si les sorties des EPs "Re-traced" et "Carbon-Based Anatomy" m'avait laissé sur ma faim, quoique pas désagréable à écouter.

Le premier titre révélé sur le net, "The Lion's Roar" présageait pourtant le meilleur !! Dans la lignée de "Traced In Air", le riff principal est bien accrocheur, la section rythmique impressionnante, les arrangements ultra soignés, le refrain hypnotique. Bref, Cynic garde le trouble qu'il suscite en proposant une musique aussi forte que fragile. Reste que la production... bizarre... L'écoute intégrale de l'album confirmera une certaine ambiguïté, à savoir le manque de puissance (marqué sur ce qui fait l'identité de Cynic leur fameux staccato guitare / basse / batterie) qui ne sert pas vraiment les arrangements très subtils dont bénéficie la majorité des titres, particulièrement "Kindly Bent To Free Us" ou encore le dense "Holly Fallout". Une volonté pourtant de la part de Masdival de rendre un produit brut... bon... Du coup, difficile de comparer l'émoi qu'avait susciter "Traced In Air" à ce dernier album tant les compositions, au final, paraissent ici bien plus en-dessous en intensité et en profondeur (dû, en partie, aux lignes vocales souvent plombées et tristounettes de Masdival). Il n'y a qu'a écouter le morceau d'ouverture "True Hallucination Speak" qui, pourtant, est rythmiquement très fort.

L'alchimie pertinente proposée alors par Cynic apparaît sur ce dernier album carrément... suspecte. En effet, si l'on considère qu'Aeon Spoke (qui tient toujours très à coeur à Masdival, qui parle même de le remonter) n'a pas connu un “succès” comparable à Cynic, on pourrait presque supposer que l'utilisation du nom de ce dernier ne serait en fait qu'une prise d'otage pour servir des ambitions bien plus “pop” sur le long terme. Je n'ai rien contre la pop, et Masdival en talentueux guitariste est aussi reconnu pour intégrer brillamment des parties jazzy, progressive mais cela ne suffit pas pour autant à rendre ce "Kindly Bent To Free Us" passionnant malgré les prouesses techniques de Sean Malone à la basse et Reinert à la batterie.

Très porté sur le spirituel, la méditation, le bouddhisme, Paul Masdival a-t-il poussé le bouchon un peu loin, ou pas assez, l'album se dévoilera-t-il dans le temps comme un poeme de l'indien Tagore ? Je n'en suis pas convaincu, alors autant écouter les compilations "Rockabye" mais plus encore lorsque l'on voit sortir l'album de Menace (le nouveau projet de Mitch Harris ) aux ambitions similaires que Cynic (quoique plus foncièrement “metal”). Celui-ci aurait tout aussi bien pu le sortir sous le nom de Meathook Seed, mais n'en a pas tenu compte. Parfois mieux vaut repartir à zéro.


Boris
Mars 2014




"Carbon-Based Anatomy"
Note : 17/20

Aussi culte pour certains qu'insupportable pour d'autres, personne ne peut néanmoins remettre en question le statut de précurseur de Cynic dans la catégorie du metal (très) technique. A l'instar de Nocturnus, Watchtower ou Death (dont Sean Reinert et Paul Masvidal firent partie pour l'album "Human"), il fut l'un des premiers groupes à pratiquer une musique précise, voire chirurgicale, s'éloignant volontairement de la bestialité inhérente au style en piochant leurs influences dans le jazz ou le classique. Véritable révolution à sa sortie en 1993, leur premier album "Focus" va démontrer que le metal peut être intelligent (voire intellectuel) en intégrant des guitares-synthé et du chant clair vocodé, le tout créant une atmosphère froide qui a dû pas mal inspirer les musiciens de Meshuggah et leur ribambelle de suiveurs. Mais trois petits tours et puis s'en va, le groupe splittera dans la foulée. Ce n'est que 12 ans plus tard, et suite à une reformation à la demande de gros festivals, que le groupe donnera un successeur à Focus avec "Traced In Air", puis un EP "Re-Traced". Continuant sur sa lancée, voici qu'en 2011 sort "Carbon-Based Anatomy", le quatrème bébé des Californiens, toujours en quête d'innovation. Mais si vous êtes fans de la première heure, vous risquez fort d'être surpris. Même si les guitares si caractéristiques sont toujours présentes, les ambiances, les parties planantes et les influences world music ont désormais pris le pas sur le reste. Et oubliez aussi les voix gutturales, elles ont complètement disparues au profit d'un chant clair aujourd'hui beaucoup moins noyé dans les effets. Pour le peu que vous ayez l'esprit ouvert, je ne peux que vous conseiller de découvrir cet album prenant, dont le seul défaut est de ne comporter que 6 pistes. Bordel, j'en veux encore.


Ben
Août 2012




"Re-Traced"
Note : 17/20

Voilà chose agréablement surprenante de la part de Cynic, cet EP, dont 4 titres sont des versions alternatives d'anciens titres, revus et corrigés. Ici, rien à voir avec du metal technique, place à une musique minimaliste, expérimentale. Tout comme Opeth avait osé "Damnation", Cynic va encore plus loin dans l'expérimentation. Ici, nous sommes plus près de "Kid A" de Radiohead que de Aborted. Voix mélodique, musiques électroniques, hypnotiques, "Re-Traced" va vous surprendre et même s'il ne peut faire l'unanimité, nous pouvons saluer la démarche artistique d'un groupe à part. Comme Paradise Lost ou My Dying Bride à leurs heures, Cynic a le mérite de tenter certaines expériences. Si vous êtes ouverts d'esprit, écoutez cet EP dont la démarche est déroutante et ambitieuse. Si vous n'aimez que lorsque ça blaste à donf, passez votre chemin, mais que l'on aime ou pas, nous pouvons toujours saluer ce groupe qui sait surprendre et se tourner vers de nouveaux horizons.


Humphrey
Juin 2010


Conclusion
Le site officiel : www.cyniconline.com