"The Vertigo Trigger"
Note : 14/20
CyHra revient en force. Créé en 2016 en Suède par Jake E (chant / claviers, How We End,
ex-Dream Evil, ex-Amaranthe), Jesper Strömblad (guitare, The Halo Effect, ex-In
Flames, ex-Hammerfall…), Alex Landenburg (batterie, Kamelot, Mekong Delta,
ex-Annihilator…) et Peter Iwers (basse, Fleetburner, The Halo Effect, ex-In Flames), le
groupe sort rapidement un premier album chez Spinefarm Records et accueille Euge
Valovirta (guitare, Red Wold, Godsplague, ex-Shining…).
Peter Iwers se retire de la formation, qui sort son deuxième chez Nuclear Blast en 2019,
puis recrute Marcus Sunesson (guitare, Engel, ex-The Crown, ex-Night Crowned) avant
de se lancer dans la composition de "The Vertigo Trigger", son troisième album, qui sort en
2023.
"Ready To Rumble", le premier morceau, débute avec des sonorités modernes entraînantes
suivies par une rythmique solide à laquelle le groupe ajoute les parties vocales ainsi que
quelques leads aériens. Le groupe adopte une touche légèrement plus mélancolique avec
"Let's Have My Story Told" et ses refrains explosifs, laissant la quiétude à des couplets plus
minimalistes sur lesquels le vocaliste est au centre de l’attention, tout comme sur "Live A
Little" et ses influences hip-hop dans la rythmique. Mais étrangement, le mélange
fonctionne, allant même jusqu’à placer des orchestrations majestueuses sur le refrain
intense, puis "1.000.000 Fahrenheit" renoue avec des éléments plus énergiques qui rendent
le son entraînant. On notera également un break plus lourd et groovy, alors que "Buried Alive"
renoue avec une construction basée sur des couplets calmes brisés par des refrains plus
énergiques bourrés de mélodies entêtantes, puis "The Voice You Need To Hear" laissera les
claviers et le vocaliste mener la danse.
Quelques violons et sonorités accrocheuses se
joindront au duo avant que "Life Is A Hurricane" ne vienne placer des riffs plus lourds tout en
restant dans des patterns accrocheurs et saccadés, suivis par "If I" qui reprend sensiblement
la même logique tout en laissant quelques effets cybernétiques s’ajouter aux parties
vocales. Les leads se montrent également plus virulents, alors que l’ambiance s’apaise à
nouveau avec "Fear Of Missing Out" qui laisse des harmoniques entêtantes rythmer des riffs
simples mais relativement efficaces. Le groupe réintègre des parties plus calmes sur
"Ashlight" qui se pare de claviers planants pour contraster sa rythmique avant qu’un break
sombre n’alourdisse le son, avant de laisser le dernier refrain et son explosion vocale nous
mener à "Too Old For Fairy Tales", le dernier titre, refermer l’album avec les mêmes éléments
qu’il a commencé, laissant les riffs groovy oeuvrer.
CyHra continue sur sa lancée en proposant des riffs simples au groove accrocheur mêlé à
des mélodies entêtantes et une voix puissante. "The Vertigo Trigger" ne réinvente pas le style,
mais place des compositions entraînantes et facilement écoutables.
"No Halos In Hell"
Note : 14/20
En toute franchise, je n’avais plus aucun souvenir du précédent, et premier, album de CyHra, "Letters To Myself". Alors, j’ai relu ma chronique, a priori il était bien. Du coup, je suis allé l’écouter de nouveau. Et, en effet, l’opus était sympathique. J’ai donc enchaîné avec ce second effort, "No Halos In Hell". Soit un marathon CyHra bien plus court qu’un marathon vu que durant, approximativement, deux heures et demie. Verdict ?
Nul doute, la recette est inchangée. Et par “inchangée” j’entends la même. Exactement la même. Des refrains chiadées aux ambiances power-moderno-mélodiques, rien ne change entre "No Halos In Hell" et son prédécesseur. Quelque part, c’est rassurant, le fan ne sera pas dépaysé et CyHra s’assure un minimum de sympathie de la part des nouveaux venus qui découvriront le groupe avec cet album. En revanche, pour les habitués ou ceux se lançant, comme moi, dans un marathon CyHra, s’installera le regret de l’absence de prise de risques. Il est clair que CyHra n’allait pas basculer vers un porngrind ou un black crasseux et poissant. Mais "No Halos In Hell" reste bien trop sage. Sentiment renforcé par le fait que l’album est pensé comme un tout reprenant les mêmes inspirations et sonorités. En comparaison avec "Letters To Myself", "No Halos In Hell" paraît bien lisse. S’il n’en demeure pas moins assez agréable, "No Halos In Hell" s’inscrit en longueur et là où "Letters To Myself" tenait en haleine d’un bout à l’autre, "No Halos In Hell" a rapidement des sensations de déjà vu ("Battle From Within", "Hit Me", "Lot In Time").
Pour faire simple, si l’album est porté par quelques titres forts ("Out Of My Life", "Blood Brothers", "Bye Bye Forever"), "No Halos In Hell" n’est pas la confirmation tant attendue. Trop sage, trop conformiste, trop attendu, ce second opus en laissera plus d’un assez dubitatif. À trop respecter les codes, CyHra n’a finalement pas grand-chose de singulier ici. Ne persiste que la sensation d’écouter un mélange de Kamelot, Amaranthe voire (très rarement) d’In Flames, mais pour cela il suffisait d’écouter les autres formations des musiciens présents dans le line-up. D’autant qu’une copie n’égalera jamais l’original. Bref, "No Halos In Hell" porte la mention “aurait pu mieux faire, aurait dû mieux faire”.
"Letters To Myself"
Note : 17/20
CyHra ? Pour citer un grand sage : "Il suffit de regarder le line-up pour comprendre que, musicalement, ils ne pouvaient pas sonner autrement". Et pour dire, composé de Jake E. Lundberg (ex-Amaranthe) au chant, de la paire Jesper Strömblad (ex-In Flames) et Euge Valovirta aux guitares, de Peter Iwers (ex-In Flames) à la basse et enfin d’Alex Landenburg (batterie, Mekong Delta / 21Octayne / Luca Turilli’s Rhapsody / ex-Annihilator) pour compléter le tout, CyHra ne pouvait donc composer autre chose que du CyHra. Je m’explique, CyHra ne pouvait donc évoluer dans un autre style que celui qui est le sien à savoir un mélange de power-prog qui flirte aisément avec les préjugés du genre pour toutefois accoucher d’un premier album efficace et réussi.
En effet, du haut de ses douze pistes (de "Karma" à "Dead To Me") et en quarante-cinq minutes, CyHra décrit un univers poétique, épique et atypique. Au-delà de tout cela, il est assez ardu de décrire ce "Letters To Myself" en dehors des codes du genre et de ce qui se faisait avant la formation de CyHra et qui continuera de se faire après la sortie de ce premier album de powerband. En effet, tout y est, le moindre code, la plus petite règle, des refrains hyper clairs à l’utilisation massive de synthétiseurs et des arrangements presque niais guitare-basse. Tout y passe, du solo "montre-moi ce que tu sais faire" au couplet ascenseur émotionnel, mais le résultat est loin d’être abominable, il est même plutôt intéressant. CyHra n’apporte pas grand-chose au genre mais le maîtrise amplement et en propose une synthèse par ce premier album, alors c’est une valeur sûre ("Muted Life", "Closure"). Valeur sûre qui esquisse une leçon des codes du genre sans jamais vraiment les bouleverser. Alors personnellement, je ne sais pas s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise chose, CyHra est efficace comme se doit de l’être un tel line-up, CyHra côtoie directement le haut du panier, comme se doit de le faire une telle formation, alors pas tellement de surprises quant au fait que cet album fasse bien plus que tenir la route ("Here To Save You", "Letter To Myself"). Donc finalement, notre grand sage disait vrai une fois de plus, à la vue du line-up, difficile de les imaginer évoluer dans un style ou un genre voire un sous-genre différent. CyHra sonne comme il devait sonner et surtout "Letters To Myself" est le disque qu’il se devait d’être ("Dark Clarity", "Black Wings").
Alors oui, nous avons ici affaire à du power prog qui en fait des tonnes et qui s’appuie notamment sur la solide expérience de ses membres. Une espèce de supergroupe qui a surtout le privilège d’exister et, sans renouveler le style, d’apporter une œuvre assez conséquente et équilibrée qui ravira les admirateurs du genre. Bien sûr, il y aura toujours un gars pour dire que ce genre d’album est surfait, surjoué et surcôté, mais pour citer Desproges : "Parler à un con, c’est comme se masturber avec une râpe à fromage. Beaucoup de souffrance, pour finalement très peu de résultat". Donc au diable les cons, et même si Audiard ne te tenait pas vraiment en estime lorsqu’il a ouvertement déclaré que "Le jour où on mettra les cons en orbite, t’as pas fini de tourner". Rappelons grâce à ce grand monsieur que les cons ça osent tout et que c’est d’ailleurs à cela qu’on les reconnaît. Alors quitte à être con, autant s’oser à l’écoute de ce "Letters To Myself" qui, finalement, ne décevra pas grand-monde avec ses sonorités ficelées et presque sans reproches.
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