Le groupe
Biographie :

Cutterred Flesh est un groupe de death metal technique et progressif américain formé en 2007 et actuellement composé de : Vitalij V. Novák (guitare, chant / I Warned You, Pandemia), David Krombholz (guitare), Jirka Krš (chant / Casage, Pandemia, Štáb ZS-CO, ex-Ordos), Ko Klabi (basse / ex-Poppy Seed Grinder) et Jakub Bayer (batterie / Cerberos, Murmur, Pandemia, Panychida, Prayers In Vain, Search And Destroy). Cutterred Flesh sort son premier album, "Torture Is Medicine", en 2007 chez Grodhaisn Productions, suivi de "Cause The Apocalypse" en Décembre 2010 chez Nice to Eat You Records, de "Dying In Pieces" en Novembre 2013 chez Bizarre Leprous Production, de "Code: Violence" en Mars 2018, de "Sharing Is Caring" en Décembre 2021 chez Transcending Obscurity Records, et de "Love At First Bite" en Mai 2024.

Discographie :

2007 : "Torture Is Medicine"
2010 : "Cause The Apocalypse"
2013 : "Dying In Pieces"
2018 : "Code: Violence"
2021 : "Sharing Is Caring"
2024 : "Love At First Bite"


Les chroniques


"Between The Worlds Of Life And Death"
Note : 19/20

Cutterred Flesh aime toujours autant la violence. A peine quelques années après son dernier opus, la machine tchèque menée par Vitali Novák (guitare, Pandemia), David Krombholz (guitare), Jiri Krš (chant, Pandemia), Ondrej Klaban (basse, ex-Poppy Seed Grinder) et Jakub Bayer (batterie, Pandemia) dévoile "Love At First Bite", son sixième album, chez Transcending Obscurity Records.

Pas de temps à perdre pour le groupe qui nous écrase dès "Xenomorphic Annihilation: Earth Ravaged", la première composition, en déployant un son lourd et accrocheur couplé de leads plus complexes de temps à autre. Les parties vocales participent évidemment à cette déferlante de puissance brute brisée par des patterns prog entêtants et modernes qui réapparaissent sur "Human Protein Concentrate" où les influences old school sont également de sortie pour assurer une puissance de frappe massive à sa rythmique saccadée. Les harmoniques et autres bruits rendent les riffs plus effrayants tout comme sur "Repeated Intersexual Misunderstanding" où la dissonance hante les premiers instants avant l’imposante rythmique et ses sonorités cosmiques transcendantes qui rappellent un fumet de djent groovy. La fureur renaît avec "Code Of Zuurith" et son approche effrénée des riffs dévastateurs bourrés de parties lead tranchantes qui nous lacèrent sauvagement pendant que la double pédale nous piétine tout comme sur l’épaisse "The Symptoms Of Parasite" où la basse résonne particulièrement bien sur les mosh parts, laissant place aux ajouts inquiétants pour donner au morceau une saveur très sombre.

"Descent Into Torment Of Abyssal Whispers" adopte une approche d’abord plus mélodieuse avant de revenir à sa rage habituelle et entraînante, mais c’est avec une dose de froideur que nous glissons jusqu’à la moderne "Sarkam's Wrath Unleashed" et ses claviers enchanteurs et son break ténébreux qui créent un contraste intéressant avec les parties les plus colossales. "Amanda" continue à exploiter l’ajout d’éléments plus aériens à la violence pure, puis c’est en les mêlant à des patterns étouffants que le groupe donne vie à "The Last Supper", une composition épique et dévastatrice que je trouve absolument parfaite pour captiver un public tout en le laissant se déchaîner par moments. L’album se referme avec "Spawn Of Vathus" qui place des pointes extrêmement vives dans un véritable raz-de-marée au sein duquel chaque musicien s’emploie à donner le meilleur de lui-même pour nous balayer.

Bien que les éléments prog soient d’abord un peu étranges, Cutterred Flesh conserve sa puissance de frappe monstrueuse. "Love At First Bite" vous écrase et vous piétine sans ménagement, mais va aussi plaire aux amateurs de complexité sanglante.


Matthieu
Juin 2024




"Sharing Is Caring"
Note : 17,5/20

Mon Dieu, cette pochette avec des enfants qui s’acharnent sur un pauvre monstre de chair et d’os… depuis quand on s’attaque aux monstres ? Je ne vois même pas le rapport avec le titre de l’album, soit je suis con, soit il me faut aborder la chose avec philosophie, chose pour laquelle je manque cruellement d’aptitudes, donc la première solution me semble la plus probante, je suis con. Pour en revenir à Cuttered Flesh, le quintette tchèque n’en est pas à son premier coup d’essai, car "Sharing Is Caring", sorti en 2021, succède à quatre autres albums, un split, et deux démos. Actifs depuis 2002, ces bons gars chevelus ont eu le temps de peaufiner leur style et à l’heure actuelle, ils se défendent avec un death metal d’excellente facture !

Il faut dire que dès le début, Cutterred Flesh démarre les hostilités sur les chapeaux de roues avec "Vibrio Vulnificus", un titre qui s’engage avec un climat sombre et nihiliste, un peu black sur les bords, mais vite fait, parce qu’après, c’est de la rythmique plombée qui te tombe dessus, avec un son à la fois gras et précis, un drumming bien équilibré, une basse aux aigus subtils et un chant de boucher psychopathe qui mange des petits enfants ! Ce track annonce la tonalité globale du full length. La formation s’appuie pas mal sur les contrastes et alterne des passages franchement death metal, avec d’autres moments mélodiques. "Sharing Is Caring" est un concentré de gros palm mutings lourdeaux, des parties en trémolo picking et du blast en veux-tu en voilà, quand ce n’est pas des patterns aux grooves puissants qui viennent s’imposer comme une horde de vikings dans une taverne pour fêter l’enterrement de vie de garçon du chef de troupe. Cette recette, on la retrouve sur la quasi-totalité de l’album qui bascule entre ces trois paramètres là : mélodie déprimante emprunte au black metal, blast beat et matraquage de double grosse caisse, et riffs puissants mid-tempo. Il y a de ce fait une saveur black / death qui se dégage de la musique de nos chers voisins tchèques.

Le maître-mot de Cutterred Flesh est puissance, car, peu importe dans quel registre le combo s’engage, c’est toujours avec détermination et implication. On le sent généralement quand un groupe joue "petits bras", ou "mou du zguègue", que voulez-vous, c’est inscrit dans la génétique de la musique, fais-moi écouter ton son je te dirai qui tu es. Là, je les vois les gros barbares qui bouffent de la barbaque sans couteaux ni fourchette, qui s’en foutent partout en éructant comme des sagouins. Après, attention, le death metal de Cuttured Flesh est bien loin d’être foutraque, on a quand même de beaux passages mélodiques. "Where Only Old Flesh Stinks" en est l’exemple même, avec ces tissages de guitares en fond, qui, même quand la batterie s’emballe, préservent une dimension atmosphérique contrastée. Au niveau des influences, c’est délicat, déjà stylistiquement le groupe s’appuie autant sur des structures old school, mais les compositions laissent entendre des climats et une interprétation assez actuelle au final. Pour le côté mélodique, on a quand même un petit quelque chose qui se rapproche de l’école suédoise, Anata. Le groove rapprocherait Cutterred Flesh de l’influence américaine, Obituary entre autres, et finalement, l’atmosphère black / death de formations sud-américaines à la Krisiun à titre d’exemple. C’est assez dur à définir parce que mine de rien, cet album possède une approche du death metal finalement assez personnelle, et ceci sans trop en faire.

En conclusion, c’est un super produit cet album, le logo est bien classe, la pochette très graphique, et le label a pour habitude de sortir pléthore de formats plus attractifs les uns que les autres. En plus, musicalement, il bugne ce "Sharing Is Caring", c’est le tiercé gagnant là ! Un disque qui se destine avant tout aux amateurs de death metal catchy et impliqué, avec un super son, des vocals de malade et un songwriting efficace.


Trrha'l
Février 2023


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/cutterredflesh