Si vous manquiez de crasse et que l'odeur du sang séché vous ravi les narines, je pense que les malades de Culted ont quelque chose qui pourrait vous intéresser, à savoir leur troisième album "Nous". Et si ce mot fait référence à l'intellect ou à la raison et qu'il a été souvent utilisé en philosophie de Platon à Aristote en passant même par Saint Thomas d'Aquin, ne vous attendez pas à quelque chose de feutré pour autant. Culted veut faire mal et son mélange de black et de doom bien sale devrait vous titiller les tympans.

"Lowest Class" pousse le vice jusqu'à débuter sur une séance d'hypnose pour vous faire croire que tout va bien se passer, sauf que le chant hanté et menaçant remet bien vite les pendules à l'heure avec en plus des riffs qui sentent autant le black metal bien froid que le sludge le plus poisseux ! Quelques effets rappellent même discrètement le premier Esoteric et posent le même genre d'ambiance malsaine et totalement folle à cheval entre le rituel occulte et le bad trip. "One Last Smoke" porte très bien son nom d'ailleurs avec toujours un doom blackisant qui évoque cette fois une sorte de marche funèbre croisée à un voyage au royaume des morts, le tout sous acides. Le chant se fait d'ailleurs majoritairement clair mais filtré par pas mal d'effets qui donne l'impression qu'il nous parvient de très loin. On sent constamment cette composante presque psyché, cette sorte de descente aux enfers musicale qui fleure bon la folie et la mort. En plus de ces odeurs putrides et occultes, on sent aussi un feeling urbain, empreint de violence et de crasse. Une violence qui se fait sourde, sournoise et qui n'explose jamais d'ailleurs puisque Culted refuse de céder à la facilité du blast et du bourrinage intensif. Sa violence s'exprime à coups de lame rouillée, de lacérations profondes qui viendront planter dans votre chair les germes de je ne sais quelle saloperie infectieuse. En cela, la reprise de Godflesh présente en fin d'album n'est pas surprenante, si un groupe a su incarner la crasse de ce monde urbain totalement déshumanisé, déviant et crasseux jusqu'à la moelle c'est bien Godflesh. Ce côté froid, malsain et inquiétant crée un contraste intéressant avec le son des guitares et de la basse qui sont relativement fuzzy.

Même quand le groupe sort l'acoustique sur "Opiate The Hounds", il trouve le moyen de sonner salement. Sur ce morceau, la musique de Culted prend des airs de mantra malsain dont les intentions ne sont certainement pas bienveillantes. "Crown Of Lies" flirte même avec le ritual ambiant et rappelle Dolorian quand les guitares en son clair viennent poser leurs arpèges dissonants. Pour faire simple, Culted sort tout l'attirail nécessaire à une ambiance bien dégueulasse et malsaine et dépeint sa descente aux enfers (ou dans sa psyché) pendant une bonne heure en vous martyrisant de toutes les façons possibles. L'intensité de la chose est impressionnante et pourtant le rythme reste très lent. L'extrémisme sonore passe par les dissonances, le son qui fuzze, le tempo pachydermique, les effets sur les voix qui leur donnent des airs d'entités cosmiques et surtout par ce côte psyché aux allures de bad trip. "Nous" n'accélère jamais la cadence et les amateurs de brutalité qui se seraient égarés par là vont prendre cher. Ceux qui se sont penchés sur les précédents travaux du groupe retrouveront leurs petits dans une version peut-être encore plus noire et désincarnée. Il y a quelque chose d'intemporel et d'inhumain là-dedans et Culted se fout des codes et autres clichés inhérents à certains styles de metal. Ces dingues construisent leur édifice progressivement et vu la tronche de ce nouveau méfait, je ne suis pas certain d'avoir envie de tenter la colocation avec eux ! En tout cas, voilà une immondice sonore tout à fait personnelle et qui se montre efficace dans sa volonté de pervertir les oreilles chastes. En cette période de vaccination, vérifiez vos rappels parce que vous risqueriez d'avoir le tétanos rien qu'en écoutant ça !

Un nouvel album bien sale pour Culted qui continue sa campagne de destruction de la santé mentale. "Nous" continue sur la lignée de ses prédécesseurs et se montre tout aussi noir et crasseux en plus d'afficher une violence sourde et rampante qui fait bien mal.