Le groupe
Biographie :

Criminal Element est un groupe de death metal / grindcore américain formé en 2001 et actuellement composé de : Derek Boyer (basse / Deprecated, Suffocation, ex-Decrepit Birth, ex-Deeds of Flesh, ex-Disgorge, ex-Dying Fetus), Terrance Hobbs (guitare / Deprecated, Suffocation, ex-Mortuary), Vince Matthews (chant / ex-Autumn Dawn, ex-Sadistic Torment, ex-Biovore, ex-Covenance, ex-Dying Fetus, ex-Mucus Membrane) et Maliq Emanuel (guitare / Behold The Uprising, Sky Heaven Temple, ex-Terminal Agitation). Criminal Element sort son premier album, "Guilty as Charged", en Octobre 2008 chez Sevared Records, suivi de "Modus Operandi" en Avril 2013 chez Lost Apparitions Records, et de "Criminal Crime Time" en Mai 2015 chez Metal Age Productions.

Discographie :

2006 : "Criminally Contaminated" (EP)
2006 : "Career Criminal" (EP)
2008 : "Guilty as Charged"
2010 : "Crime and Punishment Pt. 1" (EP)
2010 : "Crime and Punishment II" (EP)
2013 : "Modus Operandi"
2014 : "Maiden Brooklyn" (EP)
2015 : "Criminal Crime Time"


La chronique


Criminal Element, à l'heure où vous lirez cette chronique, n'est plus. Ce petit all-star band de death / grind américain, au line-up de fous, s'est sabordé l'an dernier après la sortie, en Mai 2015, de ce troisième album "Criminal Crime Time". Bien que regroupant des noms importants du genre, à savoir Terrence Hobbs aux grattes (Suffocation), Derek Boyer à la basse (Suffocation, Decrepit Birth, Deeds Of Flesh), Vince Matthews au chant (ex-Dying Fetus) ou encore Adam Jarvis aux fûts (Misery Index, Hate Eternal), nos oreilles ne se sont jamais faites agressées par Criminal Element, et maintenant que le groupe est défunt, nos regrets ne sont que plus grands.

Car "Criminal Crime Time" est une sacrée déculottée, une attaque death / thrash / hardcore irrésistible, faite de groove, lourd et puissant, de riffs tour à tour techniques et frontaux et d'un finesse mélodique neuve et osée (soli travaillés à l'écrin d'or et présence d'un sorte de semi-ballade "Falling Down") mais parfaitement à sa place. Cette sensibilité ne dénature pas les morceaux, elle leur donne une âme et une profondeur ("Dissiociative").

Proche d'un Dying Fetus ou d'un Misery Index,(normal vu la filiation de ses membres avec ces groupes), Criminal Element n'en pas pour autant une bête resucée et se distingue un chouïa de ses parents. Les musiciens se servent de CE comme d'une récréation où ils donnent libre cour à leurs envies. Plus groovy et thrashy que les deux grands frères, moins technique également que Dying Fetus, les structures de morceaux sont courtes et simples, laissant l'efficacité s'exprimer mais réserve assez d'espace et de variété pour éviter l'ennui qu'une brutalité sourde et sans but aurait produite.

Le tout sonne de façon très spontanée ; les parties de batterie ne sont pas étudiées à l'extrême et les soli et riffs comportent quelques légères approximations. Le groupe a semble-t-il privilégié les premières prises pour conserver un côté organique très appréciable. Même le chant de Vince Matthews, ses éructations de pitbull (non, pas le rédac'chef de French Metal...) sont parfois décalées. Ca fait du bien de voir des musiciens prendre le risque de se distancier ainsi de leurs formations initiales connues pour leur propreté studio et leur perfection instrumentale.

Mais dans ce beau paysage se trouve une laideur bien particulière qui est le son. Plus proche de la démo que du vrai album, "Criminal Crime Time" souffre d'un son faiblard, mal mixé, et où la basse prédomine grossièrement sans mettre en relief les compos. Les volumes sont mal équilibrés, parfois au sein même d'une chanson, et le tout est parfois difficile à suivre. C'est un son qu'on aurait pu trouver bon dans les 90's... Au mieux, on pourrait qualifier cet album de démo de death / thrash enregistrée dans les années 90 et remasterisée à l'occasion d'une réédition CD. Le son ultra cru et les instruments noyés et manquant de pêche desservent le potentiel destructeur des compositions. Pire, le dernier morceau voit subitement une augmentation de volume et est doté d'un mastering plus mordant et puissant (quoique très plat et compressé, ce qui n'est pas le cas des sept premiers morceaux ; un bien pour un mal ?), ce qui prouve que cet album a été fait à la va-vite. Ceci est très curieux venant de la part de musiciens expérimentés coutumiers des studios et est impardonnable compte-tenu des normes de productions actuelles. Mais, si comme nous, vous appréciez ces sonorités old school, et vous fichez du flacon, pourvu qu'il y ait la murge, cet album vous ravira sûrement par son côté brut de décoffrage datant d'un autre temps.

Est-ce la raison pour laquelle aucun gros label n'a voulu de cet album, malgré le pédigrée de ses membres, et se voit défendu par Metal Age, petit label de l'Europe de l'Est ? Mystère. En tout cas, cela ne doit vous empêcher de poser une oreille sur ce troisième et dernier album de Criminal Element. Huit titres bruts de décoffrage, intenses et très bien composés, ne réinventant pas la roue, mais apportant suffisamment d'éléments inédits pour sustenter convenablement les fans de Misery Index et Pyrexia.


Man Of Shadows
Février 2016


Conclusion
Note : 15,5/20

Le site officiel : www.facebook.com/criminalelementdc