Le groupe
Biographie :

Crescent est un groupe de death metal oriental fondé en 1999 au Caire en Egypte. Le groupe mélange le death aux sonorités égyptiennes et aborde, avant tout, la mythologie et l’Histoire de son pays. Crescent sort sa première démo "Edgar Alan Poe’s Dreamland" l’année de sa formation. Le premier EP du groupe, "Retribution" sort dix ans plus tard. En 2014, après quinze ans d’existence, Crescent sort enfin son premier album "Pyramid Slaves", quatre ans plus tard la formation enchaîne avec un second album "The Order Of Amenti" chez Listenable Records. Le troisième album, "Carving The Fires Of Akhet", sort en Juillet 2021. Crescent se compose actuellement d’Ismaeel Attalah au chant et à la guitare, de Stefan Dietz à la basse, de Julian Dietrich à la batterie et de Youssef Saleh à la guitare rythmique.

Discographie :

2009 : "The Retribution" (EP)
2014 : "Pyramid Slaves"
2018 : "The Order Of Amenti"
2021 : "Carving The Fires Of Akhet"


Les chroniques


"Carving The Fires Of Akhet"
Note : 17/20

Après le très efficace "The Order Of Amenti" en 2018, les Egyptiens de Crescent sont de retour avec leur troisième album "Carving The Fires Of Akhet" toujours chez Listenable Records. Au programme, pour ceux qui auraient loupé les deux précédents albums, un death metal teinté de sonorités orientales assez puissant et brutal. Rangez les comparaisons avec un groupe bien connu, elles ne seront pas pertinentes, Crescent a sa propre personnalité et les sonorités orientales en font naturellement partie.

Comme sur les deux précédents albums, les morceaux sont assez longs et le groupe prend le temps d'installer ses ambiances, car même si l'ensemble reste brutal et écrasant "Carving The Fires Of Akhet" est doté d'une profondeur indéniable. Crescent ne se contente pas de ruer dans les brancards et si les blasts sont bien présents, ils n'interviennent que quand le propos l'exige et le groupe n'hésite pas à ralentir le rythme et à balancer des riffs puissants. "The Fires Of Akhet" ouvre l'album sur un de bons gros blasts justement mais ceux-ci laissent vite la place à un tapis de double et un tempo à la caisse claire typiquement oriental. Un break aux allures de rituel ou de cérémonie sacrée vient installer une ambiance assez sombre et pesante avant de repartir en gros death qui tache. Vous aurez compris que la violence n'est pas le propos de Crescent même s'il n'hésite pas à s'en servir, ce sont bien les ambiances qui sont reines ici. Et dans ce domaine, le groupe sait y faire et "Carving The Fires Of Akhet" en est rempli, que ce soit par des passages purement orientaux, d'autres quasiment rituels ou des passages plus lourds et brutaux, il y a de quoi faire pendant ces quarante-huit minutes. La richesse de ces huit nouveaux morceaux et leur longueur font qu'il va falloir une paire d'écoutes avant de vous y retrouver. Et si on entend de plus en plus de groupes utiliser les sonorités orientales dans le metal, peu savent le faire comme Crescent, le groupe étant égyptien il s'en sert d'une façon évidemment bien plus naturelle là où d'autres peuvent parfois frôler le gimmick. Autre point qui permet au groupe de se démarquer, sa volonté de balancer un death metal riche et efficace loin de tout débordement technique. Ici, on brise des vertèbres au lieu de blaster comme un barbare et les riffs privilégient la puissance brute et le groove typiquement death metal à la technique débridée.

Pas de blasts ultra rapides ou de parties en sweeping délirantes par ici, Crescent garde une approche bien plus directe et vise la puissance des riffs et des ambiances plutôt que le matraquage en règle. Malgré ça, "Carving The Fires Of Akhet" fait preuve d'une puissance de frappe imposante et se montre assez intense, principalement parce que les morceaux qui le constituent sont assez complexes. Rien d'hermétique ou d'outrageusement technique mais des structures qui bougent et un groupe qui évite les plans classiques des groupes de death. Comparé à la scène actuelle qui vire parfois au concours de vitesse et de notes (j'aime beaucoup ce style aussi, ne vous méprenez pas), ce nouvel album paraît presque épuré. Pourtant, au risque de me répéter, "Carving The Fires Of Akhet" est un album riche qui ne livre pas tout ce qu'il a dès les premières écoutes. D'ailleurs, les sonorités orientales ne passent pas par des instruments traditionnels, en dehors des percussions, mais bien par les gammes utilisées à la guitare. Cette approche permet des les intégrer d'autant plus naturellement aux passages les plus death metal et crée un contraste intéressant avec les passages les plus belliqueux. Plutôt que de vous donner l'impression de vous noyer sous une pluie de missiles, Crescent préfère évoquer une énorme armée fonçant inexorablement sur vous. Notons d'ailleurs pour ceux qui n'en auraient pas assez que la version CD propose trois morceaux supplémentaires : une version réenregistrée de "Dreamland" issu à l'origine de la démo "Edgar Allan Poe's Dreamland", une reprise du "Xeper-I-Set" de Dissection et une autre reprise du "...For Victory" de Bolt Thrower (on sait d'où vient leur goût pour les riffs puissants et lourds).

Crescent balance avec "Carving The Fires Of Akhet" un death metal oriental toujours aussi puissant, brutal, lourd et efficace. Les ambiances sont riches et imposantes et le groupe a un talent certain pour briser les nuques en déployant une puissance de frappe effrayante sans jamais partir dans l'excès. Le jour où les concerts pourront vraiment reprendre, je sens que ce nouvel album va faire des dégâts dans les fosses !


Murderworks
Septembre 2021




"The Order Of Amenti"
Note : 18,5/20

Alors qu’il n’y a pas très longtemps, Otis le scribe qui scribe tout répondait à l’interrogation de gaulois plutôt pas mal connus par chez nous par une longue tirade, Crescent présente son second album en provenance du Nil. Alors, comme le grand scribe philosophe a répondu à notre petit moustachu et notre grand enrobé, abordons ce nouvel opus avec ces quelques phrases pouvant assurément résumer ma situation de rédacteur passionné : "Vous savez, moi je ne crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d'abord des rencontres. Des gens qui m'ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi. Et c'est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée. Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Alors ça n'est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j'ai pu : et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie, je ne suis qu'amour.".

Sur ces saintes paroles qui n’ont strictement rien à voir avec l’album du jour, c’est donc quelques années après "Pyramid Slaves" son premier jet, que la bande égyptienne de death metal ancestral, ou plutôt la bande de death metal égyptien ancestral momifie son "The Order Of Amenti". Utile un peu est de préciser que ce "The Order Of Amenti" commence par un rituel occulte bourré de maléfices à en interloquer n’importe quel scribe s’interrogeant à coup de papyrus "Morte-couille, quel est ce sacrifice ?" ou par un plus exotique "Morte-cuisse, quelle est cette sorcellerie ?" ("Reciting Spells To Mutilate Apophis"). Et c’est parce que dans les pyramides et sous l’œil d’Osiris, comme dirait l’autre, "il y fait noir comme dans le trou d’cul d’un nègre", que Crescent respire un black-death symphonique sombre, oppressant mais grandiose dans ses intonations presque divines et spirituelles ("In The Name Of Osiris", "Sons Of Monthu"). Autrement décrit, Crescent envoie un death puissant et ravageur comme les douze plaies d’Egypte mais surtout accompagné de sonorités, ambiances et mélodies antiques tirés des plus belles œuvres historiques ou mythologiques ("The Will Of Amon Ra"). Espèce de savant mélange entre Nile, Fleshgod Apocalypse ou encore les incontournables Septicflesh, Crescent est une expérience revigorante où les harpies se heurtent aux chars de course et durant lesquels les dieux eux-mêmes s’inclinent face au jugement dernier omniprésent ("The Twelfth Gate", "Through The Scars Of Horus"). Huit titres donc pour près d’une heure de remontée dans le temps épique et violente comme les heures sanglantes qui ont forgé l’une des civilisations les plus passionnantes que ce monde est connu ("Obscuring The Light"). Un véritable régal pour tout fan de death à tendance symphonique !

Alors c’est assez simple, Crescent signe un excellent second album qui ne rechigne ni d’originalité ni de talent ("Beyond The Path Of Amenti"). "The Order Of Amenti" rejoint donc les rangs de ces sorties qui ont quelque chose en plus et sur lesquelles l’oreille prend un pied non négligeable. Bref, aventures d’Astérix ou pas, mythologie égyptienne ou mythologie égyptienne sanglante, l’Egypte et son patrimoine concentrent assez de mythes, de légendes et de fables pour alimenter encore longtemps les consciences populaires. Et le tout colle magnifiquement au death bien poilé du quatuor en provenance du Caire. Pas de prise de tête donc, le Caire n’est pas un nid d’espion et pas besoin de trahir l’OSS 117 pour rejoindre l’ordre d’Amenti. Mais bon, tout ça je veux bien, mais pour finir, c’est qui Amenti ?


Rm.RCZ
Mars 2018


Conclusion
L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.facebook.com/crescentband