Le groupe
Biographie :

Crawling In Sludge est composé de Baloo (chanteur), DDave (basse), Dobey (batterie) et de Tchootch et Pierre (guitares). C'est un groupe de rock / stoner / sludge dont les influences vont de Crowbar à Entombed en passant par Down, Motörhead, Metallica, Clutch… Les membres de Crawling In Sludge bénéficient d’une solide expérience scénique. Fin 2008, une démo 5 titres est enregistrée afin de démarcher labels et concerts en 2009. En 2011, CIS décide de sortir l’album "Tarzé A Crvéa". Quatre ans plus tard, sort le deuxième album "Le Dormi Dau Munstre".

Discographie :

2009 : "Grease In Life" (Démo)
2011 : "Tarzé A Crvéa"
2015 : "Le Dormi Dau Munstre"


Les chroniques


"Le Dormi Dau Munstre"
Note : 15/20

Avec Crawling In Sludge, groupe poitevin sortant actuellement son deuxième album, il n'y a pas tromperie sur la marchandise. Formé par des anciens Inside Conflict, groupe orienté hardcore / grind auteur de deux albums au début des années 2000, CIS officie dans un sludge metal épais et corpulent dans la lignée d'un Crowbar. "Le Dormi Dau Munstre", titre curieux, pour les Français moyens, donne une indication sur la démarche artistique du groupe ; il s'exprime exclusivement en dialecte poitevin, comme Stille Volk et à moindre mesure Killers chantent en occitan.

CIS aime donc le lourd et le méchant. Il le prouve en nous assénant sept compositions mastoc et heavy. une belle capacité à écrire de compositions solides et réfléchies. L'exécution et la charge physique qu'il impose sont portées par une production impeccable. Compacte, massive et profonde, elle fait résonner l'ensemble des instruments de façon claire, avec ce qu'il faut de gras sur les manches de grattes pour appeler ça du sludge.

S'il n'invente rien du tout et si le style musical que le groupe s'est forgé est plutôt inamovible et prévisible, il sort son épingle du jeu par une inspiration véritable et une écriture logique et mature. Une tension se dégage de ces morceaux, instiguée par des mélodies de guitares amères et sombres ("Abriall De Chaer"). Les mélodies vocales de morceaux comme "9:30" ou "Le Creus De Ma Moen" donnent de la profondeur et de la vitalité aux compos. Ce dernier titre, placé en milieu d'album, est le meilleur du disque : long, habité (refrain simple mais touchant), languissant, maussade, ce titre est une réussite éclatante. Il y a un petit côté Alice In Chains dans la musique du quintette, du Alice In Chains à qui Crowbar aurait fait le coup de la savonnette... et on aimerait pas que Kirk Windstein nous le fasse.

Le chanteur surnommé Baloo a une voix se prêtant bien à un gaillard nommé d'après un ours : grave, puissante, allant parfois chercher des vocalises typiquement death metal, le frontman en impose (on imagine bien, avec une voix pareille, un colosse de deux mètres de haut pour 120 kilos). Le seul léger ennui à noter est le manque de modulation. Baloo reste dans un registre bas et monocorde, bien que juste, et après quelques morceaux (hormis les passages growlés, très convaincants et plein de conviction, et amenant du relief), on ressent une certaine lassitude. Les compositions auraient pu être plus riches si quelques variations vocales ou une approche plus basée sur le feeling (comme sur le refrain de "Le Creus De Ma Moen") avaient étés faites. C'est très clairement vers ce terrain-là que le groupe doit creuser pour marquer définitivement les esprits.

Mais la particularité de CIS, on l'a dit, est de chanter en poitevin. Si les sonorités peuvent faire sourire pour des auditeurs inacoutumés (tendez bien l'oreille, notamment sur "Le Jhour Voure", vous croirez y entendre de drôles de choses !), cela amène une certaine fraîcheur dans le metal. Ce dialecte donne même à la musique du quintette toute sa saveur : cet exotisme linguistique donne même de la force et du caractère à ces riffs massifs et carrés comme des mâchoires de rugbymen, les parties de chants gagnent en mordant et en agressivité ("I Nun"), elles ont un côté sauvage et rustique singulier (ne nous faites pas dire ce que nous n'avons pas dit, nous ne traitons pas les Poitevins de pécores, nous avons le respect de la tradition !).

CIS devrait vite sortir de l'ombre avec ce nouvel album. Court, digeste, frappant juste (la lourdeur n'est jamais exagérée et le discours ne s'étire jamais inutilement) et empreint d'une personnalité qui ne demande qu'à exploser sur de futurs albums, "Le Dormi Dau Munstre", à défaut de vous donner envie d'apprendre les langues régionales, satisfera les plus gras d'entre vous.


Man Of Shadows
Novembre 2015




"Tarzé A Crvéa"
Note : 14/20

Pour son second opus Crawling In Sludge innove. Musicalement la ligne directrice reste la même et ce n’est donc pas là qu’on trouve du neuf. Non, pour une fois la nouveauté c’est la langue. Après une démo hurlée en Anglais voici que nos Poitevins décident d’utiliser leur patois régional pour "Tarzé A Crvéa" sorti en Dévrier de cette année orné d’un artwork également issu du terroir. Un premier morceau introductif intitulé "Enferaie", dénué de paroles, tente de séduire avec quelques arrangements sonores. Un riff unique tourne en acoustique puis avec de la grosse disto. Un morceau bien sympathique mais peut-être pas tout à fait judicieux pour une entrée en matière.

On s’emballe un peu plus grâce à "3 Min" qui balance une dynamique davantage soutenue jointe à une grosse voix gutturale. "Supjhe Cojhé" et ses cordes lestées de plomb continue d’engloutir l’auditeur dans les profondeurs abyssales de la lourdeur relevé par des passages vocaux clairs comme dans le titre précédent. CIS, avant de tourner en rond, met le feu au cul du rythme avec "Le Pllat" et ça fait du bien. De retour dans l’univers tumultueux de la guitare bien portante le riff de "L’Oume Den La Tue-Vers" rappelle légèrement celui de "3 Min". Chacun saura apprécier le sympathique solo qui achève le morceau. Retrouvailles avec l’acoustique sur "La Mariène" qui est un titre totalement différent. Audacieux, il pourrait être issu d’un chant traditionnel régional et la voix de Baloo se prête plutôt bien au jeu. On arrive à "Prdéque Mégraesir" qui est probablement le meilleur titre de cette galette avec ses énormes palm mute allégés par un autre riff un peu plus entraînant. La fin approche, avec "Lés Tolls" on reste en terrain connu. Pas de grosse surprise mais c’est efficace. L’album s’achève sur "Chés Buns Mouments" et c’est la cloche qui annonce la fin de celui-ci.

Aucune réelle faute de goût sur cet album. N’ayez crainte le langage Pictavien glisse tout seul. L’enregistrement est carré mais le tout manque peut-être d’un peu de patate. On pourrait éventuellement reprocher au groupe une certaine linéarité dans les morceaux mais comme on dit par chez nous, "C’est quand même bien branlé !".


Kévin
Mai 2011


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/crawling-insludge-421125728087000