Le groupe
Biographie :

Corrosion Of Conformity est un groupe de metal américain formé en 1982, originaire de Raleigh, en Caroline du Nord. Pendant la quasi-totalité de son existence, le groupe se compose du guitariste Woody Weatherman, du bassiste Mike Dean (qui a quitté le groupe en 1987, mais qui est revenu six ans plus tard), du batteur Reed Mullin (qui a quitté le groupe en 2001 mais qui est revenu neuf ans plus tard) et du chanteur et guitariste Pepper Keenan (qui a rejoint le groupe en 1989). Après une période d'inactivité depuis 2006, Corrosion Of Conformity revient sur scène en 2010, sans Keenan, qui est à cette époque, membre du groupe Down. Corrosion of Conformity compte neuf albums studio et quatre EP. Leurs trois premiers albums, "Eye For An Eye" (1984), "Animosity" (1985) et "Blind" (1991), attirent l'attention du label Columbia Records, qui signe avec le groupe en 1993. Corrosion Of Conformity trouve le succès grâce à la parution de son quatrième album, "Deliverance", qui atteint la 155e place au Billboard 200 présentant les singles à succès "Albatross" et "Clean My Wounds". Leur album suivant "Wiseblood", paru en 1996, est également un succès et devient l'album le plus rentable de Corrosion Of Conformity aux États-Unis, atteignant la 104e place du Billboard 200.

Discographie :

1984 : "Eye For An Eye"
1985 : "Animosity"
1991 : "Blind"
1994 : "Deliverance"
1996 : "Wiseblood"
2000 : "America's Volume Dealer"
2005 : "In The Arms Of God"
2012 : "Corrosion Of Conformity"
2014 : "IX"
2018 : "No Cross No Crown"


Les chroniques


"No Cross No Crown"
Note : 16/20

Musicalement, 2017 a été une bonne année, ouverte et clôturée qu’elle fut, pour ma part, respectivement par le dernier album de Sepultura, l’excellent "Machine Messiah", et par la très bonne surprise de Cavalera Conspiracy, "Pyschosis". Et s’il y a une chose dont je suis sûr en 2018, c’est que cette année commence tout aussi bien que la précédente, avec un groupe qui décide d’ouvrir directement les hostilités dès Janvier, j’ai nommé les mythiques Corrosion Of Conformity. Et pas n’importe quel CoC ! Car après quatre années en trio, c’est l’occasion de signer avec ce "No Cross No Crown", puisque c’est son nom, le grand retour du frontman Pepper Keenan, qui n’était pas apparu sur un album du groupe depuis maintenant treize ans, pour "In The Arms of God". Autant vous dire que pour un paquet de gens, moi y compris, cette cuvée 2018 était attendue avec énormément d’impatience.

Car oui, on aura beau dire, Corrosion Of Conformity sans le (Pé)Père Keenan, ce n’est pas vraiment du Corrosion Of Conformity. C’est très bon, j’en conviens, mais on sent qu’il manque un truc. D’ailleurs, les deux albums que le groupe a sorti en son absence, les biens nommés "Corrosion Of Conformity" et "IX" pour lesquels Mike Dean avait repris le micro en plus de la basse comme au bon vieux temps d’"Animosity", étaient vraiment réussis. Différents, mais réussis. Mais différents… Pendant ce temps, l’ami Pepper était lui occupé chez Down, pour la sortie d’"Over The Under", des deux EPs "Down IV" Part 1&2¸ et par les tournées qui accompagnèrent le tout. Peu de temps au milieu de tout ça pour se consacrer à son groupe d’origine. Certes, notre cher guitariste-chanteur n’est pas un membre d’origine du groupe, mais il est celui qui lui a offert ses plus grandes heures de gloire, en 1994 et 1996, avec "Deliverance" et "Wiseblood". Et le bonhomme se rattrape cette année et nous offre, pour s’excuser de son absence, un "No Cross No Crown" de grande qualité !

L’album avait été teasé fin 2017 avec les titres "Cast The First Stone" et "Wolf Named Crow" et, croyez-moi, j’étais séduit. Plus que ça, même ! Conquis ! Mais j’avais tiré des leçons de mes erreurs de l’année : en annonce, les singles de Powerflo et Prophets Of Rage m’avaient fait saliver d’impatience, avant que leurs albums respectifs ne me fassent tomber de très haut. Quelles déceptions ! Alors, cette fois, j’avais décidé d’être prudent et d’attendre. Les gaillards de Corrosion Of Conformity allaient-ils eux aussi nous tendre le piège des singles alléchants et de l’album décevant ? Ne laissons pas traîner le suspens indéfiniment : non, il ne s’agit pas d’un piège, "No Cross No Crown" est dans son intégralité un très bon album ! Pas parfait, évidemment, mais vraiment très bon ! Et putain, ça fait du bien d’entendre à nouveau le chant de Pepper Keenan habiller les riffs toujours puissants du groupe !

Sur la forme, "No Cross No Crown" adopte un format déjà en place sur leur disque culte, Deliverance, à savoir une alternance entre des "vrais" morceaux et de courts interludes instrumentaux. Certes, cela donne l’impression de réduire le nombre de pistes réelles, plus longues et avec du chant, mais cette technique permet d’insuffler à l’album une vraie ambiance, une homogénéité. Ces petites transitions offrent en plus une bonne occasion de souffler entre les morceaux, intenses et énergiques, de fermer les yeux en se laissant aller, transporté par la mélodie aux sonorités western d’un "No Cross", par exemple, ou les arpèges presque country de "Matre’s Diem". Avant bien sûr de se reprendre de plein fouet la piste suivante qui, comme tout bon morceau de CoC, sent bon le rock du Sud, le stoner et le sludge, la gomme brûlée sur l’asphalte, la sueur, la bière. Pas de doute, c’est bien du Corrosion Of Conformity qu’on est en train d’écouter !

Et aucun morceau de ce "No Cross No Crown" ne s’éloigne de cette sensation. Les riffs sont tous aussi bons, les guitares sonnent toujours aussi bien, Monsieur Woody Weatherman envoyant magistralement de la wah-wah sur chaque solo ou à chaque occasion qui se présente, invitant aux plus beaux levers de manches sur scène, où on imagine aisément l’énergie et la moiteur qui se dégagent lors de concerts endiablés dans de petites salles, mieux à même de retranscrire l’intensité de la musique de nos chers Californiens. Et le phrasé et les gueulantes de Pepper Keenan, avec ce timbre si caractéristique du bonhomme et qu’on identifie sans mal, ajoutent encore à cet aspect southern qui fait tout le charme d’un morceau de Corrosion Of Conformity. Et si "Wolf Named Crow" et "Cast The First Stone" ont été de parfaites vitrines à ce que l’album entier pouvait être, nous en dévoilant juste assez pour en vouloir plus sans trop le spoiler, et en ne nous promettant pas plus ce qu’il a à offrir, les autres pistes ne sont pas pour autant en reste et ont de quoi nous en mettre plein les esgourdes pendant près d’une heure !

"The Luddite" par exemple, morceau post-intro de l’album, nous met directement dans le bain (une fois passé un "Novus Deus", justement… passable). Reed Mullin, lui aussi revenu au bercail après une longue absence, frappe lourd et cogne sec sur sa batterie, et la basse de Mike Dean vient parfaitement souligner les lignes de guitares pour des riffs qui sentent bon le sludge comme on l’aime. Dans la même veine, on trouve aussi l’excellent "Forgive Me", qui se pose après plusieurs écoutes comme une de mes pistes préférées de l’album : puissante, elle invite par son groove à un headbanging si effréné qu’il m’en ferait regretter mes cheveux longs ! Le morceau se paye même le luxe d’un pont aux influences très heavy qui se marie parfaitement avec tout le reste ! Mais n’oublions pas que Corrosion Of Conformity, c’est avant tout une majorité de plans et de titres mid-tempo, lourds et plus envoûtants, qui côtoient sans problème leurs morceaux les plus rock : "Cleanse My Wounds" et " Albatross" sur "Deliverance", "Born Again For The Last Time" et "Man Or Ash" sur "Wiseblood". Et leur dernier album ne fait pas exception.

La preuve ? Il suffit d’écouter "Little Man", "E.L.M.", ou surtout "Old Disaster", qui se pose en véritable référence en la matière sur ce "No Cross No Crown", avec son riff d’intro qui donne envie de taper du poing, du pied, bref de marteler en rythme tout ce qui nous passe sous la main. C’est un vrai bonheur, un vrai plaisir, de suivre ces plans lents, sombres, gras, qui nous rappellent que ce n’est pas sans raison que Pepper Keenan et son groupe sont associés presque automatiquement à des noms tels que Down¸ Phil Anselmo, Kirk Windstein, Eyehategod, ou Crowbar. Tout ce beau monde partage la même passion et le même amour pour ces sonorités… pour notre plus grand plaisir ! Que reste-t-il alors à présenter de l’album ? "Nothing Left To Say" et "A Quest To Believe", tous deux sonnant très doom, plus lents et sombres encore que les titres précédemment cités, et ce qu’on pourrait appeler les "aliens" du disque : "Son And Daughter" et… "No Cross No Crown". Un choix étrange pour le titre éponyme, qu’on aurait imaginé plus abordable, plus caractéristique du reste de l’album.

Toujours est-il que du plus rock au plus psychédélique, du plus court au plus long, du plus pêchu au plus calme, aucun des morceaux composant ce "No Cross No Crown" n’est mauvais. Aucun. Au contraire, les titres sont même plutôt excellents pour la très grande majorité, et on prend autant de plaisir à se déchaîner sur un "Forgive Me" endiablé qu’à planer les yeux fermés en écoutant "Sacred Isolation". Un retour réussi donc, pour Pepper Keenan, et un Corrosion Of Conformity qui frappe fort dès le début 2018, les vétérans annonçant, forts de leur statut, qu’il va falloir cravacher dur et transpirer à grosses gouttes pour rivaliser avec eux et leur dérober leur couronne cette année.


Nico
Février 2018




"IX"
Note : 17/20

Année florissante pour la scène new-orléannaise, Corrosion Of Conformity suit les pas de ses petits camarades, Eyehategod et Crowbar ayant chacun sorti leur nouvelle pépite à peine quelques semaines auparavant. Opérant en tant que chanteur / guitariste du groupe depuis le succès "Delivrance", les COC doivent faire depuis 2006 sans Pepper Keenan, le petit frère Down demandant trop d’attention à son guitariste attitré, surtout depuis l'affaire Windstein. C'est après une pause de quatre ans que le line-up d’"Animosity" (1985) décide de réenclencher la machine. En trio, Mike Dean, Woody Weatherman et Reed Mullin retournent sur les bancs d'école pour nous concocter l’album éponyme sorti en 2012, suivi de "Megalodon" en EP digital transitoire puis récemment, l'album "IX" sur Candelight Records en logique neuvième opus du groupe.

Avec un lancement sur "Brand New Sleep", on ne peut s'empecher de penser au grain d'un "NOLA" (1995 - Down) de bonne famille ultra teinté. Les cordes de guitare sont menées d'une main ferme, le riff se veut épais tout en conservant son écorce groovy stoner. Quelques envolées de gammes pour un rendu vaporeux puis c'est du riff à en revendre qui trace sa route pendant près de 6:00 agrémenté de solos psychédéliques tirés vers le jam. En terme de titre phare, l'entrainante "Elphyn" n'a pas grand chose a envier à ses prédecesseurs "Albatross" ou "Clean My wounds" ayant fait mouche quelques années auparavant. Du pachydermique aux couleurs 70's nous renvoie, rien d'étonnant, aux influences Sabbathiennes qui s'accaparent l'ensemble des titres les plus orientés stoner de l'album. "Kill Denmark Versey" accélère le tempo, prenant le chemin d'un "punk / hardcore" version COC à l'ancienne, tandis que le thrash de Slayer renaît explicitement dans la compo de "Tarquinius Superbus" où Dean mixe sa voix coquette réverbérée à un vigoureux timbre rocailleux. Interlude musical de 1:00 pour détendre l'atmosphère à mi-parcours, c'est sur les riffs excités de "On Your Way" que reprend l'allure avec du solo grinçant à en pleuvoir. "Trucker" agit en morceau bouffée d'air pur, la composition est aérienne, la basse claque sous les doigts. Puis le grain made in Corrosion qu'on lui connaît bien se repointe, guidé par les vocaux de Dean, que l'on aurait pour le coup bien troqués pour un ton Keenanien plus atypique, mais qui n'enlève rien à la qualité de son interprète actuel. Que celui qui n'a pas pensé à un "Paranoid" (Black Sabbath) en bonne et due forme ne serait-ce qu'en percevant les premières notes de "The Hanged Man" lève la main ! Hommage chapeau bas ou influences assumées, c'est indéniablement sur ce titre que l'on fait un bond d'un demi-siècle en arrière. "Who You Need To Blame" suit la veine du old school à pattes d'eph tandis que "The Nectar Reprised" préfère se prélasser dans 1.20 d'un final plus poisseux.

Nerveux / ambiant, thrashy / psyché, lourd / cosmique, whisky / pétard, dans "IX", c'est deux ambiances qui se répondent constamment, les Corrosion Of Conformity variant entre leurs premiers amours et leurs amants plus modernes. Tout effet de séparation est pourtant écarté, les titres organisés de sorte à créer une cohérence bien étudiée. Un régal pour les feuilles. Malgré des rumeurs d'une possible recollaboration avec leur confrère à la barbe dorée, le trio Dean / Weatherman / Mullin semble pour le moment se porter à ravir.


Angie
Septembre 2014




"Corrosion Of Conformity"
Note : 16/20

Le groupe de sludge américain maintenant actif depuis 20 ans sort en cette fin de mois son nouvel album au titre éponyme "Corrosion Of Conformity", huitième du nom. Et le petit joyau tant attendu fera parti des mieux accueillis par la presse musicale et pour cause ; tirant davantage sur des atmosphères space rock, on saluera le retour aux ambiances seventies où les riffs bluesy sont plus que mis à l’honneur (cf. "The Doom"). Les guitares dépravées de Woody mises allègrement au premier plan dans des phrasés hypnotiques répétitifs révoquent les premiers Black Sabbath, alliant des passages bien plus énervés aux coups de batterie de Reed Mullin marquant son grand retour qui ne sont pas sans rappeler les débuts punk / hardcore du groupe, débouchant ainsi sur un délire plus stoner rock faisant tout le charme de ce nouvel opus aux mélanges foudroyants. Là où l’étonnement est à son comble, c’est que l’enregistrement se fera pour la première fois sous forme de trio, faisant l’impasse sur les compétences vocale du leader fondateur du groupe Pepper Keenan dont les projets annexes ne permettront pas la présence. C’est donc Mike Dean armé de sa quatre cordes et de son micro qui alliera dignement chant clair plaintif et variations criées plus abruptes à la place de son prédécesseur. Tempos accélérés puis ralentis, la recherche musicale s’est faite sans équivoque depuis "In The Arms Of God" marquant le début de sept longues années d’absence. Les trois musiciens de C.O.C. prouvent aujourd'hui qu’ils ont su rester fidèles à leur patte musicale, celle qui à su les projeter jusqu’à présent sur les rangs des groupes les plus influents de sa catégorie.


Angie
Mars 2012


Conclusion
Le site officiel : www.coc.com