Découvert à l'époque de "Tormented Belief", Corpus Christii fait bizarrement partie des groupes que j'ai laissés de côté pendant pas mal d'années et ce, sans jamais vraiment me l'expliquer... Toujours est-il qu'avoir la chance de chroniquer leur nouvel album "PaleMoon" a permis à certains bons souvenirs de refaire surface, remotivant votre humble serviteur pour une chronique endiablée !!! En effet, il a dû s'en passer des choses depuis 2003... Et même pour ceux qui sont à jour dans leur culture lusitanienne, les 4 années qui séparent ce nouvel album de "Luciferian Frequencies" ne sont pas anodines !!! Alors, célébrerons-nous d'heureuses retrouvailles ou vais-je une nouvelle fois me détourner de Corpus Christii ??? Réponses dans ces lignes qui sentent déjà le souffre...

Tout commence avec le titre "Far Beyond The Light", et autant le dire tout de suite, de gros progrès ont été fait au niveau du son !!! C'est "raw" autant que puissant, les guitares sont glaciales et incisives, et la batterie agit telle une division de blindés à l'assaut de nos tympans... Tout ce qu'il faut pour mettre en valeur un black metal sans concession, certes primaire dans sa forme, mais aussi et surtout pur dans son son !!! Le riff principal est, il faut le reconnaître, un peu répétitif et le titre atteint assez vite sa vitesse de croisière, mais ce côté lancinant parvient petit à petit à plonger l'auditeur dans les ténèbres, et le lead mélodique final vous transpercera le cœur de manière indicible et vous laissera sans voix... Ce petit plus qui transforme un morceau plutôt moyen en excellente entrée en matière !!! Voilà en tout cas Corpus Christii prêt à frapper là où je ne les attendais pas, ce qui augure de très bonnes choses pour la suite de l'album...

Place maintenant à "Under Beastcraft" au riff d'intro des plus efficaces et 100% black metal !!! L'énergie est déjà clairement communicative, mais à l'arrivée de ce fameux riff old school et groovy, c'est la folie et je ne maîtrise plus mon corps : j'ai envie de tout détruire sur mon passage !!! Et que dire de ce chant écorché, torturé ou tout simplement damné, mais en tout cas, pas totalement saturé ??? Un peu à l'image d'Endezzma peut-être... D'ailleurs, musicalement, on est très proche de la scène norvégienne, quelque part entre Endezzma, justement, et Urgehal, c'est pour vous dire la qualité des références !!! Le genre de morceau qui file tout droit sans se poser de question, tel un rouleau compresseur qui ne peut que mettre tout le monde d'accord... Sur scène, ça doit être une sacrée tarte à travers la tête, moi je vous le dis !!! En tout cas, voilà qui confirme les premières bonnes impressions laissées par le premier titre...

S’ensuit le classique mais possédé "The Great Death", littéralement ensorcelant, encore une fois grâce à un chant parfaitement dérangé !!! Le rythme est soutenu, et le refrain est tout simplement dantesque, n'offrant aucun répit à nos cervicales... Le pied, car voilà encore un morceau composé avec le cœur et interprété avec les tripes !!! Plus sincère comme démarche, je ne connais pas, et toute cette bonne volonté des Portugais fait vite oublier leurs influences évidentes... Même constat avec le titre "Eternal Bliss", plutôt orienté mid-tempo, mais aussi étonnamment envoûtant !!! Ces riffs froids comme le blizzard, ces accords teintés de mélancolie tourmenteront votre âme jusqu'à l'agonie... Bref, cette tristesse latente, que l'on ressentira clairement dans le lead mélodique final, vous glacera le sang et vous emportera aux travers d'abysses sans fond !!! Un voyage sans fin aussi solitaire qu'inéluctable... Malgré tout d'une beauté sans nom !!!

Retour à une rythmique fracassante avec "Last Eclipse", encore une fois sans compromis aucun, old school et diablement efficace... Quelques dissonances pour instaurer un climat quelque peu dérangeant, et surtout un nouveau riff groovy pour ce frisson cataclysmique qui vous transfigurera tous en bêtes sauvages prêtes à tout annihiler !!! "Being", lui, est un petit interlude d'à peine plus d'1 min 30, malicieusement malsain et amenant délicatement au rageur "Night Of Flamming Hatred" avec ses relents putrides de black / thrash metal de haute volée, me rappelant le groupe encore méconnu qu'est Orkan, encore issu de la scène norvégienne... Ce titre va droit au but et n'en a cure des dommages collatéraux !!! Avec de telles armes, Corpus Christii ravage votre enveloppe mortelle comme le napalm lèche la chaire vietcong... Ce "PaleMoon" frappe décidément très fort, et n'espérez pas voir votre âme épargnée !!!

Encore un titre assez direct avec "From Darkness To Total Blackness" : chant halluciné, double grosse caisse agissant tel un marteau-piqueur... Efficace, certes, bien qu'un peu moins enthousiasmant car plus classique et donc quelque peu convenu !!! Le riff mid-tempo au milieu du morceau est pourtant de très bonne facture, faisant la part belle aux excellentes lignes de basse... Mais heureusement, après cette petite baisse de régime, Corpus Christii enchaîne avec l'excellent "Livid Night", titre qui vous damnera pour l'éternité, soyez-en sûrs !!! Le genre de morceau qui aurait pu être écrit par Satan lui-même : non mais écoutez moi ce putain de lead mélodique !!! Il vient d'outre-tombe pour vous hanter à travers l'espace et le temps, pour les siècles des siècles... Préparez-vous dès maintenant, vous ne vous en remettrez pas si facilement, car ce titre est tout simplement... miraculeux !!!

Ce "PaleMoon" va maintenant se conclure avec un "Carving A Light In Me" d'une grande noirceur... Peut-être plus sobre que ses prédécesseurs, mais parfait pour terminer un album, laissant l'auditeur sur un sentiment de profonde détresse !!! Ainsi, malgré son côté black metal traditionnel indéniable et ses racines norvégiennes, le combo portugais nous offre avec dévouement une pièce maîtresse de l'art noir, véritable pierre angulaire d'un style que finalement peu de groupes parviennent à pratiquer avec brio... Même avec ses quelques faiblesses, ce nouvel album de Corpus Christii peut définitivement leur ouvrir les portes du panthéon du black metal, ou en tout cas, celles de l'élite mondiale !!! Bien sûr, au milieu d'influences ou de références toutes plus illustres les unes que les autres, la patte du groupe reste encore difficilement identifiable, mais la sincérité de sa démarche, l’efficacité de son exécution, et la puissance évocatrice de son chant font de cet album un incontournable... En tout cas, je n'ai maintenant plus aucune raison de bouder Corpus Christii : pourvu que ça dure !!!

"Luciferian Frequencies"
Note : 14/20

Voilà le retour de Corpus Christii avec cette fois un véritable nouvel album, "Luciferian Frequencies" après un EP sorti en 2008 et à côté duquel je suis passé. Mine de rien ça commençait à faire long et je me demandais ce que devenait le groupe, ça doit être le soleil Portugais qui comme le disaient les membres de Moonspell pousse plus à la farniente qu’autre chose.

Bon apparemment le soleil en question s’est fait la malle pendant la composition et l’enregistrement de l’album, bah oui c’est du black quand même donc la bronzette c’est pas ici. Le groupe nous balance des glaviots dans la tronche depuis 13 ans, donc il ne faut pas s’attendre à un revirement de situation. Et c’est ce qui va peut-être poser un petit problème à ceux qui les suivent depuis leurs débuts, on les reconnaît tout de suite et peut-être même un peu trop en fait. C’est du bon black 100% pure tradition qu’on ne se méprenne pas là dessus, seulement "Rising" est sorti en 2007 et ce "Luciferian Frequencies" tout aussi bon qu’ils est ne présente rien de plus.

Alors on va me répondre que si on veut de l’originalité on ne tape pas dans le black, certes mais certains vont sûrement se demander pourquoi investir dans un album très très proche du précédent. Bon là comme dirait l’autre c’est vous qui voyez, il y en a qui ont essayé ils ont eu des problèmes. Ce point mis à part il faut reconnaître que le boulot est quand même sacrément bien fait, c’est du pur et dur et ça fracasse tout en étant bien malsain. Niveau intégrité c’est clair qu’il n’y en a pas des masses qui vont aller les chatouiller, on a affaire à des vrais et ça s’entend tout de suite. Pour ceux qui en douteraient il suffit d’entendre le hurleur en chef s’égosiller à longueur d’albums, avec sa voix totalement arrachée et bien haineuse comme il faut.

Pour le reste les guitares tranchantes et speed sont toujours là, le batteur tape des blasts de furieux régulièrement et vous atomise la tronche au passage. Le son est crade comme le veut la tradition sans être inaudible, même si cela suffira amplement à faire fuir les non initiés qui s’empresseront de vous jeter de l’eau bénite à la gueule. On retrouve aussi ces quelques chœurs "religieux" glissés de temps en temps au milieu des morceaux, ils font toujours leur petit effet d’ailleurs. D’ailleurs l’avantage de ce genre de groupes c’est qu’entre les titres des albums, ceux des morceaux, l’artwork et la musique on n’a pas besoin de se gratter la tête pendant vingt plombes pour savoir de quoi ça parle. C’est du satan metal dans toute sa splendeur, et il n’y aucun moyen de se tromper sur la marchandise.

Donc comme je le disais l’album est bon il n’y a pas de problème là dessus, après si vous avez déjà toute la disco et d’autres albums du même genre il sera peut-être plus judicieux d’y jeter une oreille avant l’achat. Personnellement ça ne me dérange pas plus que ça et les die hard du black sauteront dessus, pour les autres la forte proximité avec "Rising" risque de coincer si vous avez déjà cet album. Si par contre vous n’avez pas encore chopé le précédent et que vous aimez le genre vous pouvez foncer sur celui-ci c’est du tout bon, le tout est de savoir où sont vos priorités en matière d’achats.

Murderworks Août 2011