Le groupe
Biographie :

Corpsessed est un groupe de death metal finlandais formé en 2007 et actuellement composé de : Jussi-Pekka Manner (batterie / Lie In Ruins, ex-BeDimmed), Jyri Lustig (guitare / ex-The Coven, ex-Cardinals Folly), Matti Mäkelä (chant, guitare / Profetus, Tyranny, ex-Wormphlegm, ex-BeDimmed), Niko Matilainen (chant) et Tuomas Kulmala (basse / Lie In Ruins, Perdition Winds, Supreme Court). Corpsessed sort son premier album, "Abysmal Thresholds", en Février 2014 chez Dark Descent Records, suivi de "Impetus Of Death" en Novembre 2018 et de "Succumb To Rot" en Avril 2022.

Discographie :

2011 : "The Dagger & The Chalice" (EP)
2012 : "Corpsessed" (EP)
2014 : "Abysmal Thresholds"
2018 : "Impetus Of Death"
2019 : "Beyond Abysmal Thresholds" (Remix)
2022 : "Succumb To Rot"


Les chroniques


"Succumb To Rot"
Note : 18/20

Corpsessed fait partie de ces formations qui savent comment qu’on fait pour créer le malaise avec des riffs malsains et dérangeants. Ces Finlandais, comme tout Finlandais qui fait du death metal, connaissent la recette du gloubi boulga sonore intense, cette sorte de bouillie délicieuse de fréquences maléfiques qui suscitent immédiatement, dès les premières notes, des images macabres, ténébreuses et malsaines. Avec ce quatrième album, la folle équipe active depuis 2011 ressuscite les grands noms de cette scène qui a toujours réussi à surprendre par une approche singulière, un autre son que ses voisins, les Suédois. Funebre, Demilich, Convulse, Interment, Cartilage, Adramelech, Demigod ont engendré un son qui s’est porté naturellement vers la lourdeur, le climat suffocant, la pesanteur, alors que les forations frontalières s’engageaient progressivement vers des penchants plus mélodiques. "Succumb To Rot" porte bien son nom car à l’écoute des huit tracks qui jalonnent l’album, il est certain que l’on va succomber à la pourriture de ce son qui colle à la peau, tel un liquide visqueux d’origine inconnue qui suinte au travers de vieilles pierres au fin fond d’une catacombe dont peu d’individus on pu revenir. Soyez prêts à tenter une expérience douteuse, un périple dans la noirceur et l’oppression.

Dès les premières notes, une nappe discrète malfaisante laisse place à trois coups de chinas qui présentent d’une manière aussi efficace que primitive un riff de guitare lancinant qui porte en lui tous les stigmates d’une présence occulte et malveillante, bienvenue dans le périple court et intense proposé par Corpsessed. Tout en colportant l’ADN death-métallique de son pays, Le quintette rend hommage aux grands noms du death américain, mais pas n’importe lequel, pas le death crossover et thrashy, pas le death qui mise sur le groove et les riffs qui font bouger la tête d’avant en arrière, non, là, il est question de death poisseux et dérangeant, noyé dans un son massif, dans la pure tradition des Incantation, Disma et consorts. Alternant de multiples ambiances, des moments lourds, d’autres extrêmement virulents, des passages grinds, Corpsessed maintient les curseurs dans le rouge avec un metal qui rase tout sur son passage, avec son lot de riffing à fond de blast beat, le groupe se retourne alors pour constater les dégâts, moments symbolisés par des passages mélodiques autopsiens.

La précision côtoie la saleté, le drumming distribue ses patterns avec un bon sens qui fait mouche, qu’est ce que c’est bon d’entendre une ride soutenue par un tapis de double avec cette caisse claire qui tombe avec le même impact qu’une tête qui frappe le sol après l’action de la lame d’une guillotine ! Les passages atmosphériques dégagent une noirceur sans précédent, le son s’impose dans un mix très brumeux mais pourtant limpide à l’écoute. Quelques moments laissent le chant de côté pour lui laisser le moment de réapparaitre, créant de cette manière des relances impeccables. Parlons-en de ce chant, tourmenté, guttural et profond, comme si celui-ci s’échappait du lointain d’une caverne dont le sol serait recouvert d’ossements fêlés, blanchis par les affres du temps, l’antre d’une bête qui n’a plus grand-chose d’humain. "Succumb To Rot" n’est que tourment et malaise. Le story telling des compositions est hyper bien foutu, mention spéciale au batteur qui ajoute, par des breaks subtils, des cassures intelligentes et un engagement implacable, une puissance constante tout en préservant une variété de sonorités qui s’imposent avec beaucoup d’aplomb. Le riffing des guitares, appuyé par une basse profonde et grommeleuse, maintient une intensité qui se fracture lors d’ajouts plus mélodiques, des entrelacs subtils mais perfides qui plongent l’auditeur dans un pessimisme et une crasse immonde.

Corpsessed réussit une fois de plus à composer un album oppressant, suffocant, suintant le vice et le mal à chaque riff. Brut de décoffrage mais paradoxalement nuancé, "Succumb To Rot" est un hommage à la pourriture, une sorte d’Autopsy moderne qui s’est nourri des influences les plus occultes. Maculé de la crasse la plus tenace, cet album est un voyage de trente-six minutes dans les méandres de la folie, s’approchant à chaque fois plus près de la limite interdite. Un disque à ne pas mettre entre toutes les oreilles, par contre, si vous voulez tenter une expérience sensationnelle, à vos risques et périls, ou que vous soyez amateurs de musique qui évoque les images les plus immondes que votre imagination puisse engendrer, il n’y a pas mieux que le dernier Corpsessed. Le pire dans l’histoire, et je me demande si ce n’est pas ça le truc le plus douteux au final, c’est que j’ai comme l’impression que les musiciens de cette formation à haut potentiel créatif baignant dans le glauque et l’insalubre sont capables de délivrer ce genre de son avec une facilité déconcertante, il faudrait songer à les enfermer. "T’es pas net, Baptiste !".


Trrha'l
Avril 2023




"Impetus Of Death"
Note : 15,5/20

Depuis 2014 et quelques changements de projets chez certains membres du groupe, nous avons droit à une nouvelle pépite de Corpsessed, "Impetus Of Death". Beaucoup plus doom que son prédécesseur, on pourrait même croire à une ambiance furieuse à la Mad Max. Comme nous le suggère ce monstre-machine en plein désert.

L’album est certes très bon dans son ensemble, mais je retiendrai dans un premier temps deux titres : "Impetus Of The Dead" et "Starless Event Horizon". Une atmosphère inquiétante se met en place, puis des riffs graves s'amplifient pour terminer dans un brouhaha machinesque. Le chant demeure pesant et malsain, comme si on sentait une monstruosité nous arriver sur la gueule. On se retrouve ensuite en plein désert, on est perdu au milieu de ces grattes incessantes, presque étourdis par ces blast beats ininterrompus. On se laisse virevolter dans cette tempête aride. On peut percevoir aussi plusieurs ondes vrombissantes de doom. "Sortilege" dévoile une batterie sonnant comme un tambour, englobée par un côté brutal death. La voix nous enlourdit de plus en plus. On retrouvera ces mêmes idées quelques titres plus tard, mais la sauce ne prend pas.

N’oubliez pas de jeter une oreille également à "Begetter Of Doom", fusion incroyable de brutal death et de doom, qui tournera vite à la bestialité. Les mélodies majeures y sont crissantes. Néanmoins, je ne mettrai pas "Impetus Of Death" en haut du classement de mes albums préférés du genre. Parfois la musique y est trop fouillis dans une masse difforme à l’ambiance industrielle. Et la violence y est assez constante dans deux-trois titres.

Cependant, je vous recommande chaudement d’écouter cet album disponible sur le Bandcamp de Dark Descent Records et de vous déplacer voir le groupe, si l’occasion se présente.


Pierre
Février 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/corpsessed