Les Français de Conscience nous amènent leur troisième album, "In The Solace Of Harm's Way", et continuent sur la lancée d'une musique progressive aux airs plus rock que metal. Une bonne cinquantaine de minutes pour un nouveau voyage musical qui promet d'être intéressant.

C'est la première partie du morceau-titre qui est divisé en quatre parties disséminées tout au long de l'album qui ouvre ce dernier avec des ambiances très cinématographiques et des ambiances déjà prenantes en guise d'intro. On retrouve d'ailleurs en fin d'album les quatre parties réunies en une seule piste pour ceux qui voudraient les écouter d'une traite. C'est donc "At Night" qui lance vraiment les choses sérieuses avec un morceau très mélodique et mélancolique et orienté prog rock. Quelques petites sonorités peuvent même rappeller Muse par moments et le métalleux pur et dur sera donc horrifié d'entendre une musique aussi accrocheuse et mélodique là où l'amateur de prog se régalera. Il y a un vrai talent de composition là-dedans qui fait que même si l'aspect technique du progressif n'hésite pas à se faire entendre, le groupe arrive toujours à accrocher l'oreille et ne part jamais dans l'excès démonstratif. Quelques riffs plus gros et puissants viennent pointer le bout de leurs accords et mettent par conséquent une pointe de metal dans tout ça, comme sur "There Aren't Many Nightmares" qui prend pour le coup des allures de metal prog. On y entend même quelques cris et ce petit surplus de patate permet de dynamiser l'album et de varier les ambiances, une bonne idée d'autant que Conscience garde une cohérence à toute épreuve malgré les diverses influences utilisées. Les morceaux les plus longs montrent évidemment des compositions à tiroirs toujours très bien construites et Conscience sait clairement où il va. Le chant m'a rappelé plus d'une fois Vanden Plas et le groupe fait clairement la part belle aux émotions et au feeling.

On sent le concept album et les ambiances sont systématiquement évocatrices, surtout sur les quatre parties du morceau-titre à tendance orchestrale et cinématographique. Tout ça fait que malgré une durée relativement longue, "In The Solace Of Harm's Way" passe comme une lettre à la poste sans jamais lasser ni se répéter. Les effets dramatiques se croisent avec des riffs puissants ou plus rock, des mélodies mélancoliques et un chant toujours judicieusement placé. L'exercice de l'album concept n'est jamais simple mais Conscience relève le défi avec brio et délivre un troisième album riche, accrocheur et varié avec des émotions bien présentes. La technique est utilisée avec parcimonie et la musique du groupe, malgré sa richesse, reste assez directe et choisit de frapper au cœur plus qu'au visage. Comme je le disais, cela risque de déstabiliser ceux qui recherchent de l'énergie et de la puissance puisque la mélodie est maîtresse ici, n'hésitant pas à flirter avec de légère sonorités pop de temps en temps avec des lignes de chant très accrocheuses. Rien qui puisse choquer un amateur de rock prog par contre, surtout que la qualité d'écriture et une cohérence incontestable font de "In The Solace Of Harm's Way" un album très solide et qui s'écoute facilement. Pour autant, la richesse de l'ensemble fait que l'on n'hésitera pas à y revenir pour y découvrir des choses qui nous auront sûrement échappées aux premières écoutes. La production enrobe le tout d'un son clair, puissant et propre qui colle très bien au style pratiqué et qui ne tombe pas dans le piège du synthétique à outrance très répandu en ce moment.

Un troisième album ambitieux, riche, varié, mélodique et accrocheur qui parlera sans problèmes aux amateurs de rock prog à tendance moderne et qui développe de bien belles ambiances. En dehors du fait que les métalleux risquent de trouver ça trop soft, il n'y a rien qui vous retient d'aller jeter une oreille attentive à "In The Solace Of Harm's Way".