"Misère De Poussière"
Note : 18/20
Conjonctive frappe à nouveau en 2024. Après une longue période de silence, le groupe
suisse mené par Sonia (chant), Randy (chant, Voice Of Ruin), Yannick (guitare), Raph
(guitare) et Guido (batterie) a terminé de travailler sur "Misère De Poussière", son troisième
album.
Je découvre pour ma part le groupe avec "Il Pleut Sur Les Cendres", un premier morceau
assez sombre mais également très violent qui tire profit de la diversité entre les deux
vocalistes pour créer un échange sous la rythmique puissante. Les racines deathcore sont
parfaitement exploitées pour créer un mélange accrocheur et parfois très lourd qui se
propage à "Summer Hunt" après un moment de dissonance entêtante tout en piochant dans
ses influences hardcore pour placer des passages bruts. L’alternance énergique est
certaine de faire mouche en live, tout comme le groove oppressant que l’on retrouve sur
"Misère De Poussière", titre éponyme explosif et étouffant qui nous frappe en continu sans
ménagement. Le chant en français renforce la noirceur évidente sans renier la force des riffs
saccadés que l’on retrouve également sur "Ombre Et Ordure", où le groupe dévoile quelques
infrabasses particulièrement efficaces pour nous faire remuer avant des moments
ténébreux.
On enchaîne sans attendre avec la courte "Dying Melody" qui frappe dès ses
premiers instants avec toute la rage possible, tardant à intégrer les harmoniques entêtantes
avant de les multiplier sur "Minuit", entre les épaisses vagues de riffs remuants. Quelques
traces de chant clair apparaissent pour créer un effet horrifique, mais le son devient plus
accessible avec "Décembre Noir", osant même les teintes prog sur l’introduction avant de
lâcher la déferlante à toute allure. Le growl de Randy est mis à l’honneur sur "Un Dimanche
Sanglant", répondant au scream sauvage de Sonia que ce soit dans les moments de fureur
ravageuse ou les courts moments de quiétude enivrante qui séparent les éruptions, puis on
se retrouve projetés sur "Nocturnal Terror", une composition qui joue également beaucoup sur
les changements de rythmes, mais qui passe elle aussi assez vite. Le dernier assaut
s’appelle "Au Royaume Des Ombres", et il marque la fin de l’album avec une pesanteur
intense, que ce soit au niveau du chant ou de l’instrumentale, torturée entre les deux univers
du groupe.
Conjonctive réussit son retour avec un album surpuissant, qui fait autant la part belle au
deathcore qu’à ses influences sombres. L’alternance anglais / français fait de "Misère De Poussière" un album assez varié mais imposant.
"Until The Whole World Dies..."
Note : 14/20
Conjonctive est un groupe suisse qui se définit lui-même comme un groupe de "blackened deathcore." L'originalité ne s'arrête pas là puisqu'on y trouve même une deuxième (ou première) voix, féminine, qui apporte un véritable plus. Il s'agit là de leur premier véritable album, après deux EPs.
Côté prod', l'affiche est plutôt jolie, assez sombre mais bien dessinée et agrémentée de charmantes nuances cuivrées qui mettent bien en valeur le motif. Au niveau de l'enregistrement, rien à redire, c'est très bien, ça sonne pro, R.A.S.
Pour ce qui est de la musique, cet album commence avec ce que je déteste le plus : une intro ! Je veux dire, une vraie intro, qui ne sert pas à grand chose. Mais passons, beaucoup d'albums sont dans la même situation… On entre tout de même dans le vif du sujet dès la seconde chanson, dont le titre sera magnifiquement hurlé par cette voix féminine qui, ne nous le cachons pas, y est pour beaucoup dans le charme de cet album. Il comporte même un titre en français, "Inceste Indigeste", qui malheureusement risque de nous faire penser à Eths (avec tout le respect que je dois à ce groupe qui a bercé mon adolescence), certes mélangé à Lofofora et sans ce côté "musique d'ados", mais j'avoue que c'est assez spécial, on appréciera ou pas. D'une manière générale, les titres évoluent dans un univers sombre, la musique n'est ni rapide, ni ultra violente, mais elle diffuse une atmosphère lugubre vraiment appréciable. Le son sonne parfois heavy, pesant (dans le bon sens du terme). La voix masculine apporte aussi, grâce à ses vomissements gutturaux et ses pig squeals, elle reste bien présente durant tout l'album (le début de "Pray For Redemption" la met très bien en valeur).
En fait, ce qui manque à cet album, c'est peut-être un peu de dynamisme (qui se ressent en live), mais qui, sûrement voulu, fera pourtant des adeptes. Personnellement, j'aimerais parfois un peu plus de double pédale, un peu plus de gros riffs dégueux qui tabassent et qui donnent envie de se foutre sur la gueule, pas juste de headbanger lentement. Du coup, et c'est bien dommage, on a du mal à retrouver certaines influences du groupe, bien plus violentes que celui-ci (Emmure, Thy Art Is Murder etc…).
Au final, on a tout de même un bon album, avec deux voix originales très appréciables mais on est en droit d'en attendre un peu plus pour la suite, notamment en mettant plus en avant une instru ici légèrement en retrait.
"Conjonctive"
Note : 15/20
A la première écoute, le CD passe tout seul. Bien fait, les 2 chants rendent le tout intéressant mais je me dis quand même qu'ils n'ont pas inventé la poudre ! Cependant, à défaut de l'avoir inventée, ils savent l'utiliser de belle manière. Musicalement, le CD sonne bien quoiqu'un peu trop dans les sentiers battus. Ce qui améliore grandement la qualité de l'EP, c'est les voix de Randy (également chanteur de Voice Of Ruin) et de Sonia, laquelle maîtrise bien la voix hurlée tandis que Randy chante plus haut et plus souvent clair. Un 5 titres intéressant pour un premier enregistrement. Cela laisse le champ ouvert pour plus de créativité sur le prochain ! Affaire à suivre...
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