Le groupe
Biographie :

Coexistence est un groupe de death metal progressif italien formé en 2015 et actuellement composé de : Mirko Battaglia Pitinello (guitare / chant), Christian Luconi (basse / ex-Violent Sun, ex-Coram Lethe, ex-Inside Mankind, ex-Erase), Alessandro Formichi (batterie) et Leonardo Bellavista (guitare / Burial, Vexovoid, ex-Violent Sun, ex-Drunken Corpse, ex-CodeFour, ex-Erase, ex-Iron Viper, ex-Stasis Field). Coexistence sort son premier album, "Collateral Dimension", en Octobre 2020 chez Transcending Obscurity Records.

Discographie :

2018 : "Contact With The Entity" (EP)
2020 : "Collateral Dimension"


La chronique


Actif depuis 2016, Coexistence, groupe de death progressif italien, présente enfin son premier album intitulé "Collateral Dimension". Pour une entrée en matière, ce jeune groupe ne se fout pas de nos tronches car ce full length est une véritable pépite, les titres présents dans cette galette sortie chez Transcending Obscurity Records sont bien ficelés, suffisamment prog pour intéresser les fans de musique complexe, et assez catchy pour ne pas être trop chiant non plus. En effet, il n’est pas évident de bien doser les ingrédients et beaucoup de formations ont fait fausse route en essayant de péter plus haut que son derrière ou expérimenter à outrance dans l’espoir de paraître de véritables génies aux yeux du public métalleux qui, rappelons-le, n’est pas forcément autant ouvert qu’il le prétend.

Une petite particularité à souligner, et pas des moindres, c’est que "Collateral Dimension" propose des ingrédients assez modernes, mais conserve une bonne touche de traditionnel aussi. On a donc de la basse fretless qui ajoute sa dose d’informations musicales supplémentaires, le truc bien en vogue dans le tech-death, des grosses grattes bien graves, des structures qui misent pas mal sur l’aspect mélodique, des variations qui touchent plus à l’atmosphère et l’ambiance musicale qu’au débit ou à la cassure rythmique, bref, à ce niveau-là, le fan d’Augury ou de Beyond Creation y trouvera son compte. Maintenant, et c’est là que le groupe se démarque des formations de death technique actuelles, c’est que structurellement parlant, la forme globale des compositions s’inspire pas mal des anciens. Ainsi, on perçoit des petites touches d’Atheist ou de Pestilence dans l’art d’agencer les structures. La densité sonore y est aussi pour quelque chose car on s’éloigne du côté syncopé et précis dans le découpage des riffs, mode opératoire perpétré par Meshuggah ou Fear Factory, qui s’est retrouvé plus tard être la marque de fabrique du djent ou du metalcore. Même dans les moments les plus "jazzy", comme dans le passage du solo de basse du titre "Eclipse", nous sommes plus proches d’une esthétique fusion des années 90’s que des climats ambiants développés chez les groupes actuels. J’arrive même à entendre du Allan Holdsworth qui s’essaierait à du King Crimson sur le pont en sons clairs de "Detach From The Abyss", c’est dire !

Autre paramètre stylistique à relever, le groupe joue très bien mais fait clairement passer la technique au second plan. Celle-ci est mieux diluée et n’est présente que pour renforcer le propos musical, et n’est en aucun cas un prétexte pour en mettre plein la vue. Les quelques solos qui viennent parsemer les compositions sont de bonne facture, même si je les trouve juste mélodiques, et peut-être un poil sur la retenue. D’ailleurs, parlons-en de la retenue, ce serait peut-être le point noir de cette production, c’est que tout semble trop contrôlé, le groupe propose des compositions certes intéressantes mais le fait de ne jamais réellement créer la rupture rend l’ensemble un poil linéaire, on attend le contre-pied, le petit écart qui va créer la surprise mais, plutôt que de jouer sur ce paramètre-là, Coexistence persiste dans une démarche assez scolaire. Bon, c’est sûr, le death prog intéresse surtout les binoclards en fac de science ou les étudiants en philo qui ne se reconnaissent pas dans le port de l’écharpe même en plein été, et préfèrent arborer fièrement leur t-shirt de Dream Theater mais quand même, un poil d’audace ne ferait pas de mal à la musique de ces bourrins mangeurs de pastas. Ne serait-ce pas l’apanage des groupes de metal extreme, que de pouvoir s’autoriser le lâcher prise, qu’il soit dans le domaine de la technique, de la violence ou du bruit ? Même si Coexistence est un maître dans l’art de façonner de magnifiques mélodies qui d’ailleurs me font beaucoup penser à celles que l’on retrouve chez les groupes de mathcore, genre The Fall Of Troy, les tappings proposés en guise de riffaille se ressemblent assez, tellement que l’on pourrait percevoir ce disque comme un seul long morceau.

"Collateral Dimension" est une alliance d’éléments modernes et de touches plus old school. Bénéficiant d’une production très correcte et d’une exécution sans faille réalisée par d’excellents musiciens qui semblent apparemment bien fans de King Crimson et de jazz fusion des années 80 / 90, le death metal prog du groupe va vous embarquer dans un voyage d’harmonies complexes mais jamais dissonantes, où la basse règne en grande maîtresse, où les guitares en sons clairs cristallins s’accouplent à des riffs très denses et où la batterie développe des patterns alambiqués mais jamais incompréhensibles. Certes, ce premier album est un poil poli et le combo italien fait office de petit enfant sage au sein d’une communauté de sauvages surdoués qui est celle des formations de technical death actuelles, mais il possède suffisamment de qualités pour mériter votre attention. Il faudra quelques écoutes avant de vous familiariser avec cet environnement subtil et complexe.


Trrha’l
Février 2021


Conclusion
Note : 14,5/20

Le site officiel : www.facebook.com/coexistenceprogdeath