Le groupe
Biographie :

Formé en 1995, le projet originaire de Taïwan est davantage inspiré de la mythologie et de l'histoire que du satanisme ou de l'occulte en général. Il est actuellement composé de : Freddy Lim (chant, erhu / Metal Clone X), Doris Yeh (basse / chant), Jesse Liu (guitare, chant / Infernal Chaos), Dani Wang (batterie / Party To Party) et CJ Kao (clavier). Depuis sa formation, Chthonic a sorti les albums "Where The Ancestors' Souls Gathered" en 1999, suivi en 2000 de "9th Empyrean", en 2002 "Relentless Recurrence", en 2006 "Seediq Bale" et en 2009 "Mirror Of Retribution". "Takasago Army" paraît en 2011 chez Spinefarm Records. Le septième album, "Bú-Tik" sort fin Mai 2013, toujours chez Spinefarm Records, suivi d'un album acoustique un an plus tard, "Timeless Sentence". Le neuvième album, "Battlefields Of Asura", sort chez Ciong Zo en Octobre 2018.

Discographie :

1999 : "Where The Ancestors' Souls Gathered"
2000 : "9th Empyrean"
2002 : "Relentless Recurrence"
2005 : "Seediq Bale"
2009 : "Mirror Of Retribution"
2011 : "Takasago Army"
2013 : "Bú-Tik"
2014 : "Timeless Sentence"
2018 : "Battlefields Of Asura"


Les chroniques


"Battlefields Of Asura"
Note : 15/20

Si vous avez une bonne mémoire, vous vous rappellerez que je vous avais déjà parlé deux fois des Taiwanais de Chthonic et leur metal extrême qui sentait fort le Cradle Of Filth mélangé à des sonorités traditionnelles asiatiques. Ils sont de retour avec "Battlefields Of Asura" et ils n'ont pas changé leur fusil d'épaule.

Les deux précédents albums m'étaient parus sympathiques mais manquaient de relief pour vraiment marquer sur la longueur, la faute à des sonorités traditionnelles sous-exploitées et un metal extrême plutôt accrocheur et bien fait mais relativement classique. Après une intro orchestrale bien foutue et cinématographique, c'est "The Silent One's Torch" qui débute vraiment l'album et on retrouve ce metal extrême à mi-chemin entre le black metal, le death mélodique et quelques sonorités heavy. Les claviers sont comme d'habitude assez présents mais évitent en général le piège de la grosse nappe qui tache. Ce premier morceau laisse penser que le groupe a enfin décidé d'intégrer ces fameuses sonorités traditionnelles dès le début de la composition et de ne pas simplement s'en servir pour épicer leur metal. Je reprochais aux deux précédents albums de ne pas pousser le bouchon assez loin à ce niveau-là parce que c'est ce qui permettrait à Chthonic de se faire une personnalité à part et cela enrichirait sa musique en plus de proposer quelque chose d'original. Ce n'est pas encore parfaitement au point mais on sent une volonté de mieux intégrer tout ça et on sent du coup que l'influence Cradle s'est atténuée même si on peut encore l'entendre dans le chant et dans certaines parties de clavier. Les morceaux sont plutôt compacts et tournent en général autour des trois ou quatre minutes, Chthonic privilégie clairement l'efficacité et ne veut pas se perdre dans des titres à rallonge qui pourraient vite ennuyer ou s'embourber dans la répétition.

Bon, il n'y a pas encore de quoi qualifier ce nouvel album de chef d'œuvre intemporel mais j'avoue qu'il y a du mieux et que ce "Battlefields Of Asura" commence à diriger Chthonic sur le bon chemin. A savoir celui d'un metal vaguement inspiré du black, croisé avec du heavy et qui commence à faire un vrai mélange avec la musique traditionnelle asiatique. Ce serait dommage de n'utiliser ces dernières que comme un gimmick, il y a tellement peu de groupes pour faire ça que c'est une occasion en or de se démarquer en proposant un mélange assez inédit et sacrément intéressant musicalement. Parce qu'aussi surprenant que cela puisse paraître, ces deux mondes utilisés correctement se mélangent sacrément bien et donnent lieu à des ambiances carrément épiques ! D'ailleurs, l'album passe tout seul et sa durée de quarante minutes permet de garder un impact optimal, la plupart des morceaux vont droit au but et disposent d'une indéniable faculté à faire taper du pied. Mon petit doigt me dit qu'en live ça doit faire de l'effet et qu'il y a moyen de chauffer très vite une salle avec ce genre de morceau ! La production est peut-être trop compressée mais ça s'écoute, ça peut juste être un peu brouillon sur certains riffs sur lesquels la basse et les guitares se confondent un peu. Pas de quoi rendre l'album difficile à écouter non plus, on a entendu largement pire que ça, même sur de plus grosses productions d'ailleurs.

Un nouvel album qui montre que Chthonic commence à mieux utiliser ses influences traditionnelles asiatiques, se démarquant par là même de l'influence qui marquait un peu trop ses anciens albums. "Battlefields Of Asura" est plus maîtrisé, plus efficace et plus personnel que ses prédécesseurs et avec encore un peu de travail dans ce sens ce groupe pourrait faire de bonnes grosses étincelles !


Murderworks
Décembre 2018




"Bú-Tik"
Note : 14/20

Deux ans après "Takasago Army", voilà les Taïwanais de Chthonic déjà de retour avec un septième album, "Bú-Tik" qui risque d'attirer les jeux de mots foireux dans nos contrées. J'avais trouvé le précédent album sympa mais un peu trop évident et manquant de profondeur pour marquer sur la longueur, et la ressemblance avec Cradle y était vraiment marquée.

Bon, le groupe n'a pas révolutionné sa musique, on reprend plus ou moins la même formule que précédemment et on recommence. Sauf que la fameuse ressemblance avec Cradle s'est estompée et les sonorités prennent une place un peu plus importantes dans leur musiqe. C'est justement ce que j'aurais aimé qu'ils fassent sur "Takasago Army", et même si ça pourrait être encore plus poussé c'est déjà pas mal. On se retrouve donc toujours avec un black / death mélodique catchy et accrocheur, le tout pimenté par des sonorités tirées de la musique asiatique en général. J'avoue que le groupe a un don pour proposer des morceaux qui passent tout seuls, c'est plutôt bien foutu et ils savent y faire en terme de mélodies. Et comme pour le précédent les plus bourrins resteront sur le pas de la porte, puisque cette fois certains passages font furieusement penser à Arch Enemy (sur "Nex Republic" par exemple).

Même si ce n'est pas à se rouler par terre en termes d'originalité, ça reste suffisamment rafraîchissant pour qu'on y jette une oreille avec plaisir de temps en temps. C'est typiquement le genre d'usine à tubes qu'on ressort quand on ne veux pas écouter une musique prise de tête, ça enchaîne les morceaux directs et mélodiques et ça fout la banane pendant les 40 minutes que dure l'album. Alors à défaut de marquer l'histoire du metal, ça fait déjà passer un bon moment, en plus d'avoir amorcé en partie l'évolution que j'espérais par rapport au précédent album. Niveau prod' ça reste dans les canons du genre, là encore comme le précédent, c'est gros, clair, puissant, bref du travail de pro. Et puis il y a toujours le petit plus visuel avec la jolie Doris à la basse, mais bon là je m'égare.

Pas grand chose à rajouter par rapport à ma chronique de "Takasago Army" et ce que je viens de dire de ce "Bú-Tik", on reste quand même globalement dans les mêmes eaux. Je confirme donc une amélioration pour ce nouvel album, et toujours une facilité pour pondre des albums qui passent comme des lettres à la poste. Avec donc toujours le même défaut de ne pas marquer bien longtemps, c'est le genre d'albums qu'on réécoute une fois de temps en temps pour le plaisir de se prendre quelque chose d'immédiat dans les esgourdes mais qui ne fera pas partie de la pile de CDs qui reviendra régulièrement dans la platine. Tout ça n'en fait pas de mauvais albums, au contraire ils sont plutôt bons dans le genre, mais c'est justement le genre qui veut ça. Quand ça mise sur l'efficacité et sur le côté catchy direct, ça perd forcément en profondeur et en émotions, au détriment de la durée de vie de l'album.

Ce qui ne m'empêche pas comme je le disais de réécouter ces albums de temps en temps avec plaisir, il sortiront juste moins souvent que d'autres. Et puis ça fait quand même du bien de s'écouter des trucs de ce genre histoire de changer, d'autant que c'est vraiment bien foutu comme mélange et assez inhabituel dans le metal. Alors jetez-y une oreille si vous ne connaissez pas encore Chthonic, à défaut de vous marquer à vie ça vous fera un bon album de plus.


Murderworks
Septembre 2013




"Takasago Army"
Note : 13/20

Des groupes de metal de Taiwan ça ne doit pas courir les rues, mais des groupes de metal extrême j’avoue que je n’en connaissais aucun. Chthonic sera le premier, et j’ai vraiment une paire de wagons de retard puisque le groupe vient de sortir "Takasago Army" et que c’est déjà leur sixième album depuis leur formation en 1995.

Pour situer le genre pratiqué par le groupe on va faire très simple, c’est par moments très proche de Cradle période "Dusk" ou "Cruelty" sauf qu’on a aussi régulièrement des instruments traditionnels asiatiques qui viennent mettre une touche d’exotisme à tout ça. Alors dit comme ça ça peut faire peur je sais, mais en fait ils savent s’y prendre puisque les deux univers se ménagent très bien. Par contre la ressemblance avec Cradle va forcément faire fuir les très nombreux détracteurs du combo Anglais, parce que c’est vraiment flagrant là. Que ce soit au niveau du chant aigu, ou de certaines ambiances et de la forte présence des claviers on est vraiment en plein dedans.

Là où Chthonic se différencie c’est donc par les influences asiatiques précitées, mais surtout par un côté plus catchy et accrocheur que Cradle. Les morceaux sont plus courts que chez les Anglais et la priorité est mise sur l’accroche, Chthonic a plus de chance de vous faire headbanguer que les premiers albums de Cradle. La volonté de faire quelque chose d’accrocheur et accessible est flagrante aussi au niveau du son, il est très gros et devrait faire cracher les enceintes comme il faut. Toujours est-il que je trouve vraiment sympa comme truc, ça bouge bien ça se retient facilement et les ambiances purement asiats me plaisent bien aussi.

Bon du coup c’est clair que les barbares vont hurler, même classés en metal extrême on reste dans la branche grand public du truc. Ceux qui recherchent du bourrin ou du malsain en seront pour leurs frais, les morceaux de cet album pourraient presque être chantonnés sous la douche. Ce qui n’est pas forcément un mal contrairement à ce que pensent la majorité des gus qui écoutent du metal extrême, ne vous inquiétez pas les mecs c’est pas demain la veille que Mamie se mettra à écouter du metal. En tout cas ce genre de mixture doit sacrément bien passer en live, il y a de quoi se remuer bien comme il faut là dessus.

Alors forcément cet album ne risque pas de bouleverser le monde de la musique, mais il fallait penser à mélanger ces deux univers opposé mine de rien. Et comme la formule ne fonctionne pas trop mal c’est toujours sympa à prendre, même si comme je le disais plus haut le groupe va s’en prendre plein la gueule par les plus puristes d’entre nous. Sans compter que si les Anglais suscités vous font vomir il est inutile de vous pencher sur Chthonic, parce que malgré les quelques éléments personnels apportés à leur musique, les ressemblances seront trop nombreuses pour ne pas vous donner là aussi la gerbe.

Donc voilà un album que je trouve bien sympathique même si très fortement influencé, pas un chef d’œuvre mais ne connaissant pas cette mixture l’effet a plutôt fonctionné. Après le problème avec les albums accrocheurs mais sans grande profondeur, c’est qu’au niveau durée de vie on s’en lasse en général très vite. Le groupe est là depuis 1995, donc je ne pense pas qu’on aura droit à un changement majeur de sa musique à l’avenir. C’est dommage parce qu’avec la même démarche mais poussée plus loin ça aurait pu donner un truc vraiment particulier.


Murderworks
Août 2011




"Mirror Of Retribution"
Note : 12,5/20

Chthonic ou la réussite improbable de ces cinq Tawainais qui en veulent et deviendront, en l'espace de cinq opus, virtuoses de l'extrême issu d'une scène Asiatique pourtant peu propice à ces révélations dérangeantes. A ceux dont ce mystérieux patronyme demeure inconnu jusqu'à ces quelques lignes, ce petit groupe a pourtant déjà foulé les planches des très grands, ainsi ces cinq obscurs personnages se sont vu accueillir par l'illustre Ozzfest et le non moins prestigieux Wacken Open Air. Une belle reconaissance pour ceux à qui rien ne prédestinait à un tel destin... Mais que l'on se rassure Chthonic ne doit pas tout à ses origines, même si au fil du temps il a fait de sa particularité une marque de fabrique, la musique haineuse et affranchie de cette sombre formation a su prendre possession de plus d'une âme torturée en ses propres terres comme au delà des mers et ce "Mirror Of Retribution" (littéralement "Mirroir des Châtiments") ne fera point exception à la règle. Une envolée de black metal à tendance ultra-rapide, d'envoûtants choeurs féminins sur des textes relatant mythes et culture taïwanaise, un soupçon d'accents modernes et Chthonic s'empare de vous pour un périple promettant moult rebondissements et découvertes d'horizons inconnus. Malgré l'illusion d'un vacarne sonore au premier abord, "Mirror Of Retribution" révèlera son véritable visage d'oeuvre soignée et recherchée à travers des ambiances apocalyptiques, écrasantes de noirceur, insufflées notamment par la présence très appréciable d'un violon et de celle du synthé de CJ. Malheuresement ce dernier opus ne supporte pas la comparaison avec le précédent "Seediq Bale", moins délicat, délaissant presque choeurs féminins et mélodies enivrantes, Chthonic perd de son grandiose. Certes plus personnel avec ses quelques rares sonorités asiatiques (interlude "1947"), le ton est au black metal en son sens classique, perdant ainsi mystère et singularité musicale, les Taïwanais vont droit au but en oubliant les subtilités qui font la différence. A cela s'ajoute le problème de la voix criarde à la Dany Filth toujours linéaire et donc inmanquablement lassante voire énervante. En dépit de cela le mot d'ordre reste de suprendre et la pochette à l'admirable visuel comme la présence d'une bassiste, Doris, sont encore là pour le démontrer, promettant à ce groupe venu de loin un bel et long avenir marqué semblerait-il par une évolution certaine...


Jillian
Juillet 2009


Conclusion
Le site officiel : www.chthonic.tw