Le groupe
Biographie :

Chapel Of Disease est un groupe de death metal allemand formé en 2008 et actuellement composé de : Christian Krieger (basse / ex-Grabnebelfürsten), David Dankert (batterie / ex-Infernäl Death), Cedric Teubl (guitare / Disörder, ex-Infernäl Death) et Laurent Teubl (chant, guitare / ex-Infernäl Death). Chapel Of Disease sort son premier album, "Summoning Black Gods", en Décembre 2012 chez FDA Rekotz. Le deuxième album, "The Mysterious Ways Of Repetitive Art", sort en Janvier 2015 chez FDA Rekotz.

Discographie :

2012 : "Summoning Black Gods"
2015 : "The Mysterious Ways Of Repetitive Art"


La chronique


Le death metal allemand semble connaître une nouvelle jeunesse. Ce rajeunissement est incarné entre autre par le fantastique label FDA Rekotz, qui ne compte que des signatures de grande qualité (Deserted Fear, Revel in Flesh, Slaughterday et dernièrement Obscure Infinity avec son excellent "Perpetual Descending Into Nothingness"). Fidèles au label depuis leur première démo, les jeunes loups de Chapel Of Disease sortent deux ans après un "Summoning Black Gods" ayant fait l'effet d'une petite bombe dans les milieux underground, son deuxième album "The Mysterious Ways Of Repetitive Art". Les attentes placées dans ce sophomore album sont très grandes, au vu de la qualité du premier album et des chroniques unanimes dont il a fait l'objet, certains osaient targué le disque de meilleur album death de la décennie. Il faut dire que "Summoning Black Gods" est une tuerie absolue et véritable classique moderne (si tant est que cette expression ait du sens) digne des premiers albums de Death et Pestilence. Conscient de l'impact que son premier rejeton morbide a créé sur la scène death old school actuelle, le quatuor a mis les bouchées doubles pour surpasser le niveau de "Summoning Black Gods".

Le résultat est absolument édifiant. D'après les dires du groupe, cet album a été très dur à composer et exigeant. Chapel Of Disease a repoussé les limites de son style, laissé exploser sa créativité débordante et a accouché d'un monstre. Toujours ancré dans un death / thrash enragé et malsain aux références se situant à la fin des 80's, Chapel Of Disease s'ouvre vers d'autres horizons, transcende son art et libère ses pulsions. A l'écoute de ce disque, certains auront l'impression d'entendre un groupe peu sûr de lui, se cherchant et tentant des choses qui ne lui sont pas naturelles. Cette idée est grossière, car le groupe, sur son premier album, affirmait clairement son appartenance à un genre. Ici, les quatre prêtres morbides sont plus que jamais confiants en leurs capacités et en leur technique, criant leur liberté et affirmant leur identité. Le groupe fait voler en éclats les notions de passé, de futur, de style et de chapelle (ok, elle était facile celle-là), et se concentre sur l'instant présent et ses envies actuelles. Les structures complexes des morceaux, les formats longs et étirés, l'agencement des titres, la confluence des styles de prime abord contradictoire ; tous ces éléments sont portés à leur paroxysme. Chapel Of Disease fait ce qu'il veut et il a raison.

Démarrer le disque par un lent morceau instrumental de 5 minutes, se finissant sur des bruits d'orage, on peut dire que les Allemands n'ont pas froids aux yeux. Les six autres titres présentent des longueurs extrêmes (le conclusif "...Of Repetitive Art", terrifiant et massif, culmine à 10 minutes) et abondent de détails. Les musiciens de Chapel Of Disease se sont surpassés en termes d'écriture, d'arrangements et d'interprétation. Cette musique va au-delà du death et du thrash, elle étire son spectre vers des terres plus hospitalières. Des codes hérités de Death ou Pestilence, nos jeunes loups teutons en ont conservé le riffing acéré, empli de vicieusité et de noirceur et la voix écorchée et puissante (l'ombre de Martin van Drunen n'est loin). Les ambiances lourdes, mortifères à la Asphyx sont toujours présentes mais leurs sinistres échos sont décuplés par une inspiration démesurée.

Les nouveautés se retrouvent dans des fulgurances mélodiques héritées de la glorieuse N.W.O.B.H.M. et d'élans progressifs (pour le style s'entend, il n'y a aucune analogie faite avec des groupes tels que Dream Theater, Satan soit loué) rappelant, pour le principe, un album comme "Sweven" de leurs cousins suédois de Morbus Chron. Les solos de guitares, travaillés, mélodiques et héroïques, les effets de wah et les passages mystérieux en guitare claire ("Life Is But A Burning Being"), les atmosphères mélancoliques (le groove 70's et doom du début de "Symbolic Realms" sonne comme du Pentagram) donnent une couleur inédite à l'art putride des Allemands. Leur mode d'expression est totalement personnel, à cheval entre death crasseux, thrash destructeur et hard rock à papy, et n'est en aucun cas incongru, le talent des musiciens étant bluffant.

Chapel Of Disease bâtit son propre édifice et ne doit désormais plus rien à personne. Il évolue dans sa propre zone musicale: surprenante et non-balisée. Avec "The Mysterious Ways Of Repetitive Art", Chapel Of Disease délivre un nouveau chef d'œuvre et marche désormais aux côtés des grands noms du metal morbide, dans une procession lugubre et infinie vers les abîmes de l'horreur musicale. Nul doute que l'on entendra parler longtemps de cette jeune formation, au potentiel énorme et à l'ambition considérable.


Man Of Shadows
Février 2015


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.chapelofdisease.de