Le groupe
Biographie :

Celtachor est un groupe de folk black metal irlandais fondé en 2007 comme une simple idée, devenu un groupe à part entière en 2010, combinant des influences à la fois black, doom, et folk metal. Le line-up est constitué de Stephen Roche au chant et à la flûte, David Quinn à la guitare, Anais Chareyre à la batterie, Liam Henry au violon, et Robert MacDomhnail à la basse. Le groupe se définit comme les narrateurs de la mythologie irlandaise. Leur but principal est de présenter sa propre vision de ces histoires, jouant la musique avec passion et avec le coeur. Celtachor a notamment partagé la scène avec des groupes tels que Skyforger, Primordial, Heidevolk, Cruachan, Suidakra, Belenos ou Alestorm. Le groupe a sorti une démo en 2010 et son premier album en Décembre 2012. Le deuxième album est sorti le 24 Avril 2015 chez Trollzorn Records. "Fiannaíocht" sort en Avril 2018 chez Trollzorn Records.

Discographie :

2008 : "Signs Of War" (Démo)
2010 : "In The Halls Of Our Ancient Fathers" (Démo)
2012 : "Nine Waves From The Shore"
2015 : "Nuada Of The Silver Arm"
2018 : "Fiannaíocht"


Les chroniques


"Fiannaíocht"
Note : 16/20

Les Irlandais de Celtachor aiment la mythologie de leur pays et ils nous le font savoir. Après avoir mis en musique l'épopée du roi Nuada au bras d'argent dans leur précédent album, le groupe s'attaque à autre grand personnage de la mythologie celte irlandaise dans leur nouvel opus nommé "Fiannaíocht". On y suit l'histoire du grand Fionn, né d'une union illégitime, qui parvient à venger l'honneur de ses parents et à prendre la tête des Fianna grâce à ses talents de guerrier et à son savoir surnaturel. Il vit une tragédie amoureuse en s'éprenant d'une femme frappée d'une malédiction qui disparaît dans la nature, transformée en biche, ne laissant que leur enfant derrière elle. C'est cet épisode de son histoire qui est évoqué sur la pochette de l'album ; on y voit Fionn avachi dans la neige, entouré de ses chiens de chasse. Derrière lui, la forme fantomatique de son aimée transformée en biche semble partager son malheur avec impuissance.

L'album démarre sur un morceau de sept minutes parfaitement représentatif de la musique de ces Irlandais. Les musiciens y alternent entre des parties instrumentales parfois très calmes et des parties de black metal guerrier et conquérant. Avec l'arrivée au sein du groupe d'un violoniste et d'un nouveau bassiste jouant aussi de la harpe et du buzuki, Celtachor fait la part belle aux instruments folkloriques qui apportent quelque chose de légèrement envoûtant à leur musique. Cependant, les instruments plus "basiques" ne sont pas laissés de côté avec des guitares très accrocheuses, une basse ronde bien présente, et une batterie qui tabasse correctement sans jamais être trop pesante. Il faut aussi souligner la très bonne prestation du chanteur qui alterne entre une voix black metal déchirante, un chant profond et puissant (malheureusement pas toujours tout à fait juste), et quelques passages plus déclamés qui renforcent l'aspect théâtral de l'album.

A travers dix titres qui sont autant de chapitres de ce récit mythologique, Celtachor propose aussi bien de longs morceaux progressifs pouvant dépasser les neuf minutes ("Sons Of Morna", "Tuiren", "Coilt", "The Battle On The Shore", "Dubh, Dun Agus Liath"...), que de courtes respirations instrumentales comme le très beau "Great Ships Came From Over The Waves" qui offre un parfait mariage de nombreux instruments, ou le très dépouillé "Tears Of Aoife" avec sa flûte solitaire. Nous avons aussi droit à une jolie ballade acoustique et mélancolique avec le titre "The Search For Sadbh", entièrement chanté en voix claire.

Malgré ses nombreuses qualités, "Fiannaíocht" n'est cependant pas un album irréprochable. On relève, notamment quelques lourdeurs dans la construction de certains morceaux ainsi que quelques arrangements parfois un peu hasardeux dans l'utilisation de la basse ou de certains instruments folkloriques. Il n'en reste pas moins une œuvre intéressante et personnelle qui nous offre un voyage très plaisant dans l'univers sombre et héroïque des vieux mythes irlandais.


Zemurion
Novembre 2018




"Nuada Of The Silver Arm"
Note : 15/20

Celtachor fait partie de ces groupes qui associent habilement la musique folklorique et le metal extreme, ici nous offrant un savant mélange de black metal et de folk metal, auxquels s'ajoutent également des influences puisées dans le doom metal. Après un premier album autoproduit sorti il y a de cela déjà trois ans, les Irlandais reviennent avec un nouvel opus intitulé "Nuada Of The Silver Arm", sorti le 24 Avril 2015, cette fois sous le label allemand Trollzorn. La musique de Celtachor s'inspire de la mythologie irlandaise relatée à travers ses textes, traitant ici cette fois de Tuatha De Danann et de l'histoire de Nuada au Bras d'Argent (cf interview), d'où le titre de l'album. L'artwork de la pochette, réalisée par Anais Chareyre (batterie, bodhran), illustre une partie de cette histoire, représentant Nuada lorsqu'il a perdu son bras dans une bataille et par la même sa royauté, regardant son bras en argent forgé dans les flammes, celui-ci lui permettant par la suite de regagner sa royauté. En arrière plan derrière lui, son peuple ne supporte pas la chaleur et les flammes, les visages des trois déesses d'Irlande Erui, Fodla et Banda sont quant à eux représentés en premier plan dans les flammes. Tout un programme. Alors place à présent à l'écoute afin de découvrir l'univers de Celtachor.

L'album démarre de manière efficace sur "Arrival Of The Tuatha" et son intro instrumentale d'inspiration tribale, où l'on peut entendre le vent souffler et le son du bodhran (instrument de percussion irlandais) sur les deux premières minutes avant d'enchaîner sur une mélodie à la guitare, pour enfin évoluer sur le chant grave de Stephen sur fond de black metal à la fois sombre et énergique. "The Mighty Sreng" est dans la continuité de la piste précédente, à savoir un titre brutal et sombre de black metal somme toute assez basique, dans la même veine de ce que l'on peut entendre souvent dans ce style de metal, auquel s'ajoute sur la deuxième partie du morceau des choeurs masculins et des sonorités plus folkloriques via la présence des instruments traditionnels irlandais.

"King Eochaid's Fall" démarre sur des notes acoustiques et se poursuit sur des sonorités plus violentes et mélodiques à la fois. Un très bon titre efficace et puissant de black metal, dont la cadence s'accélère à mi-écoute du morceau, notamment sur les parties de batterie qui blaste, pour finalement calmer le jeu et évoluer vers des passages plus calmes et très mélodiques, entre doom de part son ambiance lente et lourde, et folk metal via la présence des instruments traditionnels irlandais comme la flûte. "Bres" sonne très black metal folklorique, un peu dans la même veine que la piste précédente avec ses sonorités folk et ses éléments acoustiques, ainsi que son ambiance sombre. Les instruments traditionnels et acoustiques sont très présents ici, notamment le bodhran sur certains passages. Alors que le premier album avait été auto-produit par le groupe, cette fois-ci les Irlandais ont enregistré ce nouvel opus en studio, et cela s'entend fortement. En effet, la production et le son de l'album sont de qualité, l'ensemble des instruments aussi bien traditionnels que électriques s'entend distinctement les uns des autres, ce qui n'est pas toujours évident de mettre en avant chaque instrument et chaque musicien à échelle égale. Ainsi, le son acoustique de la guitare, accompagné par celui, puissant, des percussions, ajoute de l'intensité au morceau, et une atmosphère sombre, lorgnant sur le doom.

Nous voilà déjà à la mi-écoute de l'album, et bien que certains titres se démarquent d'autres, certains étant plus orientés black metal violent et agressif et donc plus rapides, contrairement à d'autres plus calmes et mélodiques, aux ambiances parfois atmosphériques, plus orientés doom et folk metal via les éléments traditionnels irlandais, un sentiment d'entendre parfois la même chose qu'auparavant se fait quelque peu ressentir, et cela a tendance à casser l'appréciation de l'écoute, qui paraît un peu longue et répétitive par moments. Ce qui est fort dommage car un réel travail de composition et de création a été réalisé sur cet album, la musique de Celtachor se voulant originale et différente par rapport à d'autres groupes du même genre, le groupe ayant une identité musicale qui lui est propre. Le titre suivant, "Nuada Of The Silver Arm", fait partie de ces titres décrits ci-dessus, regroupant chacune de ces influences, passant des parties mélodiques, calmes, et j'ai envie de dire atmosphériques, auxquelles s'ajoutent des éléments folk, à des parties plus rapides et black metal sombre et violent. Un titre intéressant bien que l'ensemble se veuille assez peu varié et parfois un peu "mou" à mon sens sur les passages les plus calmes, et devient ainsi rapidement lassant, plusieurs écoutes sont peut-être nécessaires avant d'entrer dans la musique et les ambiances proposées par le groupe et de les apprécier à leur juste valeur.

La piste suivante, "The Gathering At Teamhair", est un titre instrumental d'à peine plus d'une minute, qui fait office d'interlude entre deux morceaux, et d'intro à la piste suivante, dominé par les instruments traditionnels irlandais comme le bodhran et le tin whistle. On revient à quelque chose de plus brutal et en même temps d'ambiancé avec "Second Battle Of Magh Tuireadh", pour un titre qui mêle doom et black metal et nous prend aux tripes en première partie du morceau, aux ambiances lourdes et puissantes, qui se veut rapide et efficace sur certains passages, mais assez peu original en même temps sur d'autres. La fin s'étendant en effet sur plusieurs minutes de manière relativement constante, elle paraît un peu longue et interminable bien que l'ensemble soit tout de même bien composé. Autre petit moment d'accalmie musicale à présent avec "Nuada's Burial", sur une jolie mélodie acoustique dominée par le son clair de la guitare, d'à peine une minute trente, qui enchaîne pour finir avec le dernier titre de l'album. "Uaithne The Dagda's Harp" clôt l'écoute de façon sublime avec un titre puissant et brutal de black metal, empreint d'une certaine mélancolie que l'on ressent notamment dans la voix de son chanteur, laquelle semble également torturée. Le duo batterie / guitare est majestueux, la brutalité et la puissance de la batterie complète avec des riffs de guitare black metal efficaces. Le titre se termine sur une mélodie calme, à la guitare acoustique. Un superbe titre, parmi les meilleurs de l'album, qui termine ce "Nuada Of The Silver Arm" en beauté.

Pour conclure, "Nuada Of The Silver Arm" est un bon album de black metal folklorique, et Celtachor un groupe qui sait se démarquer des autres issus du même univers musical, en mariant habilement le black metal et le folk avec des éléments plus atmosphériques et doom metal, apportant ainsi de la douceur et de la mélodie à un style plutôt extrême à la base. Ainsi, certains morceaux sont plus tournés vers l'aspect folk de leur musique, avec des ambiances plus calmes et des éléments traditionnels issus de la culture musicale irlandaise, tandis que d'autres titres se veulent plus violents, rapides, où le black metal et la brutalité dominent. On pourrait toutefois regretter un certain sentiment de lassitude et de répétitivité au niveau de certains titres, qui me semblent moins inspirés que d'autres, ce qui est fort dommage au vu de la qualité musicale et artistique proposée par les Irlandais, mis en avant par une production et un son de qualité. Bien sûr, on retiendra certains titres qui se démarquent et sont au dessus des autres, tels que "King Eochaid's Fall", ou encore "Uaithne The Dagda's Harp". Un groupe déjà prometteur qui a eu la chance de pouvoir jouer avec de grandes formations du genre telles que Suidakra, Primordial, Belenos, Heidevolk et Alestorm. On leur souhaite de continuer sur le même chemin, et la même réussite pour la suite.


Alexandra
Mai 2015


Conclusion
L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.celtachor.com