"Death Atlas"
Note : 19,5/20
Qui dans le vaste monde du death metal ne connaît pas encore Cattle Decapitation ?
Écrasant littéralement tout sur son passage depuis 1996 tout en défendant ouvertement les
droits des animaux, le groupe se compose après de nombreux changements de line-up de
Travis Ryan (chant), Josh Elmore (guitare), David McGraw (batterie), Olivier Pinard
(basse, Cryptopsy) et Belisario Dimuzio (guitare). Côté musical, c’est un condensé de
death metal progressif à la technicité exacerbée et de grindcore, soutenu par… mais
pourquoi tout vous dévoiler ? Découvrez "Death Atlas", le huitième album des Américains. Et
c’est un must-hear de 2019. Avec quelques invités de marque : Dis Pater (Dissvarth,
Midnight Odyssey), Riccardo Conforti (Void Of Silence), Jon Fishman (Phish), Melissa
Lucas-Harlow ou encore Laure Le Prunenec (Öxxö Xööx, Corpo-Mente, Igorrr)...
On débute par un sample nommé "Anthropogenic: End Transmission" qui annonce la couleur
de cet album. Ce sera sombre, oppressant, et engagé. Premier contact avec la musique
brute, "The Geocide" va littéralement vous souffler. Un tel condensé de puissance, de
violence mais surtout de maîtrise des instruments et de l’incroyable voix du chanteur qui
donne des frissons. Un blast venu tout droit des enfers ou un rouleau de double pédale
accompagne ces riffs tranchants et qui prennent parfois le temps de revenir sur les racines
prog pour mieux nous écraser à nouveau. Et si vous êtes nouveaux dans l’univers de Cattle
Decapitation et que vous croyez au coup de chance, attendez "Be Still Our Bleeding Hearts",
qui prend les mêmes éléments accompagnés d’ambiances saisissantes pour faire des
ravages à la fois sur les instruments des musiciens, comme sur nos pauvres nuques qui ne
tardent pas à se mettre en action. On reste dans cet aspect de violence contrôlée aux
ambiances prenantes pour "Vulturous" et ses hurlements viscéraux. J’avoue ne jamais lire les
paroles lors de la première écoute, mais la voix de Travis évoque sans nul doute des
grognements d’animaux assoiffés de vengeance, et cette impression perdure tout au long
des riffs inspirés.
Première petite pause après trois titres monstrueux, "The Great Dying, Pt.1" est un petit
manifeste pour le changement climatique, thème cher au groupe, qui débouche sur "One Day
Closer To The End Of The World". A nouveau la lourdeur emplit mon casque et ma nuque se
met à remuer toute seule au rythme des frappes du batteur. Tout en restant sur les mêmes
tonalités, le groupe délivre une composition d’une incroyable richesse, comme "Bring Back
The Plague", qui allie riffs gras, technicité et surtout un enchaînement cohérent et qui
contribue énormément à cette ambiance d’oppression permanente. Le chant saturé aigu du
vocaliste est toujours aussi impressionnant, et il est beaucoup plus présent depuis quelques
temps, ce qui donne également un aspect tragique à un son imposant. Le voyage continue
avec "Absolute Destitute", un titre qui va utiliser avec ingéniosité le son de la basse lors des
harmoniques prog pour conserver cet aspect de marche inlassable que le groupe a réussi à
créer au début du titre, tout en assénant des riffs massifs.
Nouvelle pause, le sample "The Great Dying, Pt.2" et sa voix robotique semblent nous avertir
de quelque chose. Mais quoi ? Est-ce de l’arrivée l’énorme mandale nommée "Finish Them" ?
Probablement mais impossible de ne pas succomber malgré cet avertissement inquiétant au
son pachydermique des Américains, qui se sont définitivement surpassés après avoir placé
la barre très haut. Un break monstrueux vient donner un second souffle au titre, peu avant
que "With All Disrespect" ne vienne continuer de nous matraquer en bonne et due forme
grâce à une impressionnante vitesse d’exécution. Les harmoniques suintent la mort, et les
cris du chanteur ne font que participer au massacre, alors que "Time’s Cruel Curtain" débute
de manière plus douce. Enfin douce… tout est relatif, mais le son est plus aérien, plus
calme, du moins au début. Car la grosse rythmique n’est jamais loin pour venir frapper
quiconque se risque à l’écoute de ce morceau. On arrive doucement sur la fin de cet
excellent album avec "The Unerasable Past", un sample inquiétant comme on en a déjà
entendu plus tôt, mais qui s’achève par quelques notes de piano et un chant clair qui nous
berce avant de nous lâcher sur "Death Atlas". La dernière pièce du puzzle ravageur et
maîtrisé de Cattle Decapitation . Neuf minutes de pur génie qui nous fait passer d’un
death / grind massif à des ambiances sombres, de la technicité à son paroxysme, des riffs
planants… Tout y est.
Si la réputation de Cattle Decapitation est en croissance exponentielle depuis quelques
années, "Death Atlas" vient confirmer que le groupe n’a absolument rien volé. Les musiciens
sont tous excellents, et la synergie du groupe est telle qu’on ne peut décrocher de l’album
sous aucun prétexte. Où le groupe va-t-il s’arrêter ?
"The Anthropocene Extinction"
Note : 15/20
On ne présente plus Cattle Cecapitation. Mais puisque je suis un casse-couilles, je vais le faire. Créé en 1996, ce groupe manifeste un intérêt tout particulier pour la cause animale et se revendique végétarien, donc déjà là, on va pas être copains (au four les vegans, thermostat 9). Toutefois, ils se sont rapidement imposés comme des incontournables du death / grind américain, avec un style extrême qui ne laisse indifférent personne. Quoi qu'on en pense, quoi qu'on en dise, ce groupe reste très influent, au point que les différents projets annexes de ses membres en restent anecdotiques (Murder Construct, Strangulation, Anal Flatulence, 7000 Dying rats, Sleep terror, Covenance, Cast The Stone, Christ Hate, Neuraxis etc...).
Avant tout propos concret, on peut dire qu'il se sera fait désirer ce septième album. Nous ne sommes que trois ans après "Monolith Of Inhumanity", mais depuis déjà plusieurs mois, les fans l'attendaient en salivant, et le voilà qui débarque en cet étouffant début de mois d'Août 2015. D'une manière générale, il s'inscrit dans la droite lignée de l'album précédent ; c'est-à-dire que Cattle Decapitation, loin de tourner en rond, continue son évolution, ne stagne jamais, et innove en permanence. En résulte le constat suivant : "The Anthropocene Extinction" renferme un énorme boulot, il est certainement l'album le plus abouti, le plus perfectionné, le plus original et peut-être même celui qui satisfera le plus de monde.
En effet, on a droit à 12 pistes qui ne cessent de nous surprendre, capables de changer de rythme à n'importe quel moment, passant du death le plus sauvage au plus mélodieux, avec des riffs tantôt très lourds, tantôt ultra techniques. Sur le plan instrumental, on reste bouche bée, en admiration devant tant d'audace, de maîtrise et de talent. On a beau comparer avec d'excellents groupes plus ou moins ressemblants, comme Hate Eternal, Krisiun, Black Dahlia Murder ou même Carnifex, Cattle Decapitation est musicalement au-dessus.
Mais alors, il est où le problème avec ces vilains hippies ?! Ce qui m'a énormément ramolli, c'est tout simplement la voix de Travis Ryan. D'abord surpris, j'ai cru à une mauvaise blague, puis un mauvais passage, mais rien à faire, ça ne partait pas. Bien que l'ambiance plus ou moins black metal présente à certains moments ne soit pas dérangeante (au contraire), j'ai vraiment eu l'impression qu'on se foutait de ma gueule avec cette voix. À l'exception de quelques growls bien placés et d'une voix death plus classique faisant tout de même l'affaire, on a parfois droit à un chant clair que je qualifierais simplement de déplacé. Il suffit pour s'en rendre compte d'écouter la seconde moitié de "Manufactured Extinct" (le premier morceau quoi), où la voix oscille entre celle d'un Dani Filth avec une angine blanche et celle d'un Bruce Dickinson sous Xanax !
Verdict ? Cattle Dapitation accouche d'un bon album, voilà ce que j'en retiens. Nul doute qu'il plaira aux fans du groupe, et surtout aux fans de leur précédent opus. Personnellement, j'ai une préférence pour "Humanure", sa bestialité et son côté "on fait n'importe quoi et on casse tout". Même si je n'ai pas du tout accroché à ce chant trop "gentil" à certains moments, je reste convaincu du fait que Cattle Decapitation a une fois de plus rempli sa mission consistant à nous en envoyer plein la gueule, ce qui est déjà pas mal pour des mangeurs de plantes...
"Monolith Of Inhumanity"
Note : 18/20
Cattle Decapitation... Rien que le nom du groupe, ô combien poétique, annonce la couleur, rouge à mon avis. Du death, plus précisément du death-grind. Tout d'abord, je vais commencer par le type de sujets que le groupe aborde. Le groupe fait partie des ceussent qui prônent le végétarisme et dépeint les cruautés faites sur les animaux, en plaçant parfois l'humain à la place de ceux-ci. Le groupe parle aussi des méfaits contre la nature, génocide et autre apocalypse. Pour ma part, je ne suis absolument pas végétarien, loin de là, mais je connais des gens (il faut de tout pour faire un monde) qui, quand ils savent que le groupe fait partie des veggie-metal, eh bien du coup ne veulent pas en entendre parler. Cela pourrait sembler stupide mais bon, moi c'est quand on parle d'un groupe de christian-core que je ne veux pas en entendre parler... alors comme quoi !
Venons-en à la musique, car au final, c'est ce qui nous intéresse, non ? Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ça bastonne sévère, dès le début, hop fracassage de tympans. 44 minutes de trucs de psycho, je vous préviens direct. Ça blaste dans tous les sens, sans oublier de la bonne double pédale. Les riffs sont très techniques, très très techniques même. Et le chant s'articule autour de deux types de voix, la principale étant gutturale et l'autre plus hurlée. Le meilleur exemple de cette voix pour moi est dans le titre "A Living, Breathing Piece Of Defecating Meat", titre fabuleux. Et là aussi, le groupe nous montre qu'il ne fait pas que des blasts, pas mal de titres sont jalonnés de moments plus lents et plus lourds. Mais bon, quand je dis plus lent, tout est relatif hein, cela reste rapide.
En résumé, il n'y a pas de titres faibles sur cet album, certes il y a des moments de bravoure plus forts que d'autres, mais rien, absolument rien n'est à jeter. Et le groupe ne se contente pas de se la jouer brutos, et nous gratifie de quelques jolis solos. La production est nickel chrome, et la pochette juste sublime. Définitivement un album à posséder absolument dans sa disco, un must !!!
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