Le groupe
Biographie :

Cathedral a été fondé au début des années 1990 par Lee Dorrian, ex-chanteur du groupe Napalm Death, Garry Jennings du groupe Acid Reign et par Mark Griffiths qui était roadie pour le groupe Carcass. Lee Dorrian venait à l'époque de quitter Napalm Death, car il n'appréciait pas le virage death metal que prenait le groupe. Son envie de fonder Cathedral est venue quand il a rencontré Garry Jennings et Mark Griffiths et qu'ils aient parlés de leur goût commun pour les groupes de doom metal comme Candlemass, Dream Death, Pentagram, Trouble, et Witchfinder General. Le groupe sort la même année la démo "In Memoriam", principalement orientée vers le doom metal, au son très lent et très lourd. Le groupe signera plus tard un contrat avec le label Earache Records. Sans mettre fin à leur contrat avec ce label, le groupe signe en 1992 un contrat avec Columbia Records, qui s'achevera en 1994. Le contrat avec Earache Records prend fin en 2000. Quatre années plus tard, Cathedral signe avec Nuclear Blast. Le groupe est considéré comme un des groupes à l'origine du stoner doom, notamment en raison de son premier album "Forest Of Equilibrium", au rythme très lourd et très lent, dans lequel Lee Dorrian développe un chant plaintif. Le 6 Février 2011, Cathedral a décidé de se séparer. Le groupe a enregistré un dernier album studio qui est sorti en Aril 2013, "The Last Spire", chez Rise Above Records.

Discographie :

1991 : "Forest Of Equilibrium"
1993 : "The Ethereal Mirror"
1995 : "The Carnival Bizarre"
1996 : "Supernatural Birth Machine"
1998 : "Caravan Beyond Redemption"
2001 : "Endtyme"
2003 : "The VIIth Coming"
2005 : "The Garden Of Unearthly Delights"
2010 : "The Guessing Game"
2013 : "The Last Spire"


Les chroniques


"The Last Spire"
Note : 16/20

Toute chose a une fin qu'il disait, ouais et cette fois c'est la carrière de Cathedral qui le confirme. En effet, le monstre anglais a décidé de lâcher un dernier album avant de se faire la malle, et "The Last Spire" sera donc la dernière galette graisseuse que le groupe nous laissera.

Et ça commence fort, dès le départ Cathedral débarque avec la finesse d'un pachyderme et nous assène l'écrasant et ultra doom "Pallbearer". Pavé de 12 minutes qui, hormis un passage acoustique suivi d'un délire groovy comme Cathedral en a le secret, nous broie la tronche à coup de riffs gras, lents et sous-accordés comme il faut. Bref ça commence fort et on dirait bien que Cathedral a décidé de boucler la boucle en terminant sa carrière là où elle a commencé. Histoire de marquer le coup, on notera la présence sur le deuxième morceau de Chris Reifert au micro, qui s'y connaît très bien en graisse lui aussi et qui vient de nous balancer un Autopsy comme on l'aime. Forcément on est loin du précédent album "The Guessing Game" qui voyait le groupe partir dans tous les sens sur une double galette, ici en dehors de quelques passages psychés habituels, les expérimentations ont été rangées au placard.

Cette fois c'est le retour du gros, du gras qui tache et le groupe nous sort un adieu massif et lourd qui devrait remettre les pendules à l'heure comme il faut. C'est pas forcément très fin, c'est même limite bas du front mais c'est efficace et ça écrase tout sur son passage ! Et puis Cathedral a tenté bien assez de mélanges dans sa féconde discographie pour se permettre de nous balancer en guise de testament un putain de mammouth dans la tronche. "The Last Spire" c'est du doom avec un gros "D", tout est gras sur cet album : le son des guitares qui bave partout, l'accordage plus bas que terre, les riffs qui laissent des tâches dans toute la maison, bref on est de retour dans la période la plus crade de Cathedral. Pas de délires enfumés ou prog ici, là c'est du vrai qui pèse 10 tonnes et pendant près d'une heure ces malades vous écrasent la tronche dans le mur.

Comme je le disais tout à l'heure, on a tout juste de temps en temps de petites accélérations de tempos, deux ou trois riffs groovy qui se sont perdus en route, quelques mélodies un peu moins dégueulasses que le reste mais globalement ça reste très lourd (dans le bon sens du terme). Même remarque pour le son, gras de chez gras et sous-accordé comme peut-être jamais Cathedral ne l'a été, bref là aussi ça écrase tout. En tout cas, Cathedral a eu l'intelligence de tout arrêter avant que l'inspiration ne se casse la gueule, et après un "The Guessing Game" impressionnant de richesse et d'expérimentations en tous genres, cet ultime album permet de remonter aux origines et de montrer qui est le patron quand on parle de doom.

Voilà donc la fin de Cathedral qui a décidé de partir en crachant un bon gros glaviot comme les vieux punks qu'ils sont, on se consolera en se repassant toute la discographie de ce groupe de malades mentaux. Pour ceux qui ne se sont jamais penchés sur la musique du groupe, ce qui serait quand même sacrément étonnant, c'est peut-être le moment d'en profiter parce qu'il y a de quoi faire là-dedans !


Murderworks
Juillet 2013




"The Guessing Game"
Note : 16/20

20 ans que les Anglais de Cathedral arpentent le monde du metal, ils ont tout vu, tout entendu, tout fait. Du moins c’est ce que je pensais parce qu’avec ce nouvel album (double en plus !) Cathedral nous montrent qu’ils sont encore capables de surprendre l’auditeur, y compris celui qui connaît bien le groupe. Pas d’inquiétudes le groupe ne s’est pas mis au rap ou à la techno, par contre il s’est permis quelques incartades spaces et enfumées qui risquent d’en laisser quelques uns sur le carreau. Au moins temporairement en tout cas puisqu’après un petit temps d’adaptation les dits passages passent tout seuls, mais développons tout ça.

On ne les avait plus entendus depuis 5 ans quand même, il fallait donc créer la surprise et ne pas revenir avec une galette qui aller puer le réchauffé. Bon la patte Cathedral est bien là, on ne voyait pas le groupe changer du tout au tout de toute façon et c’est tant mieux. Par contre on se prend une petite balayette dès le premier vrai morceau "Funeral Of Dreams" précédé d’une intro assez normale. C’est d’autant plus déstabilisant que le morceau débute comme du pur Cathedral, riff bien couillu et gras, tapage de pieds, bref on est en terrain connu. Et puis on se retrouve avec un passage complètement barré avec un chant presque parlé sur un fond qui ressemble à un délire psychédélique avec kaléidoscope en prime en fond visuel. Sur le coup ça fait un drôle d’effet, mais on s’y fait à la réécoute et on se réjouit de voir que le groupe en a encore sous le bras pour nous prendre à revers.

La suite est globalement plus traditionnelle malgré deux ou trois autres passages barrés et enfumés qui nous font ouvrir les yeux bien grands en se demandant ce que les mecs ont bien pu fumer. Mais traditionnel ne veut pas dire sans intérêt bien au contraire, le deuxième morceau "Painting In The Dark" est un pur tube Cathedralien qui fleure bon les 70’s. Il y a du secouage de crinière dans l’air et de la binouze pas loin, on sent clairement le groupe inspiré sur cet album et les morceaux sont tous de grande qualité. Rien que le morceau "Edwige’s Eyes" avec son couplet dégueulassement dissonant et dont le refrain m’est resté coincé dans le crâne pendant au moins une semaine dès la première écoute. Ou alors "Cats, Incense, Candles And Wine" qui commence en douceur et en acoustique et part en gros rock 70’s, que du bonheur je vous dis ! Et comme si ça ne suffisait pas d’avoir des passages surprenants et des bombes, les Anglais ont décidé de faire un petit résumé de leur carrière en proposant des morceaux représentant les différentes périodes de leur musique. Et puis non d’une pipe en bois Lee Dorian est en grande forme et nous délivre des lignes de chants excellentes tout au long de l’album.

Arrivé sur le deuxième CD l’intro donne l’amorce d’un changement de ton, plus sombre, oppressant et écrasant. On se rapproche des heures les plus doom de Cathedral et la tendance va se confirmer un peu plus tard. Mais tout de suite après le groupe a une fois de plus créé le contraste puisque ces ambiances lourdes sont suivies du morceau "Casket Chasers" qui est dans la droite lignée du célèbre "Hopkins". C’est en fait plus particulièrement sur le titre "Requiem For The Voiceless" qu’on retrouve la patte noire du doom Cathedralien, avec dissonances, chant torturé et tempo bien lent qui vous écrase la gueule à coup de masse. Ils nous auront vraiment fait voyager dans de véritables montagnes russes ces cinglés, et ce pendant près de 85 minutes.

Au final un très bon album de Cathedral qui se révèle sur la longueur et qui demande à être apprivoisé. Même les grands amateurs du groupe risquent d’être désarçonnés voir déçus par certains titres au premier abord, mais laissez lui le temps. Et c’est là que vous vous rendrez compte que Cathedral vient une fois de plus de nous mettre une bonne mandale dans les dents. C’est pas encore aujourd’hui que la légende sera ternie, ces mecs ont encore la foi et la patate et ça fait plaisir à entendre.


Murderworks
Avril 2010


Conclusion
Le site officiel : www.cathedralcoven.com