"Cursed Mortality"
Note : 19/20
Carnation est fier d’annoncer son nouvel album. Pour leurs dix ans, Simon Duson (chant,
ex-Prematory), Yarne Heylen (basse), Jonathan Verstrepen (guitare, ex-Incinerate) et
Bert Vervoort (guitare, ex-Warbeast Remains) et Vincent Verstrepen (batterie,
ex-Hämmerhead) continuent leur collaboration avec Season of Mist et dévoilent "Cursed Mortality", leur troisième album.
Les cinq musiciens démarrent avec "Herald Of Demise", une première composition d’abord
assez inquiétante qui ne tardera pas à dévoiler ses riffs old school agressifs et accrocheurs
au sein desquels on retrouve quelques leads d’Andy Larocque (King Diamond), apportant
une touche épique. Le groupe conserve son approche abrasive avec "Maruta", le titre suivant,
qui laisse ses patterns énergiques rencontrer des parties de blast et une rythmique
imposante sous les hurlements déchaînés et les harmoniques criardes, également
présentées par "Metropolis" et son atmosphère chaotique. L’oppression et la lourdeur
s’associent à la perfection avec cette base de death metal brute qui nous mène à la
mélancolie de "Replicant" où un chant clair surprenamment intense nous y attend avant de
laisser la rage s’exprimer à nouveau grâce à une certaine lenteur pesante.
"Dutroux" prend la
suite, non sans rappeler l’affaire criminelle du même nom qui a secoué la Belgique il y a une
vingtaine d’années, laissant des riffs malsains et saccadés nous écraser avant d’accélérer
sur le final qui mène à "Submerged In Deafening Silence" et son introduction légèrement plus
calme. Même si certains passages sont plus lents, ils restent étouffants grâce aux leads
dissonants qui prennent vie sur la rythmique infernale et puissante, puis "Cycle Of Suffering"
renoue avec des éléments plus vifs. On retrouve à nouveau les leads inquiétants qui
rampent dans la fureur omniprésente, puis c’est avec une introduction apaisante et intrigante
que "Cursed Mortality", le titre éponyme, ne débute en incluant des claviers étranges, suivis
par le chant clair qui nous mène à la saturation explosive de cette longue composition
contrastée, refermant ainsi l’album en exposant la nouvelle noirceur du groupe.
Carnation a évolué depuis ses débuts. D’un death metal aux influences suédoises
évidentes, le groupe propose sur "Cursed Mortality" des compositions réfléchies qui osent
s’aventurer hors de leur efficacité habituelle. Une belle prise de risques.
"Where Death Lies"
Note : 18/20
Carnation ne s’arrête jamais. Créé en 2013 en Belgique, le groupe enchaîne les sorties
depuis son premier EP en 2015. Simon Duson (chant, ex-Prematory), Yarne Heylen
(basse), Jonathan Verstrepen (guitare, ex-Incinerate) et Bert Vervoort (guitare,
ex-Warbeast Remains) sont rejoints en 2016 par Vincent Verstrepen (batterie,
ex-Hämmerhead) et s’offrent notamment un passage par l’Asakusa Deathfest de Tokyo la
même année, puis rejoignent l’écurie de Season Of Mist, avec qui ils enregistrent un
premier album en 2018, suivi de "Where Death Lies".
Entre sonorités old school et death metal imposant, "Iron Discipline" se lance. Bien que très
productif, il est impossible de ne pas reconnaître l’efficacité du groupe qui déverse un son à
la fois gras, puissant et prenant, tout en offrant un mix absolument parfait, avec une
rythmique et un refrain qui restent en tête. Les harmoniques tranchantes cessent
brutalement pour laisser place à celles de "Sepulcher Of Alteration", un morceau à la fois
sombre et rapide. Les riffs ne ralentissent que pour laisser la place à une partie lead
angoissante, mais la solide rythmique revient rapidement avant "Where Death Lies". Et à
nouveau, on ne peut que constater l’efficacité de ces sonorités crasseuses et
intransigeantes, surmontées par un chant tout aussi brut. Des sonorités plus perçantes
prennent place dans le mix pour "Spirit Excision", mais les parties lourdes ne sont pas bien
loin et n’hésitent pas à refaire surface de temps à autres. Côté chant, quelques hurlements
plus criards sont à prévoir, mais le vocaliste reste principalement sur ce growl caverneux.
On reste dans la lourdeur pour "Napalm Ascension", avec toutefois quelques passages aux
influences thrash qui restent dans cette veine old school. Et entre lead sanglants et
rythmique assommante, on ne peut que se retrouver happé par l’ouragan, qui continue
avec l’incisive "Serpent’s Breath". Les guitares mènent cette rafale avec un son criard qui se
mêle à la perfection avec cette rage de tous les instants. On retrouve cette même puissance
sur la rapide "Malformed Regrowth", une composition aussi sale que précise. Et bien que
courte, elle ne perd pas un instant pour nous faire remuer la tête. La fin de l’album se
dessine avec "Reincarnation", une composition aux sonorités mystiques sombres, que ce soit
dans l’introduction ou dans l’épaisse rythmique qui sévit par la suite. On peut sentir cette
noirceur en quasi-permanence dans les riffs, qui deviennent parfois plus aériens avant "In
Chasms Abyssal", le dernier titre. C’est également le plus long de cet album, et il permet au
groupe d’alterner sans problème une rythmique simple et efficace avec des passages plus
complexes, mais très prenants, et même une ouverture musicale des plus intéressante vers
le final.
Maîtrisant à la perfection son death metal, Carnation nous écrase à nouveau avec "Where
Death Lies". Cet album lie avec intelligence un son old school, un mix très propre et surtout
une rage indéniable qui les habite depuis le début. Passer à côté serait pure folie, et il ne fait
aucun doute que vous le regretteriez !
"Chapel Of Abhorrence"
Note : 17/20
Si certains groupes repoussent toujours les limites de la violence ou de la technicité,
Carnation a décidé de jouer un death metal old school gras et sale. L’aventure commence
en 2013 pour le groupe belge, quand Jonathan Verstrepen (guitare) commence à jouer
avec Bert Vervoort (guitare), Yarne Heylen (basse), Simon Duson (chant) et Morbid
(batterie). Ils enregistrent un premier EP qui sort en 2015 puis participent à l’Asakusa
Deathfest au Japon. Morbid quitte le groupe, mais Vincent Verstrepen (batterie) le
remplace alors que sortent un live et un split de leur aventure japonaise. Le groupe travaille
ensuite sur "Chapel Of Abhorrence", leur premier album. Et ça commence maintenant.
L’album s’ouvre sur "The Whisperer", un titre qui arrive sur un riff inquiétant, mais qui
déchaîne une puissance phénoménale en quelques secondes. La rythmique est solide, le
son plutôt propre tout en restant dans la veine du style, et le chant de Simon me fait
automatiquement penser à un mélange d’Adam The First Sinner (Hate) et de
Corpsegrinder (Cannibal Corpse). Malgré sa durée, le titre ne s’éternise pas, même
lorsque la rythmique ralentit accompagnée d’un sample d’aboiements plaintifs, et la
formation nous fait headbanguer en un rien de temps. On repart sur de la violence un peu
plus rapide avec "Hellfire", dont le titre, déjà très inspirant, colle parfaitement à ce brûlot de
death metal. La basse trouvera parfaitement sa place en prenant le rôle de lead lors d’un
break qui repart sur un blast furieux comme on les aime. "Chapel Of Abhorrence" ne dérogera
pas à la règle avec un son à la fois malsain, mais surtout des riffs soignés et truffés
d’harmoniques sanglantes, alors que la voix du chanteur reste puissante en toutes
circonstances.
"The Unconquerable Sun" démarre plus lentement mais ce riff savoureux prendra en rapidité
lorsque le reste du groupe déboule, avec notamment le chanteur en première ligne. Plutôt
entraînante, cette rythmique tourne littéralement toute seule, et quelques choeurs hurlés
s’ajoutent à ce mélange déjà excellent. On continue avec "Disciples Of Bloodlust", un titre un
peu plus lourd, mais qui reste dans le style du groupe. La guitare lead ne s’arrête jamais et
nous lance parfois une rythmique pachydermique après un duo avec la batterie. Par dessus,
les vociférations de Simon nous emmènent sur "Hatred Unleashed". Le groupe renoue avec
la vitesse sans toutefois laisser de côté la puissance qui les caractérise alors que je sens
quelques relents de thrash sur les leads de "Plaguebreeder", mais qui restent parfaitement
adaptés à la mixture.
Lorsque "Magnum Chaos" débute, j’ai littéralement l’impression de me prendre un coup de
canon en pleine face. Sorti de nulle part, ce titre déchaîne littéralement les musiciens avant
de devenir un peu plus calme sur la fin, mais les riffs restent ancrés dans mon esprit. On
repart sur "Sermon Of The Dead" avec une rythmique nettement plus lancinante et un chant
plus calme mais qui traduit parfaitement l’impression de cérémonie que le titre du morceau
évoque. "Fathomless Depths" prend la suite et reste sur cette atmosphère pesante grâce aux
riffs lourds et sales du combo. Mais ce titre, pourtant long, passe un peu vite à mon goût et
nous offre "Power Trip", la dernière composition. La guitare lead se mêle à une rythmique
imposante afin de nous offrir une dernière mandale façon death metal comme on les aime.
Après avoir écouté "Chapel Of Abhorrence", il est certain que si le death metal a encore de
beaux jours devant lui, Carnation fera partie de ses défenseurs. Si les musiciens ne se
targuent pas d’avoir réinventé le style, ils distillent des riffs old school qui vont
probablement en souffler plus d’un !
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