Amateurs de death metal old school crasseux et brutal, voilà un album pour vous ! "Embalmed In Decay" est le troisième méfait des Allemands de Carnal Tomb et il contient tout ce qu'il faut en matière de guitares et basse bien grasses et de riffs baveux façon Entombed, Grave ou Dismember. Pensez à sortir les bâches et les tabliers parce que ça risque de gicler assez fort pendant ces neuf morceaux.

Après la petite introduction de rigueur c'est "Putridarium" qui ouvre l'album avec un titre qui annonce clairement la couleur ! En plus des influences flagrantes du death old school suédois, on sent une tendance aux ambiances crasseuses et sanglantes que n'aurait pas renié un certain Autopsy. On profite d'ailleurs avec grand plaisir d'une basse qui claque et qui est mise assez en avant dans le mix, ce qui est suffisamment rare pour être signalé. On a déjà tout ce qu'il faut sur ce premier morceau, du mid-tempo qui bave dans les enceintes, du up-tempo plus énervé qui casse les dents avec une petite dose de blasts et un groove qui déboîte toutes les vertèbres qui passent par là. "Cataclysmic Maze" en profite d'ailleurs pour ralentir le tempo et prendre des airs de rouleau compresseur avec des riffs très lourds et une ambiance plus malsaine. Le contraste avec "Defiled Flesh" qui suit est saisissant puisque ce dernier se fait bien plus brutal et direct avec de bons gros blasts et une ambiance plus sale. On sent que les membres du groupe connaissent leurs classiques et si certaines influences sont reconnaissables, Carnal Tomb met suffisamment de passion dans sa musique pour ne pas sonner comme un groupe old school de plus. Il y a une science du groove et du riff dégueulasse évidente dans "Embalmed In Decay", on sent le savoir-faire et on entend à chaque instant que les membres de Carnal Tomb s'éclatent à pratiquer ce type de death metal. La production est à l'avenant et apporte la dose syndicale de graisse sur les guitares et la basse avec une batterie qui ne sonne pas comme une boîte de conserve et une petite réverbe sur l'ensemble comme à la grande époque.

Si de nombreux groupes se mettent à pratiquer ce type de death metal old school inspiré par la scène suédoise, tous ne réussissent pas à tirer leur épingle du jeu ou à proposer une relecture du genre suffisamment intéressante. Carnal Tomb fait partie de ceux qui y arrivent et ce troisième album est très efficace et amène quelques petites sonorités plus dissonantes et presque plus proche du black metal par moments, notamment sur "Draped In Disgust". Cela suffit pour amener quelque chose de plus personnel même si cela se fait par de petites touches discrètes. "Cerebral Ingestion" plonge la tête la première dans ce que le genre a fait de plus malsain et de plus poisseux avec à la fois des réminiscences des premiers Entombed pour le côté le plus brutal et les premiers Dismember pour les mélodies malsaines. Même chose pour "Morgue Usurper" qui mélange des ambiances très malsaines et tordues à une brutalité impitoyable qui nous ravale la façade à grands coups de blasts. L'alternance entre la violence brute et les passages plus malsains, groovy ou lourds est bien géré et l'album reste efficace et direct tout du long. "Eyes Of Chasm" qui ferme l'album avec près de sept minutes au compteur en est d'ailleurs un bon exemple, le groupe profitant d'un morceau plus long pour faire entendre de quoi il est capable. La durée assez compacte de l'album avec trente-neuf minutes aide aussi à ne pas s'égarer et à garder une approche assez frontale. En tout cas, même si ce n'est pas par ici qu'il faut espérer de grosses surprises il y a de quoi se faire plaisir avec un death old school bien gras. Le groupe maîtrise son sujet et se permet de jouer aussi bien sur les ambiances glauques que sur la puissance brute et le groove bourrin.

Carnal Tomb nous balance donc un troisième album très efficace qui rend hommage au vieux death suédois avec une touche gore crado à la Autopsy et quelques ambiances plus froides et oppressantes. Un bon mélange qui tape fort, qui groove salement et qui ramone les tympans à coups de riffs baveux et de gros blasts qui tachent. On sent l'amour du genre dans le moindre riff et "Embalmed In Decay" devrait ravir tous les amateurs de gros death old school brutal et putride.

En cinq ans d’existence, Carnal Tomb a acquis un statut culte dans l’underground death métallico-morbide, et pour cause, ces Allemands pratiquent un classic death à la Suédoise, gras et putride, avec un aplomb déconcertant. Non seulement la musique de ce combo est clairement dans l’esprit des pionniers du genre, mais le visuel incarne également cette période faste et glorieuse. Le logo est carrément génial, et semble avoir été crayonné par un étudiant talentueux qui plancherait sur la prochaine édition de son propre fanzine, plutôt que sur ses études. L’artwork présente des masses morbides zombifiées sur fond de vieilles tombes et de croix aux pics acérés, le tout plongé dans un brouillard fantomatique aux miasmes irrespirables, pile-poil le genre d’illustrations qui rendent carrément bien en format vinyle.

"Abhorrent Veneration" est un album prenant. Déjà, avec l’intro sur le premier track "Putrid Fumes", petite mise en bouche composée de sons de synthés dignes d’un film d’horreur de série Z du début des années 90, on se sent tout de suite en confiance. Le voyage musical est d’une durée correcte pour un disque de cette trempe, 44 minutes au total pour des morceaux qui oscillent entre 5 et 7 minutes, autant dire qu’il y a une légère orientation progressive, dans le sens où le combo nous fait traverser de multiples ambiances sonore, avec cette saveur macabre omniprésente. Malgré une sensibilité rétrograde, le groupe parvient à proposer de l’insolite, comme le titre "Dissonant Incubation", sorte de complainte ultra doomesque bercée de mélodies fatalistes et funèbres, du grand art. "Feeding Mold" nous embarque dans un entrelacs de riffs qui rappellent les premiers Dismember, avec une accroche grind à la old Carcass.

La voix est profonde, rêche mais avec ces intonations de fond de gorge, ce qui nous renvoie aux balbutiements du death metal, lorsque les chanteurs tentaient de descendre toujours plus dans les graves, sans pour autant avoir la technique que possèdent les vocalistes actuels et qui permet d’atteindre les tréfonds de la voix de gorge. Niveau drumming, c’est carrément dans les clous, des breaks barbares viennent rompre le martèlement de caisse claire constant pour relancer la machine de plus belle. Le son des guitares est à la fois rugueux et gras, comme on l’aime, on s’imagine le gratteux utilisant un bout de ventrêche en guise de plectre. Les riffs sonnent assez génériques mais l’ossature des morceaux associée à l’art de la mise en forme du gang fait de chaque plage un véritable monument, érigé à la gloire du classic death. Incisif, morbide, ambiant, nerveux, vindicatif, "Abhorrent Veneration" nous fait passer par de multiples étapes et climats, telle une petite traversée nocturne au beau milieu d’un cimetière abandonné au sein duquel des présences nuisibles se manifestent pour semer le trouble et la terreur.

Il faut croire qu’avoir le mot "Tomb" dans son blase a quelque chose de magique, car deux groupes de la nouvelle génération à pratiquer un bon vieux classic death se démarquent : Tomb Mold et Carnal Tomb ! Amateurs de réunions cryptiques et de films de Lucio Fulci, ce disque est fait pour vous et mérite sa place dans la catégorie swedish death revival aux côtés de Gods Forsaken, Tomb Mold, Wretched Fate, Ribspreader et toute la clique.