Le groupe
Biographie :

CardiaC joue depuis 2000 dans un style mélangeant rock’n’roll, hardcore, stoner et metal, avec un groove latino amené par les paroles en espagnol. Le line-up est formé de Bastien C. Antony (batterie), Cédric Nicolet (basse), Julien Emery (guitare), Mariano Martin (guitare) et Ricardo Chimichanga (ex- chanteur du groupe Beholder (BHR)). Le quintette suisse a construit sa personnalité particulière sur scène et sa force l’a déjà emmené au delà des frontières. 6 albums, 2 EPs, de nombreuses compilations, invités plusieurs fois en live à la TV, 18 vidéo clips officiels, des tournées dans ces pays : USA, Angleterre, Cuba, Espagne, Suisse, France, Malte, et Italie, où CardiaC a partagé la scène avec des groupes de renommée internationale comme Limp Bizkit, Sepultura, Soilwork, Crucified Barbara, Sick Of It All, Dover, Biohazard, Brujeria, Sôber, Mass Hysteria, Skizoo, Kruger, Sybreed, Jello Biafra And The G.S.M, While She Sleeps, Madball, Exodus et beaucoup d’autres.

Discographie :

2007 : "Levantando A Los Muertos"
2010 : "La Eterna Juventud"
2012 : "El Sudor De La Gloria"
2015 : "Olas Y Rocas"
2016 : "Sangrar Hasta Lograrlo"
2018 : "Mañana No Será Otro Día Igual"


Les chroniques


"Mañana No Será Otro Día Igual"
Note : 16/20

Votre mois de Décembre rime avec cadeaux de Noël, bonhomme rouge ventripotent, sapin, décorations diverses et votre meilleur “Oh oh oh” ? Le mien n’en est pas très loin, mais teinté d’une grosse couche d’espagnol. Et cela ne semble pas me lâcher ! Il faut dire qu’après avoir passé quelques jours entouré de nos voisins méditerranéens, j’ai eu la brillante idée de démarrer une série hispanique (excellente, au demeurant, que vous pourrez retrouver sur une célèbre plateforme de SVOD et qui parle de NARCOtiqueS…), histoire de rester dans l’ambiance. Mais je ne m’arrête pas là ! Non ! Devinez avec quelle chronique je vais finir l’année… Le dernier album de CardiaC ! Alors oui, je sais, le groupe est suisse, mais aux dernières nouvelles "Mañana No Será Otro Día Igual" (que je n’appellerai désormais plus que "Mañana", m’en voulez pas…), ce n’est ni de l’italien, ni de l’allemand.

En effet, pour ceux qui ne connaîtraient pas le groupe, CardiaC a beau être originaire de Genève, c’est bien en espagnol que le quatuor a décidé de s’exprimer, par le biais de son charismatique chanteur, Ricardo Chimichanga. "Levantando A Los Muertos", "La Eterna Juventud", "El Sudor De La Gloria" ou "Sangrar Hasta Lograrlo", autant d’albums et bien plus encore depuis le début des années 2000 qui pourront vous faire découvrir et aimer CardiaC et leur prose “cervantienne”. Et nos gaillards réitèrent donc en cette fin d’année 2018 avec le fameux "Mañana" dont je parlais quelques lignes plus haut, septième LP du groupe. Et une fois de plus, ils nous permettent de vérifier leur talent pour accoucher de morceaux puissants et énergiques, en démontrant que l’espagnol s’adapte parfaitement à un rock ou un metal de qualité, sans pour autant tomber dans des extrêmes, que ce soit côté bourrin comme Brujeria, ou côté festif comme Gypsy Pistoleros.

Si l’énergie, la puissance et la qualité sont toujours au rendez-vous, et on n’en attendait pas moins, la principale différence entre "Mañana" et son prédécesseur, "Sangrar Hasta Lograrlo", réside dans des compositions un peu moins mélodiques et plus sombres. Point positif ou négatif, chacun se fera son propre avis. Mais quand on écoute des titres comme "Nadie Nace Odiando" ou surtout "Una Vida Extraordinaria", qui clôturent l’album, il est impossible de ne pas remarquer une certaine violence, une indéniable agressivité, qu’on ne retrouvait pas, ou en tout cas pas dans une telle mesure il y a deux ans chez CardiaC. Pour ma part, je ne m’avancerai pas à trancher entre évolution bonne ou mauvaise, à mon sens le groupe est toujours aussi talentueux, et ça fait bien d’entendre un peu de nouveauté ! Les deux albums sont parfaitement complémentaires, et rien ne les empêche de les écouter mêlés pour profiter à fond de l’éventail de compétences du quatuor.

"Una Vida Extraordinaria" est d’ailleurs sans doute mon morceau préféré de l’album, enchaînant sans temps mort des couplets au chant rythmé, des passages de pur blast qui atomisent les oreilles, des breaks d’un groove incroyable et d’autres complètement barrés, pour un résultat totalement fou et incroyable. Une véritable baffe prise en pleine face ! On en regretterait presque que le morceau soit le seul aussi violent de l’album, et qu’il arrive en dernier, mais au moins on en ressort lessivé et boosté à 200%. Une petite voix au fond de moi espère très sincèrement que le prochain album résonnera avec ce titre… Titre qui nous offre en plus un très bon solo, comme de nombreux autres sur la galette d’ailleurs. Et, une fois de plus, ça fait du bien d’entendre des plans auxquels on n’est malheureusement plus trop habitués aujourd’hui, CardiaC décidant d’opter pour autre chose que la facilité dont se contentent beaucoup d’autres formations. Alors oui, je sais, on n’assistera pas à des défilés de notes et des subtilités dignes de Marty Friedman, mais est-ce là le plus important ? Cherchez pas, la réponse est non.

Si "La Vanguardia" et "Al Filo De Lo Impossible" nous proposent des plans très agressifs et collant parfaitement à l’ambiance très HxC des deux morceaux, excellents au demeurant, j’ai eu une nette préférence pour les solos de "Diapositivas Y Negativos" et "M.O.J.I.T.O". Ces deux pistes sont, dans une certaine mesure évidemment, les deux plus calmes de l’album, et permettent aux guitares de s’exprimer d’une manière différente, plus mélodique, plus mélodieuse. Et pour répondre à la question précédente, c’est bien ÇA le plus important au final, trouver l’harmonie entre le type de solo et le morceau sur lequel on le pose. Ces deux morceaux d’ailleurs, plus rock et plus légers (les fameuses “chicas en bikini”), trouvent parfaitement leur place dans un album globalement sombre et violent, une place loin de choquer, de dénoter, montrant une fois de plus le talent du groupe pour mêler les genres avec une grande réussite.

C’est aussi le cas du très bon "En L.A. De Me Decían" qui, malgré ses couplets et certains aspects fortement inspirés hardcore old school arrive à proposer également des passages plus calmes et harmonieux, notamment sur ses refrains. L’occasion d’ailleurs de parler d’une autre originalité de "Mañana", puisque ce titre est l’un des trois de l’album à proposer un invité, en la personne ici du légendaire Sen Dog (enfin je dis ça, vous je sais pas, mais pour Cypress Hill a toujours été une référence ultime), qui nous montre que s’il se contente de faire du “bof” dans Powerflo, il sait toujours aussi “represent” et peser lourd sur des morceaux metal. Et il n’est pas seul à se plier à l’exercice puisque son camarade Billy Graziadei (oui, Monsieur Biohazard) vient également pousser la gueulante, sur l’excellent “Imparable”, dans un style résolument différent. Tout comme pour "La Resurreción Del Antihéroe", on baigne ici dans du hardcore très lourd, dont certains passages vont littéralement briser les nuques des headbangers les moins aguerris. Scott Middleton, guitariste de Cancer Bats, clot quant à lui ce trio d’invités avec une participation très réussie au titre "Al Filo De Lo Impossible".

Si certains en doutaient encore, CardiaC nous prouve donc une fois de plus, deux ans après un excellent "Sangrar Hasta Lograrlo" (chroniqué ici-même), qu’ils sont un groupe au talent indéniable, dont l’efficacité semble être le mot d’ordre. Chaque morceau est puissant, chaque plan bourré d’énergie, et le chant en espagnol dépasse le stade de la simple originalité pour devenir une composante à part entière de la force du groupe. Impossible pour toute personne extérieure de savoir si l’aspect plus sombre et violent des titres est synonyme d’une nouvelle orientation du groupe, la conséquence d’expériences particulières récentes ou tout simplement un hasard, une envie de nouveautés… Mais ce qui est certain, c’est que dans tous les registres auxquels ils se frottent, nos Suisses font preuve de beaucoup de talent, et confirment leur statut mérité de pilier de la scène européenne.


Nico
Décembre 2018




"Sangrar Hasta Lograrlo"
Note : 16/20

La grande famille du rock (dans son sens le plus large, ne commencez pas…) nous a offert beaucoup de groupes en matière de musique à sonorités hispaniques : Brujeria, Ska-P, Desangre, Gypsy Pistoleros, etc. Pour la plupart espagnols ou mexicains. Alors en découvrant ce "Sangrar Hasta Lograrlo" de CardiaC, on est en droit de penser qu’il en va de même pour eux, surtout à la lecture de titres tels que "Credenciales De La Vieja Escuela" ou "Sobredosis De Surrealismo". Et pourtant non. Point du tout, ma mie. Car c’est de notre chère Suisse que nous vient ce quintette !

Et pour rester au rang des surprises, je dois bien avouer que l’écoute de cet album en a été une de grande taille pour moi. Non pas que je m’attendais à quelque chose de très moyen, non, loin de là. Mais "Sangrar Hasta Lograrlo" a représenté pour moi la découverte du groupe, pourtant déjà actif depuis plus de 15 ans, et ils commencent à être rares, ces groupes qui m’émoustillent l’oreille. CardiaC a été un de ceux-là. Il n’est pas facile de définir le style musical de ces gaillards. Des sonorités metalcore, hardcore old school, thrash, punk… Pas évident de faire des parallèles entre eux et d’autres formations. Si cela les rend peu évidents à recommander, ça en fait toutefois leur principale originalité, et si vous aimez le metal sous toutes ses formes les plus pêchues des années 90 et 2000, vous serez séduits sans aucun doute, et ce dès les premières secondes d’écoute de "El Sonido De Una Generación".

Les 10 titres de ce "Sangrar Hasta Lograrlo" lorgnent le plus souvent avec les bons riffs bien incisifs et une batterie percutante qui briserait la nuque du plus imprudent des headbangers ("Icono De La Resistencia" ou "Adicto A La Vida", dont certains patterns virent même parfois du côté des branches les plus extrêmes du metal), mais CardiaC sait aussi flirter avec un mid-tempo aux accents bien gras sentant bon la sueur (notamment avec un "Los Fundamentos De La Perseverancia" qui représente sûrement mon coup de coeur de l’album), tout comme avec des envolées mélodiques des plus agréables pour l’oreille ("La Sal De Mi Dolor", par exemple). Car c’est bien là le point le plus intéressant de l’album, et une des plus grandes forces de CardiaC : savoir marier à la perfection leur énergie débordante, qui transpire de chaque accord, de chaque coup sur les fûts, de chaque gueulante, avec un sens de la mélodie qu’on ne trouve désormais plus que très rarement dans un metal qui peine à se renouveler. "A Contracorriente" en est un exemple frappant : les deux facettes de CardiaC se croisent et se décroisent, se relaient, illustrées de la manière la plus marquante par un chant qui se fait tantôt posé et clair, tantôt rauque à souhait pour laisser exploser la rage du très bon Ricardo (“Chimichanga !”).

Et si le chanteur est irréprochable et excellent tout au long des 40 (trop courtes) minutes de l’album, il ne faut toutefois pas oublier de souligner le talent des 4 musiciens qui l’accompagnent et complètent le groupe. Le duo Mariano / Julien aux guitares fonctionne parfaitement et leurs riffs, qu’ils soient rapides, lourds ou doux, se renouvellent sans cesse et montrent parfaitement le talent de composition de CardiaC. Quant à la partie rythmique, assurée par Cédric à la basse et Bastien à la batterie, elle n’est pas en reste : trop souvent oubliée ou reléguée au second plan, elle a ici une importance non négligeable, et il n’y a pas un morceau de tout l’album qui ne donne pas envie de se lancer dans un pogo à l’ancienne, guidé par les violents coups donnés sur les toms et par les triolets bien lourds.

En définitive, c’est ici un excellent album que nous offrent les Suisses de CardiaC. A l’écoute de certains de leurs anciens titres, on est en droit d’affirmer que "Sangrar Hasta Lograrlo" est de loin leur production la plus aboutie et la plus mature (il faut toutefois préciser que leurs anciens albums sont dans l’ensemble très différents de ce qu’ils nous proposent aujourd’hui), à rapprocher peut-être du très bon "El Sudor De La Gloria". L’ensemble est cohérent, à la fois violent et mélodique, et d’excellente qualité. Il me tarde de pouvoir un jour les voir sur scène car le résultat doit être une débauche d’énergie des plus remarquables. Et si, au bout des 40 minutes, vous n’avez pas envie de "Enciende La Antorcha", alors vous êtes malheureusement passés à côté de la puissance de "Sangrar Hasta Lograrlo" !


Nico
Juillet 2016


Conclusion
Le site officiel : www.cardiac.ch