Le groupe
Biographie :

Carbonic Fields est un groupe de thrash / groove metal havrais formé en 2017 et actuellement composé de : Franky Costanza (batterie / Blazing War Machine, Emma-O, Naraka, Vise Versa, ex-Avatar Of Hate, ex-Dagoba, ex-Imperial, ex-Parallel Minds, ex-Outburst), Thomas D'Herbomez (chant / ex-Acalmy), Mathieu Méheust (guitare / chant), Jb Roméo (basse) et LeXie (clavier, chant / Dream On). Carbonic Fields sort son premier album, "Ite Est", en autoproduction en Octobre 2021.

Discographie :

2021 : "Ite Est"


La chronique


"La puissance du port du Havre" déclamait Alphonse Brown, le personnage incarné par Michael Youn dans La Beuze. Cette puissance, citée en 2003 par le comique français qui a connu un succès retentissant avec son émission Morning Live existe réellement et n’a été véritablement été découverte qu’en 2021, grâce à un groupe, Carbonic Fields, qui a réussi à la placer dans un album qui s’intitule "Ite Est". Bah voui, on ne va pas se mentir, dès les premières notes ça démonte Carbonic Fields ! Un tel son, un tel savoir-faire compositionnel dès le premier album, un tel univers esthétique dès le lancement de la formation, ça laisse pantois. Bref, ne perdons pas une minute et tentons d’éclaircir le mystère autour de ce quintette bien surprenant.

Déjà, je me permets un petit rectificatif. Même si le line-up se compose de cinq entités, l’album est le fruit d’un travail en studio de trois personnes, Mathieu Méheust, qui a à peu près tout fait sur l’album, Thomas D’Herbomez qui s’occupe du chant lead et Franky Costanza pour la batterie et les percussions. Tiens, tiens, il ne semble pas inconnu au bataillon ce batteur, et en effet, pour transcender l’énergie du port du Havre, le combo normand a fait appel à un p’tit gars du Sud, qui nous vient de la cité phocéenne et qui a été l’un des membres fondateurs de ce gros groupe français Dagoba, officiant au sein de la formation de 2001 à 2015. Connu pour posséder un son et une frappe tout deux précis, celui-ci insuffle au metal de Carbonic Fields une patate qui se ressent dès les premiers instants et qui surtout, s’adapte à merveille au style du groupe. En effet, la principale force d’"Ite Est", c’est cette symbiose de plusieurs éléments stylistiques. Imaginez un mix entre du Soilwork, du metal symphonique, du black et du death metal, eh bien Carbonic Fields, c’est un peu tout ça. Globalement, les compositions sont centrées sur le riffing qui s’impose de manière implacable, ne laissant que peu de répit à l’auditeur, si ce n’est ces nappes de synthé ou les quelques passages de piano qui radoucissent l’ensemble. Au niveau de l’interprétation, le niveau technique des musiciens est excellent et les compositions, qui ont quand même une approche assez progressive, parviennent à faire voyager l’auditeur. La variété des ambiances est de mise, et on peut passer allègrement de passages punkisants ("Disbeliever"), à du thrash prog à la Symphony X ("Terria", entre autres). Le lyrisme dans "Sad Words" ou encore "A Bluer Shade" rappellent ces petites subtilités gothiques allemandes (Crematory, Rammstein, pour ne citer qu’eux). Autrement, ce sont généralement les blast beats très death dans l’exécution et les gros riffs bien thrashy qui viennent ciseler les moments les plus intimistes avec un aplomb indéfectible. Les quelques solos qui jonchent le skeud sont d’excellente facture et confirment le savoir-faire instrumental omniprésent.

Taillé pour la scène, le groupe défend son bout de gras avec une énergie incroyable. Les différentes parties instrumentales s’enchaînent de manière fluide et cohérente, ainsi, chaque couplet amène des refrains impactants ("Punishment By Fire", "Lost In Nothingness", plus mélodeath dans l’approche, ou le plus accessible "Devilium"). A titre personnel, je préfère réellement quand le groupe s’engage dans ce registre, je suis moins fan des moments plus introspectifs comme le titre éponyme "Ite Est", chanté en français, bien foutu au demeurant, qui parle moins aux gros bourrinos dans mon genre. Cerise sur le gâteau, la reprise de "C’est Toi Que Je T’aime" des mythiques Inconnus, celle-ci est hyper bien branlée et permet d’entendre ce morceau cradouille dans une version thrash mélodique aux accents celtiques. Même si le morceau est excellent, il faut l’admettre, cette tendance française à vouloir faire de la parodie, quitte à terminer dans les jardins de l’Elysée pour plaire au 35-quarantenaires fans de Sangoku et du Club Do’ commence à devenir un poil épuisante. Avons-nous besoin de cela pour satisfaire le public metal français ? J’ai l’impression que nous sommes les seuls en Europe à jouer la carte du geek des années 90’s… Je pose juste la question, tout en sachant que ce genre de commentaire va être classé dans le tiroir des "métalleux français blasés pas ouverts d’esprité". Quoi qu’il en soit, c’est à chacun de se faire un avis mais la musique de Carbonic Fields est tellement exigeante, pointu, cadrée, que pour le coup, cette reprise est comparable à un petit moment détente.

Très sincèrement, ce genre d’album qui te tombe sur la gueule sans prévenir et qui poutre sa mémé, ça fait toujours son petit effet. Que ce soit en termes de son, de compositions, de structures, de mises en place, tout est pensé et millimétré chez Carbonic Fields. Même le nom du groupe pue la physique chimie à plein nez. On est à fond dans la science du son et de la précision et atteindre un tel niveau de professionnalisme pour un premier opus, c’est la claque. Pour la petite anecdote, qui mérite d’être citée, la toute première apparition discographique, si je ne m’abuse, s’est produite sur une compil French Metal en 2019 avec le titre "Punishment By Fire", comme quoi, les webzines c’est toujours utile ! On pourra se targuer d’avoir vu naître un gros bébé car je suis sincèrement persuadé que Carbonic Fields n’en est qu’à ses balbutiements, le groupe a un potentiel hors normes, ça peut aller loin c’t’histoire ! Métalleux de tout âge et de tous horizons, que vous soyez fans de death, de metal sympho, de thrash voire de black, "Ite Est" est un point de ralliement sur lequel on peut que tous se retrouver. Brandissons nos choppes à la gloire du metal français, cheers !


Trrha’l
Novembre 2021


Conclusion
Note : 17,5/20

Le site officiel : www.facebook.com/carbonicfieldsofficial