Le groupe
Biographie :

Can Of Worms a été formé par Julien (basse), Patrick (batterie) et Steven (guitare / chant) en 2007. Le line-up a ainsi tourné à trois ou quatre (quelques guitaristes rythmiques y sont passés) et a fait quelques concerts et enregistré la première démo jusqu'à trouver LE quatrième membre définitif. C'est donc fin 2009 que manu (guitare rythmique) vient clôturer le line-up et donner un nouvel élan à la machine Can Of Worms pour l’enregistrement d’un EP en autoprod' sorti en Juin 2011. Début Janvier 2012, l’enregistrement de l’album "World Collapse" a débuté, après pas loin de 6 mois de composition. Tout en gardant cet esprit thrash / death old school, le groupe a su évoluer vers une musique plus musclée que par le passé en accentuant par exemple les échanges entre voix thrash et death, et en réduisant les passages lourds au profit de passages thrash / death survitaminés. Dans un grand délire apocalyptique inspiré de la réalité mais aussi largement de la science-fiction, chacun des dix titres de l’album racontent de différentes manières comment tout pourrait se terminer le jour de l’apocalypse qui se fait de plus en plus proche... Un peu plus de deux ans après la sortie de "World Collapse", le deuxième album, "Kult Of Nuke ", sort à la fin du mois d'Avril 2015 via Great Dane Records. Le troisième album, "Nuclear Thrasher", sort en Octobre 2017.

Discographie :

2011 : "Thrash Or Die" (EP)
2012 : "World Collapse"
2015 : "Kult Of Nuke"
2017 : "Nuclear Thrasher"


Les chroniques


"Nuclear Thrasher"
Note : 15/20

Amis de la poésie et de la finesse, bonsoir, voici venus les Français de Can Of Worms et leur troisième album "Nuclear Thrasher", qui soit dit en passant porte très bien son nom. Signés chez Great Dane, ces grands malades font un metal extrême à cheval entre le death et le thrash, du genre à ne pas faire dans le détail.

D'entrée, on constate que la basse est bien en avant et que les morceaux sont tous assez courts, ce qui est confirmé par vingt-huit minutes affichées au compteur pour neuf morceaux. Si le style du groupe est, comme je le disais, entre le death et le thrash, il faut préciser que cela penche tout de même beaucoup plus du côté du thrash, le death étant surtout présent dans certains riffs, passages blastés ou certaines parties de chant. Pour le reste, c'est le thrash qui prend le contrôle avec des morceaux très directs, rentre dans le lard et dotés de riffs tranchants et vicelards. On flirte aussi assez souvent avec le crossover, certains passages fleurant bon le punk bien sauvage. En tout cas, le temps de niaiser comme le disent nos amis québécois, Can Of Worms balance la sauce, abat les murs, vous crame les tympans et défonce vos enceintes en moins de temps qu'il n'en faut pour écrire headbang ! Les passages les plus lourds et les plus vicieux rappellent bien évidemment Slayer mais ce "Nuclear Thrasher" est bien plus énervé que du Slayer, ces neuf morceaux prennent tout ce qui arrache le papier peint et en font un mix histoire d'être sûr qu'il ne restera aucun survivant à la fin de l'album. Petit détail surprenant au début, la batterie sonne de façon très synthétique, limite comme une boîte à rythmes mais vu la façon dont elle se fond dans le décor cela a l'air totalement volontaire.

En tout cas, des morceaux comme "Strike First" sont jouissifs, de purs concentrés de metal qui tache comme on les aime ! Quand Can Of Worms s'énerve vraiment, on pense aussi aux morceaux les plus punk'n'roll d'Impaled Nazarene ("Stronger Than All" et ses relents de "Motorpenis"), le thème "nuclear" n'est peut-être pas là pour rien. Notons aussi qu'en guise de bonus se trouvent trois morceaux sur les neufs venant des deux premiers albums du groupe, une bonne façon de prendre contact avec ce que le groupe a sorti précédemment. Le registre n'était pas très différent de ce propose "Nuclear Thrasher", le chant n'était pas aussi maléfique que sur ce nouvel essai et ressemblait plus à celui que l'on pouvait trouver chez les cinglés d'Infernö. Ce qui est sûr, c'est que peu importe l'album, le groupe n'a jamais fait dans la dentelle et sa musique défonce tout quoi qu'il arrive. Pas le temps de s'ennuyer, les vingt-huit minutes passent à une vitesse folle et je ne serais pas surpris que certains s'en remettent une petite dose dès l'album terminé. Pas de fioritures, pas de concessions, juste du metal bien frontal et rentre dans le lard, de quoi faire des heureux ou des blessés en live !

Troisième album sans pitié pour les malades de Can Of "Utter Hell" et "Downtown Hades", je précise parce qu'il y en a d'autres...), du "Latex Cult" d'Impaled Nazarene ou de thrash punk bien vicieux et frontal.


Murderworks
Mai 2018




"Kult Of Nuke"
Note : 18/20

Formé à Bayonne en 2007, Can Of Worms n’est pas un de ces groupes "parmi tant d’autres" proposant un revival thrash à la sauce hexagonale, bien au contraire. Produisant une musique profonde, agressive voire belliqueuse en rapport avec les thèmes abordés, le combo sort un premier EP, "Thrash Or Die" qui annonce clairement la couleur et multiplie les concerts dans une région qui a vu naître Gojira. Une expérience de la scène formatrice pour un genre qui a besoin d’expériences live pour mûrir. Les Bayonnais l’ont parfaitement assimilé, en témoigne ce premier album sorti un an seulement après l’EP. "World Collapse" a en effet remporté l’unanimité au sein de la presse spécialisée, certains médias l’ont même qualifié de suite logique au "Locust" de Machine Head ou "Dark Roots Of Earth" de Testament, d’autres présentent le groupe comme un des leaders du thrash hexagonal. Pour un coup d’essai, cet album fut un coup de maître. Les raisons d’un tel succès ? Dans une période où la renaissance du thrash a pour nom Bonded By Blood, Municipal Waste, le genre devient plus "imagé", plus branché "gore Z" et lyrics déjantées, C.O.W offre une production sombre et chiadée, violente et sans concession, voir conceptuelle dans sa narration (10 titres, 10 scénarios différents sur un même thème, la Fin du Monde). Autant dire que "Kult Of Nuke" était attendu au tournant. Onze titres au compteur, un artwork magnifique, tendant une fois de plus à l’apocalyptique.

Et comme on ne change pas une recette qui gagne, on l’améliore. C.O.W nous offre, une fois de plus, un album orienté old school sur le fond et les thématiques mais d’une modernité voire d’un avant-gardisme que l’on ne penserait pas possible dans le thrash. En témoigne "Altered Genesis", une intro sinistre et martiale de près d’une minute. Une confirmation dès le titre suivant, "Hybrid Heaven" et son tchouka tchouka introductif, dopé au ginko, une compo où la dualité thrash / death du frontman et de Kroxk fait merveille, posant les jalons d’un album qui se présente d’emblée comme celui de la consécration. Une ambiance plus massive que jamais, des plages entières dédiées au matraquage de fûts…, confirmation des premières impressions sur "Abyss" avec de long solos orchestrés par Kroxk et parfaitement secondés par la double de Patrick. "Chemical Witchcraft" entame sur un grognement rageur pour déboucher sur un son typiquement old school mais d’une modernité éclatante, avec toujours en première ligne le duo chant hurlé / growlé auxquel s’ajoutent les backing vocals de Julien, donnant au titre une profondeur que l’on a peu l’habitude de voir dans ce type de prod'. Un "Raining Blood" gonflé aux amphet'. "Children Of Nuke" et son intro bulldozer tiendra sa rythmique tout au long du titre, jamais le son n’a été aussi death que sur les refrains avec des solos démentiels exécutés en mode Parkinson. Du très très haut niveau qui ne préfigure pourtant en rien la claque à venir.

"Doomsday Preacher" étant, mais cela n’engage que moi, la compo thrash la plus jouissive, la plus novatrice, la plus éclairée de ces dix dernières années. Une intro catchy à la Bodycount (eh ouais…) suivie d’un growl interminable et débouchant sur un titre proposant trois couleurs de voix différentes, des changements de cadence à tout-va : mid / accélérations / mid / breaks, voix hurlée, refrain rempli de désespoir, chœurs sous forme d’échos emprunts de souffrance et growls viscéraux, longs solos torturés… L’enfer de Dante n’est pas loin, le genre indéfinissable. Malgré sa complexité, la production est remarquable et évite le piège du fourre-tout.

Difficile de faire mieux et c’est pourquoi le combo, judicieusement, ne fait pas dans la surenchère expérimentale, en proposant un titre plus "tradi" mais réellement bourrin : "Endless Vortex", hymne à moshpit parfaitement exécuté aux backing vocals punkisants. "Arachnid", à l’image de son titre, est hargneux, offensif, tandis que "Colossal Maelstrom" représente quelque peu son jumeau de par ses similarités, maîtrisé de bout en bout mais peut-être le moins euphorisant de l’album. "Blasphemic God" tabasse sévère à la double, décisifs sur les riffs, Steven et Kroxk posent des vocaux très synchro parallèlement aux backing vocals ayant déjà magnifié "Doomsday Preacher". Pas étonnant que ce titre ait fait l’objet du premier clip car clairement représentatif de l’album et de l’identité C.O.W. "Future Breed Necromancer" clôture l’album avec son ouverture en mid et roulements de caisse saccadés, complainte racleuse, growls et chant hurlé limite punk, chœurs et refrains apocalyptiques inhérents aux groupes, une conclusion en guise de certitudes sur l’avenir de C.O.W. qui après seulement huit années d’existence est bel et bien le nouvel ambassadeur du genre en France.

Un album à posséder d’urgence dont il est difficile de cerner la provenance, tant la production est exemplaire, jamais le label "Qualité Professionnelle" n’a été aussi méritée.


Braindead
Mai 2015




"World Collapse"
Note : 16/20

Ils le disent eux-mêmes en concert, cet album est sorti le 21 Décembre 2012 !!! L'apocalypse n'a pas eu lieu, mais maintenant on sait pourquoi, tout le concentré de violence, de hargne, de haine, de dynamisme s'est retrouvé confiné en un seul endroit : celui du premier album de Can Of Worms. Un premier album qui s'appelle "World Collapse" et qui se permet de botter le cul à des dizaines de signatures toutes plus insipides les unes que les autres... En effet les Bayonnais ont tapé du poing sur la table avec "World Collapse" et je pense qu'on tient là, LE groupe français de thrash. La future référence en la matière, parce qu'on n'a pas encore entendu ça en France depuis un moment et personne ne joue ce style de thrash chez nous depuis des années... Le vrai thrash old school qui défrise les caniches, ouvre les yeux aux taupes, débride les blanchisseurs, cicatrise l'anus et qui fait passer la diarrhée infectieuse pour une faible démangeaison... Ouais, Can Of Worms arrive à faire ça messieurs dames... et c'est un euphémisme... Mais remettons d'abord les choses dans leur contexte. Can Of Worms c'est donc un groupe de Bayonne ou presque..., la ville où le jambon sent bon, où Scars Of Murmansk déboîte, et… et puis c'est tout. Six ans d'existence, un EP en autoprod' aussi sorti en 2011, et voici finalement ce premier album.... Et avis aux amateurs, vous allez prendre une baffe gigantesque. En fait, Can Of Worms me fait un peu penser par son parcours au groupe gallois Warpath qui avait sorti aussi son album autoproduit "Damnation" en 2008. Tout fait tout seul à la force du poignet et le résultat est… poignant. C'est un thrash old school, qu'on pourrait comparer avec toute la vague de revival qu'il y a eu depuis quelques années telle que Municipal Waste, Warpath en l'occurrence, Evile, Merciless Death, Bonded By Blood... Mais avec deux particularités :

- Tout d'abord Can Of Worms se veut très fun comme Municipal Waste et encore plus Austrian Death Machine, peuvent l'être. C'est un véritable atout, un côté fun et joyeux dans les morceaux qui s'entend facilement malgré tout le sérieux que leur musique peut avoir, un côté violemment léger comme le hardcore / crossover de DRI dans les années 80.

-Ensuite Can Of Worms ne se cantonne pas d'envoyer la charge et de poutrer pendant quarante minutes sur dix morceaux, non ; à leur thrash ils assimilent des riffs lourds et puissants mais toujours rapides, tant sur les guitares que sur la basse et la double de la batterie typiquement death. Oui, ils combinent un thrash avec des passages super puissants tels qu'on le trouve dans le death metal. Un death metal qui est confirmé par les vocaux de manu, le deuxième guitariste qui se livre à un combat avec Steven qui lui s'occupe des excellents chants thrash hurlés et déjantés. Mais les deux joyeux "lascars" et non pas lurons, ont bien étudié leurs leçons, car ils conservent malgré tout avec Julien le bassiste, la tradition de balancer des backing vocals sur pas mal de refrains comme les groupes de thrash traditionnels le faisaient il y a quelque vingt ans en arrière, comme les Atrophy, les Evil Dead, Mortal Sin et consorts.

Les titres de cet album sont tous relativement courts et doivent tourner autour des trois minutes pour la plupart et quatre et demi pour le plus long. Ce qui ne fait rien perdre à l'intensité de ceux-ci pour que l'auditeur en prenne plein la tête sans n'y rien comprendre, comme si on se prenait une multitude de baffes à gauche à droite, huppercut, taquet sur le front, la nuque... pendant quarante minutes. Can Of Worms arrive à capter l'attention dès le départ. Les premières notes de "Running Dead", titre qui a l'honneur de démarrer l'album, suivies des deux gueulantes harmonieuses death et thrash des deux gratteux et le tour est joué. On sait d'ores et déjà qu'on va aimer l'album et qu'on va en prendre plein les dents. Les riffs sont rapides, agressifs, les rythmiques thrash complétées par la batterie très très très death et certains passages aussi très death vous empilent comme des zombies sur un mat au fur et à mesure de l'avancée de l'album. Chaque morceau possède son petit riff efficace qui titille, et je ne parle même pas des solos.... Ecrits dans la plus pure tradition.... Oui, on peut reconnaître parfois certaines influences ou plutôt "similitudes", si elles en sont comme les groupes déjà cités plus haut, notamment Atrophy ou Demolition Hammer, mais aussi quelques résidus de Slayer, notamment sur un morceau comme "Cyborg" plus lent par moments, plus posé, ou encore certaines harmonies de "The End" mais ça reste anecdotique malgré tout.

Can Of Worms réussit merveilleusement bien à combiner le thrash et le death, mais qu'on soit bien clair ce n'est pas du thrash / death comme on pouvait l'imaginer, comme lorsqu'on en parle pour No Return, certains Loudblast ou Sepultura... Non, pas du tout, Can Of Worms c'est du thrash dans lequel on retrouve des gros passages death, c'est ici qu'est la nuance mais surtout la subtilité et l'intelligence de ces créateurs. Le death est à côté du thrash et en même temps il est avec... Il faut écouter pour comprendre.

Les textes surfent sur la vague de la science-fiction, et Nuclear Assault a trouvé son fils de ce côté-là, l'artwork réalisé par Remedy Art Design est de toute beauté, les photos superbes, les tons de vert enfoncent encore plus le côté "holocauste" et apocalyptique de la chose, la production maison est parfaitement subjuguante. C'est une totale réussite, ce premier album s'approche du premier jet indubitablement irréprochable, et ça devient rare d'avoir un potentiel de la sorte. Can Of Worms capte l'intensité et la rejette en dix mille fois plus fort, c'est totalement bluffant. "World Collapse" possède des hymnes de barbares comme "Xenomorph Legions", ou encore "Stellar Mass Black Hole", avec des guitares vraiment hennissantes et folles comme on aime. Quelque part heureusement que l'album n'est pas trop long, car des titres un peu plus longs auraient gâché l'écoute sur la longueur et notamment les écoutes suivantes, mais ce n'est pas le cas heureusement. Alors que faire, ils vendent cet album vraiment pas cher, il mérite amplement d'être dans votre CDthèque c'est plus que sûr ; que les trentenaires se fassent plaisir, ils se rappelleront tellement de souvenirs, que les plus jeunes viennent déguster presque trois quarts d'heure d'un thrash old school épicé à la sauce death. Investissement garanti pour soutenir un groupe qui en vaut vraiment la peine, et encore pour ceux qui n'ont pas eu la chance de les voir en concert , le concentré de puissance que vous trouverez sur cet album n'est en rien comparable avec ce dont ils sont capables de faire sur scène... Les yeux fermés vous pouvez... Maître Yoda lui-même vous invite, alors... Ben alleeeeeeez !!!!!


Arch Gros Barbare
Février 2013


Conclusion
L'interview : Kroxk

Le site officiel : www.canofworms.fr