"Inverted World"
Note : 17/20
Cancer ravage à nouveau la scène. Avec son septième album, "Inverted World", le groupe composé de John Walker (guitare/chant, Liquid Graveyard), Daniel Maganto (basse, Eternal Storm, Liquid Graveyard, Sacthu), Gabriel Valcázar (batterie, Bizarre, Wormed) et Robert Navajas (guitare) continue son aventure avec Peaceville Records.
Le groupe attaque à bonne allure avec la féroce "Enter The Gates" qui propose d’emblée un riffing solide et des parties vocales toujours aussi furieuses, mais le mélange death / thrash semble plus lourd, plus imposant, grâce au mix. Les leads tranchants sont également de sortie, puis "Until They Died" prend le relai et accélère légèrement pour proposer un son agressif doublé de parties très accrocheuses et d’harmoniques enflammées qui savent parfaitement faire exploser la rythmique. Nouvelle accélération avec l’entraînante "Inverted World", composition éponyme qui place parfois des touches plus complexes de temps à autre, mais le titre ralentit progressivement avant de laisser place à "39 Bodies" où les musiciens proposent un groove intéressant propice aux mouvements de foule plus ou moins organisés.
Le headbang frénétique sera de mise pour "Test Site" qui place à nouveau blast et riffs saccadés au centre du morceau qui, bien qu’assez court, reste parfaitement ancré dans les bases du groupe, tout comme "Amputate" qui prend la suite et nous propose une véritable leçon de son old school. Une fois de plus, la rythmique efficace est parfaite pour permettre au groupe de poser ses harmoniques sanglantes ou ses vociférations hargneuses, puis le tempo augmente à nouveau sur "When Killing isn't Murder", proposant une avancée saccadée et entêtante qui nous offrira même un solo assez mélancolique pour contraster. "Covert Operations" accélère à son tour et révèle tout le potentiel de son agressivité évidente grâce à des patterns très directs, puis "Jesus For Eugenics" nous propose un instant de répit avec son introduction apaisante, mais comme on s’y attend la saturation revient de nous frappe avec une certaine lenteur. La rythmique finira par accélérer puis rejoindre "Corrosive", la dernière mais également plus courte composition qui nous permet de remuer le crâne et lever le poing lors des refrains unificateurs hurlés par John.
On connait tous Cancer, et on sait que le groupe fait partie des formations légendaires du death / thrash. Le groupe assume son statut et fait d’"Inverted World" un recueil d’énergie brute et de compositions toutes très accrocheuses.
"Shadow Gripped"
Note : 16/20
Le trio britannique revient sur les devants de la scène, et quel plaisir de voir ces papas du death toujours debout ! Cancer fait partie des "seconds couteaux" qui ont largement contribué au développement du metal de la mort, mais qui, en contrepartie, n’ont jamais eu le succès qu’ils méritent. Les choix artistiques ont participé à leur déclin, jusqu’à ce que le groupe sombre dans l’oubli et l’indifférence la plus totale. Je distingue trois grandes périodes dans la carrière du trio. L’ère pré-1995 : riche et intense musicalement, la période du déclin : 1995 / 2005, et le grand retour en 2018 avec "Shadow Gripped" !!!
Alors que le death metal vindicatif et torturé des trois premiers disques poursuivait une constante stylistique appréciable, la sortie de "Black Faith" en 1995 a foutu le bronx, au revoir les fans de la première heure. Les expérimentations proto thrash mêlées à des influences plus modernes, ont eu raison du groupe. Celui-ci à considérablement freiné le rythme de ses sorties, et les disques qui ont suivi n’ont jamais su retrouver ce feeling génial qui caractérisait Cancer à ses débuts. En vieillissant, je l’aime bien finalement ce "Black Faith", mais bon, cessons de ressasser le passé parce que "Shadow Gripped" mérite qu’on s’y attarde !
En fait, pour synthétiser rapidement, je dirais que Cancer a enfin plutôt réussi à conjuguer la vitalité des premiers albums avec les expérimentations de "Black Faith". Nous voici en présence d’un album encré dans le passé, sans paraître daté pour autant. Déjà, le truc cool, c’est l’atmosphère sombre, menaçante, et paradoxalement juvénile qui se dégage des dix titres qui composent le skeud. On retrouve une myriade d’influences, des mid-tempos Carcassiens, des riffs en mode Sepultura de la belle époque, des "toupa toupa" de batterie très early 90’s, des solos de guitare bourrés de feeling et audacieux dans les choix de notes (Merci pour votre contribution sur "Ballcutter", monsieur Anders Nystrom), bref, toute une ribambelle d’éléments qui rendent l’écoute vraiment plaisante !
Le son caverneux confère un aspect cryptique et angoissant à l’ensemble. "Shadow Gripped" a été co-produit par Cancer et on ressent le désir de se rapprocher du son "Morrisound", cette marque indélébile qui a grandement contribué au son du death "metool". Le chant provient directement du fin fond des catacombes, et renforce l’ancrage old school dans lequel le groupe s’est fixé pour ce full length. Certains titres se démarquent, j’apprécie particulièrement "Thou Shalt Kill", death / thrash frénétique dans lequel la batterie se bât contre elle-même, avec son riff rapide et ces ralentissements groovy. L’album est plutôt bien équilibré, et la playlist, cohérente, participe à préserver l’attention de l’auditeur.
Pour conclure, je dirais que Cancer a réalisé ici l’album qui aurait dû remplacer "Black Faith" en 1995, mais, s’il n’y avait pas eu "Black Faith", sans doute "Shadow Gripped" ne sonnerait pas tel quel. En fait, peu importe, ce qu’il faut retenir ici, c’est qu’un vétéran du metal de la mort refait surface, la tête haute après treize ans d’absence !
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