Le groupe
Biographie :

Cadaverous Condition est un groupe de goregrind / death / neofolk Autrichien formé en 1990 et actuellement composé de : Peter Droneberger (basse), Paul Droneberger (batterie), René Kramer (guitare) et Wolfgang Weiss (chant). Le dernier album en date, "Burn Brightly Alone", est sorti à l'automne 2011 chez le label Starry.

Discographie :

1993 : "In Melancholy"
1995 : ""For Love" I Said"
2001 : "The Lesser Travelled Seas"
2003 : "What the Waves Were Always Saying"
2006 : "To the Night Sky"
2008 : "Destroying the Night Sky"
2011 : "Burn Brightly Alone"


La chronique


Il est des groupes où après une bonne vingtaine d'années, on s'aperçoit récemment qu'ils ont une liste discographique aussi longue que les dread locks du chanteur de Decapitated et que finalement jamais aucun des albums n'est arrivé à nos oreilles durant ces deux décennies, mis à part le dernier opus. C'est bien le cas pour les Autrichiens de Cadaverous Condition.

En effet ce groupe créé par René Kramer et Wolfgang Weisse a tout de même sept albums à son actif, ainsi que des montagnes de démos, split, présence sur des compiles... Il est vrai qu'en démarrant en tant que groupe de goregrind pour terminer aujourd'hui comme un groupe de death / doom / folk (qui serait l'étiquette la plus appropriée), n'est pas non plus sans perturber les auditeurs. Et je suppose que les fidèles adorateurs de grindcore ont lâché l'affaire, tandis que de nouveaux amateurs se sont fait connaître après le virage death / doom / folk. Mais ceci n'aide pas un groupe à se faire connaître puisqu'il a finalement touché deux scènes différentes durant sa carrière. Fort d'un line-up inaliénable depuis vingt ans, c'est cette année après cinq ans de silence, que le groupe remet le couvert. Et c'est une véritable bonne chose que cet excellent album doté d'une rare qualité d'écriture mélangeant totalement quelque chose de metal extrême comme le death à des mélodies bien évidemment mélancoliques pour s'orienter vers un death / doom, mais surtout à des idées totalement "non-metal" et très proche de la musique folk, soit tombé entre mes mains avides de connaissances nouvelles.

Le groupe n'a certainement jamais changé de nom, et l'écoute de l'album en comparaison avec Cadaverous Condition, me rappelle tellement le paradoxe qu'il y avait pour l'album de Visceral Evisceration sorti en 1991 "Indecent Desire For Palatable Flesh", un album de death / doom également, d'un groupe aussi Autrichien (le hasard fait bien les choses) où la pochette était gore alors que le contenu très mélodique finalement... Et donc Cadaverous Condition présente ce même genre de paradoxe entre sa musique et son patronyme...

Cette parenthèse étant faite, il convient donc de passer au contenu musical de "Burn Brightly Alone". C'est un album totalement déroutant et vraiment atypique dans ce qu'il se fait dans le metal, car les chansons très racées death / doom cohabitent aisément avec celles nettement plus pop / folk voire acoustiques par moment, mais dotées d'un chant tout de même death metal, et ce avec une facilité déconcertante. En effet Cadaverous Condition entame son album avec des titres des plus death / doom comme "Ghost" au tempo très lent qui nous rappellent tant à la voix que dans la mélancolie des premiers Paradise Lost de l'époque de "Lost Paradise" ou "Gothic", ou encore "Driftwood", même si cette dernière est plus rock 'n' roll. C'est vrai que la voix de Wolfgang Weiss mélange des vieux Nick Holmes, associée à la manière de parler / chanter guttural de Stéphane Buriez qu'on peut écouter sur les premiers albums également de Loudblast fait le plus bel effet. C'est vraiment délicieux le mélange de cette voix avec les sonorités très pop / death folk qu'il y a sur les titres comme "We Knew They Were..." ou "We Both Go Down Together" (où l'on profite d'une voix claire) et l'acoustique "Into My River".

L'important avec Cadaverous Condition c'est qu'il faut toujours, quelque soit l'orientation death ou folk, garder cette espèce de groove ou de mélancolie qui les caractérise pas mal je trouve. On se rend compte que sur la plupart des morceaux soit cette mélancolie, soit le groove, sont très importants, aussi importants qu'il pouvait être chez un groupe comme Pungent Stench. Et donc sur les titres les plus death, comme "Alone I Will Travel In Time Tonight" et "Driftwood", on ressent cette manière de groover, alors que sur les autres morceaux qu'ils soeint death / doom ou folk, on ressent l'autre facette, celle très mélancolique.

Et au fur et à mesure de l'écoute de l'album, après avoir passé la reprise très pop "We Both Go Down Together" de The Decemberists, dans la veine d'un "Lady Rosenred", on s'aperçoit que cet album est proche de groupes comme Lake Of Tears, par moment mais surtout d'un Pyogenesis juste de leur période "Waves Of Erotasia" et "Sweet-X Rated Nothings". Le côté doom / folk n'est pas spécialement inspiré par les Pyogenesis de cette époque, mais c'est totalement vrai qu'on peut en faire un parallèle, surtout sur des chansons comme "Wicklow Nightfall" ou "The Small Roads Out Of Town".

En fait, il n'y a pas une seule baisse de régime durant les 51 minutes que propose ce "Burn Brightly Alone", je dirai même qu'à un moment avec "User Your Blood" très moderne et encore plus avec "Order Of The Forlorn" qui nous fait tripper tellement elle joue la carte de la brutalité, on entre dans une autre dimension.  Cadaverous Condition a écrit là un album somptueux, un mariage impensable entre le death / doom et la musique folk presque pop. C'est vraiment bien écrit, produit par  Tom Zwanzger (Unhale, Pack Of Wolves, Anti-Flag... je sais pour beaucoup ces noms sont inconnus) et Peter Droneberger au Stress Studio en Autriche. Comme si la description de leur musique n'était pas assez, nous pourrons rajouter que l'album a été masterisé au Finnvox Studio par Mika Jussila (Reverend Bizarre, Amorphis, Moonsorrow... Je sais ces noms vous disent plus quelque chose) en Finlande. Ce qui amène tout de même une très bonne production. Cet opus présente également de nombreux guests proches du groupe avec des membres de Skooshny, The Black Heart Procession, et d'autres personnages que je ne citerai pas... En tous les cas soyez sûr d'être dépaysé avec cette œuvre, tant musicalement que visuellement car la pochette de l'album est aussi totalement paradoxale, c'est certainement la signature et une des originalités de ce groupe...

Vous serez déconcerté, déstabilisé mais totalement conquis par la musique de Cadaverous Condition, parce que comme ils le disent eux mêmes : "Ce n'est pas juste une compilation de chansons, c'est notre vie".


Arch Gros Barbare
Janvier 2012


Conclusion
Note : 15,60/20

Le site officiel : www.cadaverouscondition.com