Le groupe
Biographie :

Cadaver est un groupe de death metal technique norvégien, originaire de Råde. Ce groupe a été actif entre 1988 et 2004, mis à part la période 1993-2000 où le groupe a été alors officiellement séparé. Lors de sa première période active, le groupe a enregistré deux albums studio ("Hallucinating Anxiety" sorti en Décembre 1990 chez Necrosis Records et "...In Pains" sorti en Septembre 1992 chez Earache) et quatre démos. Pendant la seconde période, le groupe a enregistré une démo, deux albums studio ("Discipline" sorti en Avril 2001 chez Earache et "Necrosis" en Avril 2004 chez Candlelight Records) et un album live, sous le nom de Cadaver Inc., avant une seconde séparation. En 2019, Anders Odden (guitare / basse / chant) relance Cadaver avec Dirk Verbeuren (batterie). L'album "Edder & Bile" sort en Novembre 2020 chez Nuclear Blast, suivi de "The Age Of The Offended" en Juillet 2023.

Discographie :

1990 : "Hallucinating Anxiety"
1992 : "...In Pains"
2001 : "Discipline"
2004 : "Necrosis"
2020 : "D.G.A.F." (EP)
2020 : "Edder & Bile"
2023 : "The Age Of The Offended"


Les chroniques


"The Age Of The Offended"
Note : 16/20

S'il avait fallu attendre seize ans entre "Necrosis" et "Edder & Bile", cette fois il n'en aura fallu que trois à Cadaver pour revenir avec "The Age Of The Offended", un nouvel album qui perpétue le line-up en duo amorcé par son prédécesseur et qui ne comprend donc que Neddo et Dirk Verbeuren avec quelques guests en renfort.

Si ce nouvel album n'est pas un concept album à proprement parler, ses textes tournent autour de toute ces plaies que l'on appelle culture woke, cancel culture, ou les réseaux sociaux en général, bref les lubies d'une génération de Bisounours qui semble progressivement découvrir le monde réel et passe son temps à se plaindre, à se sentir oppressé par tout et n'importe quoi, à dénigrer tout le monde au moindre "dérapage"... Qu'est-ce que tu nous dis petite boule de poils ? Que la vie est dure ? Qu'elle est injuste et que parfois on en prend plein la gueule sans raison valable et sans avoir rien demandé à personne ? Sans déconner Sherlock, t'as trouvé ça tout seul ? On est tous d'accord pour dire qu'il faut combattre les injustices, mais il y a probablement des moyens plus constructifs de le faire que de chier une pendule pour tout et n'importe quoi sur les réseaux sociaux et emmerder tous ceux qui ne pensent pas exactement comme nous. Mais revenons-en à la musique parce que Cadaver vient de nous sortir un nouvel album qui vaut la peine qu'on se penche sur son cas, avec évidemment une fois de plus du bon gros death metal qui tache. Et après la petite introduction "Sycophants Swing", c'est "Postapocalyptic Grinding" qui démarre les hostilités avec de bons gros tapis de double grosse caisse, des blasts, un solo déjà complètement allumé, bref du death metal pur et dur comme on l'aime ! Un premier morceau majoritairement mid-tempo tout de même et donc doté de ce groovy typique du genre qui donne une bonne occasion d'headbanguer comme un malade et de se déplacer quelques vertèbres. Quelques sonorités presque industrielles et très froides se greffent discrètement par moments pour créer une ambiance assez sale qui se marie merveilleusement avec le groove écrasant et les passages bien plus furieux qui explosent régulièrement.

Une fois de plus, Cadaver nous prouve en à peine plus de trois minutes qu'il a encore des choses à dire et que ce n'est pas cette fois qu'il va se répéter. Ce que confirme "Scum Of The Earth" qui combine une urgence punk avec quelques sonorités plus expérimentales, le tout pour un morceau là encore furieux, brutal mais qui propose en même temps une ambiance froide et urbaine du plus bel effet ! Comme d'habitude, on retrouve une envie de défricher de nouveaux territoires, d'expérimenter, de créer une musique extrême qui emprunte certes ses racines au death metal mais n'hésite pas à aller piocher dans tout ce qui peut servir son propos. En témoigne encore le groove froid et presque industriel là encore de "The Shrink" qui déploie du coup une ambiance sale et glaciale, comme si le death metal du groupe avait copulé avec les dissonances héritées du black metal en écoutant du Godflesh en fond. Tout ça est l'illustration parfaite du message que fait passer l'album, Neddo y regrette le temps où le metal se foutait de ce qu'allaient dire ou penser les gens et qu'il les envoyait joyeusement se faire foutre. C'est exactement ce que fait musicalement ce "The Age Of The Offended", il va là où il veut aller sans se soucier de savoir si vous allez réussir à le suivre. L'ouverture d'esprit est donc exigée pour apprécier la saveur de ce nouvel album mais ça, avec Cadaver, vous devez commencer à avoir l'habitude, les tendances à l'expérimentation ont toujours été dans son ADN. Et pourtant Cadaver reste metal jusqu'aux bout des ongles avec des passages très brutaux, furieux et sans pitié qui confirment encore cette attitude qui consiste à envoyer chier tout le monde. Il faut dire que Neddo est visiblement remonté et qu'après avoir gagné son combat contre le cancer le bougre semble en forme, ce qui fait évidemment plaisir à entendre et permet à Cadaver de revenir avec de nouveaux morceaux gonflés à bloc.

"The Age Of The Offended" est donc une fois de plus un album très solide de la part de Cadaver qui confirme qu'il en a toujours gros sur la patate. Ce nouvel album est brutal certes mais il laisse pas mal de place aux expérimentations et arrive à garder un visage metal sans concessions tout en amenant des sonorités différentes et parfois surprenants. Bref, Cadaver est bien vivant malgré son nom et on ne peut que s'en réjouir à l'écoute de ce nouvel album ravageur, efficace et aventureux !


Murderworks
Septembre 2023




"Edder & Bile"
Note : 15/20

Cadaver, voilà un nom que l'on ne croise pas tous les jours malgré le statut culte du groupe hérité en grande partie par le fameux "...In Pains" sorti en 1992. Les plus jeunes ne connaissent peut-être pas ces Norvégiens puisque le groupe se fait très rare et n'a que quatre albums en comptant ce petit nouveau nommé "Edder & Bile" sous le nom Cadaver et un cinquième sous le nom de Cadaver Inc. qui nous avait pondu un "Discipline" bien méchant.

Sachant que Cadaver a toujours été un caméléon musical, à quoi faut-il s'attendre avec ce nouvel album ? A quelque chose d'assez proche de "Necrosis" sorti en 2004 avec de faux airs de synthèse de la carrière du groupe jusqu'à maintenant. Parce qu'en écoutant bien, on entend du death old school qui peut renvoyer aux origines avec "Hallucinating Anxiety", quelques arpèges dissonants et froids qui peuvent à la fois évoquer "...In Pains" dans leurs côtés les plus barrés et la froideur limite black metal de "Discipline", le tout couplé avec la brutalité que déployaient "Necrosis" ou "Discipline" justement. Bon, il faut avouer que ce dernier était assez jusqu'au-boutiste dans son approche de la violence et que "Edder & Bile"ne va pas aussi loin dans le bourrinage intensif, tout comme "Necrosis" qui était déjà revenu à quelque chose de plus old school et plus aéré même si très brutal quand même. L'album s'ouvre sur "Morgue Ritual" et Cadaver nous accueille d'entrée de jeu à coup de blasts et de riffs bien méchants et vicelards, typiquement death metal et bien sale. A noter que Cadaver est maintenant un duo et que c'est Dirk Verbeuren qui assure la batterie et qui du coup est le seul membre à rejoindre le vétéran Neddo (alias Anders Odden). Ce premier morceau nous balance pour le coup un death assez old school et brutal avec une ambiance bien malsaine et une efficacité indéniable. On ressent sur certains riffs une petite patte dissonante qui rappelle les expérimentations passées même si Cadaver ne pousse jamais le bouchon aussi loin que "...In Pains". C'est pour ça que j'évoquais la synthèse puisque si Cadaver revient à un death plus brutal, old school et direct depuis "Necrosis", il ne renie pas son passé pour autant et en profite au contraire pour l'intégrer par petites touches à sa musique actuelle.

Si "Edder & Bile" n'a pas l'intention de révolutionner le genre comme avait pu le faire "...In Pains", il n'en reste pas moins efficace et intéressant. Cadaver prouve avec ce nouvel album qu'il en a encore sous le pied et qu'il a encore des choses à montrer aux jeunes loups qui ont suivi. Un mélange intelligent qui fusionne presque toutes les facettes qu'à pu montrer Cadaver et qui du coup forme une nouvelle entité et donne un album qui arrive à sonner à la fois classique et personnel ! Le maître-mot est l'efficacité et "Edder & Bile" dépasse à peine les trentes minutes, ce qui permet de frapper vite et fort. Même si le groupe met le temps pour sortir ses albums, ceux-ci trouvent toujours un moyen de sonner différemment et jusqu'à maintenant aucun album de Cadaver ne ressemble à un autre. Ce nouveau méfait ne fait pas exception et si on y retrouve des éléments de tout ce que le groupe a pu faire, il montre encore un visage différent et ne se contente pas de ressasser le passé. Un bon point qui permet à "Edder & Bile" d'être intéressant en plus d'être efficace malgré une apparence faussement directe. Ne vous laissez pas tromper par l'apprence proche du death old school, il y a pas mal de petits subtilités là-dedans ne serait-ce que dans les discrètes dissonances, les ambiances plus froides flirtant avec le black ou certaines cassures rythmiques. La production ne tombe pas dans le piège de la surcompression et donne un son assez organique notamment sur la batterie qui sonne plutôt bien et convient bien à l'ensemble. Reste à sa voir si ce nouvel album marque un retour durable ou si Cadaver va retourner à son habituel sommeil de dix ans.

Quoiqu'il arrive, il nous restera au moins ce "Edder & Bile" poisseux, brutal, old school mais blindé de petits détails qui évoque le passé de Cadaver. Cela reste globalement très direct et sale mais il y a de quoi donner une personnalité particulière à ce nouvel album et rien que pour le plaisir de réentendre ce groupe vétéran, ça vaut le coup d'y jeter une oreille, non ?


Murderworks
Mars 2021


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/cadavertheband