"Sphinct-Earth Society"
Note : 16/20
Brutal Sphincter n’a pas mûri avec son nouvel album. Intitulé "Sphinct-Earth Society", il a demandé sept années de préparation à Eerik “Corde Sensible” Maurage (guitare, Xaon), Germain “Spermain” Bodeus (basse, ex-Klysma), Jimmy “Major Diarrhea” Defays (chant), Griska “GG Stalin” Lutgen (chant) et Julien Racine (batterie, Xaon), qui collaborent pour la première fois avec Time to Kill Records.
Avec un nom pareil - que ce soit le groupe ou l’album - il faut s’attendre à du très lourd, mais surtout à mettre son encéphale en pause pour pouvoir savourer le génie des musiciens. Si "The Prolapse Of Society", le titre introductif, vous semble déjà aussi groovy qu’intelligent, attendez de voir apparaître les parties vocales de "Tony Hawk's Pro-Choice 2022" qui restent dans le spectre brutal death / grind et qui accompagnent à merveille les patterns accrocheurs. Le titre semble très clairement taillé pour le live tout comme "Crusta-Colada (Crack'N Kofola)" qui dispose de nombreuses moshparts propices aux mouvements de foule en tous genres, et qui ne se prive pas pour les aligner avec ce petit temps mort qui précède. On continue avec "Unvaxxed Lives Matter" et ses riffs simples mais efficaces qui permettent aux vocalistes de hurler sur une rythmique sautillante, alors que "Beatdown Syndrome" va - comme son nom ne l’indique absolument pas - placer des pointes de technicité un peu partout entre les passages massifs qui incitent eux aussi à se foutre sur la gueule.
"Name Three Songs" va vous irriter les tympans avec une instrumentale dérangeante au possible avant de vous écraser, puis c’est avec le titre éponyme "Sphinct-Earth Society" que le groupe entreprend de vous faire remuer frénétiquement le crâne. La batterie apporte la touche vive du grindcore pendant que musiciens et vocalistes se répondent sur cette base joyeuse avant de revenir sur "The Juice Did It" qui charge à toute allure et sera l’un des meilleurs atouts du groupe pour lancer un wall of death. En plus du magnifique jeu de mots, "Persona Non-Greta" nous offre des riffs assez simples mais toujours solides pour accueillir les différentes vociférations avant de laisser "Abolish Frontex" refermer l’album avec la même délicatesse que sur les morceaux précédents, profitant de quelques passages assez groovy et d’une guitare furieuse.
Si vous avez douté du sérieux de Brutal Sphincter, vous serez châtiés par leurs jeux de mots à vie ! Bien qu’il ne soit pas l’album le plus intelligent de l’année (ni même de la décennie), "Sphinct-Earth Society" tient parfaitement la route et est prêt à distribuer ses claques !
"Analhu Akbar"
Note : 18/20
S'appeler Brutal Sphincter, il fallait oser, mais intituler son album "Analhu Akbar", par les temps qui courent, c'est carrément chaud ! Ces Belges ont décidé de traiter de l'actualité en proposant, comme ils le prétendent, du poolitical grind, ou politicaca en français. C'est Rotten Roll Rex, label spécialisé dans le gore / porngrind, et tout ce qu'il y a de plus abject, qui assume la sortie de cette répugnante, mais au combien jouissive, galette.
Souvent, ce genre de groupes sont plus dégueulasses qu'intéressants, mais Brutal Sphincter est vraiment une formation géniale ! Les 16 titres qui composent le skeud sont variés, accrocheurs et franchement addictifs. Déjà le premier opus était excellent mais là, c'est encore mieux. Ces mecs arriveront autant à vous faire danser, que mosher, ou à vous donner envie de jeter votre vieille carcasse dans la cage d'escalier de votre HLM, comme ça, pour rigoler. Le son est vraiment bon, et c'est plutôt rare dans ce genre là. Les guitares sont précises, la basse puissante, et la batterie passe en revue de nombreux rythmes, des plus débiles au plus agressifs. Mention spéciale pour le chant, très varié, guttural, parfois criard, on a même droit à l'effet "prédator" de plus en plus en vogue dans le brutal death et le goregrind. Ce panel de possibilité me fait penser à Julien Truchant de Benighted, d'ailleurs on retrouve pas mal d'influences de ce groupe chez Brutal Sphincter. Après, il faut savoir qu'ils sont deux chanteurs donc ça aide pas mal, et en plus, cela ajoute de l'intensité à l'ensemble.
Niveau musical, tous les clichés du grind sont là, avec en prime des influences hardcore dans certains riffs. Même si les titres sont comiques ("Marc Dutroux National Hero", faut le faire quand même), la musique ne fait pas rire du tout. C'est pro, carré, puissant, accrocheur, varié, ça défonce sa Mémé et ça débande jamais ! Y'a pas un moment où on se fait chier, pour parler proprement. Brutal Sphincter, c'est le mix parfait entre Gronibard et les passages les plus grind de Benighted.
Pulmonary Fibrosis n'est pas loin non plus, ainsi que les rythmes de maternelle "tou pa tou pa" made in Rompeprop ou la hargne d'un Rectal Smegma. Impossible de sentir passer les 32 minutes de ce chaos sonore tellement l'album est bien torché.
Les riffs sont incisifs et le batteur envoie des rafales de double comparables à des tirs de kalash', quand il n'est pas en train d'essayer de démonter sa cymbale crash.
Certains morceaux se démarquent, comme la reprise de Torsofuck, un autre groupe intelligent, ou le dernier morceau "Goregrind Number One", particulièrement festif, mais l'album fourmille de petits détails subtils, comme on peut en trouver dans un vomi post-resto asiatique.
Honnêtement, il n'y a pas à déblatérer pendant des heures, je ne vois pas l'intérêt de tenter de convaincre qui que ce soit de se pencher sur "Analhu Akbar". Brutal Sphincter n'a que cinq ans mais au niveau de la maturité, ils ont dépassé le stade anal de la musique depuis longtemps. Si vous aimez les disques puissants et récréatifs, ou que vous êtes un fan ultime de grindcore, courez vous procurer cette véritable bombe, sans mauvais jeu de mots. Ce skeud est fait pour se défouler, mais en même temps, on peut se l'écouter sérieusement, juste pour prendre une petite claque administrée par un grind de très bonne facture. Un groupe à suivre de près que j'espère voir programmé à l'Obscene Extreme Fest de 2019, ça leur irait si bien... In grind we crust !
"Dirty Jazz Bondage Club"
Note : 15/20
Quand un gros intestin venu de Liège rencontre un intestin grêle français, ça donne brutal sphincter, ou du bon gros goregrind bien merdeux comme on aime. Après une première démo sortie en 2013, nos chocolats liégeois nous pondent cette fois-ci un véritable album, après avoir signé chez Rotten Roll Rex, où les belles références ne manquent pas, entre Parasitic Ejaculation, Rectal Smegma, Pussy Torpedo, Abominable Putridiy, Gutalax ou encore Mucupurulent. Bref, que de la poésie fécale de qualité supérieure.
Mais Brutal Sphincter, aka BxSx, c'est aussi la présence depuis 2013 de Léo au chant, célèbre étron issu de Clitorape, Vaginotopsy et Bizarre Ejaculation. Le "Dirty Jazz Bondage Club", c'est ce qui figure sur cette merveilleuse pochette plutôt soft, et ce qui s'écoute dès l'intro : un lieu de réunion de vieux beaufs, de putes scato, de nonnes en manque de fessées et de vieillards bien vicelards.
Sinon, à part tout ça, il y a quand même de la musique dans ce fond caverneux. Un porn / gore / intestinal / grind venu de loin, une musique profonde, assez proche de celle de VxPxOxAxAxWxAxMxC (vaginal penetration of an amelus with a musty carrot) dont ils font d'ailleurs une jolie cover, bref, du classique mais terriblement efficace. Alors certes, comme tous les bons groupes de ce style, l'originalité n'est pas au rendez-vous, mais qu'importe ! Ce délicieux mélange fécal ne se contente pas de faire du bruit pour faire du bruit, ne défèque pas qui veut sans y laisser de traces au fond du slibard. Ainsi, derrière la classe d'un "Porkhub" se cache un véritable travail musical, qui sans révolutionner le genre apporte son lot de douces mélodies gastriques. Ajoutez à cela quelques jolis titres comme "The Art Of Squirting" ou "Glory Hole Fistfuck-O-Matic", et vous obtenez la meilleure des diarrhées de salon.
On pourrait enfin saluer d'un coup d'feuille de PQ la présence de 3 titres en version démo pour atteindre les 15 pistes de cette belle réussite venue de derrière la prostate. Au final, avec ses éternels growls qui sonnent bien marron, ses gros riffs tendres et moelleux (ou pas) et sa batterie programmée pour nous déconstiper les tympans, on ne peut que se délecter de ce subtil biberon anal !
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