Il était une fois, au beau milieu des bois de Tampa en Floride (bois peuplés par des Morbid Angel, Obituary ou encore Deicide), un petit chaperon rouge sciant du death metal de bûcheron qui se baladait tranquillement en envoyant trois - quatre enclumes dans la gueule du premier qui passait. Notre petit chaperon rouge, gaiement dénommé Brutality par Mère Nature, respirait la joie de vivre et était si apaisé que celui-ci a planté une douzaine de sorties studio dans le paysage et les bosquets qui l’entouraient. Mais voilà qu’un beau jour, après près de vingt ans de loyaux services, le petit chaperon rouge se vit vieux et aigri. Si bien, qu’il finit par se faire bouffer par le grand méchant loup des disputes et tourments inhérents au groupe. Puis un beau jour, le petit chaperon rouge revint comme une fleur, près d’une dizaine d’années plus tard, avec un line-up presque intact (seul du changement à la batterie était à surligner). Mais bon l’alchimie fut de courte durée, puisque moins de deux ans après le retour, du nouveau changement est intervenu chez Brutality, avec l’arrivée d’un nouveau batteur (Ron Parmer) ainsi que d’un nouveau guitariste lead (Jason Schwartzwalder). Autant dire que la composition du nouveau bouquet que le petit chaperon rouge taillait, le dénommé "Sea Of Ignorance", ne fut certainement pas de tout repos...
Quoi qu’il en soit, premier album depuis la reformation de Brutality en 2012 (et après un EP la même année), "Sea Of Ignorance" vient lancer un nouveau pavé dans la marre de la discographie du quintette ricain. C’est donc quelques mois après sa sortie américaine (USA, fuck yeah !), que "Sea Of Ignorance" fait officiellement sa sortie européenne via Mighty Music. Alors, comme dirait l’autre, plongeant rapidou-pidou dans ce nouveau jet et espérons que l’album ne prenne pas la flotte trop vite. Bien évidemment, comme la carrière du groupe commença bien avant 1988, Brutality évolue fièrement dans un son old school au rendu bien méchant. Brutality envoie donc un death au tempo relativement lent et aux sonorités cogneuses et lourdes ("Sea Of Ignorance", "Shores In Flames"). Alliant la froideur du growl de Scott Reigel, aux rythmiques imposées par les guitaristes et l’ensemble basse-batterie, Brutality décrasse tes envies de death typé 90’s, même s’il dénote toutefois quelques touches modernes. Par quelques chavirements subtils, "Sea Of Ignorance" applique un brutal death oscillant légèrement tantôt entre slam-death et grind. Et par quelques rares éclaircissements, "Sea Of Ignorance" dénote également quelques envolées plus claires et mélodiques ("Tribute", "48 To 52").
Concernant les lyrics, thèmes et visées de cet album "du retour ", Brutality disserte ici en huit titres sur la condition humaine et le sort de nos confrères peuplant d’autres continents ("Fatal Cure", "End Of Days"). Mais rassure-toi, on reste aussi par chez nous, dans nos vieux pays dits "civilisés ", puisque nos contrées font l’objet également de bon nombre d’interrogations. En plus, il y a le pape sur la pochette ! Toutefois, malgré la présence du pontife clérical, Brutality et son "Sea Of Ignorance" sont loin d’être des enfants de cœur et d’être de saints agneaux d’un quelconque Dieu. A vrai dire, ils sont plutôt double pédale, crash et blast lorsqu’ils ne sont pas soli, solos ou notes déstructurées ("Perpetual Resolution", "Barbarically Beheaded"). Et c’est là ce qu’il faut retenir de ce "Sea Of Ignorance", un album de death old school respectant les règles, les normes et les impératifs du genre. Ce qui rend le résultat agréable, même si celui-ci n’apporte certainement pas grand-chose au style, si ce n’est que le retour d’un groupe qui a martyrisé pas mal l’"underground scene" pendant, désormais, plus de trois décennies.
Du coup, pour un retour, c’est un retour qui se veut rassurant pour les fans. Brutality montre que, malgré les années, le groupe est toujours présent et efficace. Et surtout "Sea Of Ignorance" donne cette impression que peu importe les épreuves qui se dresseront face à Brutality, Brutality passera toujours outre pour continuer à éjecter violemment un death au son lourd et pesant. Bref, Brutality donne dans la brutalité pure alors inutile de préciser que Brutality porte très bien son nom et que les tympans, eux, se portent moins bien après le passage de "Sea Of Ignorance"". Alors n’espérons plus que ces imposants insufflateurs du genre retrouvent les fans qu’ils avaient laissés sur leur faim il y a plus de dix ans. Ou mieux ! Souhaitons-leur la bonne vie et surtout de ne plus connaître de traversée mouvementée des océans de la vie d’un groupe...
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