Le groupe
Biographie :

Borknagar est fondé en 1994 à Bergen, en Norvège, par le musicien Øystein Garnes Brun. Ce dernier fonde le groupe après avoir quitté le groupe Molested. Lassé par l'aspect brutal de sa musique, il voulait explorer une autre forme d'approche du metal, plus mélodieuse et harmonieuse. L'année suivant la création du groupe, Borknagar sort son premier album studio, un album éponyme. Cet opus se distingue nettement des autres. Tout d'abord, les sonorités black metal sont beaucoup plus crues et mises en avant, mais également parce c'est leur seul et unique album à ce jour uniquement composé en norvégien. De plus, il s'agit du seul album enregistré avec la formation d'origine du groupe. En effet, le bassiste Infernus va quitter Borknagar peu après la sortie de l'album. L'année suivante sort "The Olden Domain", sous le label Century Media. Depuis ce jour, tous les albums de Borknagar sont sortis sous ce label. Cet opus marque le début de l'évolution vers une musique plus orientée vers la mélodie et le folk metal. En 1998 sort "The Archaic Course", leur troisième disque, suivi par la sortie de "Quintessence" en 2000, puis par celle de "Empiricism" l'année suivante. En Mars 2008, la formation annonce que les musiciens Erik Tiwaz et Jens F. Ryland reviennent dans le groupe. En Mai de cette même année, le batteur Asgeir quitte le groupe à cause de divergences musicales. Il sera remplacé par David Kinkade, qui a été batteur dans les groupes Malevolent Creation et Arsis. En 2010 sort l'album "Universal". Le 22 Avril 2011, le groupe annonce officiellement le retour de ICS Vortex à la basse et au chant. En Octobre 2011, le batteur David Kinkade quitte le groupe pour se consacrer exclusivement à Soulfly, il est remplacé par Baard Kolstad. Au cours de l'année 2012 sort l'album "Urd". Quatre ans plus tard, "Winter Thrice" sort en Janvier 2016. Début 2019, le groupe annonce le départ du chanteur Vintersorg et son remplacement par I.C.S. Vortex. De même, un nouveau guitariste, Jostein Thomassen, vient combler le départ de Jens F. Ryland. "True North" sort en Septembre 2019. Cinq ans plus tard, "Fall" sort en Février 2024.

Discographie :

1996 : "Borknagar"
1997 : "The Olden Domain"
1998 : "The Archaic Course"
2000 : "Quintessence"
2001 : "Empiricism"
2004 : "Epic"
2006 : "Origin"
2010 : "Universal"
2012 : "Urd"
2016 : "Winter Thrice"
2019 : "True North"
2024 : "Fall"


Les chroniques


"Fall"
Note : 19/20

Borknagar reste proche de ses racines, même à trente ans. Créé en 1994, le groupe norvégien mené par Øystein G. Brun (guitare, Cronian) et complété par ICS Vortex (chant / basse, Arcturus, ex-Dimmu Borgir), Lars A. Nedland (clavier / chant, Solefald), Bjørn Dugstad Rønnow (batterie, Profane Burial, Trollfest) et Jostein Thomassen (guitare, Source Of Tide, ex-Profane Burial) dévoile cette année "Fall", son douzième album.

L’album débute avec la majestueuse "Summits", une première composition qui nous rassure quant à la capacité du groupe à produire un son aussi grandiose qu’agressif et planant tout en intégrant des parties vocales furieuses ou plus douces, recréant le contraste entêtant que l’on aime par dessus tout. Les racines black metal sont toujours aussi abrasives, laissant la voix claire unique d’ICS Vortex s’y mêler pour apporter la touche de quiétude sans enlever l’aspect épique en nous menant à "Nordic Anthem", où des racines pagan apparaissent dès les premières secondes du rituel introductif. La saturation rejoindra finalement ces sons entêtants avec des mélodies aériennes, mais ils resteront en retrait lorsque le morceau prendra fin, avant de revenir hanter "Afar" et son alternance de rage et de quiétude qui construisent un paysage inhospitalier mais magnifique que l’on explore grâce aux leads inspirés et aux différentes accélérations qui rythment le voyage. Le groupe continue avec "Moon", un titre résolument plus old school et virulent qui ne se prive pas pour intégrer des éléments perçants avant d’opter pour des influences mystérieuses mais légèrement plus enjouées avant de laisser le vocaliste nous montrer sa folie et sa maîtrise.

"Stars Ablaze" prend la suite, d’abord avec un son très apaisant et lumineux, puis les ténèbres viendront semer le chaos dans la rythmique en s’enflammant sans prévenir, nous laissant tout de même contempler la quiétude mais sans jamais disparaître totalement. Elle resurgira à pleine puissance pour danser avec les claviers sur le final, nous accompagnant jusqu’à la surprenante "Unraveling", où les éléments s’entrechoquent et se rencontrent sur une rythmique motivante tout en laissant les parties vocales dicter l’atmosphère avant de s’enrager une dernière fois pour laisser "The Wild Lingers" exploiter ses touches les plus lancinantes tout en les teintant parfois d’une certaine complexité entêtante. L’album atteindra sa dernière phase avec "Northward", le titre le plus long, mais également le plus riche qui n’hésite pas à utiliser des orchestrations majestueuses pour accentuer la puissance des parties les plus enragées, avant de laisser la dualité suivre son cours, principalement marquée par le chant saturé et sa férocité dans un premier temps, puis c’est avec le chant clair que nous atteignons le silence.

Borknagar a toujours été un groupe à part. Profondément ancré dans le black metal, mais cherchant également à exploiter des racines prog et pagan intenses, qui prennent toute leur ampleur sur "Fall". La formation est au sommet de son art.


Matthieu
Février 2024




"True North"
Note : 18/20

Mes amis, nous sommes faits. Borknagar nous amène un nouveau blizzard et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous ne sommes pas prêts. Si nombre d’entre nous connaissent le groupe avec ICS Vortex (basse / chant, ex-Dimmu Borgir, Arcturus), c’est grâce à l’initiative de Øystein G. Brun (guitare) qu’il a été formé en 1995. Pourtant, le bassiste l’a suivi au cours de l’aventure, qui compte également le pianiste de longue date Lars "Lazare" Nedland (claviers, Age Of Silence), ainsi que Bjørn Dugstad Rønnow (batterie, Profane Burial) et Jostein Thomassen (guitare, Fracture, Profane Burial, ex-Mortiis). Et malgré les changements de line-up, les musiciens nous offrent "True North", un album qui renoue avec leurs racines norvégiennes, alliant black metal, metal progressif, pagan et leur touche personnelle. Vous pensez être prêts ? Non.

On débute avec "Thunderous", un morceau qui se veut intense par nature, alliant tout ce que le groupe sait faire. Du black metal pur et dur aux ambiances sales du pagan en passant par les parties propres et aériennes du prog / black, mais qui alterne entre chant clair et saturé. C’est violent, c’est incroyable. Et "Up North" sera de même, nous faisant profiter de plus en plus de la voix claire d’ICS Vortex, qui est pour ma part un chanteur incroyable, peu importe la technique. Et je sais que nombre d’entre vous n’accrocheront pas, mais pour ma part la voix de Vortex m’emporte à des lieues de mon appartement, dans ces contrées froides dont nous rêvons. Vous en avez marre du black metal ? Parfait, car "The Fire That Burns" le mélange à un son atmosphérique et clair par moments. Pourtant, l’intensité est la même, le son nous transporte.

"Lights" repart pleinement dans le black progressif avec le chant clair du frontman, des parties plu aériennes, accessibles, mais également des riffs qui ne parleront qu’aux puristes. Et vous savez quoi ? C’est cette diversité qu’on aime. Et elle se ressent également dans "Wild Father’s Heart", un titre plus axé sur les influences folk / pagan. Beaucoup de voix claire, des harmoniques, de la douceur… Pas comme sur "Mount Rapture" qui risque de vous arracher la chair avec ses riffs tranchants et son chant hurlé viscéral, qui alterne entre toutes les possibilités du frontman.

Il est cependant impossible de ne pas accrocher à "Into The White" si vous vous reconnaissez un minimum dans l’un des styles que j’ai évoqué. Car si certains hurlements sentent le black metal / pagan à plein nez, les harmoniques sentent le folk / prog à des kilomètres, tout comme "Tidal", un un morceau qui en désorientera plus d’un à la première écoute. Mais c’est après quelques tentatives que la véritables essence du titre se reconnaît, et que l’on peut profiter de cette composition. Une tornade, de la violence, de la douceur… tout y est. Ceux qui découvrent la formation et les amateurs de longue date se reconnaîtront comme ceux qui prennent leur première claque avec "Voices", un morceau beaucoup plus axé sur l’ambiance planante des influences folk / pagan des Norvégiens.

Malgré leurs différences, on aime tous Borknagar. Que ce soir les amateurs de black metal, de folk, de metal proressif, de oagan… On s’y retrouve tous. Les voix, les riffs, tout est fait pour nous emmener loin de notre quotidien ennuyeux, et c’est pour ça que "True North" nous fait voyager. Pour ma part, j’attends de voir le combo sur scène nous enchaîner ses morceaux, mais je sais que ce sera une réussite.


Matthieu
Novembre 2019




"Winter Thrice"
Note : 17/20

Borknagar est un groupe norvégien sur lequel mon avis a toujours été mitigé. D’autant certains de leurs morceaux me donnent envie de crier au chef d’oeuvre, d’autant certains autres me laissent totalement de marbre. Ce nouvel album fait suite à l’excellent "Urd" qui, pour le coup, m’avait laissé une impression plus que positive. Et sur le papier, le groupe en impose avec des membres reconnus et respectés, et des productions qui, si elles ne sont pas au goût de tous, ont eu le mérite de marquer les esprits. Et lorsque la nouvelle d’une possible participation de Garm (Ulver) s’est répandue, l’excitation n’a fait que monter. Je l’avoue donc : j’attendais cet album avec impatience, et j’en attendais énormément.

L’album s’ouvre donc sur "The Rhymes Of The Mountain" et va immédiatement nous mettre dans l’ambiance. Borknagar va jouer tout le long de cet album avec une diversité vocale apportée par non moins de quatre vocalistes différents. Mais ce morceau donne l’étrange impression d’une certaine unité dans cette diversité. En somme, l’harmonie des voix est telle qu’aucune ne fait de l’ombre à l’autre, ou ne paraît hors propos. Le groupe marque d’ores et déjà des points. Suit "Winter Thrice" qui ne démérite pas. Borknagar arrive à la perfection à instaurer une ambiance assez cozy. Le travail apporté par Brun au niveau des guitares est absolument remarquable et joue pour beaucoup dans le travail harmonique de l’ensemble du groupe. Et, oh, est-ce Garm que j’entends ? Le son prend une tournure plus tranchante avec "Cold Runs The River" qui laisse une belle part aux claviers et à la batterie. Batterie qui sera d’ailleurs impeccablement maîtrisée par Baard Kolstad. Une nouvelle fois, Borknagar joue avec un côté solennel et épique qui lui colle littéralement à la peau. Et je suis toujours tellement admiratrice de la voix de ICS Vortex que cela méritait d’être précisé. Changement d’ambiance avec "Panorama" qui est probablement le titre le plus osé et risqué de ce nouvel album. Et on y trouve des moments absolument géniaux, comme cette montée en puissance des guitares qui portent littéralement toute l’intensité du morceau avant d’être relayées par un solo de clavier venu d’ailleurs.

Suit "When Chaos calls" qui nous offre une courte introduction au piano. Là, ce sont les vocaux de Vintersorg qui sont remarquables et parfaitement amenés. Le morceau s’avère d’une redoutable efficacité, même s’il n’innove pas autant que le titre précédent. Mais pourquoi cracher dans la soupe ? C’est du bon. Avec "Erodent", on assiste de nouveau à une démonstration de force des vocaux. Ils sont toujours en harmonie, alternant avec la voix growlée de Vintersorg entremêlée de passages à la voix claire. "Noctilucent" s’avère être le morceau le plus court de l’album, et prend le rôle d’interlude avant le titre final. Calme et mesuré, il est la pause reposante que certains apprécieront. J’ai personnellement apprécié le morceau. Et encore une fois mention spéciale à la batterie qui accompagne le titre avec une douceur que je ne pouvais pas attendre de Borknagar. Douceur qui va d’ailleurs se perdre avec le morceau final, bien nommé "Terminus". Le groupe envoie une dernière poussée d’énergie. Et quel titre. Les vocaux dominants de Vintersorg prennent en intensité, et l’intervention de Garm m’a comblé en fan bête et méchante que je suis. Et ce jeu avec le piano et les guitares... Autant se le dire, ce morceau-là, à lui seul, mérite le détour.

J’attendais beaucoup de Borknagar et ils ne m’ont pas déçu. Cet album est un nouveau voyage, et j’en suis pleinement satisfaite. La diversité des morceaux de l’album, diversité qu’on retrouve parfois à l’intérieur même d’un titre, est rafraîchissante. Le seul reproche que je pourrais faire au groupe, c’est que Borknagar joue du Borknagar. Mais je n’ai pas envie de chipoter. Cet album mérite largement qu’on l’écoute, et je reste scotchée devant le travail fourni, ne serait-ce qu’au niveau des vocaux. Une réussite totale.


Velgbortlivet
Février 2016




"Urd"
Note : 18/20

Me voici en possession du nouvel album de Borknagar, intitulé "Urd". Ce groupe est connu surtout pour ses sonorités particulières. Une espèce de style bâtard à mi-chemin entre le black metal, le metal ambient et le progressif. Par ce genre particulier, ils ont su se froger une réputation qui leur appartient, notamment par l'alternance de vocalises typiques du black metal avec du chant clair d'excellente facture.

Commençons par l'artwork. La jaquette est travaillée. Cependant, au vu de leurs précédents opus, elle reste pour ma part esthétiquement moins intéressante que les autres, malgré le travail fourni. Borknagar nous avait habitués à des artworks vraiment magnifiques. Cette sensibilité ne se retrouve malheureusement pas sur "Urd". L'image est beaucoup plus crue, ce qui pourra plaire à certains, mais que je ne trouve pas du tout en accord avec l'album.

Dès les premières secondes, nous savons à qui nous avons affaire. On ne peut s'y tromper, c'est bien du Borknagar et leur style si atypique. Les mélodies sont toujours aussi agréables, recherchées et profondes, pleines de sens. On sent bien que ces musiciens souhaitent nous raconter une histoire. La production est très bonne. Le chant clair est toujours aussi délicieux. Pour les néophytes, les riffs peuvent paraître aléatoires, mais les structures restent logiques pour les auditeurs avertis. C'est aussi ce qui fait que Borknagar ne peut vraiment pas se farcir d'une étiquette de, excusez-moi du terme, "merde musicale sans aucune originalité". Ils savent encore nous surprendre. On regrettera peut-être l'absence de magie inhérente à l'album "Epic" qui ne peut pas mieux porter son nom. Magie il y a cependant, à qui veut se laisser porter.

"Urd" nous ouvre des mélodies succulentes sublimées par le chant clair, comme celle de "Roots" (qui me donne encore des frissons) ou "The Beauty Of Dead Cities". L'ensemble des pistes s'enchaîne sans mal. Rien n'est à jeter.

Je ne trouve rien de vraiment négatif à écrire sur cet album. Il s'écoute d'une traite, sans aucun soucis, et même deux fois, pourquoi pas ? La sensibilité et la maturité se font fortement ressentir ici, ce qui, je le conçois, pourrait repousser les plus batailleurs qui s'attendraient à un opus façon "grande bataille sur la plaine, haches et boucliers".

Moi qui aime la musique recherchée et l'expérimentation (sans taper dans l'anti-musicalité juste pour faire "gros bourrin ultra-technique" comme certains groupes de death moderne, qui au final me cassent plus la tête qu'autre chose...), je me devais d'apprécier cet album qui, sans être le meilleur, comporte sa part de magie qui transporte. Cet album ? Que dis-je, apprécier CE groupe, que je classe définitivement dans le top 10 des formations métalliques les plus abouties. En espérant que Mère Nature les inspire les plus longtemps possible...


Lukos
Mars 2012


Conclusion
Le site officiel : www.borknagar.com