Le groupe
Biographie :

Bongzilla est un groupe de sludge metal américain, originaire de Madison, dans le Wisconsin. Formé en 1995, le groupe mêle doom metal et stoner metal. Comme leur nom l'indique, une grande partie (sinon la totalité) de leur œuvre traite de la drogue, plus spécialement du cannabis. En 1998, ils signent avec Relapse Records, et compteront un total de quatre albums studio ainsi qu'un album live. En 2021, ils font leur retour après seize ans et enchaînent deux albums chez Heavy Psych Sounds.

Discographie :

1999 : "Stash"
2001 : "Apogee"
2002 : "Gateway"
2004 : "Contamination Festival 2003" (Live)
2005 : "Amerijuanican"
2021 : "Weedsconsin"
2023 : "Dab City"


Les chroniques


"Dab City"
Note : 15/20

Tout juste deux ans après le monumental "Weedsconsin" (2021), les maîtres du sludge du Midwest américain sont officiellement de retour avec une nouvelle galette qui sent bon le cannabis frais. Toujours placé sous le signe de la fumette, "Dab City" ne décevra pas les fans du groupe ni même les simples amateurs de sludge doom.

Sans grande originalité, cet album - qui est sorti le 2 Juin dernier sur le label italien Heavy Psych Sounds - contient néanmoins des riffs d’une efficacité redoutable. Dès les premiers accords du morceau qui ouvre l’album et ne dure pas moins de 11 minutes 50 secondes, on comprend que les Américains ne sont pas du genre à se compromettre ni même à changer un tant soit peu de style. Les connaisseurs du groupe retrouveront les riffs lancinants et pachydermiques et l’ambiance déglinguée à forte teneur en THC qui ont fait le charme de Bongzilla. Avec le deuxième morceau ("King Of Weed"), on bascule directement dans le psychédélisme à l’état pur. Fermez les yeux, allumez un joint et imaginez-vous à Woodstock : vous ne serez pas déçus ! Si l’on excepte la voix rauque limite death du vocaliste Muleboy, on croirait presque entendre du Black Sabbath pur jus assorti d’un son un peu plus moderne en prime.

Le tempo se ralentit encore un tantinet sur "Canonbongs (The Ballad Of Burnt Reynolds As Lamented By Gentleman Dixie Dave Collins)" tandis que les borborygmes laissent place à une voix au timbre nettement plus claire façon spoken word. Long de plus de 13 minutes (comme le laissait sous-entendre le titre à rallonge de la chanson), ce morceau fait davantage penser à du doom psychédélique dans l’esprit de Sleep. Après un "C.A.R.T.S" des plus lancinants, le tempo devient carrément ultra heavy avec le morceau suivant, "Hippie Stick", dans lequel il m’a semblé déceler une forte influence du côté de Saint Vitus. Puis, retour à des mélodies authentiquement seventies avec le titre "Diamonds And Flower", lequel confirme le fait que le trio du Wisconsin a décidément beaucoup écouté Black Sabbath dans sa jeunesse. Enfin, le groupe prend un virage encore plus planant avec le très psychédélique "American Pot" qui clôt l’album sur une touche presque space-rock dans l’esprit d’Hawkwind.

Le cocktail gros riffs / textes hallucinés et ambiance psyché fonctionne à bloc, ce qui fait de "Dab City" un des meilleurs albums de sludge de l’année 2023. Culte !


M.B.
Juin 2023




"Weedsconsin"
Note : 14/20

Il aura donc fallu 16 ans (et pas un de moins) pour voir enfin la sortie d’un nouvel album des Américains de Bongzilla, leur précédent disque ("Amerijuanican") datant de 2005. Depuis la naissance du groupe en 1995, les rois du stoner du Midwest n’auront donc sorti que cinq LPs en 26 ans ! Néanmoins, la qualité est toujours au rendez-vous. Fidèles à eux-mêmes, les musiciens du groupe originaire de Madison dans le Wisconsin ont même glissé un clin d’œil au cannabis dans le titre de leur nouvel opus ("weed"). Enfin, il suffit de jeter un coup d’œil à l’artwork – très hallucinatoire au demeurant - pour se douter que la teneur en THC de leur musique n’est pas prête de chuter.

Dès les premières notes du morceau qui ouvre les hostilités ("Sundae Driver"), on retrouve aussitôt la touche très particulière de ce trio de bûcherons : voix rauque à la limite du black metal, tempo lancinant, riffs ultra heavy et monolithiques alternant avec des passages planants, son saturé et hypnotique limite psychédélique agrémenté de soli. A l’instar des Ukrainiens de Stoned Jesus ou des Canadiens de Dopethrone, les gentils rednecks de Bongzilla ont su créer un son original sans pour autant renier leur principale inspiration, à savoir les dinosaures de Black Sabbath, et en profitent pour militer pour la légalisation du cannabis ("Free The Weed").

Dans la lignée de groupes mythiques des seventies comme Hawkwind ou Uriah Heep, les Bongzilla signent un album monumental avec des morceaux d’une longueur excédant parfois les dix minutes ("Space Rock"). Si les morceaux sont plutôt mid-tempo dans l’ensemble, cela n’empêche pas certaines accélérations bien "heavy" comme sur l’avant-dernier titre (le plus long de l’album puisqu’il dure plus de 15 minutes !) : "Earth Bong, Smoked, Mags Bags". Plutôt en retrait par rapport à la musique, la voix éraillée du chanteur Muleboy a un petit côté incantatoire, ce qui donne à la musique de Bongzilla une dimension rituelle. Enfin, le morceau qui clôt l’album ("Gummies") est totalement instrumental, d’où le parallèle que l’on peut faire avec le style de leurs compatriotes Karma To Burn.

Tout cela fait de "Weedsconsin" un album essentiel qui, sans remettre en cause les fondements du genre, séduira les fans de stoner, de sludge et de desert rock ! Smoke weed and up the horns !


M.B.
Avril 2021




"Amerijuanican"
Note : 14/20

D’épaisses fumées opaques se dégagent de ce disque ou les premiers riffs vous replongent en quelques secondes dans l’ambiance du Sabbath Noir des années 70. Bongzilla a savamment appris sa leçon et maîtrise la puissance que dégageaient les maîtres incontestés du genre mais aussi les élèves bien après eux (Electric Wizard, Eyehategod, Orange Goblin). Le son, qui pourrait être d’époque, est heavy au possible et pourra décontenancer l’amateur de production propre et numérique mais rendra le sourire aux autres. Avec des ambiances doom imparables, forçant l’auditeur à pratiquer un headbanging lent et hypnotique, Bongzilla créé des moments de flottement ou seul les bruits de bong en action vous rappelle que le combo aime Marie Jeanne, vraiment beaucoup même, au point de lui consacrer la plupart de ses lyrics, sa pochette… Le mix fait la part belle à l’indispensable mur de guitare et de basse mais étouffent une batterie qui pourtant renforcerait encore la puissance de cet opus. Le chant, indiscutablement influencé par le black metal roots, est très discret et c’est tant mieux car il n’apporte pas grand-chose à un ensemble massif qui se suffit à lui-même. Vous l’aurez compris, Bongzilla aime Black Sabbath et cela s’entend.


Crass
Mars 2006


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/bongzilla