Le groupe
Biographie :

Bonecarver est un groupe de deathcore symphonique espagnol formé en 2020 (anciennement Cannibal Grandpa) et actuellement composé de : Ruben (batterie / ex-Cannibal Grandpa), Alex Tena (guitare / ex-Buko, ex-Cannibal Grandpa), Alberto Bravo (guitare / ex-Cannibal Grandpa) et Fernando del Villar (chant / ex-Cannibal Grandpa). Bonecarver sort son premier album, "Evil", en Mars 2021 chez Unique Leader Records, suivi de "Carnage Funeral" en Novembre 2022.

Discographie :

2021 : "Evil"
2022 : "Carnage Funeral"


Les chroniques


"Carnage Funeral"
Note : 17/20

J’adore ces albums qui affichent directement, sans gêne, leurs couleurs et qui frappent fort dès les premières secondes. Les Espagnols de Bonecarver (anciennement Cannibal Grandpa – j’adore ce nom) lancent sur l’éponyme pièce "Carnage Funeral" des hostilités qui ne vous laisseront pas de glace.

L’un des risques de faire dans le deathcore technique demeure que cela devienne un pur chaos sans réelle cohésion. La ligne est mince en effet, et pour les non-initiés, la musique de Bonecarver pourrait s’apparenter à du gros n’importe quoi plutôt qu’à un tout soigneusement travaillé. Pour ma part, je dirais que "Carnage Funeral" peut paraître complètement déjanté, mais grâce au talent indéniable des membres du groupe, l’apparence première de désordre se veut pourtant calculer au quart de tour.

Je ne fus pas surpris de lire dans la bio du groupe qu’il considérait que sa musique puisse rejoindre les amateurs de Lorna Shore par exemple. Bonecarver peut en effet être identifié à la formation de Will Ramos, autant par les arrangements symphoniques présents que par la voix hyper versatile de Fernando del Villar, à l’instar de Ramos. J’irais jusqu’à dire que Bonecarver tire son épingle du jeu mieux que Lorna Shore en ce sens qu’il parvient à diversifier sa musique encore plus que la formation américaine.

Lorsque le groupe laisse un peu de côté les orchestrations, et donne libre cours à un death metal plus old school, il n’est pas difficile d’entendre derrière toute cette agression musicale le meilleur du Strapping Young Lad d’antan. Rien de toute cette malsaine procession ne serait possible sans une production digne de ce nom. Réalisé entièrement par Alex Tena, guitariste du groupe, Bornecarver s’est donné un son à la hauteur de l’ambitieux mur de son qu’ils désiraient créer. "Pillars Of Tragedy" contient ainsi sans doute les riffs de guitare les plus malsains, puissants et rapides du genre, le tout appuyé par une section rythmique complètement folle.

Si jamais 2022 n’est pas encore parvenue à vous rassasier en matière de death metal symphonique, ne cherchez pas plus loin, Bonecarver saura vous satisfaire.


Mathieu
Décembre 2022




"Evil"
Note : 18,5/20

Tiens, voici un groupe de metal ultra brutal qui décide de radoucir son image et d’ajouter un poil de sobriété à son contenu artistique. En effet, Bonecarver, qui est quand même un nom assez passe-partout, est la renaissance d’un groupe qui s’appelait Cannibal Grandpa, et là niveau blaze, c’est un autre niveau ! Je le voyais passer ce nom "Cannibal Grandpa", je ne me suis jamais penché dessus parce que je pensais que j’allais tomber sur un énième groupe de pornogrind débile et sans substance. En fait, Cannibal Grandpa rendait hommage au tueur en série Albert Fish, connu pour avoir dévoré des enfants un peu sur le tard, vers l’âge de 60 ans, d’où le surnom de grand-père cannibale, il est aussi le serial killer qui a en grande partie inspiré le personnage d’Hannibal Lecter. La formation espagnole a sorti deux albums de slamming deathcore sous ce nom avant de changer pour Bonecarver. Peut-être n’était-ce pas évident de tenir un concept autour de ce tueur sur une longue période, à l’instar d’un Nile qui continue de nous nourrir d’histoires passionnantes sur l’ancienne Egypte. Ceci dit, ils ne l’ont pas complètement oublié leur copain Albert puisque la pochette d’Evil, première réalisation sous ce nouveau nom, nous dévoile un cadavre sur une chaise électrique, symbolisant la mise à mort du tueur. En tous les cas, malgré cette évolution et ce virement de bord, Bonecarver entretient le macabre et le sordide, et a insufflé à sa musique des éléments plus brutal death.

Ce qui est appréciable, c’est le judicieux mélange des genres dans "Evil", ni franchement slam, ni carrément deathcore, pas réellement brutal death non plus, on reste un peu au milieu de tout ça, avec des passages qui peuvent effectivement pencher plus d’un côté que d’un autre par moments, sans que l’ensemble ne s’effondre. On a même droit à des parties pseudo néo metal : "Wormhole", ou même hardcore : "Moon Maniac". Certes le chant possède cette tonalité deathcore, mais dans sa manière de phraser, celui-ci s’émancipe en arrivant à faire fi des clichés du genre. Au niveau du son, c’est ultra compact et massif, et à aucun moment la musique ne souffre de la production, bien au contraire, celle-ci consolide à merveille l’ensemble. Le son de guitare est compressé et forme un bloc avec une basse énorme dont les attaques perforent le mix pour donner plus d’impact. Le drumming est le gros point fort de cet album, aussi précis que technique, le marteleur fou qui a posé son derche sur le tabouret derrière les futs ne plaisante pas et arrose l’ensemble de breaks incroyables, d’accélérations de double pédale et de petite nuance qui viennent sublimer son jeu de bucheron sous acide. Par moment, l’emphase est portée sur l’aspect mélodique, et même à ce niveau là, les gars savent engendrer de magnifiques moments plus épiques et fédérateurs. Par contre, il ne faut pas oublier qu’on est chez les sauvages, et les gros breakdowns, les blast frénétiques et le découpage d’humains en rondelles sont de rigueur. Justement, l’album est complexe et contient de nombreuses petites subtilités, comme cette imitation de chien qui grogne sur "Hound Pound", qui sonne d’ailleurs plus grindcore à cause des chants aigus - tiens, je l’avais pas cité ce genre encore, le grindcore, et le titre "Evil" possède des tonalités issues du black metal, style que je n’ai pas cité non plus. Je ne l’ai pas trop précisé mais le vocaliste aussi ajoute énormément de variété et propose un large éventail des possibilités vocales issues des genres extrêmes, En 37 minutes pour 10 titres, Bonecarver nous fait bien comprendre qu’il n’est pas là pour trier des lentilles et prouve de surcroît qu’il mérite sa place au sein du label Unique Leader.

Bonecarver s’impose direct avec un premier album assassin, aussi brutal qu’attractif, le genre de disque qui va laisser pas mal de concurrence sur le banc de touche. Ce qui fait sa force, c’est en majorité son large éventail stylistique, embourbé malgré tout dans une fange indécrottable de slam deathcore. Globalement, le disque est hyper travaillé, intelligent dans la répartition des tracks qui ont tous un petit quelque chose, une myriade de détails jonchent cette galette pour nous éviter de sombrer dans ce cas délicat où l’on ne sait quelle piste on écoute tellement les trucs se ressemblent. C’est d’ailleurs une des raisons du déclin de ce genre musical, et pour le coup, Bonecarver résout le problème, en jeune Messie envoyé sur terre pour sauver le metal à tendance ultra brutale.


Trrha’l
Octobre 2021


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/bonecarverofficial