"Your Blood"
Note : 15/20
Le metal traditionnel est racine de bien des styles modernes. Parfois jugé de haut, trop souvent aimé en cachette, comme un plaisir coupable, il n’en demeure pas moins que sa véritable fan base lui est très fidèle. Bombus, avec "Your Blood", son cinquième album d’une carrière débutée en 2008, s’ajoute donc à l’héritage de ce style légendaire.
"Killer", en ouverture d’album, donne le ton et le morceau se veut comme un exemple de ce qu’aurait été Kiss s’ils avaient fait du metal plutôt que du rock. Cet étrange amalgame se ressent également dans la pièce suivante, "The One", avec une introduction rappelant au passage Smashing Pumpkins qui rencontre Ghost. "No Rules", troisième pièce de l’album, et on vire ici du côté de Alice Cooper.
Toutes ces comparaisons ne sont pas tant énoncées par manque d’originalité de ma part ou par paresse, mais bien parce qu’elles illustrent bien le soin que Bombus prend de camper son metal / hard rock dans un mélange entre les influences traditionnelles et une approche moderne.
Ainsi, "Your Blood" redonne un lustre à un style qui parfois laisse entrevoir un peu trop les signes de l’âge.
La production possède un petit côté sinistre, proche du gothique parfois, mais elle laisse la place à un certain niveau de mélodie, ce qui donne tout de même un résultat, certes déjà entendu dans le passé, conférant au son de Bombus une facette intéressante et un peu différente de ce que l’on est habitué d’entendre dans le metal / hard rock.
Étant un amateur de vitesse, lorsque le groupe accélère le pas sur "Leave And Let Die", disons que cela me rejoint un peu plus, et ce changement de tempo, ajouté à tout ce qui précède, m’a beaucoup plu.
Dans l’ensemble, on peut donc en résumé dire de Bombus qu’il est en quelque sorte le chaînon manquant entre le metal / hard rock traditionnel et la nouvelle mouture du hard rock moderne.
"Vulture Culture"
Note : 17/20
On peut dire que les gars de Bombus savent exactement comment piquer la curiosité des auditeurs qui, comme moi, ne sauraient pas vraiment qui ils sont. En effet, c’est le constat que je fais dès que se termine la première pièce. Croyant avoir affaire à du pur metal traditionnel dans sa plus simple expression, voilà que "A Ladder – Not A Shovel" s’élance vers des horizons pratiquement doom que je n’avais clairement pas vu venir. En ouverture de "Vulture Culture", quatrième album complet du groupe allemand, cette pièce sert donc de mise en bouche pour la suite, qui se voudra fort éclectique.
Car dès les premières notes de "(You Are All Just) Human Beings", des influences Maiden fort prononcées viennent nous assaillir sans présentation. Cette approche variée se poursuit sur "Mamma", avec ses sonorités Angel Dust vraiment pas piquées des vers.
C’est dire combien Bombus s’assure de rappeler aux détracteurs que le metal traditionnel ne rime pas automatiquement avec manque d’originalité et linéarité. D’ailleurs, même lorsque Bombus se permet un morceau légèrement plus calme, plutôt que faire dans la simplicité, le groupe s’élance dans un "It’s All Over" ultra mélancolique, aux moments progressifs appuyant des solos rappelant au passage le génie d’un Ayreon par exemple. D’accord, cela reste du metal traditionnel, mais Bombus s’efforce de ne pas se cantonner dans un moule.
La voix singulière de Feffe et Matte, genre de croisement entre Lemmy de Motörhead dans les parties agressives et de Thom Yorke dans ses moments les plus doux, ajoute une couche supplémentaire de variété à la musique du groupe. Les autres membres du groupe ne sont pas en reste, et démontrent l’entièreté de leur talent sur l’excellente "In The Shadow", à la section rythmique éclatée, le tout chapeauté par une performance vocale de premier plan. Ajoutons à cela une production puissante rappelant Devin Townsend, rien de moins.
Tenter de classer Bombus dans une case stylistique musicalement tient s’avère donc un défi plutôt colossal. Le groupe incorpore beaucoup trop d’influences de tous les horizons pour que l’on puisse facilement lui accoler une étiquette unique. Clairement, cette formation doit demeurer dans la mire des amateurs, on n’a pas fini d’entendre parler d’eux.
"Repeat Until Death"
Note : 17/20
C'est avec son hard rock teinté de stoner que Bombus nous sert ce "Repeat Until Death". Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'agit de l'album de la maturité pour le groupe. La voix puissante mais très compréhensible semble sortie de nulle part et rend le groupe facilement identifiable (à la manière de Gojira, sans pour autant ressembler à Joe Duplantier). Certains la comparent à celle de Oli Sykes (Bring Me The Horizon), d'autres à celle de Jaz Coleman (Killing Joke) mais la comparaison la plus juste, la plus flatteuse et la plus osée, est celle qui l'identifie comme la voix d'un jeune Lemmy Killmister (paix à son âme).
A côté de ça, la batterie présente quasiment toujours un côté très rythmé tandis que la guitare (pas trop saturée) entre en parfait accord avec la basse elle aussi très présente. La partie instrumentale la plus surprenante de l'album vient du piano dans "I Call You Over" qui est la petite sœur de "Hairy Teeth" disponible dans le premier album de Bombus. Le groupe tente même un chant très clair pour cette chanson, rappelant légérement un Papa Emeritus (Ghost) qui aurait abusé de l'autotune. Ce n'est pas désagréable pour autant.
Finalement, cet album reste incroyablement mélodique malgré une sensation de "violence" à la première écoute. L'impression donnée dans l'ensemble est tout simplement un sentiment d'urgence. Logique pour un album censé expliquer que l'on doit sortir de la routine. En revanche, ceci n'excuse pas le plus gros défaut de l'album : sa durée. Trente-quatre minutes c'est court et à chaque écoute, on a une impression de vide à la fin de l'album. C'est comme s'il manquait vraiment quelque chose. Cela reste relativement génant car on pourrait croire que c'est un travail non abouti, que le groupe a eu un manque d'inspiration ou que le directeur du studio est décédé au milieu de l'enregistrement.
Mais pourtant l'impact est là puisqu'on en redemande. De plus, l'album n'a pas le temps de s'éssouffler en si peu de temps. Il peut être "répété jusqu'à la mort" sans problème. On aime ce qu'ils font car il le font bien. On retiendra des titres comme "Eyes On The Price", "Repeat Until Death" et "Get Your Guts". Mais surtout, on espère que Bombus fera un album plus complet la prochaine fois.
"The Poet And The Parrot"
Note : 12/20
Pseudo OVNI de la scène rock de Göteborg (en Suède), Bombus m’a été vendu comme LA sensation du moment en matière de mixité musicale sur fond d’old school. Les pays scandinaves, chers à mon cœur pour de multiples raisons, la musique en tête (et les femmes sublimes juste après), ont depuis toujours produit des groupes de légende dans ce style musical, c’est donc confiant que je découvre cette galette de 8 titres et d’une quarantaine de minutes. A la première écoute globale de l’album, deux choses sautent aux yeux, ou plutôt aux oreilles (ce qui est plus correct) : la première est le côté multi influencé du groupe où l’on retrouve facilement le rock agressif old school pur jus à la Motörhead ("Enter The Night", titre d’ouverture), un léger côté stoner pas dégueulasse sur presque tout l’opus ("Liar", un morceau bien lourd !) et enfin un vrai côté doom assumé, certainement apporté par le batteur qui a fait ses armes chez Stillborn avant d’intégrer le quatuor ("Into The Fire") ; la seconde est le côté "too much" du mélange des genres qui, la plupart du temps, à mon sens, ne prend pas faute du manque d’un "petit je ne sais quoi" qui manque cruellement. Les morceaux calibrés en termes de longueur (le premier morceau "Enter The Night" en est l’exemple) se mélangent avec un "The Poet And The Parrot" (le morceau donc…) de plus de 7 minutes, un tantinet chiant une fois passé les 4 minutes. Niveau sonorités, là encore rien de révolutionnaire du tout, voire même du trop "léché" caché derrière une spontanéité limite punk de l’ouvrage, et ce n’est pas le chant à deux voix qui me fera mentir !!! Il est toujours intéressant de chanter à deux voix de bout en bout d’un morceau, mais faut-il encore que cela soit fait correctement et musicalement (Bukowski par exemple, avec le travail des frères Dottel), ce qui n’est pas le cas ici (ton monocorde des deux chanteurs qui n’apporte absolument rien à l’opus).
En bref, un album qui ravira sûrement les rockeurs à l’ancienne avec une âme de punk old school, pas hermétiques au stoner, et avec une tolérance aux sonorités "particulières" assez élevée…
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