S’il n’est plus à prouver que les pays nordiques sont une terre nourricière pour tout de qui
est black et death metal, il est également certain que Blood Of Serpents est une excellente
mouture. Formé en 2012, le groupe joue un mélange de black et death metal aux influences
thrash marquées. Côté line-up, le groupe a uniquement changé de chanteur au cours de
son histoire, et c’est désormais Thomas Clifford (Throne Of Heresy, Abscession et
Zombie Destrüktion) qui hurle aux côtés de Benny Åkeson (basse), Kristian Roupe
(guitare, anciennement batteur), Fredrik Nilsson (guitare) et Christoffer Andersson
(batterie). Après deux très bons EP en 2012 et 2013, le groupe sort son premier album en
2014, qui leur permet d’acquérir une petite notoriété, mais c’est avec "Sulphur Sovereign",
leur nouvel album, qu’ils décident de frapper un grand coup.
C’est après une introduction aussi martiale qu’inquiétante que démarre "Mater Tenebris", un
titre à la rythmique impitoyable et aux harmoniques assassines. Les membres ne prennent
aucun répit lorsqu’il s’agit de matraquer l’auditeur, et le chant de Thomas colle parfaitement
au style violent du groupe. Un larsen vient introduire rapidement "In Darkness, Brotherhood"
avant que l’assaut ne reprenne, tout aussi puissant que le précédent, alors que les blasts du
batteur s’abattent inlassablement autour de nous. Du côté des riffs, on retrouve ce goût de
sang à chaque harmonique, et le côté old school du death metal rehaussé par une basse
vrombissante et la puissance du black metal. Loin de se reposer sur leurs lauriers, les
Suédois enchaînent avec un "Devil’s Tongue" des plus malsains qui est déjà connus des
amateurs depuis quelques mois, puisque c’est le premier titre que le groupe a dévoilé. Tout
aussi rapide et énergique que les précédents, le groupe s’affirme une fois de plus en tant
que pointure d’un style qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts.
La blasphématoire "Evictor Of Christ" me fait également penser à une rythmique militaire
grâce à la batterie sur le début, mais c’est une tornade de riffs tous aussi malsains et
violents qui prend rapidement le dessus. A nouveau, le groupe ne marquera aucune pause
dans sa musique jusqu’à "As The Temple Burns", un titre beaucoup plus lent, lancinant et
surtout dérangeant à souhait. La guitare lead criarde en arrière-plan joue beaucoup dans
cette ambiance oppressante, mais c’est également la basse qui mène la danse, jusqu’à ce
que les Suédois n’accélèrent d’un coup. Au milieu de l’album arrive "Canticle", un morceau au
piano très inquiétant et qui pourrait sans problème figurer dans la bande-son d’un film
d’horreur, alors que l’on sent la mélodie se dégrader pour exploser sur "As Nocturnal
Dimension Beckon". Le groupe se focalise à nouveau sur une vitesse extrême avec des
blasts à volonté, mais sur une ambiance… presque éthérée dont je jurerai déjà avoir
ressenti le poids chez d’autres groupes.
On continue avec "Upon Dark Waters", dont la rythmique est nettement plus froide et qui
forcera probablement une fosse entière à la contemplation silencieuse agrémentée de
quelques headbangs. Ce titre s’insinue dans votre esprit en un rien de temps, que ce soit
lors des parties planantes ou du moment soudainement plus calme, jamais cette guitare n’a
quitté ma tête. On repart à nouveau plus lentement sur "Prophet Of A False Faith", qui aura
exactement le même effet, mais cette fois grâce à la voix du chanteur, qui pénètre lentement
chacun de vos sens pour vous hanter à jamais. Les samples qui nous accompagnent
lentement vers la fin du titre sont effrayants à souhaits, mais effectuent une parfaite
transition avec ce riff final. Le dernier titre, "A Void Between Worlds", est également dans cet
aspect atmosphérique et violent à la fois, que je me suis surpris à fermer les yeux, comme
en plein milieu d’un cyclone qui ravagerait absolument tout autour de moi. Et cette sensation
est grisante, alors je vous invite à faire de même.
Blood Of Serpents a beau être un jeune groupe, "Sulphur Sovereign" est en tous points
excellents. Les Suédois se sont inspirés de groupes que les amateurs du genre ne peineront
pas à reconnaître, mais ils ont assemblé ces inspirations pour forger leur propre style, tout
aussi macabre que puissant. Les fans de Watain et Dark Funeral apprécieront grandement
ce mélange des plus intransigeants.
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