Que se cache t-il derrière cette œil glacial avec, au cœur de la pupille, le nom du groupe et de l’album imprimés d’une typographie grossière ? Il se cache de l’appréhension surtout. Blood Command est pour moi une découverte, et il y a toujours cette zone d’ombre qui nous fait pressentir que les prochaines minutes peuvent potentiellement être pénibles, et d’autant plus lorsque l’artwork qui recouvre l’œuvre ne vous inspire guère. Qu’à cela ne tienne, "Pissed Off And Slightly Offended", après une brève introduction, me plonge dans un bain chaud d’énergie électrique. Un punk hardcore abordable qui file la pêche, poussé par un chant féminin hurlé d’un très beau rendu. Ouf ! La pilule est passée et, désormais rassuré, je me jette les deux oreilles en avant dans la suite de l’écoute.

"March Of The Swan Elite" prend la relève dans un style similaire, les riffs tranchent les tympans, la chanteuse et ses acolytes ne semblent jamais s’essouffler et on trouve et retrouve toujours de petits détails qui font la différence entre un bon groupe et un très bon groupe. Si "Cult Of The New Beat" pourrait rappeler un peu un "New Noise" de Refused, le morceau n’en est pas moins agréable pour autant, avec, en cadeau, la découverte de la voix claire de Silje à laquelle je trouve d’ailleurs un petit grain à la Blood Brothers. Un chant non hurlé que l’on retrouve également juste après dans "Death To All But Us !", ce sera peut-être un peu trop pour les aficionados du raclage de gorge mais sincèrement, cela se digère très bien, et si c’est moi qui l’affirme, c’est que c’est forcément vrai. On se fait à nouveau botter le cul par une paire de talons avec "Wolves At The Door", un titre qui joue sur les extrêmes, et qui le fait bien. Exit le hardcore, le groupe vient tâter des sonorités et une énergie très punk californien avec "High Five For Life". On regrettera cependant de trouver en deuxième partie d’album des titres à la personnalité moins forte à l’image de "Here Next To Murderous" et "True North", qui, de surcroît, sont à la suite et qui passent donc assez naturellement entre les mailles de nos écoutilles. Le trio corrige tout de même le tir avec "Corpse Reviver" et "Oceans Inside Neptune"  avec lesquels on retrouve davantage les sensations de la première partie. Un album qui se clôt sur "Funeral Beach" (logique), le titre le plus long, mais surtout le plus fort émotionnellement parlant malgré son énergie inchangée. Une jolie manière de poser le point final.

Blood Command est une fiole de nitroglycérine dans le chaudron du punk hardcore au sens large du terme. On peut le dire, les Norvégiens "popifient" un peu le mouvement punk hardcore mais c’est fait avec talent et il en faut pour tous les goûts. C’est plein de vie, c’est frais, c’est joué avec un ton juste et avec un son à la fois propre et puissant et ce n’est pas la charmante frontman qui viendra gâcher un de ces plaisirs. J’adhère.