A l'instar de nos amis de Rozz, la sortie d'un nouvel album de Blasphème était pour moi quelque chose de très attendu. Depuis 1985 on n'avait par vraiment entendu grand chose du hard rock de ce groupe qui a défrayé la chronique avec seulement deux albums à l'époque. Pourquoi autant de silence, pourquoi cet arrêt si soudain en 1985 ? Peu importe maintenant, la résurrection avec quasiment tout le staff et Aldrick à la batterie, fils de Philippe, permet à Blasphème de revenir pour le plaisir de ses anciens fans et la découverte de nouveaux fans...

Blasphème n'a pas du tout changé sa manière d'être après quasiment 25 ans, "Briser Le Silence" présente pas moins de neuf morceaux aux riffs de hard rock mélodique avec la voix de Marc Fery toujours aussi emplie de volupté. La puissance vocale de ce chanteur m'étonnera toujours, parce que garder son timbre après autant d'années n'est pas permis à tout le monde, certaines chanteuses pop du début des années 80's ne pourront me contredire... Enfin en tous les cas, il est enfin là, signature chez XII bis pour reconquérir un public de "hardos", de bons vieux "hardos", avec les moules burnes, les basket Adidas, les tiffes bien longs, la veste à patches et tout l'attirail. Alors le reconquête du monde ne se fait pas en un instant, il faut y aller progressivement. La seconde étape après quelques concerts et notamment une prestation au dernier Hellfest, c'est bien évidemment ce "Briser Le Silence", parce que si leur compères de Rozz ont réussi à passer d'une siècle à l'autre, force est de constater que Blasphème a réussi à briser le silence.

C'est un album très coloré qui vient à nous, d'une part , avec une pochette signée JP Fournier, un magnifique artwork digne d'un retour excellent. On retrouve donc du heavy / hard rock composé avec ses tripes, pas quelque chose pour combler un CD et juste dire "on est revenu". Non Blasphème a fait l'effort de forger sa musique petite à petit sur ces neuf titres, ils n'ont pas fait de démonstration de quoi que ce soit, juste dirigé les morceaux vers l'essentiel, une musique sincère comme avant, soit dit en passant. Si les titres comme "The Crow" ou "Briser Le Silence" rappellent les titres de "Desir De Vampyr", on sent déjà avec "Carpe Diem" que le groupe a envie de donner des sonorités modernes à ses morceaux. "Carpe Diem" vient un peu s'enfoncer dans quelques instants magiques encore plus rock. C'est un rythme endiablé qui s'offre à vos oreilles, ça devient chaud bouillant comme l'enfer !! Petite perle au refrain envoutant et harmonique "Coeur D'enfant" vient se hisser au hit parade des chansons référentes de l'album avec un tempo plus lent que les autres mais avec des ouvertures magnifiques tant au niveau des guitares, que des voix.

Blasphème m'avait plus marqué à l'époque avec "Désir De Vampyr" qu'avec leur premier album, expliqué par le fait que j'étais assez jeune et que lorsque j'ai connu leur deuxième album, j'écoutais déjà la vague thrash mosh d'Anthrax ou encore Over Kill, Exodus et consorts et mon envie d'agressivité bouillonnait déjà dans mes veines. Et donc "Vivre Libre", "Seul", "Territoires Des Hommes" sont restés des morceaux cultissimes pour moi. Ce "Briser Le Silence" en prend le chemin, mais il faut prendre en considération que cet album revient dans une scène où il n'y a guère de place pour tout le monde... Ce qui lui est favorable c'est le jeu d'Aldrick. Batteur actuel ayant joué avec des groupes tels que Redrum, petit groupe de thrash, ou encore fait de la session chez Trepalium, celui-ci amène à la musique de Blasphème quelque chose de très frais, une dynamique dont le groupe ne pouvait pas se passer pour que ses morceaux soient plus modernes, plus pêchus sans doute.

On ne pouvait pas passer à côté non plus d'une ballade fort jolie ma foi, avec des airs de musique pop sans doute. Je parle de "Qui Suis-Je" où Marc Fery n'a pas oublié d'insérer les paroles "vivre libre" à l'intérieur. Sans doute clin d'oeil au morceau culte du même titre... En tous les cas, Blasphème respecte la tradition hard / heavy avec un titre plus "balade" qui monte crescendo pour arriver à un solo des familles parfaitement langoureux. On trouve un peu de tout en matière de rock hard, dans cet album "Ultime Errance" va plus chercher le hard mélodique mais c'est plaisant. Il faut être injuste et avoir besoin de se faire greffer des oreilles correctes pour dire que cet album est médiocre, au contraire, il est bon. Ce n'est pas le grand frisson, parce que avec le réchauffement climatique ça devient dur d'avoir du -15 degrés, mais Blasphème reprend exactement où il s'était arrêté avec "Désir De Vampyr". Usant d'une production adéquate, le son n'a aucun lacune, les titres se laissent couler comme le ruisseau part de l'intérieur de sa roche montagneuse pour arriver à un fleuve majestueux qui de jette dans l'océan sans fin que représente la scène metal actuelle. Si l'on se plonge dans cet océan, on ne remarquera pas la présence de Blasphème, mais si l'on suit le ruisseau de sa source jusqu'à son estuaire, on peut s'attendre à des méandres très intéressants.

La fin de l'album se termine par un instrumental "Memories", hommage à Dominique Flamet semble-t-il. En tous les cas ce titre très planant à la manière d'un Mike Oldfield époque "The Songs Of Distant Earth", presque Satrianien, remet les choses en place et clos l'album avec une touche d'espoir qui ne nous était pas encore apparu. "Briser Le Silence" est un bon album à respecter qui s'écoute autant avec nostalgie qu'en se tournant vers l'avenir...

"Briser Le Silence"… quel titre d’album bien trouvé, c’est après 25 ans d’absence studio que Blasphème fait son retour, un groupe phare de la scène heavy metal en France. De retour ça donne quoi ? Eh bien un album survitaminé et très joyeux ! On commence avec "The Crow" qui dès la première secondes te fait secouer la tête comme on secouerait un jus d’orange pour mélanger la pulpe. "Briser Le Silence" ; "Carpe Diem" sont de véritables rouleaux compresseurs, ces titres sont très efficaces avec des solos très fluides, des paroles des fois un peu téléphonées, et des licks de batterie excellents ! "Cœur D’enfant" ; "Qui Suis-Je" ; sont de la même lignée, avec peut-être une petite préférence pour "Cœur D’enfant" qui je trouve est magnifiquement bien foutue, travaillée, et hargneuse à souhait, et vont à l’essentiel. En ce qui concerne le mixage, je le trouve très très bon quoi qu’il manque un peu de profondeur au niveau de la batterie qui sonne quelque fois "creuse" alors que ça balance sévère derrière les fûts ! On arrive à la musique "épique" si on peut dire, c’est donc "L’ultime Errance" qui commence par une intro à la guitare très progressive et en même temps très "pop Française", mais la guitare électrique pointe son bout du nez pour le refrain très lent et lourd, s’en suit un magnifique solo de guitare, pour le plus grand plaisir de nos cages à miel. "De L’ombre A La Lumière" ; "Homme Eternel" dernière ligne droite par une touche de speed, et heavy bien gras comme on l’aime. Petite préférence pour "Homme Eternel" qui te fout deux baffes bien comme il faut, "Memories", clôture cet album, un instrumental pour un "au revoir" en douceur et magique. Carré, travaillé, bien pensé dans la succession des chansons, et homogénéité sont les maîtres-mots de cet album. On a donc un album digne d’un grand retour, quel baffe, quel plaisir d’entendre du nouveau matériel de Blasphème. Malgré un mixage de batterie pas excellent, on ne peut que se faire cette réflexion : "Quel retour gagnant !". De plus les fans ne seront pas en terre inconnue car l’album est dans la lignée de "Désir De Vampyr", un régal pour tout le monde en perspective !